substance narrative du destin. En effet, c’est en étudiant de tels
documents dans lesquels nous trouvons abondance d’effets de
rebondissements, de mis en suspens, mais aussi d’humour et d’ironie,
que nous pouvons constater que le destin est essentiellement un
produit narratif, dépendant de la mise en relation d’éléments épars, relié
entre eux par l’effort de rédaction de l’auteur. C’est donc après avoir fait
une brève description de la technique concernée, que je tenterais de
démontrer en quoi la mise en récit de cet art permet de mettre en relief
un aspect littéraire essentiel dans la transcription des réalités et des
univers mentaux de la dynastie Song. L’intérêt d’une telle présentation
étant en effet de dépasser la division entre une lecture anthropologique,
ethnographique d’une part, et une lecture purement littéraire d’une
autre ; car même si de nombreux travaux extrêmement intéressants ont
été produits sur Hong Mai, aucun n’a réellement dépassé cette division
fondamentale.
14h10-14h25 – Pause
Session 4 : Peinture, architecture et agencement de l’espace
Discutant : Claire-Akiko Brisset
14h25-15h00 – Nils Martin : « Histoires de lDe, de ’Bro et de sMer.
Politique et religion dans le Ladakh ancien »
Les villages d’Alchi, Sumda Chung, et Mangyu, au Ladakh (Jammu-et-
Cachemire, Inde), sont célèbres pour les temples et stupas décorés de
peintures murales de style Kashmiri qui y ont été érigés durant la pé-
riode de Seconde Diffusion du bouddhisme au Tibet occidental. Toute-
fois, le contexte historique et la datation de ces monuments, tradition-
nellement associés à l’activité du grand traducteur Rinchen Zangpo
(958-1055), restent obscurs. Il en va de même des sites fortifiés voisins
d’Alchi Khargok, Balukhar et Khaltse Zampa. L’inscription de fondation
du temple de Chenrezik, à Mangyu, récemment documentée avec la
permission du monastère de Likir et l’aide de Sree Kumar Menon (pho-
tographie infra-rouge), permet d’éclairer singulièrement l’histoire an-
cienne de la région et de ces sites. Elle présente un patrilignage de
‘donateurs’ issus du méconnu clan sMer, ainsi que la dynastie royale
pour laquelle ces derniers officiaient à Mangyu et ses environs comme
gouverneurs. Les scènes royales représentées dans le temple, extrê-
mement hiérarchisées et pourvues de légendes, participent également
à l’expression de leur vassalité. Sur ces bases épigraphiques et vi-
suelles, complétées par la traduction révisée de plusieurs inscriptions
dédicatoires d’Alchi et Balukhar, un nouveau modèle historique sera
proposé pour l’érection des temples d’Alchi, Sumda Chung et Mangyu,
ainsi que des sites fortifiés d’Alchi Khargok, Balukhar et Khaltse Zampa,
en lien avec l’établissement de clans aux charges militaires (’Bro et
sMer) par les souverains du royaume Ouest-tibétain de Guge-Puhrang.
15h00-15h35 – Delphine Vomscheid : « L’habitat des guerriers du
Japon prémoderne, le cas de Kanazawa »
À l’époque prémoderne (1568-1867), des centres urbains se
développent dans tout l’archipel japonais. Ces villes, appelées jōka
machi (villes sous le château) sont composées à 70% environ de
résidences de guerriers, qui doivent désormais demeurer à proximité
de leur seigneur, résidant lui-même à l’intérieur des remparts du
château central. Aujourd’hui, dans ces villes devenues pour la plupart
capitales préfectorales, rares sont les vestiges de cette architecture
domestique à avoir survécu. À Kanazawa, il n’en reste qu’une trentaine,
allant de la modeste maison de fantassin à la villa domaniale de la
famille Maeda, en passant par les résidences des vassaux de rang
intermédiaire. Il s’agit de bâtiments entiers ou partiels: château,
maisons, jardins, ou encore simples murs de clôture en terre. Si
aujourd’hui la plupart de ces vestiges s’effacent au profit d’une
urbanisation massive qui répond à des enjeux économiques et
politiques actuels, ce sont néanmoins sur ces traces que la ville et
l’architecture modernes et contemporaines se sont bâties. Une question
se pose alors : de quelle manière l’habitat des guerriers a-t- il influencé
le développement architectural et urbain de la ville japonaise ? Pour y
répondre, nous avons adopté une méthodologie chronologique qui nous
permet de comprendre son évolution et son rôle dans ses contextes
temporels particuliers. Nous allons donc dans un premier temps
dégager les caractéristiques et spécificités spatiales de cette
architecture. Puis, nous étudierons son rôle dans le processus de