Compétence 1 : Définir et situer la démarche participative

1
COMPETENCE 1
DEFINIR ET SITUER LA DEMARCHE PARTICIPATIVE
DANS LE CHAMP DE LA PROMOTION DE LA SANTE
I. « La participation des acteurs » avec vos mots
II. Les différents niveaux de la participation
II. A. L’échelle de Hance et al.
III. La participation et ses champs de mise en œuvre
III. A. Le développement social local
III. B. La démocratie participative
III. C. La démarche communautaire en santé
IV. Les incontournables de la participation
IV. A. La richesse de la participation : à la fois un moyen et un processus
IV. B. La participation contribue au renforcement de la communauté
IV. C. Des valeurs, une éthique
V. La démarche communautaire en santé, une démarche participative au
service de la promotion de la santé
E-learning St Quentin en Yvelines – Institut Renaudot
2
I. « La participation des acteurs » avec vos mots
La démarche participative est aujourd’hui entrée dans le discours courant. Or, quand on
l’écoute on se rend vite compte que chaque acteur, depuis sa place, met dans ces mots des
significations très différentes.
Il est donc essentiel de commencer ce module par une clarification des différentes formes
que peut revêtir la démarche participative.
Affiche réalisée par des étudiants français
E-learning St Quentin en Yvelines – Institut Renaudot
3
II. Les différents niveaux de la participation
La participation renvoie à des niveaux différents d’implication des acteurs. Plusieurs échelles
existent pour mesurer cette participation à un projet ou programme. Nous présenterons ici
l’échelle de Hance et al. Si vous souhaitez aller plus loin, vous pouvez également consulter
l’échelle de B. Pissarro1 ou de Rifkin (1990).
Ces échelles ont le mérite d’exister, cependant elles ne mesurent que la seule participation
des habitants, usagers et, nous verrons, tout au long de ce module que la démarche
participative, doit intégrer l’implication active de TOUS les acteurs.
Heureusement, comme tout outil, ces échelles peuvent être adaptées aux besoins du projet.
Afin, donc, d’élargir l’utilisation des échelles, l’étudiant qui le souhaite, pourra faire l’exercice
intellectuel de mettre à la place du mot « citoyen », « habitant » et « population »,
respectivement, les mots professionnel et élu. Il obtiendra ainsi des indicateurs d’évaluation
de la participation pour tous les acteurs.
L’échelle de la participation élaborée par Hance et al. en 19902 propose de déterminer les
différents niveaux d’implication dans la mise en œuvre des actions et des programmes selon
le niveau de pouvoir spécifique du citoyen sur la décision.
Echelon Degré de participation
1er échelon L’équipe projet agit seul, sans communiquer avec les citoyens
2ème échelon L’équipe projet informe les citoyens sans leur demander de se
prononcer sur la question
3ème échelon L’équipe projet consulte sans réellement tenir compte des
commentaires émis
4ème échelon L’équipe projet consulte et tient compte des commentaires émis
5ème échelon L’équipe projet s’associe à la population pour résoudre le problème
6ème échelon L’équipe projet remet entre les mains des citoyens le pouvoir de
prendre seuls les décisions appropriées
Les différents niveaux d’implication du citoyen ordinaire (selon Hance et Al, 1990)
Cette échelle, comme d’autres qui existent (échelle de la participation citoyenne d’Arnstein,
…), a le mérite de permettre de situer son action dans une démarche évolutive. Elle est par
ailleurs intéressante pour les porteurs de projets car elle peut être un outil qui leur permette
de :
situer leur action (où en sommes-nous de la participation ?)
se donner des objectifs de niveaux à atteindre ( voulons nous arriver en terme de
participation ?) et
envisager alors des « stratégies » pour l’atteindre (comment allons-nous nous y
prendre pour arriver là où nous voulons arriver ?).
1 Pissarro B. Les inégalités dans la ville. Congrès international du centre de coordination
communautaire en éducation pour la santé : “ Le social dans la santé ”.- Liège, 1992/11/18-20
2 Hance BJ, Chess C, Sandman TM. Industry risk communication manual : improving dialog with
community. Boca Raton : Lewis Publisher, 1990.
E-learning St Quentin en Yvelines – Institut Renaudot
4
Conclusion
" C'est une belle harmonie quand le faire et le dire vont ensemble" (Montaigne)
Tout au long de ce module nous apprendrons que une démarche participative, selon son
niveau de développement, aura des effets différents en termes de changement. Un niveau
aurait pour effet un non changement, un autre amènerait à un changement de
comportement, puis, carrément si nous arrivons à une participation de niveau 6, ceci nous
amènerait vers un changement sociétal.
Ces effets recherchés vont nous faire privilégier un niveau de participation ou un autre.
QUAND L’INSTITUT RENAUDOT PARLE DE PARTICIPATION, IL SE SITUE LUI, AU
NIVEAU 6 DE LA PARTICIPATION (ACTION).
Or, si l’on s’en tient aux concepts et aux discours actuels sur la participation, on remarque
qu’il s’agit essentiellement du niveau 6, la participation action. Cependant, quand on observe
les pratiques, on note que tout en restant aux niveaux 1 ou 2, les acteurs locaux disent
« faire » de la participation action.
Autrement dit, entre ce qui se dit et ce qui se fait réellement, il y a un gouffre et ce
généralement pour deux raisons :
Soit parce que la volonté et la compétence des professionnels impliqués ne
rencontrent pas la volonté et la capacité des institutions, des élus et des
habitants à s’inscrire dans une participation - action.
