Bulletin 125 - Ordre des travailleurs sociaux

publicité
S
No 125 HIVER 2015
Poste publication convention 1502662
www.otstcfq.org
DU
AU 2
20 2 2
15 8
M
AR
SE
DE M
TR S AI
NE
SO A
CI VAI
AU LL
X EU
RS
À L’INTÉRIEUR : AFFICHE OFFICIELLE DE LA SEMAINE ET AVIS PROFESSIONNEL
SOMMAIRE
Mot du président
3
Mot du directeur général et secrétaire
6
Les courants internationaux en appui
à la position de l’Ordre
13
Réalisation d’une trousse pédagogique
sur les déterminants sociaux de la santé 15
Le stress traumatique secondaire
et ses effets sur les travailleurs sociaux
16
la permanence ET LES ADMINISTRATEURS DE L’ORDRE
Administrateurs
La permanence
LISTE DES MEMBRES DU CONSEIL D’ADMINISTRATION
2014-2015 DE L’ORDRE DES TRAVAILLEURS SOCIAUX
ET DES THÉRAPEUTES CONJUGAUX ET FAMILIAUX
DU QUÉBEC
Secteur travail social
Région 01/11 - Bas-St-Laurent/
Gaspésie/Îles-de-la-Madeleine
Pierre-Paul Malenfant, T.S.
Région 02 - Saguenay/Lac-St-Jean
Danièle Tremblay, T.S.
Région 03/12 - Capitale-Nationale/
Chaudière-Appalaches
Lucie D’Anjou, T.S.
Madeleine Beaudry, T.S.
Serge Turcotte, T.S.
Région 04/17 - Mauricie/Centre-du-Québec
Claude Leblond, T.S.
Région 05 - Estrie
Claudette Guilmaine, T.S.
Région 06/13 - Montréal/Laval
Louise Couture, T.S.
Sonia Cisternas, T.S.
Mary-Dave Guiateu, T.S.
Marie-Andrée Laramée, T.S.
Suzanne Thibodeau-Gervais, T.S.
Maude Fréchette, T.S.
Région 07 - Outaouais
Guylaine Ouimette, T.S.
Région 08/10 - Abitibi/Témiscamingue/
Nord-du-Québec
Rolande Hébert, T.S., T.C.F.
Région 09 - Côte-Nord
Sandra Fortin, T.S.
Région 14/15 - Lanaudière/Laurentides
Vacant
Région 16 - Montérégie
Rachel Bonneau, T.S.
Cassandra Fusco, T.S.
Secteur thérapie conjugale et familiale
Michel Trozzo, T.C.F.
Membres externes nommés par l'Office
des professions
Stépan Boivin
Denis Bruneau
Jacques Carl Morin
Gisèle Gadbois
255, boulevard Crémazie Est, bureau 800
Montréal (Québec) H2M 1L5
ISSN-1924-892X
Poste publication convention 1502662
Dépôt légal : 1er trimestre 2015
Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2015
Bibliothèque et Archives Canada, 2015
N.B. L’OTSTCFQ a établi une politique sur le contenu
publicitaire. Celle-ci est disponible sur demande, ou en
consultant notre site Internet au <www.otstcfq.org>.
Téléphone :
Télécopieur :
Sans frais :
514 731-3925
514 731-6785
1 888 731-9420
Liste par services et numéros de boîtes vocales
Présidence
Président
Assistante à la présidence
Claude Leblond, T.S.
Sara Veilleux
poste 232
poste 287
Direction générale
Directeur général et secrétaire
Assistante de direction
Courtière de connaissances
Secrétaire intérimaire
Sylvio Rioux, T.S.
Marie-Cécile Pioger
Geneviève Cloutier, T.S.
Lucie Robichaud
poste 226
poste 224
poste 297
poste 245
Direction des services administratifs et des technologies de l’information
Directrice
Sylvie Tremblay
Chargée de projets
Nicole Picard, T.S.
Assistante aux ressources humaines
et coordonnatrice à la logistique d’événements
Rose-Myrlène Dorival
Technicienne en administration
Carolina Loyola
Commis intermédiaire
Mélissa Nourry
Agent de service à la clientèle
David Painchaud
Technicienne à la paye et aux comptes payables
Hélène Talbot
Réceptionniste (contractuelle)
Marie-Ève Pothier
poste 241
poste 239
poste 237
poste 280
poste 285
poste 0
Direction des communications
Directeur
Rédactrice en chef
Agente de communication
Secrétaire
Secrétaire
Luc Trottier
Sarah Boucher–Guévremont, T.S.
Anouk Boislard
Lucie Borne
Isabelle Tessier
poste 244
poste 251
poste 223
poste 295
poste 225
Marielle Pauzé, T.S.
Natalie Beauregard, T.S.
Lyse Gautier, T.S.
Alain Hébert, T.S.
Marijo Hébert, T.S.
Marie-Lyne Roc, T.S.
Jean-Yves Rheault, T.S.
poste 238
poste 243
poste 296
poste 292
poste 281
poste 231
poste 234
Isabelle Poirier
Marthe Bernard
Marie-Eve Lessard
Tatiana Petrova
poste 235
poste 291
poste 293
poste 293
Service juridique
Conseiller juridique
Richard Silver, T.S., avocat
poste 227
Direction des admissions
Directrice intérimaire
Chargée de projets
Chargée de projets
Assistante de direction
Secrétaire (admission, médiation familiale)
Secrétaire (admission/réadmission)
Marie Galarneau, T.S.
Marie-Ève Chartré, T.S.
Pauline Morissette, T.S.
Sylvie Poirier
Carole Piché
Fannie Lefebvre
poste 278
poste 269
poste 296
poste 240
poste 249
poste 351
Marcel Bonneau, T.S.
Jean-Pierre Bordeleau, T.S.
Étienne Calomne, T.S.
Cristian Gagnon, T.S., T.C.F.
Isabelle Lavoie, T.S.
Joan Simand, T.S.
Nathalie Fiola
poste 333
poste 246
poste 222
poste 247
poste 242
poste 253
poste 242
Me Maria Gagliardi
Lucie Robichaud
poste 245
Marie-Eve Lessard
poste 293
Direction du développement professionnel
Directrice intérimaire
Directrice
Chargée de projets
Chargé d’affaires professionnelles
Chargée d’affaires professionnelles
Chargée d’affaires professionnelles
Responsable du programme de
l’inspection professionnelle
Assistante de direction
Secrétaire
Secrétaire (inspection)
Secrétaire
Bureau du syndic
Syndic
Syndics adjoints
Assistante de direction
Conseil de discipline
Secrétaire au conseil de discipline
Secrétaire intérimaire au contrôle
de l’exercice professionnel (discipline)
Comité de révision
Secrétaire au contrôle de l’exercice professionnel
poste 230
poste 286
Courriel
Pour rejoindre un permanent de l’Ordre, inscrivez la première lettre du prénom suivie du nom de
famille et ajoutez @otstcfq.org.
2
Bulletin de l’OTSTCFQ
N° 125, hiver 2015
mot du président
Word from the
President
Claude Leblond,
T.S., M.S.s.
Président
Le projet de loi 10 porte atteinte à la prestation des
services sociaux
En octobre dernier, j’ai présenté le mémoire de l’Ordre devant la
commission de la santé et des services sociaux concernant le projet
de loi 10 déposé par le ministre Gaétan Barrette. Une analyse
rigoureuse nous a permis d’affirmer, devant le ministre, que sous sa
forme originale, le projet de loi risquait de porter sérieusement
atteinte à la prestation des services sociaux pour l’ensemble de la
population et surtout pour les personnes les plus vulnérables. Un
peu avant le congé des Fêtes, nous avons à nouveau réagi alors que
le ministre proposait un amendement retirant la compétence dans le
domaine des services sociaux de la liste des profils des futurs
membres des CA de CISSS. Au moment d’écrire ces lignes, nous
étions toujours dans l’attente de développements à cet effet. C’est
un dossier que nous suivrons de très près et sur lequel nous vous
tiendrons informés. Je vous invite d’ailleurs à prendre connaissance
de l’article portant sur ce sujet à la page 14 du présent bulletin.
Des dossiers majeurs au CA du 12 décembre
En prévision de l’entrée en vigueur du règlement portant sur la formation continue
obligatoire, les administrateurs ont adopté le document intitulé La formation continue
obligatoire à l’OTSTCFQ : orientations, implications relatives au développement et modalités de
gestion. Ils ont également convenus que la gestion et le développement de la formation
continue soient exercés par l’Ordre en tenant compte des opportunités et contraintes
internes et externes. Les administrateurs ont mandaté le président afin qu’il demande à
l’Office des professions d’effectuer les démarches nécessaires afin d’intégrer au Règlement
sur les diplômes délivrés par les établissements d’enseignement celui délivré en thérapie
conjugale et familiale par l’Université McGill qui accueillait la première cohorte de ce
programme en septembre dernier. De plus, trois documents importants ont été adoptés. Il
s’agit du plan de développement du programme d’inspection professionnelle pour les
années 2015 – 2018, les Normes d’encadrement de la pratique autonome des travailleurs
sociaux ainsi que le Guide pour la pratique autonome des travailleurs sociaux et des
thérapeutes conjugaux et familiaux.
Des ressources humaines supplémentaires pour faire cheminer les dossiers T.C.F.
Après analyse du rapport produit par le groupe de travail chargé d’étudier le dossier de la
thérapie conjugale et familiale, es administrateurs ont adopté une résolution selon laquelle
l’Ordre affectera dans les meilleurs délais une nouvelle personne à titre de chargé d’affaires
professionnel T.C.F. (en sus du poste existant, mais vacant). La priorité de ces personnes sera
d’identifier et d’ordonnancer les dossiers en lien avec le développement de la profession de
thérapeute conjugal et familial et la protection du public.
Bill 10 affects the delivery of social
services
Last October, I presented the Order’s brief
to the Health and Social Services Commission
on Bill 10 tabled by Minister Gaétan Barrette.
We demonstrated to the minister that, in its
original form, the bill could seriously affect the
delivery of social services to the population as
a whole and, in particular, to the most
vulnerable members of society.
The Order will be asking the Office des
professions to include, in its by-law on
diplomas issued by teaching establishments,
McGill University’s diploma in couples and
family therapy. Three important documents
were also adopted. These are the 2015-2018
plan for the development of the professional
inspection program, the Standards document
providing a framework for the independent
practice of social work, and the Guide for the
independent practice of social work and
couples and family therapy.
As soon as possible, the Order will also
appoint a new person to assume responsibility
for professional affairs in the field of couples
and family therapy. The first order of business
will be to identify and prioritize files relating
to the development of the profession of
couples and family therapist and the
protection of the public.
2015 Social Work Week
From March 22 to 28, we will be celebrating
Social Work Week. On the program: an update
of the Turbulences exhibit, which integrates
two new vignettes. Efforts put forth by the
Communications Department will be
supported by the return of our promotional
TV campaign, Faire un pas, which will air as of
early March.
Semaine des travailleuses sociales et des travailleurs sociaux 2015
Du 22 au 28 mars, nous célébrerons la Semaine des travailleurs sociaux. Au programme,
une mise à jour de l’exposition Turbulences, qui intègre deux nouvelles vignettes. Les efforts
déployés par la direction des communications seront décuplés par le retour en ondes, à la
télé, de notre campagne promotionnelle Faire un pas, à compter du début mars. Mais cette
Semaine, c’est d’abord la vôtre. Nous comptons donc sur votre participation pour en faire un
succès. Et n’oubliez surtout pas d’arborer fièrement votre affiche de la Semaine dans vos
milieux de travail!
L’ORDRE DÉPLACE SON ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE À L’AUTOMNE
La taille de notre organisation (plus de 12 000 membres) rend de
plus en plus long et complexe le processus de production des états
financiers vérifiés, documents qui doivent être déposés lors de
l’assemblée générale annuelle. Le défi est d’autant plus grand que
l’Ordre tient depuis toujours son AGA au mois de juin, ce qui laisse
peu de temps aux vérificateurs externes pour faire leur travail avec
toute la rigueur requise.
Ainsi, sur recommandation du directeur général et secrétaire,
Sylvio Rioux, T.S., les administrateurs ont résolu de déplacer
l’assemblée générale annuelle des membres de l’OTSTCFQ du
printemps (juin) à l’automne dans le cadre d’un évènement
rassembleur. Nous vous invitons donc à suivre de près nos
communications (Bulletin, Infolettre) afin d’être informés quant à la
nature, le lieu et la date de cet évènement et de l’AGA 2015.
Bulletin de l’OTSTCFQ
N° 125, hiver 2015
3
mot du directeur général
Word from THE
et secrétaire
EXECUTIVE Director
AND SECRETARY
2015. Déjà! Je me permets d’abord de nous offrir en mon nom
personnel et au nom du personnel de l’Ordre, nos meilleurs souhaits
pour une année 2015 qui vous comblera, je l’espère, tant
professionnellement que personnellement. Puisque la tradition veut
que nous abordions une nouvelle année en traçant un bilan de nos
réalisations et en regardant les défis qui nous attendent, c’est
l’exercice que je vous propose.
Malgré les bouleversements liés à notre déménagement en mars et
aux impacts majeurs du « déluge » que nous avons subi en juin,
l’Ordre a été très actif dans une foule de dossiers en lien avec sa
mission première de protection du public et une de ses priorités liées
à la promotion de nos deux professions. 2014 a marqué la fin du cycle
des Journées annuelles de formation continue (JAFC) sous leur forme
Sylvio
traditionnelle ainsi que de notre partenariat avec l’Université de
Rioux , T.S.
Sherbrooke pour la dispensation de la formation continue. 2015 sera
Directeur général
donc une année de transition qui permettra de prendre la relève dès
et secrétaire
2016. Cependant, dès maintenant, nous sommes à pied d’œuvre
dans la modernisation et l’organisation de la formation continue et
nous nous tournons entre autres, vers les nouveaux modes de dispensation que nous offrent
les technologies de l’information. Alors que nous nous apprêtons à mettre en opération le
règlement rendant obligatoire la formation continue, ces changements arrivent à point.
Comme nous le faisons depuis toujours, nous avons participé, en 2014, à plusieurs débats
publics portant sur des sujets touchant nos deux professions. Je pense ici au projet de loi 10
du ministre Barrette, les discussions et forums entourant la problématique de l’intimidation,
l’intervention sociale et la santé mentale, etc. Cette année, nous serons tout aussi présents et
actifs pour défendre les valeurs qui nous sont chères, observer l’évolution de ces changements
et réagir, au besoin.
2014 a été une année charnière, à l’Ordre, au chapitre de la visibilité et de la promotion.
Nous avons en effet lancé notre première campagne promotionnelle télévisuelle incitant le
public à visionner le court métrage Faire un pas. Alors que nous nous apprêtons à lancer la
phase II de cette campagne, plus de 500 000 personnes ont visionné le film en ligne. J’espère
que vous en faites partie! Parallèlement, la tournée de l’expo-photo Turbulences a pris forme
et se poursuivra au cours de la prochaine année. Nous avons également établi solidement
notre présence sur les médias sociaux et nos deux activités phares, la Semaine des travailleurs
sociaux et celle des thérapeutes conjugaux et familiaux prennent chaque année de plus en
plus d’ampleur.
Puisque la protection du public constitue notre principal mandat, nous avons déployé les
efforts nécessaires pour raccourcir au maximum (moins de 9 mois) les délais de prise en
charge des dossiers soumis au syndic. Dans le même esprit, le nouveau portail d’inspection
professionnelle a fait son apparition, permettant ainsi d’augmenter le nombre de membres
que nous pouvons inspecter, avec une approche à la fois plus conviviale et plus approfondie,
axée sur les compétences.
Du côté de l’admission, nous avons fait face et continuerons de faire face à une quantité
importante de demandes de permis, en provenance d’ici comme d’ailleurs. À ce niveau
également, le support informatique nous est d’une grande utilité. Un défi constant : faire en
sorte que les demandes de permis par équivalence soient étudiées soigneusement, tant pour
la protection du public que pour les demandeurs. Et après l’adhésion vient le renouvellement!
Grâce aux efforts déployés à l’interne, déjà en 2014, 90 % de nos membres ont procédé au
renouvellement de leur adhésion en ligne, éliminant ainsi une importante perte de temps,
d’énergie et de papier, de quoi en être fier collectivement. Nous sommes l’un des ordres
professionnels les plus performants à ce sujet.
De façon à remplir nos tâches de plus en plus nombreuses avec efficacité et qualité, j’ai
amorcé une révision de nos ressources et de notre fonctionnement clérico-administratif. Les
résultats de cette analyse nous permettront de faire des ajustements en cours d’année. Enfin,
toute bonne organisation doit se doter d’outils efficaces pour bien structurer son travail,
4
Bulletin de l’OTSTCFQ
N° 125, hiver 2015
2015. Already! Allow me, at the outset, to
offer you, on my behalf and that of the Order’s
personnel, our best wishes for 2015, a year,
which I hope will be fulfilling on both a personal
and professional level. Since tradition dictates
that we start the new year by taking stock of our
achievements and looking at the challenges that
lie ahead, this is what I propose to do.
2014 marked the end of the cycle of annual
ongoing training days in their traditional form as
well as our partnership with the University of
Sherbrooke for the provision of ongoing
training. 2015 will therefore be a transitional
year that will enable us to take over as of 2016.
Right now, however, we are working on
modernizing an organizing ongoing training
and looking into, among others, new ways of
dispensing this training thanks to information
technology. Given that we are preparing to
implement a by-law making ongoing training
compulsory, these changes are quite timely.
As we have always done, in 2014, we took
part in several public debates on topics that have
an impact on our two professions. I refer,
among others, to Minister Barrette’s Bill 10,
discussions and forums on the issue of bullying,
social intervention and mental health, etc. This
year, we will be every bit as present and active in
defending the values we hold dear, observing
the evolution of these changes and responding
as needed. 2014 was a pivotal year for the Order,
where visibility and promotion were concerned.
