WWW.PROFESSIONSANTE.CA SEPTEMBRE 2011 VOL. 58 N° 5 QUÉBEC PHARMACIE 9
Quelles sont les nouveautés
dans le traitement de la pédiculose ?
La pédiculose de la tête est un problème courant chez les enfants de 3 à 12 ans. Le nombre d’infestations semble augmenter probablement en
lien avec l’émergence d’une résistance aux pédiculicides conventionnels et à la suite de l’emploi inapproprié de ces produits1. Les échecs
rencontrés avec les agents recommandés, le recours à des thérapies non conventionnelles et le suremploi des produits sont fréquents. La
résistance grandissante des insecticides traditionnels, tels que la pyréthrine (shampooing revitalisant R&CMD) la perméthrine (NixMC, Kwellada-PMC) et
le lindane (PMS-LindaneMD, Hexit), justifie l’introduction de nouveaux médicaments dans le traitement de la pédiculose et laisse ainsi la place à
des solutions de rechange valables lors d’échec aux traitements conventionnels. Malheureusement, au Canada, on ne connaît pas l’ampleur du
problème de la résistance aux pédiculicides puisqu’aucune étude contrôlée ne semble avoir été effectuée sur le sujet. Pour cette raison, on
attribue encore la majorité des échecs au traitement à d’autres causes que la résistance2.
La dernière mise à jour en matière de pédiculose
de l’Institut national de santé publique (INSPQ)
recommande toujours comme premières lignes
de traitement les pédiculicides conventionnels,
à base d’insecticides, mais a ajouté le myristate
d’isopropyle (ResultzMD) en tant que troisième
ligne de traitement3. Un produit naturel conte-
nant un mélange d’huiles essentielles a récem-
ment été commercialisé pour cette indication
sur le marché canadien, sous le nom de ZapMC.
Comme l’action de ces nouveaux produits est
mécanique, le développement d’une résistance
est très improbable, mais qu’en est-il de l’eca-
cité ? L’objectif de cet article est de vous familia-
riser avec ces nouveaux produits pédiculicides.
On retrouve au tableau I les principales caracté-
ristiques, ainsi que les études associées aux pro-
duits discutés. Étant donné que les formulations et
l’emploi des agents pédiculicides dièrent selon les
pays et que la résistance varie, il est dicile d’extra-
poler les résultats des études d’un pays à l’autre.
Huiles essentielles (Zap)
Le produit Zap contient comme ingrédient
médicinal de l’huile d’anis étoilé et comme
autres ingrédients de l’huile de noix de coco
fractionnée, d’essence de cananga odorato
(ylang ylang) et de l’alcool isopropylique. Il est
commercialisé au Canada depuis 2010 en tant
que produit de santé naturel (PSN).
Ce mélange d’huiles naturelles essentielles
agit par un mécanisme physique, obstruant les
canaux respiratoires du pou, entraînant sa mort
par suocation4. Il enrobe donc le pou d’un lm
huileux obstruant le système respiratoire. Il est
possible que les triglycérides persistant sur les
cheveux même après le nettoyage contribuent à
son ecacité, ce qui constituerait un avantage
pour ce produit5.
Trois études ont appuyé la mise en marché du
Zap4-6. La plus vaste, conduite au Royaume-Uni,
le comparait à une lotion de perméthrine 0,43 %
dans une base d’alcool5. Le Zap était appliqué
sur des cheveux secs pendant 15 minutes, tandis
que la lotion de perméthrine était appliquée
pendant 45 minutes. Le taux de succès était res-
pectivement de 83,3 % et 4,47 %5. La tolérance
aux produits était semblable : démangeaisons et
brûlures à la tête et au cou pendant et après les
traitements. Ces eets étaient reliés à la présence
d’alcool dans les produits ainsi qu’à la présence
possible des huiles essentielles du vaporisateur,
les huiles essentielles pouvant être irritantes
pour la peau excoriée. L’extrapolation des résul-
tats au Québec est dicile puisque le produit
utilisé dans l’étude contenait 0,43 % de per-
méthrine, alors que les produits recommandés
par l’INSPQ contiennent 1 % de perméthrine et
que les excipients employés étaient différents
des produits québécois. De plus, le temps de
contact recommandé au Québec pour la per-
méthrine 1 % est de 10 minutes, alors que les
sujets de l’étude étaient soumis au produit pen-
dant 45 minutes5. Bien que les études italiennes
et israéliennes aient eu des résultats promet-
teurs, les méthodologies ainsi que les produits
utilisés ne permettent pas de faire de comparai-
sons avec les recommandations canadiennes
actuelles. De plus, l’emploi du peigne n a pro-
bablement contribué à la réussite du traitement
dans l’étude italienne4.
Malgré sa commercialisation depuis plus de
10 ans aux États-Unis, la documentation scien-
ti que ne posit ionne pa s le Zap pa rmi les recom-
mandations de traitement. La revue américaine
Pediatrics y fait référence dans sa section
Produits naturels, mentionnant que ce produit
n’est pas soumis aux règlements de la FDA7.
ResultzMC
Le myristate d’isopropyl (IPM), commercialisé
sous le nom de Resultz est oert sur le marché
canadien depuis 2006. L’utilisation du myristate
d’isopropyl est largement répandue dans les
produits dermatologiques. Il dissout la cire qui
recouvre l’exosquelette du pou, provoquant la
déshydratation puis la mort du parasite8-10. Les
études concernant l’ecacité et l’innocuité de
Resultz dans le traitement de la pédiculose sont
peu nombreuses et son ecacité y est très varia-
ble. L’étude de validation de principe a démon-
tré une ecacité de 96 % chez 30 patients8. Le
Texte rédigé par Nathalie Marceau, B. Pharm.,
M.Sc.
Texte original soumis le 11 janvier 2011.
Texte final remis le 12 avril 2011.
Révision : Elyse Desmeules, B. Pharm.,
Noura A. Shahid, B. Pharm.
PLACE AUX QUESTIONS