Événements de vie et anxiété chez les hommes souffrant de

SEXOLOGIE CLINIQUE
M. VINCENT ;
M. BONIERBALE ; R. PORTO ;
M.H. COLSON ; C. LANÇON
VINCENT M. et al. (2004) Rev. Europ. Sexol ; Sexologies ; (XIII), 49 : 6-10
- VOL.XIII, N°49
D
ans le cadre de cette recherche,
nous nous sommes intéressés à
la part des événements de vie
récemment vécus par l'individu dans
l'installation des troubles de l'érection.
Notre objectif n'étant pas de mettre en
évidence l'existence d'événements
déclencheurs et encore moins d'établir
une cause unique aux troubles de l'érec-
tion ; nous nous sommes également inté-
ressés au rôle de l'anxiété, en l'envisa-
geant comme un facteur favorisant un
défaut d'adaptation aux événements
extérieurs, mais également en nous réfé-
rant au modèle de l'anxiété de perfor-
mance initié par Masters et Johnson
(1971) et largement repris dans les
modèles contemporains.
Les événements
de vie
Il existe une méthodologie spécifique
d'étude du retentissement des événe-
ments de vie sur le vécu des individus.
Les chefs de file en matière de métho-
dologie événementielle sont Holmes et
Rahe. Ils construisent en 1967 la Schedule
of Recents Experience, le premier ques-
tionnaire d'événements de vie validé. Il
s'agit d'une liste de 43 événements que
tout un chacun peut avoir vécus
(divorce, décès d'un proche parent, licen-
ciement, etc.) et auxquels une note stan-
dard de 11 à 100 est attribuée par des
sujet-juges. Selon Holmes et Rahe (1967),
ces événements sont considérés comme
potentiellement perturbant dans la
mesure où leur survenue implique une
certaine quantité de changement. Ce
serait précisément cette quantité de chan-
gement qui conférerait à l'événement un
rôle pathogène ou non.
Au cours de ces trente dernières années,
une approche complexe de la relation
événement-maladie s'est développée,
donnant naissance à divers question-
naires événementiels. L'outil clinique
que constituent ces questionnaires a per-
mis de mettre en évidence de façon plus
objective le rôle pressenti depuis long-
temps de l'impact émotionnel des évé-
nements de vie dans l'apparition ou l'ag-
gravation de troubles somatiques ou
psychologiques.
Aharonian et coll. (1991) ont appliqué la
méthodologie événementielle aux
troubles de l'érection. Leur échantillon
comprend 100 patients consultants pour
une dysfonction érectile et 30 sujets
témoins. Ils utilisent un questionnaire
dont la liste d'événements est proche de
celle mise au point par Holmes et Rahe
(1967), auquel ils ont ajouté la dimen-
sion subjective en demandant au sujet
d'attribuer une note d'impact de 0 à 100,
reflet du retentissement affectif au
moment de la survenue de l'événement.
Les résultats montrent que les patients
signalent plus d'événements dans les
cinq ans précédant l'installation du
trouble que les témoins. En revanche, il
n'existe pas de différence significative
entre les patients et les témoins pour l'an-
née précédant directement l'apparition
de la dysérection ou la date du ques-
tionnaire pour les témoins. Aussi, l'ana-
lyse détaillée de ce pic souligne-t-elle
qu'il s'agit majoritairement d'événements
Résumé: Cette recherche avait pour objectif
l'étude du rôle des événements récemment
vécus par l'individu dans la survenue d'un
trouble de l'érection. Nous avons envisagé la
vulnérabilité des sujets vis-à-vis d’une
anxiété qui induit un défaut d'adaptation aux
événements extérieurs.
Notre échantillon compte un groupe de
26 patients souffrant de troubles de l'érection
secondaires et un groupe de 20 témoins,
correctement appariés. Le questionnaire
d'événements de vie mis au point par
F. Amiel-Lebigre (1986) nous a permis de lister
les événements vécus durant les cinq années
précédant l'installation du trouble de
l'érection pour les patients et durant les cinq
années précédant le jour de passation du
questionnaire pour les témoins et auxquels
les sujets attribuaient une note d'impact
émotionnel sur une échelle de 0 à 100. Nous
avons également mesuré les scores d'anxiété
des sujets à l'aide du State-Trait Anxiety
Inventory ou STAI (Spielberger, 1983). Nous
avons envisagé le score d'anxiété-état comme
reflet de l'anxiété de performance liée à la
situation de rapport sexuel et le score
d'anxiété-trait comme reflet des angoisses
archaïques propres à chaque sujet.
Les résultats montrent une accumulation
d'événements de vie durant l'année précédant
l'installation des troubles de l'érection plus
importante chez les patients que chez les
témoins. L’analyse détaillée de ce pic
événementiel, montre que les événements les
plus représentés sont ceux appartenant au
domaine affectif et ceux représentant une
perte. Nous remarquons également que les
patients attribuent fréquemment un impact
fort à ce type d'événements. Par ailleurs, les
résultats ne mettent pas en évidence des
scores d'anxiété-état et/ou d'anxiété-trait
plus élevés chez les patients que chez les
témoins.
MOTS-CLEFS :
• Trouble de l'érection
• Événements de vie
• Anxiété
Événements de vie
et anxiété
chez les hommes
souffrant de troubles
de l'érection
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- VOL.XIII, N°49
de la catégorie “affectif” et de type “défa-
vorable”. Les auteurs remarquent égale-
ment que les patients ont tendance à
attribuer un impact plus important aux
événements qu'ils vivent que les témoins,
et notamment que les événements de la
catégorie “affectif” ont toujours un
impact significativement important.
Au regard de ces résultats, deux facteurs
semblent déterminants: la notion d'ac-
cumulation quantitative d'événements à
fort impact dans un bref laps de temps,
ainsi que le type d'événements majori-
tairement représentés dans ce laps de
temps. Nous avons donc formulé les
hypothèses suivantes:
- les hommes souffrant de troubles de
l'érection ont vécu un nombre significa-
tivement plus important d'événements
de vie à fort impact durant l'année pré-
cédant l'apparition du trouble ;
- il existe un type d'événement favori-
sant l'apparition de troubles de l'érec-
tion, à savoir les événements apparte-
nant au domaine affectif ainsi que les
événements représentant une perte.
Méthodologie
Afin de vérifier nos hypothèses, nous
avons utilisé le questionnaire d'événe-
ments de vie mis au point par F. Amiel-
Lebigre (1986). Cet outil permet une éva-
luation subjective personnelle de
l'événement puisque c'est le sujet lui-
même qui attribue une note d'impact aux
événements. Cette méthode réduit la
subjectivité clinique inhérente aux ques-
tionnaires précotés par les évaluateurs,
tel le questionnaire de Holmes et Rahe
(1967). En effet, le questionnaire de
F. Amiel-Lebigre (1986) a été comparé
dans des groupes témoins et dans
diverses pathologies (cancer, dépression,
alcoolisme), confirmant l'intérêt de cette
dimension subjective: certains événe-
ments peuvent avoir des notes très dif-
férentes voire opposées selon les indivi-
dus et cette méthode de l'évaluation de
l'impact présente l'intérêt d'être la plus
proche de l'expression du vécu du sujet
(Amiel-Lebigre, 1991).
Notre échantillon est composé d'un
groupe “patient” qui compte 26 sujets
ayant consulté pour un trouble de l'érec-
tion secondaire ainsi qu'un groupe
“témoin” qui compte 20 sujets dont les
caractéristiques socio-démographiques
(âge, statut professionnel, statut civil)
sont correctement appariées à celles des
patients. Nous avons listé les événements
vécus par les sujets durant les cinq
années précédant l'installation des
troubles de l'érection (t0) pour les
patients et durant les cinq années précé-
dant le jour de passation du question-
naire (t0) pour les témoins.
Les événements vécus sont repérés grâce
à leur date de survenue (année), à leur
domaine d'appartenance (professionnel,
financier, social, affectif, familiale et de
la santé), à leur nature (gain ou perte) et
grâce à leur note d'impact attribuée par
les sujets selon une échelle de 0 à 100
(100 représentant l'impact maximum).
L'anxiété
En ce qui concerne l'anxiété, deux fac-
teurs nous semblaient importants. Pre-
mièrement, nous nous sommes intéressés
à l'anxiété générale et stable des indivi-
dus qui détermine leur façon d'appré-
Figure 3 : Répartition des événements de vie en fonction de leur nature.
Figure 2 : Répartition des événements de vie en fonction de leur domaine
d’appartenance.
Figure 1 : Répartition des événements de vie en fonction des années.
hender les événements extérieurs.
