18Pratiques en Ophtalmologie • Janvier 2012 • vol. 6 • numéro 50
MISE AU POINT
• L’analyse mathématique (AS
cornéenne + AS interne = AS to-
tale) doit être possible en pratique
clinique courante (6).
• Enfin, une modification de l’AS
totale doit être utile et pertinente
en termes de qualité subjective et
objective de vision. En eet, à acui-
té visuelle identique, un œil dont
l’aberration sphérique finale sera
proche de 0 présentera des quali-
tés optiques objectives meilleures
(moindre fonction de dispersion
du point et meilleure sensibilité
aux contrastes) (7).
Ainsi, en raison d’une AS cor-
néenne moyenne positive de
0,27µm, implanter un implant as-
phérique négatif (visant à compen-
ser 0,18 µm d’AS cornéenne) ou un
implant asphérique neutre (ne gé-
nérant aucune AS) améliore signi-
ficativement la qualité de vision et
la sensibilité aux constrastes des
patients pseudophaques par rap-
port à un implant sphérique (8).
QUELLE ABERRATION
SPHÉRIQUE CIBLE VISER
EN POST-OPÉRATOIRE ?
Comme nous l’avons vu précédem-
ment, minimiser l’aberration sphé-
rique totale d’un système visuel
revient à maximiser la qualité objec-
tive de vision, mais en diminuant la
profondeur de champ
(Fig. 6)
.
Par ailleurs, l’aberration sphé-
rique est comprise dans un profil
complexe d’autres aberrations op-
tiques. La coma, ou le tréfoil sont
des aberrations optiques capables
également d’augmenter la profon-
deur de champ subjective des pa-
tients pseudophaques
(Fig. 7)
.
En pratique, les besoins visuels sont
diérents d’un patient à l’autre. Il
n’existe donc pas une AS cible mais
plusieurs options en fonction de la
multifocalité que l’on veut obtenir.
SI LA QUALITÉ DE VISION
VEUT ÊTRE PRIVILÉGIÉE
AU DÉTRIMENT
D’UNE PROFONDEUR DE CHAMP
Il conviendra de cibler 0 µm d’AS
finale :
• préférable chez les patients avec
large diamètre pupillaire ;
• chez les patients demandeurs
d’une vision mésopique très
bonne ;
• lors de l’utilisation d’implants de
puissance réfractive élevée ;
• en l’absence de rupture capsu-
laire, de risque de tilt ou décentre-
ment d’implant.
Ainsi, en cas d’AS cornéenne pré-
opératoire comprise entre 0,15 et
0,30 µm, un implant asphérique
négatif sera privilégié. En cas d’AS
cornéenne comprise entre 0 et
0,10 µm, un implant asphérique
neutre sera proposé. Enfin, en cas
d’AS cornéenne négative (kérato-
cone, post-chirurgie réfractive hy-
permétropique), un implant sphé-
rique sera conseillé.
SI LA PROFONDEUR DE
CHAMP SUBJECTIVE ET L’EFFET
MULTIFOCAL EST RECHERCHÉ
Il conviendra de cibler une AS fi-
nale soit faiblement positive (0,10
à 0,15 µm) soit faiblement négative
(-0,10 à -0,15 µm). Des études cli-
niques sont encore en cours pour
déterminer le meilleur compro-
mis restaurant le maximum d’eet
multifocal sans dégrader la qualité
de vision subjective ou objective.
Une étude récente a été eectuée
dans le service d’ophtalmologie
du CHU de Tours, visant à ana-
lyser l’intérêt d’une bascule d’AS
optimisée en fonction de la domi-
nance oculaire afin d’obtenir une
meilleure profondeur de champ
binoculaire. Le groupe “optimisé”
bénéficiait d’un implant asphé-
rique négatif sur l’œil dominant
afin d’obtenir une AS finale proche
de 0 µm alors que l’œil dominé
recevait un implant asphérique
neutre.
Figure 6 - Compromis entre sensibilité aux contrastes (courbe bleue) et profondeur de
champ (courbe rouge) en fonction de l’aberration sphérique totale chez des patients
pseudophaques porteurs d’implants asphériques.
Figure 7 - Profondeur de champ subjective calculée comme l’écart en dioptries au
cours de laquelle l’image est perçue comme acceptable par le patient.