In fact, we launched our first television
campaign, inciting the public to view the short
film “Faire un pas”. As we prepare to launch
phase II of this campaign, more than 500,00
persons have already viewed the film online. I
hope you were one of them!
Since protecting the public is our key
mandate, we have taken the necessary measures
to reduce as much as possible (less than 9
months), the timeframe for handling files
submitted to the syndic. In this same spirit, the
new professional inspection portal was
introduced, making it possible to increase the
number of members we can inspect, using a
more in-depth and convivial approach based on
competencies. In terms of admissions, we have
and will continue to deal with a significant
number of permit applications from here and
elsewhere. And after memberships come
renewals! Thanks to work conducted in-house,
in 2014, 90% of our members had renewed their
membership online.
An important reflection process conducted in
2014 further allowed us to develop a list of the
statutory activities and one-off mandates we will
mot du directeur général
Word from THE
et secrétaire
EXECUTIVE Director
AND SECRETARY
utiliser judicieusement ses ressources humaines et financières ainsi que pour identifier ses
priorités. Une importante réflexion, menée en 2014, nous a permis de dresser la liste de nos
activités statutaires et des mandats ponctuels que nous devons relever. Nous sommes
maintenant à mettre la dernière main à un plan opérationnel triennal 2014-2017 dont j’aurai
l’occasion de vous reparler prochainement. Cet exercice sera également suivi de la
prochaine planification stratégique 2015-2019 qui s’amorcera au printemps.
En terminant, je voudrais vous redire ma fierté et ma motivation à travailler au sein de
notre ordre. À cet égard, je dresse un bilan des plus positifs de ma première année en tant
que directeur général et secrétaire de l’Ordre. Je vous assure que nous serons tout aussi
vigilants et actifs, en 2015, dans tous ces dossiers qui ont une incidence sur notre société et
sur nos deux professions. Je m’en voudrais de terminer ce mot sans remercier
chaleureusement tous les bénévoles qui œuvrent à l’Ordre, qui contribuent de leurs
compétences, sans compter leur temps, tant au niveau des comités et des groupes de travail
qu’au sein du conseil d’administration, sans, bien sûr, oublier notre personnel qui réalise au
quotidien un travail exceptionnel. Je leur réitère mon appréciation pour le travail inlassable
jour après jour, toujours avec la même rigueur et le même engagement. Merci à tous et
bonne année 2015!
be required to carry out. We are now putting
the final touches to a three-year 2014-2017
operating plan about which I will be speaking
to you soon. This exercise will also be followed
by the 2015-2019 strategic planning process to
begin in the spring.
In closing, I would like to reiterate my pride
and motivation in working within our Order. In
this regard, I view the achievements of my first
year as Secretary and Executive Director of the
Order in a most positive light. I can assure you
that, in 2015, we will remain every bit as
vigilant and active in addressing all matters that
impact our society and our two professions. My
thanks to all, and my best for 2015!
Bulletin de l’OTSTCFQ
N° 125, hiver 2015
5
PRINCIPALES RÉSOLUTIONS DU CONSEIL
D’ADMINISTRATION DE L’ORDRE
Lors de sa séance du 10 octobre 2014, sur propositions dûment appuyées :
Le Conseil d’administration adopte le mandat 2014-2015 du Comité
sur la gouvernance, le plan d’action pour la réalisation dudit mandat, la
durée de son mandat et les membres le composant.
Il nomme Mme Stéphanie Éthier, T.S., et M. Jean-Rosemond
Dieudonné, T.S., membres du Comité des admissions et des
équivalences.
Il adopte la nouvelle appellation du Comité des finances qui devient
le Comité d’audit et des finances.
Il adopte le document Procédures et modalités pour combler un poste
d’administrateur vacant.
Il adopte le mandat 2014-2015 du Comité d’audit et des finances, le
plan d’action pour réaliser son mandat, la durée de son mandat et les
membres le composant.
Finalement, il adopte le document Politique et procédures relatives à
l’utilisation illégale des titres de travailleur social et de thérapeute
conjugal et familial ainsi qu’à l’exercice illégal des activités réservées
aux membres de l’Ordre.
Décès de Mme Jacqueline Prud’homme, T.S., T.C.F.
« J’ai connu un long et riche parcours. Lorsqu’on est enthousiaste pour une cause, on doit s’accrocher et tracer
le chemin pour que les autres puissent apprécier ce que l’on a effectué et reprendre le flambeau ».
Ces quelques mots furent prononcés par Mme Prud’homme, en 2008, alors qu’elle recevait la mention de membre Émérite
de l’Ordre. Reconnue au Québec et en Europe, à titre de conférencière et formatrice, Mme Jacqueline Prud’homme, décédée
le 28 décembre, nous lègue un riche héritage au chapitre de l’avancement et du rayonnement de nos deux professions. Grande
clinicienne, superviseure et formatrice, Mme Prud’homme fut co-fondatrice de l’Institut québécois de psychothérapie. Au-delà
de ses qualités et compétences professionnelles, tous ceux qui l’ont côtoyé ont vu en elle une grande humaniste, une personne
dévouée et empathique. Mme Prud’homme, née Champagne, laisse dans le deuil sa fille Monique et ses deux fils, Jean et Philippe
et, bien sûr, des centaines de travailleurs sociaux et thérapeutes conjugaux et familiaux.
6
Bulletin de l’OTSTCFQ
N° 125, hiver 2015
Campagne télévisuelle Faire
un pas
Une nouvelle rencontre
avec le public!
L’année dernière, nous diffusions la première campagne de
sensibilisation télévisuelle de notre histoire. Étant d’abord un court
métrage, Faire un pas proposait au public une incursion dans diverses
réalités troublantes et situait l’intervention d’un travailleur social ou
d’un thérapeute conjugal et familial au cœur de ces problématiques.
Le message télévisuel invitait le public à visionner le film en ligne, sur
un site dédié à la campagne, et où ils pouvaient en apprendre
davantage sur nos deux professions.
En mars 2015, la phase II de cette campagne télévisuelle prendra
l’antenne, principalement sur les chaînes spécialisées. Nous visons
donc une approche plus « chirurgicale » en nous concentrant sur
des émissions dont les sujets sont en lien direct avec le contenu du
film. Cette campagne donnera un nouveau souffle au courtmétrage qui a déjà été visionné par plus de 500 000 personnes.
Cette année encore, la campagne prévoit une stratégie d’utilisation
des médias sociaux, par le biais du microsite dédié à la campagne
( www.faireunpas.ca ) et par la publication quotidienne d’une série
de messages sur nos comptes Facebook et Twitter. Nous prévoyons
de plus recourir à du placement publicitaire sur des portails à haute
fréquentation (LaPresse.ca, Voir.ca, et plusieurs autres).
Enfin, puisque c’est de vous dont il est question (T.S. et T.C.F.)
nous comptons sur vous pour propager la bonne nouvelle en
incitant vos amis, connaissances et collègues à visiter le site et à
visionner le court métrage. Ainsi, grâce à vous, cette nouvelle
campagne fera plusieurs pas supplémentaires!
Un concours
L’édition 2015 de cette campagne propose une nouveauté : les
personnes qui visionneront le film seront invitées à faire un pas de
plus... en racontant brièvement, par écrit, une expérience de vie
personnelle au cours de laquelle ils ont dû faire un pas pour briser
le cycle de la douleur et retrouver leur équilibre. Le public pourra
aussi répondre à quelques questions en lien avec le contenu du film.
Parmi ces témoignages et répondants aux questions-quizz, deux
noms seront tirés au hasard. Ces personnes se mériteront chacune
un forfait d’Hôtellerie Champêtre dans la région de leur choix.
Du 22 au 28 mars 2015
La Semaine des travailleuses
sociales et des travailleurs
sociaux
Pour cette nouvelle édition de la Semaine des travailleuses sociales
et des travailleurs sociaux, nous avons opté pour la continuité – en
misant sur l’impact des problématiques sociales et sur le rôle des
travailleurs sociaux auprès des personnes qui vivent ces situations –
mais en ajoutant un élément majeur : la possibilité de faire bénéficier
l’ensemble des membres, dans chacune des régions, de la visibilité et
des retombées de cette semaine. Nous vous proposons donc
d’accueillir, ou de ré-accueillir, dans votre région, l’exposition
Turbulences : une exposition composée d’une trentaine de photos
vibrantes, format géant, des images chocs qui illustrent la diversité de
vos pratiques et qui ont été captées dans plusieurs régions, tant en
milieu rural qu’urbain. De vrais personnages, dans de vraies situations,
des photos à la fois simples, évocatrices, déstabilisantes et émouvantes,
accompagnées de courts textes qui viennent contextualiser les
personnages et les situations. Déjà, en 2014, Turbulences a permis de
prolonger l’impact de la Semaine des travailleurs sociaux, en faisant
porter sur une plus longue période l’activité publique et médiatique
g
Bulletin de l’OTSTCFQ
N° 125, hiver 2015
7
liée à la profession. Pour l’édition 2015 de la Semaine, deux
nouvelles thématiques feront leur apparition dans l’exposition :
l’adoption internationale et l’hyperphagie boulimique.
Dans le but de maximiser la portée de la Semaine des travailleurs
sociaux, en lien avec Turbulences, de l’affichage sauvage sera fait à
Montréal alors qu’à Québec, des affiches géantes seront installées
dans des lieux stratégiques.
Une fenêtre ouverte sur la profession afin :
• d’informer et sensibiliser le grand public face à la
profession de travailleur social;
• de démontrer les multiples facettes de l’intervention des
travailleurs sociaux;
• de favoriser les échanges et les rencontres avec le public,
les autres professionnels et intervenants, les représentants
d’organismes, des médias, etc.;
• d’éveiller la relève à la profession de travailleur social.
Affichez-vous!
Comme le veut désormais la tradition, vous trouverez avec le
présent bulletin votre copie de l’affiche grand format de la
Semaine des travailleurs sociaux que nous vous invitons à mettre
bien à la vue dans votre lieu de travail. Autre nouveauté, nous
profitons de l’impression de cette affiche sur la Semaine des
travailleurs sociaux pour imprimer, au verso, une affiche
générique pouvant être utilisée tout au long de l’année et à toutes
les sauces.
Si vous avez besoin d’un certain nombre d’affiches
supplémentaires, communiquez avec Lucie Borne, secrétaire à la
direction des communications ( [email protected] ).
Surveillez vos courriels
C’est par courriel que nous vous informerons, de tous les détails
entourant Faire un pas II et Turbulences (Semaine des travailleurs
sociaux 2015) : liste des placements télévisuels, lieux d’affichage,
etc. Restez à l’affût!
Cette année encore, Turbulences est présent en ligne sur le site
dédié à la Semaine des travailleurs sociaux : www.travailsocial.ca
Le Bulletin recherche des auteurs pour un dossier spécial
«Les déterminants sociaux de la santé »
DOSSIER
SPÉCIAL
Été 2015
Dans un article publié dans la revue Intervention1, le professeur Henri
Dorvil écrivait : « C’est dans l’environnement social, économique et
culturel de l’individu que se trouvent certains secrets les plus méconnus
de sa longévité et de sa bonne santé ». Pour la population, « santé » rime
avec « soins médicaux ». Or, les travailleurs sociaux savent fort bien
que la santé en général – et la santé mentale en particulier –
dépendent en grande partie des conditions de vie de la personne. Les
déterminants sociaux de la santé (DSS). En effet, plusieurs recherches
ont mis en évidence le rôle crucial des DSS sur la santé des individus
et des populations. Ces DSS que constituent le chômage, la sécurité
d’emploi et les conditions de travail, le filet de sécurité sociale,
l’insécurité alimentaire, la petite enfance, le revenu et la répartition du
revenu, le sexe, l’éducation, l’exclusion sociale, les handicaps, le
logement, la race, les services de santé 2 – pour ne nommer que
ceux-ci – sont considérés par les travailleurs sociaux lorsqu’ils
Cette thématique vous inspire?
Vous souhaitez nous soumettre un texte
(individuellement ou en groupe)? Vous
contribuerez ainsi au rayonnement de votre
expertise parmi vos pairs. Votre texte aura un
maximum de 750 mots. Nous nous
chargeons de la révision linguistique.
Idéalement, vous nous ferez également
parvenir une photo de vous, seul ou en
groupe en contexte de travail.
effectuent l’évaluation du fonctionnement social d’une personne et
lorsqu’ils interviennent auprès de celle-ci, d’un groupe ou d’une
collectivité. C’est sur ce sujet que nous vous invitons à partager vos
récits de pratique dans le prochain dossier du Bulletin.
• Quelle importance accordez-vous aux DSS dans votre travail?
• Quels DSS sont les plus présents auprès de votre clientèle et ceux
auxquels vous accordez le plus d’importance?
• Quelles problématiques avez-vous déjà résolues en tenant compte
des DSS? Avez-vous des exemples à partager?
• Croyez-vous que les DSS sont suffisamment pris en compte dans
notre système de santé et de services sociaux? Avez-vous des
exemples à partager?
• Avez-vous l’occasion de faire valoir l’importance des DSS au sein
d’équipes interdisciplinaires ou de tables intersectorielles? Quelle
est la réception des autres professionnels et intervenants à ce sujet?
IMPORTANT : Vous devez le plus rapidement
possible nous faire part de votre intention de
soumettre un texte en précisant les angles
que vous comptez toucher afin que nous
puissions planifier le contenu du Bulletin.
Pour signifier votre intention d’écrire un texte
ou pour nous le faire parvenir, communiquez
avec Anouk Boislard, agente d’information et
responsable du bulletin, à l’adresse courriel
suivante : [email protected] .
Note
1.
2.
Travail social et déterminants de la santé, Henri DORVIL, Ph. D., T.S., professeur, UQAM, revue Intervention,
no 139, pages 75 à 78. M. Dorvil a reçu la mention de membre émérite de l’Ordre en 2014.
Inspiré de Mikkonen et Raphael, 2011.
Date de tombée : votre texte doit nous
parvenir au plus tard le 22 mai 2015.
8
Bulletin de l’OTSTCFQ
N° 125, hiver 2015
Pratique autonome et travailleurs sociaux :
Des normes d’encadrement
« Quels sont les éléments à considérer avant de se lancer en pratique autonome? Existe-t-il des obligations particulières? Qu’est-ce
que l’Ordre recommande comme profil de départ? Puis-je en faire dès le début de ma pratique? Qu’est-ce qui serait aidant et quels
moyens puis-je me donner pour assurer une pratique professionnelle autonome de qualité? »
Voilà le genre de questions qui sont
régulièrement soumises à l’Ordre par des
travailleurs sociaux intéressés par la pratique
autonome. Jusqu’à maintenant, l’Ordre
fournissait un avis professionnel et des
recommandations à ce sujet. Soucieux de
mieux baliser l’exercice des travailleurs
sociaux en pratique autonome, le Conseil
d’administration a demandé au comité
de la pratique autonome de réfléchir sur
cette question et de formuler un avis. En
2011-2012, le Comité de la pratique autonome déposait au Conseil d’administration
le fruit de sa réflexion et proposait d’instaurer des mesures d’encadrement sous
forme de normes, lesquelles ont été élaborées puis déposées et adoptées récemment par le Conseil d’administration.
Le document, intitulé « Normes d’encadrement de la pratique autonome des
travailleuses sociales et des travailleurs
sociaux » a été rédigé en collaboration avec
Mme Gaétane Petit, T.S., présidente du
comité de la pratique autonome, en
concertation avec un groupe de travail
composé de plusieurs membres dont les
premières réflexions remontent à 2010.
L’OTSTCFQ remercie toutes ces personnes
et souhaite que ce document – dont la
diffusion est prévue pour le printemps 2015
– réponde aux attentes des travailleurs
sociaux en pratique autonome. Dans le
prochain numéro du Bulletin, nous vous
proposerons une analyse de ces normes.
Enfin, une nouvelle édition du Guide de
la pratique autonome, complètement
révisée, plus complète que jamais, sera
également publiée au printemps 2015.
Restez vigilants pour ne rien manquer!
Dans le cadre de son partenariat avec les éditions Protégez-vous, l’Ordre a déjà publié trois textes! Le premier traitait du passage à la vie adulte,
le second de la médiation familiale et le troisième abordait la maltraitance chez les aînés. Suivez nos tribunes en ligne pour être avisé de
chacune des publications!
Bulletin de l’OTSTCFQ
N° 125, hiver 2015
9
Bilan psychosocial des relations de
couple entre conjoints de même sexe
Jean Decoster, Ph. D., psychologue
[email protected]
Bien que les relations de couple entre conjoints de même sexe fassent maintenant l’objet d’une pleine
reconnaissance sur le plan juridique, dans notre pays, ce mode de vie suscite encore de l’incertitude chez
certains professionnels quant à ses bienfaits sur la qualité de vie et l’épanouissement des personnes
concernées. Que dit la littérature scientifique à ce sujet?
Nous avons analysé les résultats d’études sur le
fonctionnement psychologique et social de couples de même
sexe ainsi que sur la qualité de leur relation. Lawrence Kurdek est
l’un des principaux chercheurs à s’être intéressé aux relations de
couples de même sexe sous l’angle de leur dynamique affective
et relationnelle. Celui-ci (2004, 2005) a démontré que les quatre
facteurs généralement considérés par les spécialistes en sciences
sociales comme des déterminants et des indicateurs éprouvés de
la qualité de la relation au sein des couples homme-femme sont
également applicables avec une grande fiabilité aux couples de
même sexe. Ces facteurs sont :
1- les caractéristiques personnelles de chaque conjoint (ses
traits de personnalité, sa maturité psychologique);
2- l’adaptation psychologique (la façon dont les conjoints
perçoivent et envisagent leur relation, les valeurs qu’ils
priorisent et souhaitent actualiser au sein de leur couple, la
confiance par exemple, leurs attentes sur les plans affectif
et sexuel);
3- la dynamique relationnelle dans le couple (la façon dont les
conjoints communiquent entre eux, la qualité du support
qu’ils se témoignent, leur façon de résoudre leurs conflits,
leur capacité d’intimité, leur mode de sexualité);
4- la qualité du support qu’ils reçoivent de la part de leur
entourage (les membres de leur famille, leurs amis, leurs
collègues de travail).