Il peut alors être nécessaire de passer par les autres niveaux de participation. Ces
derniers peuvent être des tremplins vers une participation plus systématique et plus
active des acteurs. C’est à travers l’expérimentation de ces différentes formes de
participation que petit à petit chacun pourra tenter d’aller plus loin. Mais l’expérience
a montré que l’atteinte d’un niveau de participation supérieur demande du temps, le
temps pour les habitants de prendre leur place et le temps pour les professionnels et
des élus de la leur donner.
Soit parce que la participation est détournée de ses objectifs à des fins
purement politiques ou de « marketing social ». Cette situation est plus
fréquente qu’il n’y paraît. Il n’est pas rare d’entendre un élu demander à ses
agents de « faire venir » beaucoup d’habitants à une réunion de concertation quand
en réalité la décision est déjà prise. Dans ces situations, on ne peut donc pas
avancer sur l’échelle de la participation.
Lissons ensemble ce premier argument qui justifie les propos tenus au préalable. « La
participation n’est donc possible que par la rencontre d’un mouvement descendant, constitué
par les élus qui soumettent au débat leur projet, et d’un mouvement ascendant constitué par
les habitants demandeurs de participation. Sans mobilisation des habitants, l’offre de
participation reste une coquille vide. Sans reconnaissance du pouvoir local, l’implication de
la population faiblit rapidement. Ce système d’offre et de demande implique que les élus
soient prêts à « jouer le jeu » jusqu’au bout même si les habitants s’avèrent opposés au
projet, mais aussi que ces habitants soient en mesure de définir et de mettre en avant une
problématique d’intérêt collectif pour négocier avec la municipalité »3.
« La participation se situe au carrefour des initiatives citoyennes, de la volonté des élus »3, et
de la compétence des professionnels.
3 Nina FAUCHEUX, La participation des habitants à l’élaboration des projets urbains - Mémoire d’IUP
Aménagement et Développement du Territoire, Juin 2008, p.16-18
E-learning St Quentin en Yvelines – Institut Renaudot
5
III. La participation et ses champs de mise en œuvre
Pour le dictionnaire Larousse 2009, la participation c’est l’« association des citoyens au
pouvoir»4.
Si l’on consulte l’encyclopédie Wikipédia5 : « La participation désigne des tentatives de
donner un rôle aux individus dans une prise de décision affectant une communauté. Cette
notion s'est appliquée à plusieurs champs distincts […]. En sciences politiques, la
participation est un terme plus général qui recouvre les différents moyens selon lesquels les
citoyens peuvent contribuer aux décisions politiques. Pour que la participation en toute
connaissance de cause soit possible, un degré de transparence est nécessaire, mais non
suffisante. La participation est recherchée surtout pour les décisions qui affectent en priorité
certaines catégories de la population, en particulier dans le domaine de l'urbanisme et des
rénovations urbaines ou dans celui de la gestion des ressources (eau, paysage...) et de
l'environnement ».
Avec cette définition de la participation, il apparaît qu’elle peut s’inscrire dans différents
champs. Compte tenu du temps imparti et en fonction de nos objectifs pédagogiques, nous
avons aborderons trois dès champs possibles : le développement social local, la démocratie
participative et la promotion de la santé.
III. A. Le développement social local
Ce courant est issu, entre autre, des travaux de Paolo Freire, qui, au Brésil dans les années
60, a mené des démarches de conscientisation qui avaient pour but que les gens deviennent
acteurs de leur propre développement.
« Au début des années 60, Paulo Freire, éducateur brésilien, a lancé une campagne
massive d’alphabétisation parmi les populations du Nord-est brésilien. En quelques années,
plus d’un million d’exclus ont retrouvé leur dignité et une capacité d’autonomie, d’initiative et
de participation à la vie sociale grâce à une méthode qui combinait apprentissage de la
lecture avec la valorisation de la culture et de l’expérience de chacun. A la suite de cette
expérience, Freire a élaboré sa théorie de la conscientisation »6. Autrement dit, « qu’il
s’agisse des pays en développement ou des pays dits industrialisés, l’analyse des situations
et des problèmes de développement (local, régional, institutionnel…) fait apparaître de plus
en plus que le développement d’une collectivité ne peut sulter seulement de la volonté et
des programmes des planificateurs. […] Dans cette perspective, les actions contribuant au
développement seraient celles qui accroîtront la capacité des acteurs sociaux à se prendre
en main, à élaborer et réussir leurs propres projets, à analyser et résoudre les problèmes qui
se posent à eux, à intervenir sur les situations qu’ils vivent. Il ne s’agit pas seulement de la
capacité de l’Etat, mais aussi de celle des acteurs de la société civile »7.
Enfin, il s’agit de créer les conditions pour que les personnes agissent elles-mêmes pour leur
propre développement et celui de leur communauté.
4 http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/participation/58372
5 http://fr.wikipedia.org/wiki/Participation
6 Freire P. - L’éducation, pratique de la liberté. Editions du Cerf. 1996
7 Leboterf G., Lessard P. L’ingénierie des projets de développement Gestion participative et
développement institutionnel. Ed. Paideia, 1987. – 178 p. 9 et 10.
E-learning St Quentin en Yvelines – Institut Renaudot
1 / 13 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !