grâce à des subventions accordées par le conseil départemental des Alpes-Martimes (5
millions), la métropole Nice Côte d'Azur et la ville (2 millions), de l'Etat (1 million) et de
France Hadron (2,5 millions).
La protonthérapie est une technique de radiothérapie innovante pour traiter les cellules
cancéreuses tout en préservant les tissus sains voisins. "Les protons ont la particularité de
pénétrer dans les tissus à bas bruit, c'est-à-dire 'sans faire de dégâts'. Arrivés sur la cible
tumorale, ils libèrent toute leur énergie, provoquent sa destruction et ils s'arrêtent là,
protégeant ainsi les tissus sains environnants", explique le Pr Jean-Pierre Gérard,
radiothérapeute et ancien directeur du Centre Antoine-Lacassagne.
"L'objectif est de prendre en charge les patients atteints de cancers et de leur faire bénéficier
des meilleurs traitements qui ont montré leur efficacité et leur faible toxicité de manière à
offrir la meilleure qualité de vie possible", indique le Pr Jean-Michel Hannoun-Lévi, chef du
pôle radiothérapie du Centre Antoine-Lacassagne.
La protonthérapie est actuellement employée contre les tumeurs oculaires, les tumeurs
difficiles d'accès ou proches d'organes à risque (chordomes et chondrosarcomes, tumeurs
pararachidiennes, tumeurs de la base du crâne et des sinus) et pour l'ensemble des tumeurs
pédiatriques. De nombreuses autres indications sont en développement.
Proteus One, premier accélérateur de protons haute énergie (230 MeV) nouvelle génération
commercialisé par la société belge IBA, se compose de trois structures: un synchrotron
supraconducteur de dernière génération (qui pèse 55 tonnes mais consomme huit fois moins
d'énergie que les machines actuelles et est le seul à avoir une telle compacité: la surface
d'un terrain de tennis suffit alors que les machines actuelles nécessitent une superficie
équivalent à un terrain de football), une tête rotative isocentrique compacte innovante
(Gantry) et une table robotisée où le patient est installé et pouvant se déplacer dans
n'importe quelle position de l'espace.
"La mobilité de la table combinée à celle de la tête Gantry offre une multitude d'incidences
thérapeutiques. Plus nous avons d'angles d'attaque sur le volume tumoral, plus nous serons
capables de concentrer la dose sur le volume cible et de la diminuer au niveau des organes
à risque avoisinants", explique le Pt Hannoun-Lévi.
En outre, Proteus One intègre une technique d'irradiation inédite, le balayage en pinceau fin
("pencil beam scanning") permettant une distribution de dose irradiante, couche par couche,
qui épouse parfaitement le volume de la tumeur. "L'extrême précision de cet outil permet
d'irradier à plus forte dose le volume tumoral tout en préservant les tissus sains
environnants", souligne le spécialiste.
Avec cet appareil et le cyclotron Medicyc opérationnel depuis juin 1991, le CLCC niçois peut
proposer les deux technologies: protonthérapie basse énergie et haute énergie. La
protonthérapie de basse énergie utilisant le cyclotron maison Medicyc (65 MeV) a déjà
permis de traiter plus de 6.000 patients (pour des tumeurs de l'oeil) depuis le premier
traitement de protonthérapie réalisé en France en 1991.
L'Institut méditerranéen de protonthérapie est une nouvelle structure dont la mission est de
proposer à tous les patients qui nécessitent un traitement par protonthérapie, adultes et
enfants, une prise en charge globale et coordonnée avec l'ensemble des acteurs de leur
parcours de soins, notamment en collaboration avec le CHU de Nice et les hôpitaux
pédiatriques CHU-Lenval. Une maison d'accueil permet d'héberger des patients.
La protonthérapie est également pratiquée à Orsay (Essonne, Institut Curie) et le Centre
François-Baclesse de Caen a reçu une autorisation. D'autres projets sont en préparation en
Ile-de-France en partenariat avec Tours et Orléans, à Montpellier, Toulouse, Nantes et
Nancy.
Sylvie Lapostolle