Pas de différence quant à la qualité des facteurs qui
disposent à construire une vie de couple saine et
harmonieuse
En soumettant ces facteurs à une évaluation comparative chez
des couples de même sexe et de sexe opposé, celui-ci n’a pas
trouvé de différences significatives, si ce n'est que les couples de
femmes démontrent de meilleures compétences à résoudre leurs
conflits et que les couples de même sexe reçoivent un soutien
moins fort de la part de leur milieu familial. L’auteur en arrive
ainsi à la conclusion que les conjoints de même sexe ne
présentent pas de différence par rapport à ceux de sexe opposé
quant à la qualité des principaux facteurs qui les disposent à
construire une vie de couple saine et harmonieuse.
Un groupe de chercheurs dirigé par Glenn Roisman (2008) a
établi, en effectuant des évaluations psychométriques auprès de
conjoints de même sexe, que ceux-ci démontrent une qualité
d’adaptation dans leur vie de couple identique à celle rapportée
par des couples hétérosexuels lors de recherches précédentes. Les
résultats qu’ont obtenus Kimberly Balsam et ses collaborateurs
(2008), en effectuant également des mesures psychométriques,
10
Bulletin de l’OTSTCFQ
N° 125, hiver 2015
confirment ceux de Kurdek et de Roisman quant à la qualité de
la relation des conjoints de même sexe et du niveau de
satisfaction qu’ils éprouvent dans leur relation de couple
(ressentir du bien-être, du confort émotionnel et des sentiments
positifs au sein de leur relation et sentir que celle-ci contribue à
leur épanouissement personnel).
La qualité des relations intimes sur le plan
psychologique ne diffère pas significativement
L’étude précédemment citée de Balsam et de ses
collaborateurs (2008) a également fait ressortir une très grande
qualité d’intimité chez les conjoints de même sexe, confirmant
ainsi la conclusion que tirait Gregory Herek (2006, p. 611) à ce
sujet : « La qualité des relations intimes sur le plan
psychologique ne diffère pas significativement en ses points
essentiels selon que le couple est composé de deux hommes,
deux femmes ou d’un homme et une femme »1. Mentionnons
à cet égard que Register et Henley (1992, p. 475 et 476) et plus
tard Patrick et Beckenbach (2009, p. 4 et 5) ont montré qu’une
saine intimité vécue au sein d’une relation amoureuse a pour
effet d’améliorer le bien-être affectif et l’estime de soi des
partenaires et de favoriser leur cheminement vers une plus
grande maturité.
Kurdek (2005) a également mis en évidence que tout comme
chez les couples hétérosexuels, la qualité de la relation au sein
d’un couple homosexuel constitue un excellent indicateur de la
stabilité et de la longévité de leur relation. Une étude
longitudinale portant sur l’évolution de la relation au sein du
couple (Kurdek, 2008) a montré que la qualité de la relation chez
les conjoints de même sexe se situait, après dix ans de vie
commune, un niveau similaire à celle enregistrée au début de leur
relation. Bien qu’il soit souhaitable que les résultats de cette
recherche soient corroborés par d’autres études avant d’en
généraliser la portée, ils font ressortir une forte possibilité que la
qualité de la relation ait tendance à se maintenir dans le temps
chez bon nombre de couples de même sexe et à favoriser ainsi la
stabilité et la longévité de leur union.
Les résultats de ces recherches démontrent que les personnes
d’orientation homosexuelle sont aptes, au même titre que leurs
homologues hétérosexuels, à développer des relations de couple
stables et harmonieuses qui enrichissent leur qualité de vie et
favorisent leur épanouissement. Ces résultats suggèrent
également que la possibilité pour un couple de vivre une telle
qualité de relation dépend principalement de la maturité
psychologique des conjoints et de la qualité de la communication
entre eux, indépendamment de leur orientation sexuelle.
g
Bilan psychosocial des relations de couple entre conjoints de même sexe
En mentionnant dans son ouvrage encyclopédique sur la
sexualité humaine que la plupart des personnes d’orientation
homosexuelle recherchent des relations amoureuses qui sont
faites d’amour, de confiance, de souci de l’autre, de partage et
d’engagement, Crooks (2003, p. 231, 232) vient appuyer notre
constat en mettant cette fois l’accent sur les valeurs qui sont
priorisées par les partenaires et la motivation qui les anime.
Des conclusions et des responsabilités en conséquence
Convenir qu’une relation de couple entre conjoints de même
sexe constitue un mode de vie positif implique certaines
responsabilités sur le plan professionnel, dont celle de dispenser
aux personnes d’orientation homosexuelle des services qui
favorisent la pleine actualisation de leur personnalité sur les plans
affectif et relationnel. Les établissements d’enseignement
supérieur ont la responsabilité de préparer les futurs
professionnels à intervenir adéquatement auprès de cette
clientèle et de produire par leurs recherches des connaissances
objectives qui vont soutenir les efforts déployés en vue de
démystifier cette réalité. Soulignons également l’importance des
campagnes d’information dans les médias visant à renseigner
adéquatement la population sur la réalité des relations
amoureuses entre personnes de même sexe, afin de réduire la
discrimination et la violence à l’endroit de cette minorité et de
favoriser leur bien être, leur santé, leur intégration sociale et leur
plein épanouissement sur tous les plans.
NDLR : Pour accéder à la liste complète des références,
veuillez trouver ce texte en ligne, sur le blogue de l’Ordre :
www.motssociaux.com.
Note :
1. Traduction libre, par l’auteur, de : « That the psychological qualities of intimate
relationships do not reliably differ in key respects according to weather the couple
consist of two men, two women or a man and a woman ».
La modernisation de la formation continue
UNE HISTOIRE À SUIVRE!
En décembre 2014, la direction du développement professionnel présentait au Conseil d’administration un plan de
développement de la formation continue pour les années à venir. Ceci était devenu essentiel, d’une part parce que le partenariat
de quatre ans avec l’Université de Sherbrooke (par lequel elle assume la gestion et le développement de la formation continue
depuis 2011) se termine à l’été 2015 et, d’autre part, en raison de l’entrée en vigueur du règlement sur la formation continue
obligatoire prévue au 1er avril 2016.
Un rôle à assumer pleinement
À l’analyse de la situation et en
constatant ce qui se fait dans plusieurs
ordres professionnels, il devient évident
que ce nouveau mandat constitue une
opportunité pour l’OTSTCFQ de reprendre
le leadership de sa formation continue. À
cet effet, le CA de l’Ordre a endossé une
approche plus dynamique et démocratique qui pourrait se concrétiser, par
exemple, par une diversification accrue de
l’offre d’activités pour répondre aux
nombreux besoins de formation des
membres et à leur situation (spécificité des
professions de travailleur social et de
thérapeute conjugal et familial, nature des
activités professionnelles des membres,
expériences diverses, etc.) et par une plus
grande accessibilité des activités (activités
plus nombreuses, modes de diffusion
diversifiés, tarifs plus abordables).
La formation continue est un vecteur de
compétence important. En ce sens, elle
contribue à la mission de protection du
public de l’Ordre. Toutefois, la formation
continue va bien au-delà de la compétence.
Elle participe à faire valoir la marque
distinctive des professions de travailleur
social et de thérapeute conjugal et familial,
à démontrer leurs accomplissements et à
accroitre leur statut face à d’autres
professions. C’est aussi dans cette optique
que devra se poursuivre le développement
de la formation continue. C’est un dossier
à suivre.
L’Ordre porte les déterminants sociaux à l’occasion du
deuxième Rendez-vous national sur l’avenir du système
public de santé et de services sociaux
Des données probantes démontrent clairement la nécessité d’agir sur les déterminants sociaux de la santé afin d’améliorer
la santé et le bien-être des personnes et des communautés. Voilà l’essentiel du message livré par le président de l’OTSTCFQ,
Claude Leblond, T.S., aux 400 participants du deuxième Rendez-vous national sur l’avenir du système public de santé et
de services sociaux, évènement qui se tenait en décembre dernier, organisé par l’Association des établissements de santé
et de services sociaux (AQESSS), en collaboration avec la Confédération des syndicats nationaux (CSN) et l’Institut du
Nouveau Monde (INM) : « Pour les travailleurs sociaux, il est clair que pour intervenir efficacement sur les déterminants sociaux
de la santé, il est essentiel d’obtenir la contribution et le soutien de tous les acteurs de la première ligne du réseau de la santé
et des services sociaux. Nous sommes en effet tous et toutes parties prenantes de cette responsabilité populationnelle
d’amélioration de sa santé et du bien-être, à laquelle nous convie la Loi sur les services de santé et de services sociaux ».
La deuxième partie de la présentation de l’Ordre a été faite par le directeur général et secrétaire, Sylvio Rioux, T.S., qui a
capté l’attention de l’auditoire en présentant un cas concret réalisé dans le quartier Mercier-Est de Montréal. Dans ce
quartier défavorisé, la Maison des familles, en collaboration avec des travailleurs sociaux et d’autres intervenants, offre
plusieurs services qui visent notamment à améliorer l’adaptation des jeunes au milieu scolaire.
Cet évènement représentait une belle fenêtre de visibilité pour l’Ordre. À en juger par la réaction des participants, on peut
clairement établir que le message a porté.
Bulletin de l’OTSTCFQ
N° 125, hiver 2015
11
Intervention sociale individuelle en santé mentale
Les courants internationaux en appui
à la position de l’Ordre
À l’automne 2013, l’OTSTCFQ prenait position en affirmant que l’intervention sociale individuelle devait être considérée parmi les
pratiques essentielles en matière de santé mentalei. Cette position s’inscrit dans le courant international qui propose une lecture sociale
et contextualisée de l’expérience des personnes ayant un problème de santé mentale. Elle prend assise sur l’état des connaissances à
propos des déterminants sociaux de la santé mentale et des inégalités sociales ainsi que sur l’expertise des travailleurs sociaux dans le
domaine de la santé mentale.
LES DÉTERMINANTS SOCIAUX
Un impact réel sur la santé mentale
De nombreux chercheurs font valoir le caractère éminemment
social de la santé mentale (Moreau, 2011; Otero, 2012). Tout
récemment, Doucet et Moreau (2014) regroupent, dans le livre
Penser les liens entre santé mentale et société. Les voies de la
recherche en sciences sociales, une série d’articles invitant à une
réflexion sur la nature des liens entre la santé mentale et la société,
proposant diverses appréhensions de la santé mentale dans la
production des connaissances. L’ouvrage est divisé en quatre
thèmes : l’épreuve, les représentations sociales de la folie,
l’identité ainsi que les théories et savoirs cliniques en santé
mentale. L’étude de concepts comme l’empowerment et les récits
de pratique démontrent l’importance des aspects identitaires,
culturels et des normes sociales qui influencent tout autant notre
compréhension de la santé mentale que les interventions à
privilégier.
Autre exemple, les travaux de recherche du International Center
for Mental Health Social Research de la York University au RoyaumeUni mettent en évidence les perspectives sociales en santé
mentale par une approche de parcours de vie. Plus
spécifiquement, les chercheurs s’intéressent aux facteurs sociaux,
économiques et culturels qui contribuent à améliorer le bien-être
et favorisent le rétablissement. La recherche se concentre
également sur l’influence des problèmes sociaux sur le
développement et l’évolution des problèmes de santé mentale
afin de développer et d'évaluer des façons novatrices d'y faire
face.
En consultant le projet Connecting People Study
(connectingpeoplestudy.net), mené par des chercheurs du School
for Social Care Research de Londres, nous apprenons que la
participation sociale des personnes ayant un problème de santé
mentale peut être facilitée par des interventions qui soutiennent
le développement des habiletés sociales, la mise en place d’un
réseau et la participation dans la communauté. Aussi, certaines
caractéristiques des interventions telles le soutien informel, la
mise en place d’espaces non-stigmatisants favorisent l’accès aux
ressources et le développement d’un réseau de soutien.
Réduire les inégalités sociales,
c’est intervenir pour améliorer la santé mentale
En 2014, l’Organisation mondiale de la santé (OMS), en
collaboration avec la Fondation Calouste Gulbenkian, a consacré
un ouvrage aux déterminants sociaux de la santé. Au nombre des
messages-clés, retenons que la santé mentale et les troubles
mentaux courants (troubles anxieux et dépression majeure) sont
façonnés en grande partie par les environnements social,
12
Bulletin de l’OTSTCFQ
N° 125, hiver 2015
économique et physique dans lesquels vivent les gens et que les
inégalités sociales sont associées à une augmentation du risque
de plusieurs troubles mentaux courants.
La recherche actuelle met en évidence le lien crucial entre les
inégalités sociales et la santé, notamment dans le sillage des
travaux de Wilkinson et Pickett (2013). Une association étroite
entre le statut socio-économique et la santé a été établie au regard
de plusieurs facteurs dans toutes les sociétés où elle a été
examinée, suivant ce qu’on appelle le gradient de la santé et la
santé mentale ne fait pas exception (Dorvil, 2007). Bref, les
personnes vivant dans des conditions désavantageuses au plan
social et économique sont plus susceptibles de vivre des
problèmes de santé mentale. À l’international, le Social Work &
Health Inequalities Network - SWHIN est un réseau de chercheurs,
professeurs, praticiens et gestionnaires qui vise à promouvoir la
recherche, les échanges et les actions de différents acteurs du
travail social dans le but de combattre les causes et les
conséquences des inégalités en santé. En ce sens, il s’agit d’une
contribution importante du travail social quant au
développement de savoirs sur les inégalités en santé.
Les fondements du travail social
au service de la santé mentale
L’importance d’agir sur les déterminants sociaux et les
inégalités sociales pour améliorer la santé mentale des personnes
et des collectivités rejoint le travail social non seulement dans ses
fondements historiques, mais également dans ses grands
courants actuels. L’Ordre rappelle d’ailleurs dans son énoncé que
la profession de travailleur social s’est développée en grande
partie en réaction aux inégalités sociales et à leurs impacts sur la
vie et la santé des personnes tant au plan individuel que collectif.
Cette préoccupation de lutter contre les inégalités demeure
d’actualité. Trois organisations internationales regroupant
l’ensemble du spectre de la pratique du travail socialii ont défini
conjointement une série d’objectifs dans le but de répondre à
l’aspiration de justice sociale et de développement social que
porte la profession. Le premier des objectifs que l’on retrouve
dans le document Global agenda for social work and social
development est la promotion de l’égalité sociale et économique.
Dans le même sens, la lutte aux inégalités sociales était à l’avant
plan lors de la 7e Conférence internationale sur le travail social en
santé et en santé mentale tenue du 23 au 27 juin 2013 à la USC
School of Social Work à Los Angeles.
Témoins au quotidien des répercussions réelles qu’ont les
conditions de vie des personnes, particulièrement sur leur santé
physique et mentale, les travailleurs sociaux ont développé tout
g
Intervention sociale individuelle en santé mentale - Les courants internationaux en appui à la position de l’Ordre
un savoir pour intervenir à la jonction des personnes et de leur
environnement et pour prendre en compte leur réalité subjective,
leur contexte et leurs conditions de vie, leurs rôles sociaux et leur
réseau, dans une perspective de rétablissement, de pouvoir
d’agir, de pleine citoyenneté et de justice sociale.
La lutte aux inégalités
Une responsabilité professionnelle
Considérant toute l’expertise développée en travail social dans
le domaine de la santé et de la santé mentale et l’état des
connaissances concernant les déterminants sociaux de la santé,
les grandes associations et regroupements en travail social font
actuellement valoir publiquement la légitimité, voire la
responsabilité des travailleurs sociaux de demeurer engagés dans
la lutte aux inégalités sociales à travers leur pratique
professionnelle (Clark, 2013). Plus précisément, ils rappellent
l’importance et le devoir de poser des actions tant à l’échelle
macrosociale que microsociale dans le but de renforcer à la fois
les communautés et les individus qui la composent (Hudson,
2012). Ceci implique d’agir tant au niveau des structures, des
2015
politiques sociales et du développement des communautés par
l’intervention collective qu’en ce qui concerne le soutien des
personnes dans le développement de leurs compétences et de
leurs ressources personnelles à travers l’intervention sociale
individuelle et de groupe (Bywaters, McLeod & Napier, 2009;
FITS, 2012; Rosenberg, 2008).
NDLR : Pour accéder à la liste complète des références,
veuillez trouver ce texte en ligne, sur le blogue de l’Ordre :
www.motssociaux.com.
Notes
i.
ii.
L’énoncé de position L’intervention sociale individuelle en santé mentale dans une
perspective professionnelle est disponible sur le site de l’Ordre :
www.otstcfq.org.
Les trois organisations sont la Fédération internationale du travail social,
l’Association internationale des écoles de travail social et le conseil international
d’action sociale (International Federation of Social Workers (IFSW), International
Association of Schools of Social Work (IASSW) and the International Council on
Social Welfare (ICSW)).
25e anniversaire de l’implication des travailleurs
sociaux dans la protection des majeurs inaptes
Le curateur public du Québec, Me Normand Jutras,
était de passage à l'Ordre récemment pour discuter
des évènements entourant le 25e anniversaire de la
Loi sur le curateur public. Sur notre photo, (debout)
M. Pierre Lamarche, directeur général des services
aux personnes, Lyse Gautier, T.S., chargée de projets,
OTSTCFQ, Marielle Pauzé, T.S., directrice du
développement professionnel, OTSTCFQ, Isabelle
Poirier, assistante de direction. Première rangée :
Sylvio Rioux, T.S., directeur général et secrétaire,
OTSTCFQ,
Josée
Saindon,
directrice
des
communications, bureau du curateur public, Me
Normand Jutras, curateur public, Claude Leblond,
T.S., président, OTSTCFQ.
Une activité à ne pas manquer à l’automne 2015
Afin de souligner le leadership des travailleurs sociaux dans le
domaine de la protection des personnes majeures et pour
aborder les défis et les enjeux des prochaines années, l’Ordre est
à organiser un évènement qui se tiendra le 29 octobre au Centre
Mont-Royal. Au menu : conférences et échanges autour de
thématiques telles que la maltraitance, l’éthique, la sauvegarde
de l’autonomie, les relations avec le bureau du curateur public,
et plus encore. Surveillez vos courriels, l’Infolettre et le Bulletin
de l’Ordre pour tous les détails concernant cet évènement.
Par ailleurs, en 2015, un double anniversaire viendra souligner le
rôle fondamental que joue le curateur public auprès des personnes
majeures inaptes au Québec. En effet, c’est en juillet 1945 que
l’Assemblée législative du Québec adoptait la Loi instituant une
curatelle publique afin d’administrer les biens « d’une personne
aliénée ». Le 15 avril 1990, 45 ans plus tard, l’Assemblée nationale
proclamait la Loi sur le curateur public, établissant la primauté des
droits de la personne et créant le poste de curateur public. Puisqu’il
s’agit de moments importants dans l’histoire de la protection des
personnes majeures inaptes, le bureau du curateur public entend
souligner le tout, principalement le 25e anniversaire de la Loi sur le
curateur public, par la tenue d’un certain nombre d’activités qui
sont encore à déterminer.
De plus, notre ordre professionnel se sent également concerné
puisque les travailleurs sociaux ont joué et jouent toujours un
rôle important dans le domaine de la protection des personnes
majeures inaptes. En fait, ils ont développé une telle expertise
que le projet de loi 21 leur a attribué, de façon exclusive, la
pratique de l’activité qui consiste à « procéder à l’évaluation
psychosociale d’une personne dans le cadre des régimes de
protection du majeur ou du mandat donné en prévision de
l’inaptitude du mandant ». L’Ordre estime qu’environ 4 500
travailleurs sociaux (incluant ceux en pratique autonome)
effectuent des évaluations psychosociales dans le contexte des
mesures de protection. Ainsi, en concertation avec l’équipe du
curateur public, l’Ordre diffusera, par l’entremise de ses médias
sociaux, une série de messages rappelant ces deux anniversaires
et le rôle des travailleurs sociaux.
Bulletin de l’OTSTCFQ
N° 125, hiver 2015
13
L’Ordre et le projet de Loi 10
Une réforme qui repose sur une vision médicale
et curative de la santé publique au détriment
des services sociaux
Le 29 octobre, l’Ordre présentait un mémoire devant la Commission de la santé
et des services sociaux dans le cadre des audiences entourant le projet de Loi 10,
présenté par le ministre Gaétan Barrette, Loi modifiant l’organisation et la
gouvernance du réseau de la santé et des services sociaux notamment par
l’abolition des agences régionales.
« GRÂCE AUX POLITIQUES SOCIALES QUE NOUS NOUS SOMMES COLLECTIVEMENT
OFFERTES, NOUS VIVONS AUJOURD’HUI AU SEIN D’UNE SOCIÉTÉ PLUS JUSTE, PLUS
ÉQUITABLE. LES TRAVAILLEURS SOCIAUX ONT CONTRIBUÉ À L’ÉDIFICATION DE CETTE
SOCIÉTÉ ET ENTENDENT EN PRÉSERVER LES ACQUIS »
D’entrée de jeu, Claude Leblond a exprimé la grande
préoccupation de l’Ordre à l’endroit de ce projet de loi élaboré
sans consultation préalable. « Nous sommes inquiets quant à
l’accessibilité aux services sociaux généraux; nous sommes surtout
préoccupés pour les personnes et les groupes les plus vulnérables
qui, nous le craignons, subiront les contrecoups de cette réforme
qui repose beaucoup trop largement sur une vision médicale et
curative de la santé publique, au détriment des services sociaux ».
Pour cette présentation, le président de l’Ordre, Claude
Leblond, T.S., était accompagné de Lucie D’Anjou, T.S., de
l’Institut de réadaptation en déficience physique de Québec et
membre du Conseil d’administration de l’Ordre, ainsi que de
Pierre-Paul Malenfant, T.S., coordonnateur régional à la
sécurité civile de l’Agence de santé et de services sociaux du
Bas-St-Laurent et deuxième vice-président de l’Ordre.
C’est la personne, non le patient
qui devrait être au cœur du système
M. Leblond a expliqué aux membres de la commission que le
réseau de la santé et de services sociaux doit non seulement
soigner les personnes; il doit les aider à ne pas tomber malades.
« Et une façon de prévenir la maladie, c’est de se préoccuper des
déterminants sociaux. En effet, la performance du système de santé
et de services sociaux, y compris le contrôle des coûts à moyen et à
long termes, dépendent de sa capacité à prioriser la prévention et
la lutte contre les inégalités sociales en agissant sur les déterminants
sociaux de la santé. Or, ce sont les services sociaux, tant généraux
que spécialisés, dispensés dans le réseau et au sein des organismes
communautaires qui agissent sur les déterminants sociaux. Et ce
sont justement ces services sociaux que, malheureusement, le projet
de loi 10 défend mal ».
Avant de répondre aux questions des parlementaires, Claude
Leblond a présenté les principales recommandations élaborées
par l’Ordre « afin de consacrer et préserver le caractère essentiel de
la mission sociale du réseau de la santé et des services sociaux, et
de garantir l’accessibilité, la quantité et la qualité de services
sociaux ». Voici quelques-unes de ces recommandations :
• inclure au projet de loi une disposition visant à garantir
l’accessibilité aux services sociaux, conformément à l’article
5 de la Loi sur les services de santé et de services sociaux;
14
Bulletin de l’OTSTCFQ
N° 125, hiver 2015
• reconnaître l’importance des déterminants sociaux de la
santé et d’en tenir compte;
• réintégrer dans le projet de loi la représentation citoyenne
au sein des conseils d’administration;
• garantir qu’une des personnes du duo président-directeurgénéral et président-directeur-général adjoint des futurs
CISSS soit un travailleur social ou tout autre professionnel
issu des services sociaux;
• créer des directions de services sociaux au sein de chaque
établissement pour assurer la prise en compte des besoins
en services sociaux et d’en assurer la dispensation.
NOTES D’ÉVOLUTION
Le 12 décembre, le ministre Barrette a fait connaître son intention
d’amender l’article 11 du projet de loi 10, originalement libellé
comme suit : « Avant de procéder à la nomination des membres
indépendants d’un conseil d’administration, le ministre doit
établir des profils de compétence dans chacun des domaines
suivants : gouvernance et éthique; gestion des risques et qualité;
ressources humaines; ressources immobilières et informationnelles; vérification et performance; jeunesse; services sociaux ».
Or, l’amendement proposé par le ministre a pour effet de rayer
la mention « services sociaux » de cette nomenclature. L’Ordre a
immédiatement réagi en s’adressant directement au ministre et
à l’ensemble des membres de la commission de la santé et des
services sociaux pour dénoncer cette situation et pour réclamer
le retrait de cet amendement : « Lors de la présentation de notre
mémoire, en réponse à nos profondes inquiétudes, le ministre a
réitéré sa volonté de protéger la place du service social dans la
mission du ministère et dans la gestion et les structures des
établissements du réseau. La présence d’administrateurs
indépendants ayant des compétences dans le domaine des services
sociaux permettrait à ces personnes de contribuer à la gouvernance
des établissements du réseau sur un pied d’égalité avec les
médecins, les pharmaciens et les infirmières, dont la présence est
assurée aux conseils d’administration par les articles 8 et 9 du projet
de loi ». Il s’agit donc d’un dossier que nous suivrons de très près.
Le CSSS Bordeau-Cartierville–Saint-Laurent
produit une vidéo de sensibilisation au sujet des
déterminants sociaux de la santé
LA SANTÉ DANS TOUS SES ÉTATS
Trousse pédagogique
Les déterminants sociaux de la santé
Les CSSS doivent prendre en compte l’ensemble des facteurs qui influencent la santé
dans la planification, l’organisation et la prestation territoriales des soins et des services.
En 2012, le ministère de la Santé et des Services sociaux publiait La santé et ses
déterminants. Mieux comprendre pour mieux agir, une synthèse conceptuelle des
facteurs qui influencent la santé. Dans cette foulée, le ministère incluait la contribution
à la formation des stagiaires sur les déterminants sociaux de la santé (DSS) dans les
critères de désignation des centres affiliés universitaires. Au CSSS Bordeau-Cartierville–
Saint-Laurent, Centre affilié universitaire, on décide d’aller au-delà de l’exigence du
MSSS. Après mûre réflexion et un certain nombre de consultations, après avoir évalué
les besoins et les contraintes, on plonge : produire un outil de formation et des outils
complémentaires. En novembre, lors d’une rencontre avec les deux principales
responsables du projet, Geneviève Reed, agente de recherche mobilisation des
connaissances, et Julie Paquette, coordonnatrice d’activités d’enseignement, le Bulletin
s’informe sur la nature, le contenu et le processus de création de cet outil de promotion.
Équipe de réalisation
Julie Paquette, coord. activités d’enseignement
Bernard-Simon Leclerc, épidémiologiste, chercheur
Sonia Bourque, agente mobilisation des connaissances
Alex Battaglini, adjoint à la mission universitaire
Recherche documentaire
Geneviève Cloutier, professionnelle de recherche
Rédaction
Julie Paquette, coord. activités d’enseignement
Bernard-Simon Leclerc, épidémiologiste, chercheur
Sonia Bourque, agente mobilisation des connaissances
Coordination de l’édition
Geneviève Reed, mobilisation des connaissances
Julie Paquette, coord. activités d’enseignement
Julie Langevin, conseillère aux communications
CSSS de Bordeaux-Cartierville – Saint-Laurent,
centre affilié universitaire
« Il a d’abord fallu prendre en compte la
réalité de nos quelque 1 000 stagiaires qui,
sur une base annuelle, passent chez nous »,
expliquent nos interlocutrices. « Ils ne sont
pas tous là en même temps ni pour la même
durée; les rencontrer tous serait une tâche
très lourde. Nous avons donc opté pour la
réalisation d’une vidéo. » De plus, ces stagiaires ont une connaissance très variable du
sujet : les DSS et de leur impact sur leur future
pratique. Dès le départ, l’équipe constate
qu’elle dispose de beaucoup de matériel, ce
qui l’incite à développer des outils d’accompagnements (la trousse). Même si la vidéo a
été d’abord et avant tout créée pour les
stagiaires, les superviseurs ont rapidement
fait savoir que le contenu serait utile pour
l’ensemble des intervenants.
Les DSS liés à l’intervention
Le sujet est bien documenté depuis
quelques années constate l’équipe : « il
existe désormais des données probantes,
des études, on sent une vague pour la prise
en compte des DSS. En ce qui concerne la
préoccupation des professionnels et des
intervenants, face aux DSS, on sent une
ouverture de plus en plus grande, mais
Première rangée : Julie Paquette et Josée Lafrenière
Deuxième rangée : Geneviève Reed, Bernard-Simon Leclerc et Julie Langevin
aussi beaucoup de questionnements quant
à la façon d’intégrer cela à la pratique,
surtout dans un contexte d’optimisation,
de rationalisation, etc. ». Tout au long du
processus, l’équipe a eu le souci de faire en
sorte que la vidéo soit utilisable avec un
minimum d’accompagnement, de façon
autonome. « Pour aider, on a développé la
trousse : Questionnaire Testez vos connaissances sur les déterminants sociaux de la
santé; Vidéo La santé dans tous ses états : les
déterminants sociaux de la santé (13 min);
Thèmes pour l'animation d'une discussion
sur les déterminants sociaux de la santé;
Questionnaire Les déterminants sociaux de la
santé dans ma pratique ».
L’interdisciplinarité : excellente
courroie de transmission
C’est probablement lors de rencontres
interdisciplinaires que les professionnels
peuvent le mieux être sensibilisés à
l’importance de tenir compte des DSS. « Les
travailleurs sociaux doivent profiter de ce
lieu pour faire la promotion des DSS auprès
de leurs collègues lors des discussions
entourant des cas cliniques concrets; c’est là
qu’ils peuvent déteindre sur les autres! »
Aller au-delà de la commande
La sensibilisation des stagiaires aux DSS
était une commande du MSSS. Mais plutôt
que de se limiter au minimum requis pour
répondre à cette exigence, l’équipe a décidé
d’y mettre du cœur et de mobiliser autour du
projet toute une équipe enthousiaste et
compétente. « Nous avons eu le souci de
développer un produit dynamique,
moderne, conçu pour être intéressant pour
une large clientèle. Nous avons fait attention
au contenu : du matériel solide, bien
documenté, mais digeste, accessible ». L’équipe a été surprise par l’accueil reçu pour cette
production. C’est en grande partie cet accueil
favorable qui justifie la planification d’une
stratégie de diffusion plus large. Que
retiennent Geneviève et Julie de cette
expérience? « Pour réaliser un projet de cette
envergure il faut s’entourer des bonnes
personnes, créer une excellente chimie parmi
tous les participants, miser sur la complémentarité des compétences et des intérêts
de chacun ».
Le produit final est exceptionnel. La vidéo
est bien produite, agréable, le contenu est
pertinent et accessible, les personnages sont
crédibles et la facture est remarquable. Nous
vous invitons donc à visionner la vidéo et
consulter les autres documents de la trousse
que vous trouverez sur le site Internet du
CSSS de Bordeaux-Cartierville –Saint-Laurent.
Bulletin de l’OTSTCFQ
N° 125, hiver 2015
15
3e
Mini-série sur l’autotraitement
PARTIE
Le stress traumatique secondaire
et ses effets sur les travailleurs sociaux
« Le monde est rempli à la fois de souffrance
et de victoires sur la souffrance. »
Helen Keller
Par Meredith Salhany, BSW, MSW
Travailleuse sociale
[email protected]
Note de l’auteur :
Nous en sommes au troisième d’une série d’articles
traitant des principaux aspects du syndrome
traumatique secondaire (STS). Les deux premiers
articles (en français et en anglais) se retrouvent sur le
blogue officiel de l’Ordre, à www.motssociaux.com .
Ces deux articles sont aussi parus dans les numéros
122 – Hiver 2014 et 123 – Été 2014 du Bulletin de
l’Ordre. Je tiens de nouveau à exprimer toute ma
gratitude à tous ceux d’entre vous qui m’ont fait
parvenir vos récits sur ce sujet d’une importance
majeure pour notre profession. Votre intérêt pour cette
série et votre volonté d’y contribuer sont des plus
appréciés. Un merci très spécial va aux deux « F. T. »
pour leur soutien exceptionnel, et à notre collègue
« Anonyme » qui a bien voulu partager son expérience
personnelle avec tout le courage que ça implique.
Please note that the English version of this is on the blog, at www.motssociaux.com, after the french version.
Introduction
Les articles précédents nous ont permis de couvrir plusieurs
aspects importants du STS : nous avons expliqué ce qu’est le
STS et en quoi il diffère des autres formes d’épuisement
professionnel, sa prévalence et les facteurs de risque chez les
travailleurs sociaux. Nous avons abordé les conséquences de la
stigmatisation, les préjugés de l’entourage et présenté des outils
de dépistage pour les travailleurs à risque. Nous vous avons
guidé vers des services où obtenir un soutien immédiat.
variété de facteurs fait en sorte que certains travailleurs sociaux
sont plus enclins que d’autres à développer le STS. Dans ses
recherches sur les traumatismes et le soutien aux professionnels,
Sandra Brown (2007) abonde dans le même sens : « même si,
dans une situation de traumatisme sociétal, la réaction au stress
peut sembler extrême, toutes les personnes qui y sont exposées
ne développeront pas nécessairement des problèmes
chroniques ».
Symptômes du stress traumatique secondaire
Les symptômes du STS,
leur impact et le fruit de la recherche
Le STS peut se manifester chez tous les professionnels de la
santé. Toutefois, des recherches récentes révèlent que les
travailleurs sociaux représentent un des groupes les plus à
risque. À force d’être continuellement exposée à des situations
à forte charge émotive (traumatismes, tragédies), il est tout à
fait normal et prévisible qu’une personne manifeste diverses
réactions psychologiques. Par conséquent, mon intention n’est
pas de « psychiatriser » les personnes atteintes de STS. Cette
série d’articles relate la corrélation, décrite dans la littérature
spécialisée, qui existe entre le STS et la psychiatrie, précisément
parce qu’il en ressort un concept dominant selon lequel le STS
est pratiquement le reflet du syndrome de stress posttraumatique (SSPT). De plus, le DSM-V inclut maintenant le fait
d’être « un témoin indirect d’évènements traumatiques »
comme un des critères pouvant mener à un diagnostic de SSPT,
selon l’APA (American Psychological Association).
Il existe de nombreuses recherches et études sur le STS qui
nous éclairent à l’égard de concepts très importants étayés dans
la littérature médicale, en insistant plus spécifiquement sur
l’incidence du STS dans notre profession. Pour des raisons de
concision, je me suis permis de résumer les exemples, thèmes
et concepts abordés. À mon avis, l’apparition du STS n’est
qu’une des multiples réactions humaines très complexes et la
manifestation de réactions inadéquates face à certains
événements traumatiques. Chez les professionnels, cette
réaction dépend de la capacité de réponse de chacun. Une
16
Bulletin de l’OTSTCFQ
N° 125, hiver 2015
« Le seul fait de côtoyer de si près des émotions à
l’état brut est simplement terrifiant… cette sensation
peut sembler insurmontable, pourtant, en tant que
travailleur social, nous devons tout faire pour aider
à la contrôler ».
