[le déterminisme entre sciences et philosophie]
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(atomiques, nucléaires), et prolongée, d’un point de vue plus fondamental,
en théorie quanque des champs, de l’électrodynamique quanque (EDQ)
aux théories des champs de jauge électrofaible et chromodynamique6. Ces
développements, eectués dans le cadre conceptuel de la mécanique quan-
que, ont ainsi conrmé sa puissance heurisque et ont en même temps
permis aux physiciens de s’habituer à travailler avec cet outil de pensée
indispensable pour l’exploraon des phénomènes quanques.
La mécanique quanque, comme schème théorique, se praque avec
succès, et les physiciens d’aujourd’hui, tout en appliquant strictement, dans
le travail de leur pensée physique sur les phénomènes qu’ils étudient, les
règles qui gouvernent l’utilisation des grandeurs quantiques, ne pensent
plus beaucoup aux « dicultés de l’interprétaon » qui avaient beaucoup
préoccupé les « pères fondateurs » et leurs successeurs immédiats. En fait
d’interprétaon, s’ils devaient en proposer une, ce serait majoritairement
la suivante : « L’important est que cela marche. » Ce qui peut être une mar-
que d’insouciance ou une philosophie immédiatement pragmaque mais
fermée aux raisons plus profondes. Cee atude comporte, dans tous les
cas, une part de vérité, de l’ordre de celle qui fait que l’on marche avant
de savoir comment : ils disposent de l’oul théorique (voire conceptuel) et
savent le manier avant de connaître exactement sa nature.
Cependant, dès qu’ils se quesonnent sur les problèmes de l’intelligi-
bilité des phénomènes physiques dans le domaine quantique, ils retrou-
vent les termes du vieux débat. Mais, à la diérence de leurs aînés, ils les
retrouvent de l’extérieur, en ce sens que ces quesons leur paraissent se
poser seulement à un second ordre de la compréhension : quand ils s’inter-
rogent sur les raisons de cee dernière, laquelle est donnée par la théorie
qu’ils connaissent au point qu’elle leur est devenue « comme une seconde
nature ». Comprendre, au premier degré, au niveau de leur travail sur la
physique elle-même, cela leur est d’abord donné par le maniement des
concepts et grandeurs qui représentent, reproduisent ou agencent les phé-
nomènes qui les intéressent.
5. Sur l’histoire de l’EDQ, cf. Silvan Schweber, QED and the Men Who Made It :
Dyson, Feynman, Schwinger, and Tomonaga, Princeton University Press, 1994 .
6. Cf., par exemple, René Bimbot & Michel Paty, « Vingt cinq années d’évoluon
de la physique nucléaire et des parcules », in Jean Yoccoz (dir.), Physique suba-
tomique : 25 ans de recherche à l’IN2P3, la science, les structures, les hommes,
Édions Fronères, 1996.