hender les événements extérieurs.
D’après le modèle mis au point par Rahe
(1976), les individus possédant une orga-
nisation psychologique solide vivent de
façon plus brève les événements que les
individus plus fragiles et échappent ainsi
à l'impact cumulatif des événements suc-
cessifs. Nous avons envisagé l'anxiété
comme constituant une fragilité consti-
tutionnelle, rendant les individus plus
vulnérables à l'impact des événements
qu'ils vivent.
Ensuite, nous nous sommes intéressés à
l'anxiété de performance, généralement
citée par les auteurs comme un facteur
pouvant participer à l'installation de
troubles érectiles. Masters et Johnson
(1971) décrivent à ce sujet, un mécanisme
d'interférences cognitives, communé-
ment appelé “cercle vicieux de l’anxiété”,
où la crainte de l'échec ajoutée à l'anxiété,
fixe la dysfonction érectile. À ce sujet, de
récentes recherches ont mis en évidence
le faible niveau d'estime de soi associé à
cette anxiété de performance (Feil, 2002 ;
Fabbri et al. 2003). Selon les auteurs, le
manque de confiance en soi provoque
chez les hommes, un sentiment d'insé-
curité les conduisant à craindre la cri-
tique et/ou le rejet de la partenaire. Selon
Smith (1988), les échecs répétés indui-
sent des attitudes cognitives d'auto-
observation de leur performance qu’il
nomme “le rôle de spectateur”. Ainsi, les
hommes dysfonctionnels sont distraits
par les stimuli non-sexuels reliés à la per-
formance, ils développent des attentes
négatives face à l'activité sexuelle, et ce
trop plein d'émotions négatives induit
l'anxiété de performance.
Une recherche réalisée par Hartmann
(1998) auprès de 751 patients souffrant
de dysfonction érectile et comparés à un
groupe témoin de 55 sujets met en évi-
dence la part de l'anxiété de performance
dans la genèse de troubles érectiles. L'au-
teur dégage trois facteurs principaux
retrouvés chez les patients qu'il propose
d'envisager sur un continuum:
- les facteurs immédiats représentés par
l'anxiété de performance ;
- les événements de vie issus de l'histoire
récente des patients ;
- les vulnérabilités constitutionnelles
acquises depuis l'enfance.
Ainsi, selon cette étude, il existe un lien
entre les troubles de l’érection, le niveau
d'anxiété des patients en situation et les
événements vécus juste avant l'appari-
tion des difficultés. Nous avons donc for-
mulé l'hypothèse suivante :
- les individus souffrant de trouble de
l'érection ont un niveau d'anxiété signi-
ficativement élevé.
Méthodologie
Afin de vérifier cette hypothèse, nous
avons utilisé le State-Trait Anxiety Inven-
tory ou STAI, mis au point par Spielber-
ger (1983). Cet outil permet d'évaluer de
façon indépendante le trait d'anxiété qui
fait référence à des caractéristiques
stables et spécifiques et l'état d'anxiété
lié à une situation, à un événement. Selon
cette distinction, nous avions envisagé
d'évaluer plus spécifiquement l'anxiété
générale à l'aide de l'échelle d'anxiété-
trait et l'anxiété de performance à l'aide
de l'échelle d'anxiété-état. Ce question-
naire est l'une des échelles d'auto-éva-
luation de l'anxiété trait-état les plus uti-
lisées, plus de 2000 études utilisant cet
inventaire ont été recensées en 1998 (Fer-
reri, 1999), dont de nombreux travaux en
psychiatrie et en psychosomatique.
L'échelle d'anxiété-trait comprend
20 items sous formes d'énoncés cou-
ramment utilisés pour exprimer com-
ment les individus se sentent de manière
générale, et l'échelle d'anxiété-état com-
prend 20 items décrivant les sentiments
éprouvés au moment présent. Chaque
item de l'inventaire est évalué de 1 à 4
selon son intensité pour l'anxiété-état et
selon sa fréquence pour l'anxiété-trait.
Ainsi, pour l'échelle état:
- non = 1 ; plutôt oui = 3 ; plutôt non = 2 ;
oui = 4 ;
- pour l'échelle-trait: presque jamais = 1 ;
souvent = 3 ; parfois = 2 ; presque tou-
jours = 4.
Cependant, certains items mesurent l'ab-
sence d'anxiété, donc leurs notes doivent
être inversées. La note totale varie donc
de 20 à 80.
Résultats
■ Répartition des événements de vie
En ce qui concerne les événements de
vie, les résultats mettent en évidence une
accumulation d'événements de vie
durant l’année précédant l’apparition
des troubles de l'érection. Ce pic événe-
mentiel est également observé chez les
témoins mais il est moindre (Figure 1).
En effet, les pourcentages d'augmenta-
tion des événements montrent qu'il y a
chez les patients une augmentation de
200 % des événements vécus durant l'an-
née précédant t0 alors qu'elle n'est que
de 69 % chez les témoins (Tableau 1).
8
- VOL.XIII, N°49
Tableau 1 : Répartition des événements de vie en % sur les cinq années précédant le t0
et % d'augmentation de cette répartition d'une année par rapport à l'autre.
%% d’augmentation
Années Patients Témoins Patients Témoins
(-1) 58,3 45 249,1 68,5
(-2) 16,7 26,7 41,5 200
(-3) 11,8 8,9 55,2 -15,2
(-4) 7,6 10,5 35,7 18
(-5) 5,6 8,9 --
Total 100 100
Moyenne 3,8 5
Tableau 2 : Part des événements à fort impact dans la répartition des événements
en fonction des années.
N%
Années Patients Témoins Patients Témoins
(-1) 57 60 79,8 74
(-2) 20 29 83,3 60,4
(-3) 16 11 94,1 68,7
(-4) 10 15 90,9 78,9
(-5) 5962,5 56,2
Total 108 124 410,6 338,2
M/S 4,1 6,2 15,8 16,9
M/A 21,6 24,8 82,1 67,64