Ann Goelitz, 2013.
En partant du principe qu’on ne peut régler que ce que l’on
comprend, il devient impératif que les travailleurs sociaux et
leurs supérieurs soient bien informés et conscients des
symptômes du STS afin de pouvoir identifier ceux qui en
souffrent et les aider le plus rapidement possible. Tous les
chercheurs s’entendent pour affirmer que les chances de
guérison sont décuplées quand le sujet reçoit du soutien dès
l’apparition des premiers symptômes. Comme travailleur social,
g
Le stress traumatique secondaire et ses effets sur les travailleurs sociaux - 3e partie
il est primordial que nous prenions soin de nous afin d’être en
mesure de protéger nos bénéficiaires qui, autrement,
pourraient subir les répercussions d’éventuelles réactions
inadéquates de notre part.
Une personne sensibilisée peut reconnaître, chez elle, les
signes d’une adaptation inadéquate, mais ce n’est pas toujours
le cas. C’est pourquoi une bonne connaissance de la
symptomatologie du STS peut préparer l’entourage des
travailleurs sociaux, collègues et superviseurs, à reconnaître les
maux dès leur apparition, ouvrant ainsi la voie à un soutien
favorable. Quoiqu’il soit important de pouvoir reconnaître les
symptômes d’un problème en devenir, les travailleurs sociaux
et chercheurs Diaz et O’Gorman (2012) nous préviennent de ne
pas sauter aux conclusions et de demander les conseils d’un
professionnel. Selon eux, une batterie de symptômes
accompagne un traumatisme et « il est crucial de comprendre
que ces mêmes signes peuvent annoncer d’autres types de
problèmes »; en d’autres termes, attention à l’autodiagnostic!
En ce qui a trait aux symptômes du STS, il ne faut jamais perdre
de vue qu’une personne qui ressent ce qu’elle croit être le STS
doit nécessairement consulter un professionnel qui saura
identifier la source de ses symptômes.
De nombreux documents mentionnent que les symptômes
du STS s’apparentent beaucoup à ceux du syndrome de stress
post-traumatique (SSPT). Toutefois, ce n’est pas dans les visées
de cet article de couvrir le SSPT en soi. Je me contenterai plutôt
de rapporter l’information récurrente dans les études
consultées et qui regroupe les symptômes du STS et du SSPT
sous les mêmes grandes catégories. À l’instar de plusieurs autres
chercheurs, Hesse (2002) a constaté que « les gens souffrant
de stress traumatique secondaire présentent les mêmes
symptômes que ceux qui souffrent de stress post traumatique ».
Goelitz (2013) est du même avis. Selon elle, « le stress
traumatique secondaire peut générer les mêmes symptômes
que le SSPT, même chez les travailleurs sociaux qui n’ont
jamais subi de traumatismes ». Fait intéressant, l’ensemble des
documents tend à démontrer que parmi les facteurs qui
différencient le SSPT du STS, le STS est la conséquence d’une
exposition indirecte à un évènement traumatique comme le
SSPT et se manifeste de façon plus soudaine que le SSPT, en
réaction à l’exposition à un évènement traumatique vécu par
une personne désireuse d’en aider une autre (Herman, 1992;
Sanderson, 2010, 2013; Weingarten et al., 2003).
Les nombreuses définitions des symptômes STS et du SSPT
contenues dans la vaste documentation à ce sujet nous permettent
de conclure que, de manière générale, les symptômes du STS
s’apparentent aux pensées, sentiments et comportements associés
au SSPT. Ces symptômes sont très souvent regroupés sous les
quatre grandes catégories suivantes : « envahissement et éveil »,
« évitement », « humeur et pensées négatives », et « réactions
émotionnelles et physiques » (Chrestman, K. R.,1995; Courtois,
C., et Ford, J., 2009; Cunningham, M., 2003; Figley, C. R., 1995;
Goelitz, A., 2013; Herman, J., 1992; Hesse, A. R., 2002; McCann,
I. L., & Pearlman, L. A., 1990; Sanderson, C., et al., 2010).
Un des symptômes typiques du STS est l’hypervigilance, soit
le fait d’être constamment sur ses gardes, irritable, nerveux,
susceptible. Il s’agit des symptômes d’« envahissement et éveil ».
Les effets qu’ont les images et les sons liés à l’évènement
traumatique, sur la psyché d’un individu souffrant de STS, sont
d’une telle ampleur qu’ils éveillent en lui l’impression qu’un
désastre peut se produire à tout instant. Un grand bruit ou la
sonnerie du téléphone ou de la porte risque de le faire
sursauter. Ce sont des réactions habituelles chez les personnes
atteintes. L’entrée d’une personne dans la même pièce peut
déclencher chez elles un réflexe de sursaut exagéré. L’apparition
répétitive et tenace de souvenirs anormalement marquants de
l’évènement fait aussi partie des réactions liées aux symptômes
d’envahissement. Les personnes atteintes décrivent ces
flashbacks comme le réveil involontaire des émotions, images
et sensations liées au traumatisme. En plein milieu d’une
activité, elles semblent soudainement « perdues », « dans la
lune », alors que des souvenirs bien vifs les envahissent et les
empêchent de poursuivre leurs activités quotidiennes. Un
collègue m’a raconté que le flashback, venu de nulle part d’un
de ses bénéficiaires – à propos d’un enfant décédé à la suite de
maltraitance sévère – l’avait perturbé au point de provoquer un
accident de la route.
Les symptômes d’envahissement peuvent se manifester sous
forme de cauchemars, privant ainsi la personne du repos
essentiel à son bon fonctionnement, ce qui peut entraîner une
panoplie d’autres inconvénients. Les études considérables
traitant des conséquences paralysantes du manque de sommeil
sur le bien-être psychologique et physique pourraient faire
l’objet d’un texte entier!
Une personne qui manifeste les symptômes de la catégorie
« évitement » aura tendance à se tenir loin des gens, des
endroits, des choses ou activités qui lui rappellent le
traumatisme. De retour d’une mission de secours sur les lieux
d’un désastre naturel, où des incendies faisaient rage sans répit,
un travailleur social s’avouait incapable d’apprécier un feu de
foyer, condamnant ainsi le foyer de sa résidence familiale. Le
crépitement, l’odeur et la simple vue du feu étaient autant de
déclencheurs de flashbacks ranimant en lui l’horreur de la
souffrance dont il avait été témoin. Dans une réaction normale
de conservation de soi, une personne aux prises avec le STS, et
qui sait reconnaître les éléments déclencheurs, déploiera de
grands efforts pour éviter l’angoisse profonde de revivre le
traumatisme. Ceux qui présentent les symptômes d’évitement
risquent de refuser de parler de l’évènement ou du
traumatisme, faisant en sorte qu’il devient plus difficile de les
aider avec des méthodes conventionnelles comme la
verbalisation. En revanche, cette réaction peut devenir un
moyen d’identifier qu’une personne souffre du STS et servir
d’outil à intégrer dans les protocoles de dépistage des sujets à
haut risque. De plus, une personne qui manifeste de l’évitement
aura tendance à s’isoler de sa famille, ses amis, sa communauté,
et aussi des gens susceptibles de lui apporter du soutien,
exacerbant ainsi la solitude et l’état d’affliction associés au
syndrome.
En ce qui a trait aux symptômes de la catégorie « humeur et
pensées négatives », les chercheurs ont pu observer des
sentiments tels que le désespoir, la détresse, l’impuissance,
l’engourdissement émotionnel, la difficulté à développer
l’intimité et la confiance propres aux relations
interpersonnelles, la perte d’intérêt pour des activités
auparavant stimulantes. À cela s’ajoutent des problèmes de
mémoire et tout un éventail de symptômes associés à la
dépression et à l’anxiété. Pour sa part, Cunningham (2003)
décrit comment les symptômes du STS peuvent se manifester
Bulletin de l’OTSTCFQ
N° 125, hiver 2015
g
17
Le stress traumatique secondaire et ses effets sur les travailleurs sociaux - 3e partie
sous forme de préoccupation intense et mener le praticien à
s’impliquer de façon excessive avec des clients. Afin d’expliquer
ce comportement plus à fond, le prochain article de cette série
traitera de la dynamique des « limites thérapeutiques ».
Il ressort des recherches de Herman (1992) que certains
praticiens souffrant de STS en viennent à « ne plus croire les
histoires des survivants ou à en minimiser la gravité », un processus
pouvant entraîner des conséquences négatives énormes pour le
client. Sous la catégorie des symptômes « humeur et pensées
négatives », on retrouve la dissociation, que l’APA (2013) décrit
dans le DSMV comme de la « dépersonnalisation », où le sujet
atteint se sent détaché de sa propre personne, comme dans un
rêve, et de la « déréalisation », où il a l’impression que les choses
ne sont pas réelles ou que la réalité est déformée. Dans ses
recherches, Wicks (2008) décrit que les sujets observés « se
sentent déconnectés de la réalité, engourdis, distraits ou qu’ils
prennent leurs distances en rencontre avec leurs clients ». Les
ramifications dévastatrices de ce syndrome sont nettement
alarmantes, tant pour le praticien atteint de STS que pour la
clientèle qui le consulte.
Témoignage d’une travailleuse sociale du Québec
« Il n’y a pas pire agonie que de porter le fardeau
d’une histoire inédite qu’on garde au fond de soi. »
Maya Angelou
Jetons maintenant un coup d’œil sur un extrait d’une lettre
que j’ai reçue récemment d’une travailleuse sociale désireuse
de partager son expérience. Dans son récit, notre collègue nous
livre sa précieuse opinion sur les manifestations possibles du
syndrome; elle fait ressortir comment les réactions au STS
s’infiltrent dans les sphères personnelle et professionnelle d’un
individu, jetant un pont entre la littérature et un témoignage
réel, donnant ainsi la parole à un problème souvent tenu sous
silence.
« … Je n’étais plus la même depuis le suicide de ma cliente, mais
je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. Je n’aurais jamais pu
imaginer alors que ma piètre performance au travail puisse être
en lien avec le suicide de ma cliente, mais, pour une deuxième fois
dans la même semaine, j’étais convoquée au bureau de mon
directeur en raison de mon manque de ponctualité.
Je ne me doutais pas le moins du monde que je souffrais de STS,
alors, je ne pouvais pas trouver une explication pour justifier mes
retards ni les raisons pour lesquelles je n’arrivais pas à documenter
mes dossiers, ou pourquoi il y régnait un tel désordre. Une famille
s’était récemment plainte que je n’avais retourné aucun de ses
appels. Mon directeur avait dressé une liste de mes comportements
délinquants dans le but de la verser à mon dossier d’employé
auprès des ressources humaines.
Je n’y comprenais rien. J’avais toujours été une personne
organisée, dévouée et professionnelle. Me retrouver assise là, face
à mon directeur, sans aucune explication pour mon récent
18
Bulletin de l’OTSTCFQ
N° 125, hiver 2015
L’irritabilité, la colère, la culpabilité, la honte, l’autoflagellation
et l’autodestruction font partie des symptômes de la catégorie
« réactions émotionnelles et physiques » ressentis par le sujet
atteint. L’existence de la comorbidité de toxicomanie revient
souvent dans la littérature et complique sérieusement les
contraintes importantes qu’il subit déjà. Les études sur le STS font
état de sujets qui développent des maladies physiques. Par
exemple, McCann et Pearlman (1990) ont observé des praticiens
qui « développaient des symptômes tels que des maux de tête et
maux d’estomac après une rencontre avec des survivants
d’évènements traumatiques ». Weingarten (2003) a observé
plusieurs groupes de professionnels souffrant de STS. Il a
constaté chez ceux-ci un rythme cardiaque accéléré, une sudation
anormale et un éventail de troubles physiques, nommément
maux de tête et problèmes gastro-intestinaux. Ces signes peuvent
en inclure plusieurs autres dépendamment du sujet et de son état
de santé avant l’apparition du STS. Les auteurs s’entendent pour
dire que ces signes démesurés de contrainte physique peuvent
signifier que l’aidant réagit au traumatisme de son client. Tous
ces symptômes peuvent avoir un impact majeur sur le niveau de
fonctionnement et la qualité de vie du professionnel, entraînant
une foule de problèmes et un désespoir général.
comportement, je suis soudainement devenue le fantôme de moimême, de cette professionnelle que j’étais. Une fois la rencontre
terminée, j’ai contacté mon syndicat pour savoir quelles seraient
les conséquences si cette lettre se rendait aux ressources humaines.
C’est alors qu’on m’a suggéré d’appeler le PAE (programme d’aide
aux employés) pour examiner la possibilité que je souffre de ce
qu’on appelle le traumatisme secondaire. Ce n’était un secret pour
personne que les cas de personnes suicidaires, torturées et
horriblement abusées étaient mon lot quotidien et qu’une de mes
clientes de longue date s’était enlevé la vie deux mois plus tôt.
À l’âge de 21 ans, finalement installée dans son propre
appartement après des années de familles d’accueil, ma cliente,
dans un état d’anxiété intense, avait appelé le service d’assistance
téléphonique. J’ai immédiatement rassemblé l’équipe mobile pour
aller l’aider à surmonter la crise. Quand nous sommes arrivés chez
elle, nous l’avons trouvée pendue dans sa chambre. Je voyais ma
cliente sans vie et les visages de mes collègues terrorisés, mais
j’avais l’impression de regarder la scène se dérouler comme si je
n’en faisais pas partie. J’étais littéralement « hors de moi ».
Dès ce jour, j’ai commencé à dormir peu et quand j’y parvenais
j’avais des cauchemars où je voyais ma cliente passer à l’acte et se
pendre. La sonnerie du téléphone de la ligne d’écoute me rendait
nerveuse et agitée. J’avais remis en question ma capacité de
prendre soin de mes clients après cet évènement, ressentant
constamment la culpabilité, l’horreur et la responsabilité de ne pas
avoir été capable de la sauver. J’avais de la difficulté à me
concentrer au travail, aux prises avec des maux de tête et
d’estomac, j’étais irritable et j’en voulais parfois à mes clients. Rien
pour calmer la honte que je ressentais. Je me suis mise à avoir des
flashbacks très vifs, des souvenirs et des pensées terribles, revivant
le moment où nous avions trouvé son corps. Et chaque fois, je me
retrouvais temporairement « hors de moi ». Je suis même arrivée
au travail en retard parce que j’avais pris la direction opposée en
quittant la maison.
g
Le stress traumatique secondaire et ses effets sur les travailleurs sociaux - 3e partie
Mon conjoint n’en pouvait plus de me voir pleurer sans cesse et
apparemment sans raison. Il me reprochait d’être ennuyante à ne
jamais vouloir sortir. Le simple fait de penser aux abus qu’avait
subis ma cliente dans son enfance et à l’état émotif dans lequel
elle devait se trouver quand elle s’était enlevé la vie avait éveillé
en moi le souvenir des abus dont j’avais été victime étant enfant.
Tout à coup, ces souvenirs traumatisants enfouis au plus profond
de ma mémoire se sont mis à m’obséder. Je n’arrivais pas à
distinguer ma douleur et ma souffrance de celles de ma cliente, je
mélangeais tout.
J’ai quitté le bureau de mon directeur ce jour-là en me
demandant si je ne mettrais pas aussi fin à mes jours. L’effroi, la
honte et le dégoût que je ressentais à l’idée d’avoir échoué dans
ce travail que j’aime tant devenaient insoutenables. Si je suis ici à
vous raconter mon histoire aujourd’hui c’est grâce à ce coup de fil
au PAE; ils ont reconnu mon STS, m’ont informée de ce qu’il en
était et proposé une thérapie pour en venir à bout. À la place d’une
sanction conséquente à ma piètre performance au travail, j’ai
plutôt reçu de l’aide et du soutien de mes collègues. Cette aide et
ce soutien ont fait que je sois encore en vie, et que j’accomplisse
toujours le même excellent travail auprès de mes clients. Je sais
que si j’ai souffert du STS ce n’est pas de ma faute. Ce n’est pas
parce que je ne peux pas assumer mon travail ni parce que je suis
faible. Et surtout, j’ai compris que je ne suis nullement responsable
du geste fatal qu’a posé ma cliente. Lentement mais sûrement, je
me suis libérée du STS et je peux dire en toute franchise que j’ai
retrouvé la joie et la paix. Je sens que je peux donner sans me
perdre moi-même. Aujourd’hui, je sens que je suis tout à fait
capable de prendre soin de mes clients, et de moi-même, en toute
harmonie. »
(Octobre 2014).
clients), le superviseur devrait d’abord se demander si ces
comportements ne sont pas plutôt la manifestation de
symptômes du stress traumatique secondaire. D’ailleurs, de
nombreuses études affirment plutôt que les travailleurs sociaux
ont tendance à s’engager démesurément auprès de leurs
clients, à s’imposer des heures de travail insensées, allant
jusqu’à se rendre au travail pendant leur temps libre, etc.
Sanderson (2013) relate que certains conseillers se sentent
responsables de leurs clients au point de vouloir les secourir à
tout prix, ou à l’opposé, deviennent rancuniers et blâment les
clients pour leurs propres symptômes. Ces comportements
peuvent mener à des conflits intérieurs, de l’hostilité et,
ultimement, à la rupture de l’alliance thérapeutique.