D’après le modèle mis au point par Rahe
(1976), les individus possédant une orga-
nisation psychologique solide vivent de
façon plus brève les événements que les
individus plus fragiles et échappent ainsi
à l'impact cumulatif des événements suc-
cessifs. Nous avons envisagé l'anxiété
comme constituant une fragilité consti-
tutionnelle, rendant les individus plus
vulnérables à l'impact des événements
qu'ils vivent.
Ensuite, nous nous sommes intéressés à
l'anxiété de performance, généralement
citée par les auteurs comme un facteur
pouvant participer à l'installation de
troubles érectiles. Masters et Johnson
(1971) décrivent à ce sujet, un mécanisme
d'interférences cognitives, communé-
ment appelé “cercle vicieux de l’anxiété”,
où la crainte de l'échec ajoutée à l'anxiété,
fixe la dysfonction érectile. À ce sujet, de
récentes recherches ont mis en évidence
le faible niveau d'estime de soi associé à
cette anxiété de performance (Feil, 2002 ;
Fabbri et al. 2003). Selon les auteurs, le
manque de confiance en soi provoque
chez les hommes, un sentiment d'insé-
curité les conduisant à craindre la cri-
tique et/ou le rejet de la partenaire. Selon
Smith (1988), les échecs répétés indui-
sent des attitudes cognitives d'auto-
observation de leur performance qu’il
nomme “le rôle de spectateur”. Ainsi, les
hommes dysfonctionnels sont distraits
par les stimuli non-sexuels reliés à la per-
formance, ils développent des attentes
négatives face à l'activité sexuelle, et ce
trop plein d'émotions négatives induit
l'anxiété de performance.
Une recherche réalisée par Hartmann
(1998) auprès de 751 patients souffrant
de dysfonction érectile et comparés à un
groupe témoin de 55 sujets met en évi-
dence la part de l'anxiété de performance
dans la genèse de troubles érectiles. L'au-
teur dégage trois facteurs principaux
retrouvés chez les patients qu'il propose
d'envisager sur un continuum:
- les facteurs immédiats représentés par
l'anxiété de performance ;
- les événements de vie issus de l'histoire
récente des patients ;
- les vulnérabilités constitutionnelles
acquises depuis l'enfance.
Ainsi, selon cette étude, il existe un lien
entre les troubles de l’érection, le niveau
d'anxiété des patients en situation et les
événements vécus juste avant l'appari-
tion des difficultés. Nous avons donc for-
mulé l'hypothèse suivante :
- les individus souffrant de trouble de
l'érection ont un niveau d'anxiété signi-
ficativement élevé.
Méthodologie
Afin de vérifier cette hypothèse, nous
avons utilisé le State-Trait Anxiety Inven-
tory ou STAI, mis au point par Spielber-
ger (1983). Cet outil permet d'évaluer de
façon indépendante le trait d'anxiété qui
fait référence à des caractéristiques
stables et spécifiques et l'état d'anxiété
lié à une situation, à un événement. Selon
cette distinction, nous avions envisagé
d'évaluer plus spécifiquement l'anxiété
générale à l'aide de l'échelle d'anxiété-
trait et l'anxiété de performance à l'aide
de l'échelle d'anxiété-état. Ce question-
naire est l'une des échelles d'auto-éva-
luation de l'anxiété trait-état les plus uti-
lisées, plus de 2000 études utilisant cet
inventaire ont été recensées en 1998 (Fer-
reri, 1999), dont de nombreux travaux en
psychiatrie et en psychosomatique.
L'échelle d'anxiété-trait comprend
20 items sous formes d'énoncés cou-
ramment utilisés pour exprimer com-
ment les individus se sentent de manière
générale, et l'échelle d'anxiété-état com-
prend 20 items décrivant les sentiments
éprouvés au moment présent. Chaque
item de l'inventaire est évalué de 1 à 4
selon son intensité pour l'anxiété-état et
selon sa fréquence pour l'anxiété-trait.
Ainsi, pour l'échelle état:
- non = 1 ; plutôt oui = 3 ; plutôt non = 2 ;
oui = 4 ;
- pour l'échelle-trait: presque jamais = 1 ;
souvent = 3 ; parfois = 2 ; presque tou-
jours = 4.
Cependant, certains items mesurent l'ab-
sence d'anxiété, donc leurs notes doivent
être inversées. La note totale varie donc
de 20 à 80.
Résultats
Répartition des événements de vie
En ce qui concerne les événements de
vie, les résultats mettent en évidence une
accumulation d'événements de vie
durant l’année précédant l’apparition
des troubles de l'érection. Ce pic événe-
mentiel est également observé chez les
témoins mais il est moindre (Figure 1).
En effet, les pourcentages d'augmenta-
tion des événements montrent qu'il y a
chez les patients une augmentation de
200 % des événements vécus durant l'an-
née précédant t0 alors qu'elle n'est que
de 69 % chez les témoins (Tableau 1).
8
- VOL.XIII, N°49
Tableau 1 : Répartition des événements de vie en % sur les cinq années précédant le t0
et % d'augmentation de cette répartition d'une année par rapport à l'autre.
%% d’augmentation
Années Patients Témoins Patients Témoins
(-1) 58,3 45 249,1 68,5
(-2) 16,7 26,7 41,5 200
(-3) 11,8 8,9 55,2 -15,2
(-4) 7,6 10,5 35,7 18
(-5) 5,6 8,9 --
Total 100 100
Moyenne 3,8 5
Tableau 2 : Part des événements à fort impact dans la répartition des événements
en fonction des années.
N%
Années Patients Témoins Patients Témoins
(-1) 57 60 79,8 74
(-2) 20 29 83,3 60,4
(-3) 16 11 94,1 68,7
(-4) 10 15 90,9 78,9
(-5) 5962,5 56,2
Total 108 124 410,6 338,2
M/S 4,1 6,2 15,8 16,9
M/A 21,6 24,8 82,1 67,64
9
- VOL.XIII, N°49
Par ailleurs, les patients n'ont pas attribué
d'impact significativement plus fort aux
événements qu'ils ont vécus durant l'an-
née précédant l'installation du trouble
érectile qu'aux événements vécus anté-
rieurement. En effet, les événements à
fort impact sont majoritairement repré-
sentés durant les années (-3) (94,1 % ) et
(-4) (90,1 %). En revanche, seulement
79,8 % des événements vécus durant l'an-
née précédant les troubles de l'érection
sont à fort impact; les patients ne vivent
pas plus d'événements à fort impact
durant l'année (-1). (Tableau 2).
Domaines d'appartenance
des événements de vie
En ce qui concerne les domaines d'ap-
partenance des événements, les résultats
mettent en évidence que les événements
majoritairement représentés appartien-
nent au domaine affectif. Viennent
ensuite les événements de type “social”,
suivis de près par les événements de type
“professionnel”. La part importante
occupée par les événements de type
“affectif” est d'autant plus mise en valeur
que ces événements n'occupent que la
seconde position de la répartition des
témoins, après les événements apparte-
nant au domaine professionnel (Figure 2,
Tableau 3).
D'autre part, les résultats montrent que
les patients attribuent un impact fort à
80,8 % des événements de type “affec-
tif” qu'ils ont vécu. Cependant, ce résul-
tat est relativisé par le fait qu'ils attri-
buent également un impact fort à 83,3 %
des événements de type “santé” et à 80 %
des événements de type “familial”. De
plus, nous remarquons que les témoins
attribuent également fréquemment un
impact fort aux événements de type
“affectif” (83,3 %). Ces résultats nous per-
mettent tout de même de mettre en évi-
dence une tendance chez les patients à
vivre les événements appartenant au
domaine affectif de façon plus intense
que ceux du domaine social, profession-
nel et financier (Tableau 4).
Nature des événements de vie
En ce qui concerne la nature des événe-
ments, les résultats montrent que les
patients rapportent plus d'événements
représentant une perte (84,5 %) que les
témoins (72,8 %) et, inversement, les
témoins rapportent plus d'événements
représentant un gain (27,1 %) que les
patients (15,4) (Figure 3, Tableau 5).
Par ailleurs, les patients comme les
témoins attribuent plus fréquemment un
impact fort aux événements représentant
une perte qu'aux événements représen-
tant un gain. En effet, chez les patients,
69 % des événements représentant une
perte sont des événements à fort impact,
alors que ce n’est le cas que de 61,5 %
des événements représentant un gain.
Cependant, aucune différence significa-
tive n'est observée entre les deux groupes
de sujets, le fait que les pourcentages
soient plus élevés dans le groupe des
témoins est dû au fait que les témoins
rapportent plus d'événements à fort
impact, comme nous l'avons indiqué pré-
cédemment (Tableau 6).
