Le regard des musulmans sur la civilisation de l’Al-Hind et de ses
religions au travers des écrits de Bīrūnī et Shahrastānī
Histoire et société de l’Islam et du Monde Arabe II
Travail réalisé par
Laurent Zaldua
Code cours Intitulé du cours
Godefroid de Callataÿ
LGLOR 2533
Année académique
SPRI21/DI 2015-2016
Références portfolio : n°6 Adresse html : http://tinyurl.com/j73fba2
Faculté des sciences économiques, sociales, politiques et de
communication)
Ecole des Sciences Politiques et Sociales (PSAD)
1
Table des matières
Introduction ......................................................................................................... 2
Contexte historique ............................................................................................. 3
La situation en Inde et les relations hindous-arabes .................................... 3
Les auteurs, leurs méthodes, leurs sources et leur classifications .................. 5
Présentation des auteurs : Bīrūnī et Shahrastānī ......................................... 5
Leurs méthodes et leurs sources ..................................................................... 6
Classification des indiens et de leur religions ................................................ 8
Cas d’études ....................................................................................................... 10
Les brahmanes ................................................................................................ 10
Les indiens face à l’idolâtrie .......................................................................... 11
Conclusion .......................................................................................................... 12
Bibliographie ...................................................................................................... 13
2
Introduction
Dans le cadre du cours « Histoire et société de l’Islam et du Monde Arabe II », nous nous
sommes, parmi d’autres sujets, intéressés au regard des musulmans envers les autres religions
et civilisations. Avec l’objectif de pouvoir approfondir cette partie du cours, ce travail
consistera à étudier le regard des musulmans durant les premiers siècles après l’Hégire sur les
croyances des populations vivant dans la région de l’Al-Hind, vaste région allant d’ouest en est
du Sind (situé à la frontière iranienne actuelle) jusqu’à la péninsule indochinoise et l’archipel
indonésien
1
. Ce territoire correspond aujourd’hui au minimum à sept entités politiques
(Pakistan, Inde, Bangladesh, Népal, Bhutan, Sri Lanka, Maldives)
2
. Par ce terme d’Al-Hind, les
intellectuels musulmans de l’époque désignaient plutôt la civilisation comprise dans ce
territoire
3
que le territoire en lui-même, par ailleurs assez indéfinissable
4
. Il nous parait
intéressant d’avoir un regard sur la pensée d’auteurs musulmans envers cette région étant donné
qu’aujourd’hui, trois des pays concernés par ce territoire, le Pakistan, l’Inde et le Bangladesh
abritent chacun plus de 100 millions de fidèles musulmans
5
. Nous avons choisi de nous
intéresser plus particulièrement aux pensées de deux grands auteurs, qui ont écrit sur la
civilisation de l’Al-Hind : Bīrūnī et Shahrastānī.
Après une mise en contexte historique nous décrirons brièvement la situation de l’Al-Hind
et l’arrivée progressive de l’Islam dans cette région, nous nous attacherons à analyser et
comparer les pensées des deux auteurs musulmans en regardant leurs différentes méthodes de
recherche et sources avant d’étudier plus en détail deux aspects de leurs travaux en particulier :
leur analyse sur les brahmanes et leur regard face à l’idolâtrie des populations de l’Al-Hind. Ce
dernier point est particulièrement intéressant car si la majorité des musulmans voyaient avant
tout les hindous comme des idolâtres en raison de la « grande place que qu’elle donne aux
images des dieux
6
», nous verrons que tant Bīrūnī que Shahrastānī nuancent largement cette
opinion.
1
A. Wink, The Making of the Indo-Islamic World, Vol. I., Early Medieval India and the Expansion of Islam 7th-
11th Centuries, Leiden-New York-Kopenhavn-Köln, 1990, (Ed. E.J. Brill), p5.
2
M. Gaboriau, Islam et société en Asie du Sud, Paris, 1986, (Editions de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences
Sociales, collection Purusārtha).
3
A. Wink, op.cit., p.5.
4
Au sujet des frontières de l’Al-Hind, voir e.a le chapitre d’André Wink sur le sujet : André Wink, op.cit., pp.
109-218.
5
S. Dubois, Le fait religieux dans le monde d’aujourd’hui, Paris, 2015 (Editions Ellipse, nouvelle édition), p.
348.
6
G. Monnot dans Shahrastānī, Livre des religions et des sectes, Peeters/Unesco, vol. II, 1986 (Traduction française
avec introduction et notes par Jean Jolivet et Guy Monnot) et A. Wink, op.cit., p.5.