Répercussions sur le fonctionnement personnel
et professionnel
Il est essentiel que les travailleurs sociaux comprennent en
quoi les symptômes du STS peuvent nuire à leur pratique
professionnelle ainsi qu’à leur vie personnelle. Il arrive parfois
qu’un travailleur responsable développe de mauvaises
habitudes, allant jusqu’au désintéressement général face aux
besoins de ses clients. Les recherches de McCann et Pearlman
(1990) révèlent qu’avant de sanctionner un employé qui a des
comportements délinquants au travail (néglige de retourner ses
messages, accumule retards et absences, évite carrément ses
Dans la vie personnelle, l’automédication pour calmer les
terribles souffrances et l’éclatement de la famille font partie des
répercussions documentées du STS. Les symptômes complexes
et invalidants du STS peuvent aussi provoquer l’éclatement de
leurs croyances spirituelles. De plus, de nombreux chercheurs
ont parlé de la possible réactivation, chez le travailleur social,
de douloureux souvenirs enfouis depuis l’enfance (Figley et al.,
1995). Les tableaux ci-dessous résument les conclusions
auxquelles en est venu Sanderson (2013) quant aux
répercussions du STS sur le fonctionnement de la personne
atteinte.
RÉPERCUSSIONS SUR LE FONCTIONNEMENT PROFESSIONNEL (RECHERCHES DE SANDERSON, 2013)
ÉMOTIF
COGNITIF
COMPORTEMENTAL
Détresse et impuissance
Attitude négative envers le travail
Troubles de communication
Épuisement
Difficulté de concentration
Erreurs fréquentes et absentéisme
Mécontentement
Inattention
Évitement des collègues/supérieurs
Sensation d’être débordé
Difficulté à prendre des décisions
Accumulation de la charge de travail
Manque de motivation
Refus de prendre des pauses
Impression de désensibilisation
g
Bulletin de l’OTSTCFQ
N° 125, hiver 2015
19
Le stress traumatique secondaire et ses effets sur les travailleurs sociaux - 3e partie
RÉPERCUSSIONS SUR LE FONCTIONNEMENT PERSONNEL (RECHERCHES DE SANDERSON, 2013)
ÉMOTIF
COGNITIF
PHYSIQUE
COMPORTEMENTAL
SPIRITUEL
Colère et rage
Troubles de
concentration
Réactions somatiques
Comportement
de retrait
Perte de sens
et de motivation
Tristesse
Confusion et
désorientation
Altération des fonctions
immunitaires
Isolement
Désespoir
Dépression
Dissociation
Automédication
Évitement
Dissociation des autres
Hyperexcitation
Perte de mémoire
Altération de l’appétit,
du sommeil et
du niveau d’activité
Irritabilité
Effritement de
la spiritualité
Hyper vigilance
Ruminations
Impatience
Perte de confiance
en l’humanité
Anxiété
Culpabilité
Besoin d’attention
grandissant
Perte de joie de vivre
Apathie
Altération de la confiance
la confiance
Engourdissement
Incrédulité
Frustration
Autodépistage du stress traumatique secondaire
La littérature contient de nombreux outils d’autoévaluation
très utiles pour quiconque a l’impression que le stress
traumatique secondaire le guette. Les énoncés qui suivent
peuvent servir de base de réflexion à ce propos.
Observations-types permettant d’évaluer le stress
traumatique secondaire
• Je me sens engourdi émotivement
• J’ai des palpitations quand je pense à mon travail auprès
des clients
• J’ai l’impression de revivre les évènements traumatisants
qu’ont vécu mes clients
• J’ai de la difficulté à dormir
• Je vois l’avenir avec pessimisme
• Je suis perturbé par tout ce qui me rappelle mon travail
auprès des clients
• Je n’ai pas vraiment envie de me retrouver en compagnie
d’autres personnes
• J’ai les nerfs à fleur de peau
• Je fonctionne au ralenti
• Mon travail auprès de mes clients me revient à l’esprit à
tout moment
• J’ai des problèmes de concentration
• J’évite les gens, les lieux ou les choses qui me rappellent
mon travail auprès des clients
• Je fais des rêves dérangeants concernant mon travail
auprès des clients
• Je veux éviter de travailler avec certains clients
• Un rien m’importune
• J’ai l’impression qu’un malheur me guette
• J’ai des pertes de mémoire
Selon Bride et al. (2004), le fait qu’un travailleur social se
reconnaisse dans un ou plusieurs de ces énoncés peut signifier
qu’il est temps pour lui de recourir à du soutien psychologique.
20
Bulletin de l’OTSTCFQ
N° 125, hiver 2015
Plus nombreux sont les énoncés qui l’interpellent, plus grande
est la possibilité qu’il souffre du stress traumatique secondaire.
Prochain article :
techniques et stratégies de rétablissement
Le prochain article sera consacré aux techniques et stratégies
de rétablissement à adopter face au STS. La prévention –
l’identification de stratégies spécifiques dévoilées par les
recherches pour prévenir l’arrivée de symptômes inadéquats –
la dynamique des enjeux liés aux limites thérapeutiques, le
transfert et le contre-transfert, seront couverts. Nous
expliquerons comment l’action sociale, la défense des droits et
l’animation communautaire encouragent l’autonomisation et,
par conséquent, le bien-être du praticien. En guise de
conclusion à cette série d’articles, nous traiterons des avancées
de la recherche, et mettrons l’emphase sur les aspects sociaux
du syndrome, son évolution et les processus de guérison.
D’ici là, n’hésitez pas à consulter le blogue de l’Ordre à
www.motssociaux.com pour partager vos réflexions avec vos
pairs. Vous pouvez aussi me transmettre vos questions ou
préoccupations, en toute confidentialité, directement à
[email protected].
« Les aidants, même blessés, peuvent être très
compétents. Reconnaître leurs besoins peut être le gage
d’une efficacité prolongée… En tant que société, nous ne
pouvons exiger moins; personne n’est prêt à assumer ce
qu’il en coûterait autrement. »
Kaethe Weingarten, Ph.D.
NDLR : Pour accéder à la liste complète des références,
veuillez trouver ce texte en ligne, sur le blogue de l’Ordre :
www.motssociaux.com.
Mémoire de l’Ordre à la Commission de révision permanente des programmes
« Il faut protéger les personnes vulnérables »
« Les décisions concernant le maintien, la bonification,
la modification ou le retrait de politiques et de
programmes sociaux doivent être évaluées en fonction du
facteur de risque que cela représente à moyen et à long
terme. Il importe à cet égard de prendre en compte le fait
que les personnes vulnérables sont les premières touchées
par le ralentissement de l’économie, la précarité des
emplois, les faibles revenus, le rétrécissement de l’Étatprovidence et des services publics ».
Voilà l’essentiel du message livré par l’Ordre aux membres de
la Commission Robillard, mandatée par le gouvernement du
Québec pour revoir l’ensemble des programmes de l’État « dans
une perspective de modernisation de la société et de retour à la
prospérité ».
Pour l’OTSTCFQ, il est impératif que les décisions prises dans
le cadre d’un processus de révision des programmes n’aient pas
pour effet d’induire ou d’exacerber l’état de vulnérabilité des
personnes : « Peu importe le contexte politique, social ou
économique, l’État a le devoir moral de s’assurer de l’impact direct
et indirect de ses décisions quant au financement et au déploiement
des programmes publics sur les personnes vulnérables ».
Dans son mémoire, l’Ordre explique que si la vulnérabilité est
souvent associée aux caractéristiques des personnes telles que
l’âge, le genre, la race, la déficience intellectuelle ou le handicap
physique, elle s’avère pourtant, et surtout, attribuable aux
circonstances et aux conditions économiques, sociales et
De gauche à droite, M. Claude Montmarquette, Mme Michèle Bourget,
Mme Lucienne Robillard, M. Robert Gagné, Mme Mireille Filion.
culturelles qui font obstacle à l’intégration et à la participation
sociale de ces personnes. La précarité de l’emploi, le chômage,
les inégalités sociales et économiques, les transformations de
l’État-providence, le renforcement de la logique individualiste, la
mondialisation sont autant de causes de la vulnérabilité sociale
des personnes.
En conclusion, l’Ordre demande à la Commission « de prendre
en compte les impacts directs, indirects et croisés des coupes dans
les programmes sur les plus vulnérables. (…) Les recommandations
de cette commission devraient donc s’inscrire dans la perspective
de favoriser leur intégration et leur participation sociales,
d’améliorer leurs conditions sociales et économiques et concourir,
par le fait même, à réduire les inégalités sociales et économiques et
éliminer la pauvreté ».
Ce document, sous forme de lettre adressée à la présidente de
la Commission, Mme Lucienne Robillard, est accessible dans son
intégralité sur le blogue de l’Ordre, Mots sociaux.
Bulletin de l’OTSTCFQ
N° 125, hiver 2015
21
Des suggestions de la part de notre courtière de connaissances
SITES INTERNET À DÉCOUVRIR
Pleins feux sur le
communautaire
communautaire.ccdmd.qc.ca
Ce site Web vise à promouvoir la
connaissance
des
secteurs
communautaire et de l’économie
sociale au Québec et du rôle que
ceux-ci occupent dans l'insertion
professionnelle et sociale des personnes les plus démunies.
Les nombreuses ressources pédagogiques que l’on trouve
dans ce site (vidéos, scénarios pédagogiques, exercices)
permettent de se familiariser avec des exemples concrets
d’insertion sociale et professionnelle au sein de divers
organismes communautaires.
Mon choix mon toit
monchoixmontoit.com
Le projet Mon choix mon toit résulte
d’un
partenariat
initié
par
l’Association des établissements de
réadaptation en déficience physique
du Québec (AERDPQ) et l’Association
québécoise d’établissements de santé
et de services sociaux (AQESSS) en
collaboration
avec
le
milieu
communautaire. Fruit d’un travail de deux ans de cueillette
d’information et de revue de littérature, le site s’adresse à tout
ceux concernés par des projets d’habitation pour les
personnes ayant des déficiences physiques.
DOCUMENTS
Comprendre et prévenir le risque suicidaire
chez les personnes présentant une déficience
intellectuelle ou un trouble du spectre de l’autisme :
consultation d’experts
Bardon, C., Morin, D., Ouimet, A.-M. et Mongeau, C. (2014)
Montréal : CRISE-UQAM et CRITED et Montréal
bit.ly/12K60ls
Ce document fait le point
sur les connaissances
scientifiques et cliniques
concernant le risque
suicidaire
chez
les
personnes présentant
une
déficience
intellectuelle ou un trouble du spectre de l’autisme et formule
des recommandations pour la recherche et la pratique.
Le Privilège de redonner du pouvoir – portrait d’un
réseau public spécialisé, aux pratiques éprouvées
ACRDQ
bit.ly/1sg0tdr
Ce document vise à
faire connaitre à la
population l’existence de ressources
22
Bulletin de l’OTSTCFQ
N° 125, hiver 2015
spécialisées, susceptibles de répondre aux besoins précis des
quelque 5 % de la population que la consommation d’alcool
ou de drogue, ou les jeux de hasard et d’argent ont rendu
vulnérables. En plus des témoignages éloquents sur les services de qualité, sécuritaires et gratuits, le document présente
les approches novatrices élaborées par ces incontournables
ressources que sont les centres de réadaptation en dépendance du Québec.
ProfIL : le Centre de référence sur la nutrition du
Département de nutrition de l’Université de Montréal
prof-il.org
Mené par Extenso, il
s’agit d’un projet multiplateforme financé par
Movember Canada, qui
s’adresse aux professionnels de la santé francophones qui œuvrent auprès
d’hommes atteints de troubles de l’alimentation et de l’image
corporelle.
Rapport sur La gouvernance en santé au Québec
IRIS (Institut de recherche et d’informations socioéconomiques)
bit.ly/1wY3tBV
Les réformes successives
du réseau de la santé et
des services sociaux
visent toutes à accroitre
les contrôles et la
concurrence plutôt que
la coopération. Réflexion
intéressante tirée de la
conclusion d'un rapport de l’IRIS. À lire ou à relire.
La responsabilité des soins aux aînés au Québec :
du secteur public au privé, publié
Institut de recherche en politiques publiques.
bit.ly/1yN1teU
Cette étude retrace le
chemin parcouru depuis
un demi-siècle, examinant
d’abord la législation, les
incitatifs
fiscaux
et
financiers tout comme
l’évolution de l’offre de
services pour les soins
dispensés en établissement
et à domicile.
Elle dresse ensuite un
portrait de la situation : le nombre de places d’hébergement
dans le secteur public, le rôle joué par le privé dans le
domaine de l’hébergement, le financement et beaucoup
d’autres éléments importants.
PORTRAITS STATISTIQUES
LIVRES
Les jeunes Canadiens
fournissant des soins
bit.ly/1wajjYj
À partir des données de l’Enquête
sociale générale (ESG) de 2012 sur
les soins donnés et reçus, le présent
rapport décrit le nombre de jeunes
soignants au Canada, les relations de
ces soignants avec les bénéficiaires
des soins, l’intensité des soins et les
types de soins fournis. En conclusion, le rapport souligne
l’incidence des responsabilités d’aidant sur les jeunes soignants
et examine les conséquences possibles sur leur scolarité, leur
travail rémunéré et leur santé mentale et physique.
Recueillir la parole de l’enfant
témoin ou victime
Cyr, M. (2014)
Cet ouvrage s’adresse aux enquêteurs
des services de police, aux
intervenants sociaux qui travaillent au
sein d’organismes de protection de
l’enfance, aux pédopsychiatres, aux
médecins et aux psychologues qui
reçoivent des révélations des enfants
dans le cadre de leur pratique
professionnelle ou qui peuvent être
appelés à fournir une expertise psycholégale ou à évaluer la
crédibilité du récit de ces enfants.
Décrochage scolaire chez les élèves du secondaire du
Québec, santé physique et mentale et adaptation
sociale : une analyse des principaux facteurs associés
Pica, Lucille A, et autres. (2014)
Québec : ISQ.
bit.ly/XdBE8r
Le cadre familial influence
beaucoup le risque de
décrochage d’un jeune : la
pauvreté, le manque
d’encadrement ou le
faible taux de scolarité des
parents représentent des facteurs aggravants. Les garçons
demeurent plus sujets à mettre un terme à leurs études et
courent un plus grand risque encore s’ils travaillent plus de 16
heures par semaine. Fumer la cigarette, consommer des
drogues et de l’alcool, avoir une santé mentale défavorable,
adopter des conduites imprudentes sont des exemples de
facteurs associés au décrochage.
PUBLICATIONS GOUVERNEMENTALES
Contrer la banalisation de
l'exploitation sexuelle : une
contribution au
développement de relations
égalitaires entre filles et
garçons - Ça sexprime
MSSS, UQAM, MELS et Tel-Jeunes
bit.ly/163YK6v
Forme de violence bien réelle,
mais trop bien cachée encore,
l’exploitation sexuelle détruit
beaucoup de jeunes vies. Les
images et messages projetés par
les vidéoclips déforment la réalité et brouillent la vision des
adolescents quant aux relations de couple; une problématique
très lourde de conséquences. Ce numéro se penche sur la
question, il précise la notion de consentement et propose des
avenues pour prévenir et intervenir auprès des jeunes victimes.
OUTILS
Le document vidéo « Sur le
chemin de l'autisme »
Cynthia Brosseau, T.S.
Hôpital Rivière-des-Prairies
bit.ly/1341cZr
Il s’agit d’un outil clinique permettant
aux intervenants du milieu de
l’autisme de soutenir les parents dans
leur processus d’adaptation face au
diagnostic. C’est une incursion
sensible et éclairante dans l’univers
des familles qui vivent avec l’autisme.
Outil Web interactif de sensibilisation à la violence
au travail
www.violenceautravail.ca/
L’équipe
de
recherche
VISAGE du Centre d’étude
sur le trauma a récemment
lancé un outil Web qui vise à
sensibiliser les travailleuses
et les travailleurs aux réalités
de la violence en milieu de
travail.
Dossier intitulé « Droit et santé mentale :
ce qu'il faut savoir »
Éducaloi
bit.ly/1GaT2Fn
Les problèmes de santé
mentale sont une réalité
quotidienne pour des
milliers de Québécois et
leurs proches. La maladie
a de nombreux aspects
juridiques. Pourtant l'information est souvent éparpillée ou
difficile à comprendre. Dans ce dossier, Éducaloi rassemble et
rend accessible au grand public les réponses aux questions
fréquentes.
Bulletin de l’OTSTCFQ
N° 125, hiver 2015
23
Deux journées de formation et d’échange
sur la thérapie conjugale et familiale
Conférence présentée par Mme Catherine Ducommun-Nagy
Les 23 et 24 octobre dernier, l’Ordre et le comité de la thérapie
conjugale et familiale ont organisé une conférence sur le trouble
des conduites et l’éthique relationnelle. Mme Catherine
Ducommun-Nagy, docteure en psychiatrie et psychothérapie
d’enfants et d’adultes et invitée à titre de conférencière pour
l’occasion, a parlé aux quelques 75 participants de la thérapie
contextuelle et la dimension relationnelle en faisant appel à sa vaste
expérience et aux recherches et travaux de M. Iván BöszörményiNagy, psychiatre. Invités à titre de panélistes, Lyne Douville, T.C.F.,
Roch Pelletier, T.C.F. et Daniel Puskas, psychothérapeute ont aussi
participé aux échanges, notamment sur un cas clinique, avec Mme
Ducommun-Nagy. Ces deux journées ont également été l’occasion
pour nos membres participants de suivre une formation continue
en lien avec l’exercice de la psychothérapie.
Biennale Unaforis 2014 :
Les formations sociales en
transformation; l’affaire de tous?
NOUVELLE
PUBLICATION
L’Ordre présente sa vision quant à
la formation continue de demain
En novembre, à Paris, le président
de l’Ordre, M. Claude Leblond,
T.S., participait à la biennale de
l’Union nationale des associations
de formation et de recherche en
intervention sociale (UNAFORIS),
édition 2014. Intitulée Les
nouvelles
technologies
de
l’information en support à la
formation
continue,
cette
présentation levait le voile sur la
façon avec laquelle l’Ordre
entrevoit la dispensation de la
formation continue au cours des
prochaines années. « La vraie question n’est plus de savoir si les nouvelles
technologies ont leur place dans une offre de formation; la vraie question c’est
comment faire en sorte qu’elles aient un maximum d’impact sur l’engagement,
la motivation, l’apprentissage et la réussite des apprenants ».