L'anxiété
En ce qui concerne l'anxiété, nous n'ob-
servons pas de différences significatives
entre les scores d'anxiété obtenus par les
patients et ceux obtenus par les témoins,
que ce soit pour l'échelle d'anxiété-état
(patients = 39,1 et témoins = 38,8)
ou pour l'échelle d'anxiété-trait
(patients = 42,2 et témoins = 42,7)
(Tableau 7).
Conclusion
Les résultats obtenus vont dans le sens
de la première hypothèse. En effet,
comme l'avaient indiqué Aharonian et
coll. (1991) dans leur recherche, il sem-
blerait que l'aspect cumulatif des événe-
ments soit un facteur important dans le
rôle attribué aux événements de vie
Tableau 3 : Répartition des événements de vie en fonction de leur domaine
d'appartenance.
Domaines Professionnel Financier Social Affectif Familial Santé
NPatients 17 6 19 26 10 6
Témoins 23 7 13 18 15 5
%Patients 20,2 7,1 22,6 31,1 11,9 7,1
Témoins 28,4 8,6 16,1 22,2 18,5 6,2
Tableau 4 : Part des événements à fort impact dans la répartition des événements
en fonction de leur domaine d'appartenance.
Domaines Professionnel Financier Social Affectif Familial Santé
NPatients 12 4 9 21 8 5
Témoins 16 6 10 15 10 3
%Patients 70,6 66,7 47,7 80,8 80 83,3
Témoins 69,6 85,7 76,9 83,3 66,7 60
Tableau 5 : Répartition des événements de vie selon leur nature.
Nature Gain Perte
NPatients 13 71
Témoins 22 59
%Patients 15,4 84,5
Témoins 27,1 72,8
Tableau 6 : Répartition des événements à fort impact selon leur nature.
Nature Gain Perte
NPatients 849
Témoins 15 45
%Patients 61,5 69
Témoins 68,2 76,2
Tableau 7 : Moyennes (M) des scores obtenus par les sujets au State-Trait Anxiety
Inventory ou STAI (Spielberger, 1983) et écarts-types (s) correspondants.
Anxiété-état Anxiété-trait
Patients Témoins Patients Témoins
M39,1 38,8 42,2 42,7
s11,8 8,4 93,9
quant à la pathogenèse des troubles érec-
tiles. De plus, nous pouvons envisager
que, bien que les événements vécus ne
soient pas particulièrement cotés “à fort
impact”, ils aient un effet cumulé lors-
qu'ils se multiplient.
En ce qui concerne l'hypothèse 2, il sem-
blerait effectivement qu'il y ait un type
d'événement favorisant l'installation des
dysfonctions érectiles, à savoir les évé-
nements appartenant au domaine affec-
tif et les événements représentant une
perte pour le sujet. D'ailleurs, l'événe-
ment le plus cité est l'événement “sépa-
ration-divorce”. Ce constat laisse envi-
sager le rôle important de la relation de
couple et des affects induits par les modi-
fications de l'équilibre du couple dans
l'installation d'une dysfonction érectile.
Les résultats obtenus au questionnaire
d'anxiété ne vont pas dans le sens de
ceux obtenus par Hartmann (1998),
puisque nous n'observons pas un niveau
d'anxiété élevé chez les patients. Donc,
nous ne pouvons pas mettre en évidence
la présence de l'anxiété de performance
chez les hommes souffrant de dysfonc-
tions érectiles; l'hypothèse 3 n'est donc
pas vérifiée.
Cependant, ce résultat n'équivaut pas à
l'absence d'anxiété, d'ailleurs les sujets
montrent un niveau d'anxiété-trait plus
élevé que celui d'anxiété-état. Nous pou-
vons envisager que la population témoin
ne constitue pas un groupe contrôle effi-
cace, notamment en raison de l'effectif
restreint de cet échantillon. De même,
nous pouvons envisager que la STAI
(Spielberger, 1983) ne soit pas un outil
de mesure efficace de la vulnérabilité aux
événements extérieurs, ni même de
l'anxiété de performance. Il existe des
échelles de mesures des stratégies
d'adaptation, les échelles de “coping”. De
même, la crainte de l'échec pourrait être
évaluée par le biais de mesure de l'es-
time de soi.
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York : Raven Press.
Adresse pour correspondance :
M. Bonierbale
CHU Ste-Marguerite,
Service du Pr C. Lançon,
13274 Marseille Cedex 9.
10
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