3
Contexte historique
La situation en Inde et les relations hindous-arabes
Trois mouvements distincts peuvent être mis en perspective pour décrire la montée en puissance
de l’Islam dans l’Al-Hind : d’une part, les marchands et les missionnaires dans le sud du sous-
continent indien, d’autre part les premières conquêtes sous le califat d’Umar et durant la
dynastie des Omeyyade jusqu’à l’Indus et enfin, via les conquêtes venant d’Asie centrale sous
la dynastie abbaside
7
.
Entre les IVe et VIe siècle
8
, l’Empire Gupta domine le nord de l’Inde. Le sud de la péninsule
indienne est lui constitué à cette époque de différents petits royaumes et empires
9
. A cette
époque préislamique, les contacts entre les marchands arabes et les hindous sont nombreux,
principalement dans les ports du sud de l’Inde
10
. Dans le nord et la région du Gujarat
principalement, ce sont les Perses qui dominent les échanges commerciaux
11
. Contrairement à
d’autres populations marchandes, les arabes se sont installés de manière permanente dans les
différents ports en formant des petites colonies
12
. Selon André Wink, durant les deux premiers
siècles de l’Islam, les marchands arabes « étaient connus pour être particulièrement actif pour
pratiquer le prosélytisme »
13
. C’est donc par ces colonies marchandes que l’Islam va
commencer à s’étendre sur le territoire indien.
Par la suite, la situation dans le nord de l’Inde entre les VIe et Xe siècles va se caractériser par
un état de guerre quasi permanent entre différentes dynasties rivales, ce qui va laisser la porte
ouverte aux premières invasions, huns dans un premier temps, musulmanes par la suite
14
. Une
partie du Sind (la région de Makran) fut envahie sous le règne du second calife Umar et en 713
les armées conduites sous Muhammad Bin Qâsim conquièrent Multan et se rendirent ainsi
complètement maître du Sind
15
. Cette domination va favoriser un nouvel essor d’échanges
commerciaux avec le Moyen-Orient
16
. En règle générale, à ce moment-, les hindous et les
7
A.Ahmad, Studies in Islamic Culture in the Indian Environment, Oxford, 1964 (Clarendon Press), p.77. Voir
aussi le chapitre 3 « la formation d’un Islam indien » dans D. Matringe, Un Islam non arabe : horizons indiens et
pakistanais, Paris, 2005 (Editions Téraèdre, collection l’Islam en débats).
8
L’ensemble des dates contenues dans ce travail sont basées sur le calendrier grégorien.
9
M. Boivin, Histoire de l’Inde, Paris, 1996 (Presses universitaires de France, 5ème éd.), p.25-29
10
A. Wink, op.cit., pp. 67-68.
11
Ibidem.
12
A. Wink, op.cit., p.70.
13
Idem, p.70-71.
14
M. Boivin, op.cit., p.30.
15
Idem, p.33.
16
Idem, p.34.
4
bouddhistes ne seront pas obligés de se convertir à l’Islam
17
.et se verront octroyer le statut de
dhimmîs
18
.
Enfin, un troisième mouvement se manifeste sous l’influence de Mahmūd de Ghazna qui va
envahir le Sind à partir de 1005 et lancer un raid jusque Delhi quelques années plus tard
19
.
Ayant fait allégeance au califat abbasside, Mahmūd et ses successeurs à la tête des Ghaznévides
contrôleront le nord de l’Al-Hind durant plus d’un siècle
20
. Les expéditions menées par
Mahmūd et ses successeurs « lancés au nom de la guerre sainte contre les centres économiques
et religieux les plus prestigieux et les plus riches […] laissent des dynasties abattues, des
populations massacrées, des trésors vidés, un patrimoine artistique ravagé »
21
. Malgré tout cela,
le statut de dhimmîs fut préservé pour les hindous.
17
A. Schimmel, Islam in the Indian Subcontinent, Leiden-Köln, 1980 (J. Brill), p.4.
18
Le statut de dhimmîs, que nous pouvons traduire par « protégés » est « un statut spécifique conféré aux non-
musulmans qui permet de conserver leur religion en s’acquittant d’une taxe discriminatoire (jiziya) », M. Boivin,
op.cit., p.33.
19
Ibidem.
20
A.Ahmad, op.cit., p.5.
21
J.Pouchepadass, « Inde », dans Dictionnaire de l’Islam : Religion et civilisation, Encyclopaedia Universalis et
Albin Michel, Paris, 1997, p. 411-417.
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