M. Leblond a entretenu son auditoire à propos de la réalité québécoise : vaste
territoire, membres œuvrant partout, même en région éloignée, impact des
coupes budgétaires sur la capacité des membres de se libérer pour assister à
de la formation continue traditionnelle, coûts de déplacements et
d’hébergement élevés, etc. Ainsi, dans le but de rendre son offre de formation
continue plus accessible à tous ses membres, et à coût moindre, l’Ordre table
sur des scénarios lui permettant de passer en mode téléformation, que ce soit
par webdiffusion, webinaires et autres avenues qu’offrent les nouvelles
technologies.
24
Bulletin de l’OTSTCFQ
N° 125, hiver 2015
Pourquoi l'égalité est meilleure pour tous,
par Richard Wilkinson
et Kate Pickett, éditeur
Les Petits matins, traduit de l’anglais (Royaume-Uni)
par André Verkaerer (2013), 2010,
503 pages.
Les membres de l’Ordre
au cœur de l’actualité médiatique!
Au cours des derniers mois, plusieurs membres de l’Ordre ont été présents
dans le paysage médiatique. Voici un petit aperçu de ces nombreuses fois où
certains d’entre vous ont été sous les feux de la rampe…
Si vous avez été présent dans les médias, veuillez nous en informer
en écrivant à l’adresse suivante : [email protected] . Nous
serons heureux d’en faire mention dans le Bulletin suivant, ou sur
nos tribunes en ligne!
Juin 2014
6 novembre 2014
L'Express France
Lorraine Filion, T.S., est reconnue au pays et à
l’étranger pour son travail de pionnière en
médiation familiale. Dans une entrevue accordée
à une journaliste française, Isabelle Grégoire,
Mme Filion explique que la médiation familiale
permet de garder le cap sur le bien-être des
enfants plutôt que sur les difficultés conjugales.
Patrick Girard, T.S., présente le Projet de réaffiliation
en itinérance et en santé mentale (PRISM) et le rôle
qu’il y joue à titre de spécialiste en toxicomanie.
4 octobre 2014
En entrevue, Denis Bourque, T.S., titulaire de la
Chaire de recherche du Canada en organisation
communautaire, partage ses inquiétudes à
l’aube des consultations sur le projet de loi 10
portant sur la réforme du système de la santé et
des services sociaux.
8 octobre et 14 octobre
Marc-Olivier Pagé, T.S., responsable politique de
l'Alliance du personnel professionnel et
technique de la santé et des services sociaux,
commente la réduction d'effectifs au CSSS
Champlain-Charles-Le Moyne.
18 octobre 2014
Accompagnée de la coordonnatrice, Maude
Santerre, Amélie Bédard, T.S., se réjouit de
l’ouverture imminente à Québec du centre
d'hébergement LUNE, un refuge pour les
travailleuses du sexe.
11 novembre 2014
La documentariste canadienne Laura Sky dresse
le portrait de victimes collatérales du trouble de
stress post-traumatique : les enfants. Nadia
Kohler, T.S., cofondatrice du programme E=MC³,
explique les interventions dont profitent les
familles à la base Valcartier en vertu de ce
programme, lequel a d’ailleurs été repris partout
au Canada.
20 novembre 2014
En novembre, l’Hôpital Rivière-des-Prairies lançait
Sur les chemins de l’autisme, une vidéo traitant du
vécu des parents d’enfants aux prises avec ce
trouble, de l’annonce du diagnostic jusqu’à
l’adaptation à cette réalité parsemée de défis.
Cynthia Brousseau, T.S., l’instigatrice du projet,
livrait en entrevue les constats qui l’avaient
amenée à développer cet outil et les bienfaits
qu’il apporte aux familles et aux intervenants
œuvrant dans ce domaine.
29 novembre 2014
Jacqueline LaBrie, T.S., médiatrice en divorce et
séparation, fait état de l’évolution naturelle du
couple et du sentiment amoureux.
30 octobre 2014
3 décembre 2014
En commission parlementaire, accompagné de
Pierre-Paul Malenfant, T.S. et vice-président et
de Lucie D’Anjou, T.S, le président de l’Ordre,
Claude Leblond, T.S., livre un vibrant plaidoyer
en faveur des services à la population qui sont
menacés par le projet de loi 10.
Yvon Bureau, T.S. et Ghislain Leblond,
coprésidents du Collectif Mourir digne et libre
soulignent les cinq ans de l’ouverture de la
Commission Soins de fin de vie.
L’OTSTCFQ prend l’Influenza
en grippe!
Cet automne, à l’invitation du directeur général et secrétaire de l’Ordre, Sylvio Rioux, T.S., les
membres du personnel de la permanence ont relevé leur manche pour recevoir le vaccin contre
l’Influenza. Par ce geste, M. Rioux tenait à s’assurer de la bonne santé de ses troupes, tout en faisant
un clin d’œil aux travailleurs sociaux, principalement ceux œuvrant dans le réseau, qui doivent
également se prêter à l’exercice!
Bulletin de l’OTSTCFQ
N° 125, hiver 2015
25
L’utilisation illégale des titres de travailleur
social et de thérapeute conjugal et familial
UE DU
ainsi que l’exercice illégal des activités CHRONIQD
N IC
Y
S
réservées aux mebres de l’Ordre
Marcel Bonneau, T.S.
Syndic
Collaboration :
Me Richard Silver, T.S., avocat
Conseiller juridique
Le 10 octobre 2014, le Conseil d’administration de l’Ordre
adoptait une mise à jour de la Politique et procédure pour
intervenir dans les situations d’utilisation illégale d’un titre ou
d’exercice illégal d’une activité réservée.
Les dispositions législatives relatives à l'utilisation illégale d’un
titre professionnel et l’exercice illégal de la profession s'appliquent
à l'ensemble des ordres professionnels au Québec. Pour les
professions à titre réservé, seule l’utilisation du titre est réservée à
l’usage exclusif des membres en règle.
Depuis le 20 septembre 2012, certaines activités énumérées
dans le Code des professions sont désormais réservées aux
travailleurs sociaux et aux thérapeutes conjugaux et familiaux. À
partir de cette date, à l’exception de personnes désignées par la
loi ou par règlement (personnes inscrites au registre des droits
acquis, le registre des criminologues, étudiant ou stagiaire),
l’appartenance à l’Ordre est essentielle pour exercer certaines
activités professionnelles.
Les activités réservées (présentées et expliquées sur le site de
l’Ordre, à l’adresse suivante : bit.ly/1A55XxY) sont partagées avec
d’autres professions. La seule exception concerne l’activité
d’évaluation psychosociale d’une personne dans le cadre des
régimes de protection du majeur ou du mandat donné en
prévision de l’inaptitude du mandant, activité exclusive aux
travailleurs sociaux.
RAPPEL DU CADRE JURIDIQUE
Utilisation illégale des titres de travailleur social (T.S.) ou
de thérapeute conjugal et familial (T.C.F.)
En vertu de l'article 36(d) du Code des professions, seule une
personne qui est titulaire d'un permis valide à cette fin et qui est
inscrite au tableau de l'Ordre peut :
4 utiliser le titre de « travailleur social » ou « travailleuse
sociale » (« social worker »);
4 s'attribuer les initiales « T.S.P. », « P.S.W. ». « T.S. » ou « S.W. »;
4 utiliser un titre, des initiales ou une abréviation pouvant
laisser croire qu'il est « travailleur social »;
4 utiliser le titre « thérapeute conjugal(e) et familial(e) »,
« thérapeute conjugal(e) », « thérapeute familial(e) »;
4 s’attribuer les initiales « T.C.F. »; « T.C. », « T.F. », « M.F.T. »,
« M.T. » ou « F.T. »;
4 utiliser un titre, des initiales ou une abréviation pouvant laisse
croire qu’il est « thérapeute conjugal et familial » (marriage
and family therapist).
Situations les plus couramment dénoncées à l’Ordre :
Une personne se désigne comme travailleur social ou
thérapeute conjugal et familial;
26
Bulletin de l’OTSTCFQ
N° 125, hiver 2015
4 par écrit, dans un document, un dépliant, sur une carte
professionnelle, sur un site Internet, par une signature d'un
formulaire pour une compagnie d'assurances;
4 verbalement, au téléphone, à son client, à un partenaire,
devant le tribunal, lors d'une conférence, etc.
Une personne se laisse désigner comme travailleur social ou
thérapeute conjugal et familial :
4 en toute connaissance, dans un rapport d'un autre
professionnel, dans une revue, dans des réunions
multidisciplinaires, par une secrétaire/réceptionniste, etc.;
4 à son insu : sur un site Internet, dans un article de journal,
etc. Dans une telle situation, la personne n’est pas en faute,
mais l’éditeur du média peut l’être.
L'utilisation illégale des titres de T.S. et de T.C.F. est dans
certains cas imputable à la méconnaissance de la loi par la
personne utilisant l’un de ces titres ou à une organisation.
Dans d'autres cas, l'utilisation illégale du titre est plutôt
imputable à la mauvaise foi de certaines personnes ou encore
de certaines organisations, lesquelles permettent l’utilisation
d’un titre professionnel sans interroger la personne sur son
appartenance réelle à l’ordre du titre utilisé. La jurisprudence
nous montre que l'utilisation illégale du titre est fréquemment
faite par une personne dans le but de rehausser sa crédibilité.1
Suivant l’expérience acquise au cours des dernières années et
les statistiques compilées, la dénonciation quant à l'utilisation
illégale des titres de T.S. et de T.C.F. s’effectue le plus
fréquemment par : 1) un membre de l'Ordre; (2) une personne
du public, plus particulièrement un bénéficiaire pour qui les
services dispensés ne sont pas adéquats ou satisfaisants; (3) un
représentant d’un établissement où travaille la personne
utilisant un titre; (4) une compagnie d'assurances qui veut
vérifier le statut professionnel d'une personne qui aurait signé
un reçu pour services rendus à un assuré.
Bien que plus récente, la dénonciation pour l’exercice illégal
d’une des activités réservées aux membres de l’Ordre se veut
plus ciblée, en lien avec la pratique professionnelle de
personnes œuvrant dans le domaine des relations humaines.
Ainsi, il arrive qu’une personne effectue une activité réservée
alors que :
4 la personne a été radiée de l’Ordre faute de paiement à
temps de sa cotisation;
4 la personne débute en pratique autonome ou, dans son
organisation ou établissement, se voit affectée à de
nouvelles responsabilités professionnelles dans un nouveau
champ d’activité professionnelle.;
g
CHRONIQUE DU
SYNDIC
L’utilisation illégale des titres de travailleur social et de thérapeute conjugal et familial ainsi que l’exercice illégal des activités réservées aux membres de l’Ordre
4 la personne ne connaît pas les dispositions législatives
entrées en vigueur depuis le 20 septembre 2012 ou tente
sa chance, effectue une ou plusieurs activités réservées afin
de vérifier ses intérêts et sa motivation à poursuivre sa
pratique professionnelle dans ce secteur d’activités.
pénale et non disciplinaire, puisque le Conseil de discipline n’a
juridiction que sur les membres de l’Ordre ou les personnes qui
étaient membres au moment de la commission des actes
reprochés. L’Ordre entamera ces recours prévus au Code des
professions afin de créer un effet dissuasif et protéger le public.
La dénonciation d’un exercice illégal d’une des activités
réservées aux membres de l’Ordre nous provient de : (1) d’un
membre de l’Ordre; (2) d’une personne du public; (3) d’un
représentant d’un établissement où travaille la personne;
(4) d’un syndic suite à une enquête conduite auprès d’un
membre de l’Ordre.
À titre d’information, le Conseil d’administration autorise
annuellement une ou deux poursuites pénales contre une
personne refusant de se conformer aux dispositions établies sur
le sujet. Chaque dossier déposé devant les membres du Conseil
d’administration fait l’objet d’une étude rigoureuse avant
qu’une poursuite ne soit entamée.
Pour toute dénonciation faite à notre Ordre à ce sujet, la preuve
recueillie en la matière doit, non seulement démontrer qu’il y a eu
utilisation illégale du titre ou exercice illégal d’une des activités
réservées aux membres de l’Ordre, mais que cette infraction a été
commise sciemment2, en toute connaissance de cause.
Sanctions
Toute personne qui commet une telle infraction est passible
d'une amende d'au moins 1 500 $ et d'au plus 20 000 $ pour
chaque infraction. En cas de récidive, le minimum et le
maximum de l’amende sont portés au double.3 Ces amendes
sont versées à l'Ordre.
ORIENTATIONS PRISES PAR L’ORDRE
Responsabilités confiées du Bureau du syndic
Le Conseil d’administration a confié au syndic et aux
membres du Bureau du syndic le mandat de recevoir les
dénonciations en la matière et de mener les enquêtes dans les
situations d’utilisation illégale des titres de T.S. et de T.C.F. ainsi
que d’exercice illégal des activités réservées aux membres de
l’Ordre. Le syndic bénéficie de l’immunité prévue à l’art. 193.7
du Code des professions dans l’actualisation de ce mandat.
Information et avertissement
L’Ordre n’exerce pas de poursuite lors d’une première
infraction. Nous nous limitons à informer la personne mise en
cause des dispositions législatives en la matière en lui indiquant
l’obligation de respecter lesdites dispositions et du même coup,
l’enjoignant de respecter l’usage des titres de T.S. ou de T.C.F.
de même que l’obligation de devenir membre en règle de
l’Ordre pour accomplir l’une des activités réservées aux
membres de l’Ordre. L’avertissement transmis par courrier
recommandé à la personne mise en cause contient toutes les
informations quant aux recours légaux en cas de récidive. Il
comprend également une suggestion aux personnes disposant
des qualifications nécessaires de devenir membre en règle de
l’Ordre.
Dans le cas où un média d’information est impliqué dans
l’infraction, nous demandons la parution d’une correction.
Poursuite
Le Conseil d’administration de l’Ordre, sur recommandation
du syndic, décide d’autoriser la poursuite contre un
contrevenant après avoir pris connaissance des informations
pertinentes recueillies durant l’enquête à savoir :
4 une infraction d’une personne aux dispositions législatives
décrites précédemment;
4 une preuve démontrant que l’infraction a été commise en
toute connaissance de cause (anciens membres, récidives,
connaissance évidente des dispositions légales en la
matière).
Les poursuites en matière d’utilisation illégale du titre et
d’exercice illégal de la profession relèvent de la procédure
Une nécessité de surveillance
par chaque membre de l’Ordre
En vertu de l'article 4.01.01 j) de notre Code de déontologie,
un membre de l'Ordre commet un acte dérogatoire à l'honneur
et à la dignité de la profession s'il permet à une personne qui
n'est pas membre de l'Ordre de porter le titre de travailleur
social ou de thérapeute conjugal et familial ou d’exercer une
activité réservée aux membres de l’Ordre.
En conséquence, tout membre a l'obligation d'attirer
l'attention de l'Ordre, de son collègue ou de son employeur s’il
se trouve face à une situation non conforme à la loi. Nous
sollicitons la collaboration de vous tous pour identifier des
situations ou une personne ne respecte pas les dispositions
décrites précédemment.
Statistiques en lien avec l’utilisation illégale des titres
L'Ordre a ouvert quelque 366 dossiers relatifs à l'utilisation
illégale du titre de travailleur social et de thérapeute conjugal et
familial depuis l’année 2000 (soit entre 20 et 36 par année) et,
depuis le mois de septembre 2012, cinq dossiers concernant
l’exercice illégal d’une activité réservée. Nous sommes
convaincus que les dénonciations signalées représentent une
proportion minime des infractions commises. En ce qui a trait
aux dénonciations quant à un exercice illégal d’une activité
réservée, les dénonciations débutent et sont susceptibles de
progresser suivant les activités de prévention, d’information
aux membres, au public en général ainsi qu’aux employeurs ou
associations d’établissements. Les orientations adoptées par le
Conseil d’administration de l'Ordre en matière d'utilisation
illégale des titres et d’exercice illégal de la profession ont pour
but de mettre à jour les positions de l’Ordre dans le but
d’assurer la protection du public.
Notes
1.
2.
3.
Voir M. Bonnier, Le traitement des dossiers concernant l'exercice d'une
profession et l'usurpation d'un titre réservé: l'enquête et les différents recours
juridiques utilisés, dans Développements récents en déontologie, droit
professionnel et disciplinaire, SFPBQ, Yvon Blais, Cowansville, 2001, 1 à 38.
Code des professions, art. 188,1.
Code des professions, art. 188.
Bulletin de l’OTSTCFQ
N° 125, hiver 2015
27
Ces lois qui nous gouvernent
Par Isabelle Lavoie, T.S.
Étienne Calomne, T.S.
Syndics adjoints
DU
CHRONIQUE
SY N D I C
Me Véronique Brouillette, procureure du Bureau du syndic, a collaboré à la révision des aspects juridiques de cet article.
Nos professions sont encadrées par des lois, des règlements, des normes de pratique, des directives propres aux établissements
du réseau. Nos enquêtes démontrent chez les professionnels une relative confusion quant à la préséance de l’une ou l’autre de
ces dispositions. Nous nous proposons d’établir les principes régissant l’application de ces diverses règles et d’illustrer ces mêmes
principes.
Les dispositions légales et normatives et les principes
d’application
La Charte des droits et libertés du Québec
Les lois particulières
= Loi sur les services de santé et les services sociaux (LSSSS)
= Loi sur la protection de la jeunesse (LPJ)
= Loi sur le système de justice pénale pour adolescents
(LSJPA)
Les lois à portée générale
= Code civil du Québec
= Code des professions du Québec
Les règlements
= Code de déontologie
= Règlement sur la tenue des dossiers
= Règlement sur la conciliation et l’arbitrage de comptes
Le législateur cherche à favoriser la cohérence des lois entre
elles, afin d’éviter des contradictions dans leur interprétation.
Ainsi, le Code de déontologie et le Code civil ne devraient pas se
contredire, par exemple en matière de droit du client à la
confidentialité.
En cas de dispositions potentiellement contradictoires entre
ces dispositions légales et réglementaires (par exemple : le
consentement des clients, prévu au Code civil vs le droit des
établissements d’organiser les services tel que prévu dans la
LSSSS), les lois particulières prévalent sur les lois d’application
générale. De plus, les lois prévalent sur les règlements; ainsi, le
Code des professions prime sur le Code de déontologie.
La Charte des droits et libertés constitue une exception à ce
principe, puisqu’elle prime sur toutes les lois du Québec, à
moins d’une dérogation expresse (par exemple : le pouvoir des
syndics d’avoir accès à des informations confidentielles
g
Le cœur de votre organisaon.
Opportunités de carrières chez Shepell
Shepell est le principal fournisseur canadien de programmes d'aide aux employé(e)s et à la famille.
Nous sommes reconnus pour notre experse en dépistage, évaluaon, intervenon et encadrement des employés et de leur
famille. À tre de travailleur social, vous fournirez aux clients du counseling de courte durée, mais vous jouerez également
un rôle de facilitateur en recommandant des ressources communautaires lorsque la situaon l'exige.
Nous sommes présentement en recrutement:
• Conseiller PAEF (temps plein ou temps parel)
• Conseiller Service d'intervenon post-traumaque
(indépendant ou salarié)
• Conseiller Programme de Souen au travail
(indépendant ou salarié)
En plus du tradionnel counselling en personne,
nous ulisons des modalités novatrices tel que le
téléphonique, vidéo, électronique et clavardage.
Cela nous permet d’accomplir ce qui est le plus
important pour nous: Faire une différence dans
la vie d’employé(e)s et leur famille.
Appliquez aujourd’hui, au plaisir de faire votre connaissance !
[email protected]
Visitez notre site : www.morneaushepell.com/ca-fr et cliquez sur Carrières
28
Bulletin de l’OTSTCFQ
N° 125, hiver 2015
g
CHRONIQUE DU
SYNDIC
Ces lois qui nous gouvernent
s’applique nonobstant le devoir de confidentialité des
professionnels).
Les lois et règlements sont incontournables et des sanctions
peuvent y être incluses en cas de contravention (exemple :
l’utilisation illégale du titre de T.S. ou de T.C.F. prévue au Code
des professions est passible d’une amende).
Les normes de pratique
Il existe des normes écrites (nous référons aux normes
générales de pratique et aux lignes directrices élaborées par
l’OTSTCFQ dans différents champs de pratique tels que
l’adoption internationale, l’évaluation psychosociale pour les
régimes de protection, l’expertise en matière de garde d’enfants
et de droits d’accès) et des normes non écrites mais
généralement admises dans la profession.
Ces normes n’ont pas de valeur légale et, en cas de
dérogations potentielles, elles doivent, sauf exception, être
soumises à l’interprétation d’un professionnel reconnu pour son
champ d’expertise, à plus forte raison lorsque la norme n’est pas
écrite. Cependant, la contravention à une norme peut constituer
une infraction déontologique (en vertu de l’article 3.01.07).
Les directives internes aux organisations
Ces lignes de conduite n’ont pas de valeur légale. Elles doivent
respecter les lois et règlements en vigueur et pourraient se voir
opposer les normes de pratique professionnelle en cas de litige.
Des applications
Les situations qui suivent illustrent les principes décrits
précédemment. Nous mettons cependant en garde le lecteur
contre toute association de ces vignettes à d’autres situations
apparemment semblables; certains éléments propres à ces
situations pourraient commander une interprétation différente.
Situation 1
Un centre jeunesse demande aux professionnels mandatés
pour émettre des recommandations en matière de garde
d’enfants de ne pas considérer les antécédents des relations
parents – enfants (un père qui n’aurait pas eu de contacts avec
ses enfants durant 3 ans), pour se concentrer sur les capacités
parentales actuelles. Les lignes directrices propres au champ de
pratique requièrent de décrire la qualité de la relation de l’enfant
avec chacun de ses parents, ainsi que l’adaptation de chaque
parent au divorce et à l’accomplissement de ses rôles sociaux. La
directive interne du Centre jeunesse n’a pas préséance
sur les normes de pratique.
Situation 2
Une travailleuse sociale justifie l’absence de plans
d’intervention dans ses dossiers par l’absence d’exigence du
CSSS à cet égard. La LSSSS prévoit aux articles 102 et 103 qu’un
établissement doit élaborer un plan d’intervention pour ses
usagers. Le règlement (article 3 – 4°) et les normes sur la tenue des
dossiers (p. 48) exigent l’élaboration d’un plan d’intervention. En
conséquence, l’absence de directive ou de formulaire
pour l’élaboration d’un tel plan au sein d’un
établissement ne justifie pas le manquement identifié.
Situation 3
Dans certains services de soutien à domicile (CSSS),
l’employeur considère que l’outil d’évaluation multi-clientèle
(OEMC) constitue une évaluation psychosociale. L’article 3.01.07
requiert des travailleurs sociaux d’exercer conformément aux
normes de pratique. L’annexe 1 du Guide de normes sur la tenue
des dossiers précise les éléments que devrait contenir une
évaluation psychosociale. Le même Guide de normes (p. 35)
mentionne que les formulaires multi-clientèles ne peuvent tenir
lieu d’évaluation psychosociale. En conséquence, la norme
édictée par l’OTSTCFQ a préséance sur la politique interne
et l’outil OEMC, malgré sa pertinence, ne peut à lui seul
être considéré comme une évaluation psychosociale.
Références
• Code de déontologie des membres de l’Ordre des travailleurs sociaux et des
thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec, c. C-26, r.286, mis à jour en
2009.
• Règlement sur la tenue de dossiers et des cabinets de consultation des
membres de l’Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et
familiaux du Québec, c. C-26, r. 297, mis à jour en 2009.
• OPTSQ, Les normes de pratique professionnelle des travailleurs sociaux, juin
1993.
• OPTSQ, Guide de normes sur la tenue des dossiers, décembre 2005.
• OPQ, OPTSQ, ACJQ, Lignes directrices pour l’expertise en matière de garde
d’enfants et des droits d’accès, février 2006.
PL 21 et droits acquis
Ayant été consulté par des établissements du réseau de la
santé et des services sociaux, l’Ordre des travailleurs sociaux et
des thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec (OTSTCFQ)
et l’Ordre professionnel des sexologues du Québec (OPSQ)
travaillent conjointement dans le but d’éclaircir la situation
quant au droit d’exercer, pour certains sexologues, ce qui
s’apparenterait à l’activité réservée notamment aux travailleurs
sociaux et qui consiste en « l’évaluation du fonctionnement
social d’une personne atteinte d’un trouble mental ou
neuropsychologique attesté par un diagnostic ou par une
évaluation effectuée par un professionnel habilité » (PL 21,
2009, c. 28).
Rappelons que l’OTSTCFQ autorisait, à la demande de
l’Office des professions du Québec, les personnes formées en
sexologie à exercer cette activité afin d’éviter une rupture de
services, et ce, jusqu’à la création de l’OPSQ, en 2013.
L’OTSTCFQ et l’OPSQ estiment que cet éclaircissement
témoignera de leur volonté commune d’adopter une approche
souple dans le but d’assurer la continuité des services, dans un
contexte de réforme législative majeure du domaine de la santé
mentale et des relations humaines.
Bulletin de l’OTSTCFQ
N° 125, hiver 2015
29
Appel À contributions
INTERVENTION
Revue Intervention Numéro 143 (HIVER 2016)
Travail social et déterminants sociaux de la santé :
regard sur les actions et stratégies en vue de réduire
les inégalités sociales de santé
L’existence des inégalités sociales de santé est non seulement un phénomène qui, depuis longtemps, figure dans l’histoire
des sociétés, mais également un phénomène bien documenté par la recherche en sciences humaines et sociales (Goldberg
et al. 2002; Guinchard, Potvin, 2010). C’est à partir du début du 20e siècle que les recherches en épidémiologie sociale
vont tenter de quantifier le phénomène bien connu de la moins bonne santé et de la plus brève espérance de vie chez les
pauvres que chez les riches par la démonstration que l’espérance de vie, le taux de mortalité et la présence de maladies
chroniques varient en fonction des catégories socio-économiques. Plus précisément, les recherches constatent un gradient
de santé, c’est-à-dire que les états de santé sont gradués selon les différentes strates sociales. Par ailleurs, depuis le début
du 20e siècle, les recherches n’ont pas seulement quantifié les écarts de santé entre groupes sociaux, mais ont également
voulu les expliquer en démontrant que ces écarts sont fortement corrélés aux mauvaises conditions de vie, d’hygiène et de
travail.
Ainsi, à partir du 20e siècle, un changement de paradigme s’est opéré. Celui-ci repose désormais sur l’idée que le fort taux
de mortalité et la faible espérance de vie ne sont pas le fruit de prédispositions génétiques ou des mauvaises habitudes de
vie des pauvres aux comportements délétères, mais sont plutôt causés par des facteurs sociaux. Depuis ce changement de
paradigme, les recherches dans ce domaine n’ont cessé de peaufiner analyses et modèles théoriques afin de démontrer
l’influence des facteurs sociaux dans l’existence d’états de santé différenciés entre catégories socio-économiques. Parmi les
facteurs sociaux, nous retrouvons : les politiques sociales, économiques et de santé, les conditions de logement, les
conditions de travail, le chômage et la sécurité de l’emploi, le filet de sécurité sociale, l’éducation, la petite enfance, le
revenu, l’exclusion sociale, mais aussi des facteurs tels que, les milieux sociaux et familiaux, les milieux de vie et les réseaux
sociaux (Mikkonen, Raphaël, 2011).
Concernant plus spécifiquement le domaine du service social, plusieurs changements structurels ont modulé et encadré
les pratiques des intervenants ces dernières décennies, le dernier en lice étant l’adoption du projet de loi 211. Dans la
même lignée, l'Ordre, porté par la volonté de mieux définir la pratique de ses membres, mène depuis plusieurs années des
travaux à propos de la profession de travailleur social et des exigences liées à son exercice. Ces travaux ont abouti à la
production de plusieurs documents de référence, notamment le nouveau Référentiel d'activités professionnelles lié à
l'exercice de la profession de travailleur social disponible depuis décembre sur le site de l'OTSTCFQ. Il est évident que ces
« encadrements » ont un impact sur les pratiques quotidiennes des membres de l'Ordre, sur les milieux de formation des
futurs travailleurs sociaux et, conséquemment, sur ceux et celles qui se joindront à la profession sous peu. Nous pouvons,
par exemple, penser qu'en raison de l'adoption du projet de loi 21, de nombreux intervenants psychosociaux,
actuellement non éligibles à un ordre professionnel, feront le choix, au cours des années à venir, de retourner sur les bancs
d’école afin d’avoir accès à un titre professionnel reconnu.
Cependant, en dépit du développement des connaissances dans le domaine des inégalités sociales de santé, il apparaît
encore aujourd’hui que, non seulement les inégalités sociales de santé n’ont pas reculé, mais qu’elles persistent et
s’aggravent (De Koninck, Fassin, 2004). Pourtant, les études axées sur les déterminants sociaux de la santé s’entendent
pour dire qu’en matière de réduction des inégalités, il existe, si on peut le dire ainsi, des stratégies gagnantes. Ces
stratégies sont des actions à visées globales situées hors du champ strictement dévolu à la santé (Organisation mondiale
de la santé, 2008). Elles ciblent notamment l’action intersectorielle, les politiques sociales en matière de réduction de la
pauvreté et de redistribution de la richesse, l’amélioration des conditions et des milieux de vie des groupes les plus
défavorisés, l’accès à un logement décent et abordable, la lutte contre le décrochage scolaire, les services à la petite
enfance, mais également le renforcement des liens sociaux, le développement des communautés, la capacité d’agir
individuelle et la mobilisation citoyenne (Boisvert; 2013, De Koninck; 2008; Guinchard, Potvin; 2010; Paquette, Leclerc,
Bourque, 2014).
En outre, les actions orientées vers la réduction des inégalités sociales de santé rejoignent le travail social à plusieurs
niveaux. Premièrement, comme profession, le travail social s’est développé en grande partie en réaction aux inégalités
sociales et à leur impact sur la vie, la santé et le quotidien des personnes tant au plan individuel que collectif (OTSTCFQ,
2013). Deuxièmement, témoin au quotidien des répercussions réelles qu’ont les conditions de vie des personnes sur leur
qualité de vie, le travail social a développé toute une expertise pour intervenir à la jonction des personnes et de leur
environnement en tenant compte de leur réalité subjective, de leurs conditions de vie, de leurs rôles sociaux et de leur
réseau, dans une perspective de pouvoir d’agir, de pleine citoyenneté et de justice sociale (OTSTCFQ, 2013).
Troisièmement, considérant l’expertise développée en travail social de même que l’état des connaissances concernant les
déterminants sociaux de la santé, les grandes associations et regroupements en travail social font actuellement valoir
publiquement la légitimité, voire la responsabilité des travailleurs sociaux de demeurer engagés dans la lutte contre les
inégalités sociales à travers leur pratique professionnelle. Plus précisément, ils rappellent l’importance et le devoir de
poser des actions à l’échelle macrosociale et microsociale dans le but de renforcer à la fois les communautés et les
individus qui les composent (OTSTCFQ, 2013).
30
Bulletin de l’OTSTCFQ
N° 125, hiver 2015
Appel À contributions (suite)
INTERVENTION
Revue Intervention Numéro 143 (HIVER 2016)
En regard de ce contexte, la revue Intervention lance un appel à contributions afin que chercheurs et professionnels en travail
social issus de tous les milieux de pratiques fassent part de leurs réflexions, analyses et résultats de recherche et projets
d’intervention quant aux actions à mener visant la réduction des inégalités sociales en matière de santé. En quoi certaines
approches ou modèles d’intervention sont-ils plus spécifiquement orientés vers la réduction des inégalités sociales de santé?
Quelles sont les retombées attendues et les résultats obtenus? Considérant également le contexte actuel de médicalisation et
de psychologisation des problèmes sociaux, quels sont les obstacles ou enjeux rencontrés dans le développement de stratégies
qui ciblent les déterminants sociaux?
Par ailleurs, tout en sachant que de nombreux modèles et approches d’intervention développés dans les milieux de pratique
ne sont pas nommément sous l’égide de cette définition proposée des déterminants sociaux, la revue Intervention invite
également chercheurs et professionnels à revisiter leurs données et analyses selon l’angle des déterminants sociaux de la santé
afin d’apporter une contribution au développement de stratégies efficaces en matière de lutte contre les inégalités sociales.
Nous attendons avec intérêt votre contribution.
Pour le Comité de la revue Intervention
Sarah Boucher-Guèvremont, T.S., M.Sc., rédactrice en chef
en collaboration avec :
Mari-Lyne Roc, T.S., M.Sc., chargée d’affaires professionnelles, OTSTCFQ
Alain Hébert, T.S, M.Sc., chargée d’affaires professionnelles, OTSTCFQ
Références
1Boisvert, R. (2013). « Réduction des inégalités sociales de santé : dispositions actancielles et intelligence collective au
service du développement des communautés », Nouvelles pratiques sociales, vol.26, no.1, p.197-214.
De Koninck, M. et D. Fassin (2004). « Les inégalités sociales de santé, encore et toujours », santé, société et solidarité,
no.2, p.5-12.
De Koninck, M. (2008). « Un regard multidisciplinaire sur la construction des inégalités sociales de santé »,
p.57-84, dans Frolich, K., De Konninck, M., Demers, A. et P. Bernard (sous la dir.), Les inégalités sociales de santé
au Québec, Montréal : Les Presses de l’Université de Montréal.
Goldberg, M., Melchior, M., Leclerc, A. et F. Lert (2002). « Les déterminants sociaux de la santé : apports récents de
l’épidémiologie sociale et des sciences sociales de la santé », Sciences sociales et santé, vol.20, no.4, p.75-128.
Guinchard, A. et L. Potvin (2010). « Pourquoi faut-il s’intéresser aux inégalités sociales de santé?, p.35-51 dans
Potvin, L., Moquet, M.J. et C.M. Jones (sous la dir.), Réduire les inégalités sociales de santé, St-Denis :
INPES, coll. Santé en action.
Mikkonen, J. et D. Raphael (2011). Déterminants sociaux de la santé : les réalités canadiennes, Toronto :
École de gestion et de politique de la santé de l’Université York.
Organisation mondiale de la santé (2008). Combler le fossé en une génération : instaurer l’équité en santé en agissant
sur les déterminants sociaux de la santé, rapport final de la Commission des déterminants sociaux
de la Santé.
OTSTCFQ (2014). L’intervention sociale individuelle en santé mentale dans une perspective professionnelle.
Énoncé de position, Montréal : OTSTCFQ.
Paquette, J., Leclerc, B-S. et S. Bourque (2014). La santé dans tous ses états : les déterminants sociaux de la santé.
Trousse pédagogique, Montréal : CSSS de Bordeaux-Cartierville–Laurent-CAU.
Date limite de réception souhaitée
pour soumettre un article :
22 JUIN 2015
Pour toute question relative à cet appel à contributions, vous êtes invités à consulter notre site Internet à l’adresse suivante :
www.otstcfq.org/intervention ou à communiquer avec :
Sarah Boucher-Guèvremont, T.S., M.Sc., rédactrice en chef
Téléphone : 514-731-3925, poste 251
Courriel : [email protected]
Bulletin de l’OTSTCFQ
N° 125, hiver 2015
31
Téléchargement