S No 125 HIVER 2015 Poste publication convention 1502662 www.otstcfq.org DU AU 2 20 2 2 15 8 M AR SE DE M TR S AI NE SO A CI VAI AU LL X EU RS À L’INTÉRIEUR : AFFICHE OFFICIELLE DE LA SEMAINE ET AVIS PROFESSIONNEL SOMMAIRE Mot du président 3 Mot du directeur général et secrétaire 6 Les courants internationaux en appui à la position de l’Ordre 13 Réalisation d’une trousse pédagogique sur les déterminants sociaux de la santé 15 Le stress traumatique secondaire et ses effets sur les travailleurs sociaux 16 la permanence ET LES ADMINISTRATEURS DE L’ORDRE Administrateurs La permanence LISTE DES MEMBRES DU CONSEIL D’ADMINISTRATION 2014-2015 DE L’ORDRE DES TRAVAILLEURS SOCIAUX ET DES THÉRAPEUTES CONJUGAUX ET FAMILIAUX DU QUÉBEC Secteur travail social Région 01/11 - Bas-St-Laurent/ Gaspésie/Îles-de-la-Madeleine Pierre-Paul Malenfant, T.S. Région 02 - Saguenay/Lac-St-Jean Danièle Tremblay, T.S. Région 03/12 - Capitale-Nationale/ Chaudière-Appalaches Lucie D’Anjou, T.S. Madeleine Beaudry, T.S. Serge Turcotte, T.S. Région 04/17 - Mauricie/Centre-du-Québec Claude Leblond, T.S. Région 05 - Estrie Claudette Guilmaine, T.S. Région 06/13 - Montréal/Laval Louise Couture, T.S. Sonia Cisternas, T.S. Mary-Dave Guiateu, T.S. Marie-Andrée Laramée, T.S. Suzanne Thibodeau-Gervais, T.S. Maude Fréchette, T.S. Région 07 - Outaouais Guylaine Ouimette, T.S. Région 08/10 - Abitibi/Témiscamingue/ Nord-du-Québec Rolande Hébert, T.S., T.C.F. Région 09 - Côte-Nord Sandra Fortin, T.S. Région 14/15 - Lanaudière/Laurentides Vacant Région 16 - Montérégie Rachel Bonneau, T.S. Cassandra Fusco, T.S. Secteur thérapie conjugale et familiale Michel Trozzo, T.C.F. Membres externes nommés par l'Office des professions Stépan Boivin Denis Bruneau Jacques Carl Morin Gisèle Gadbois 255, boulevard Crémazie Est, bureau 800 Montréal (Québec) H2M 1L5 ISSN-1924-892X Poste publication convention 1502662 Dépôt légal : 1er trimestre 2015 Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2015 Bibliothèque et Archives Canada, 2015 N.B. L’OTSTCFQ a établi une politique sur le contenu publicitaire. Celle-ci est disponible sur demande, ou en consultant notre site Internet au <www.otstcfq.org>. Téléphone : Télécopieur : Sans frais : 514 731-3925 514 731-6785 1 888 731-9420 Liste par services et numéros de boîtes vocales Présidence Président Assistante à la présidence Claude Leblond, T.S. Sara Veilleux poste 232 poste 287 Direction générale Directeur général et secrétaire Assistante de direction Courtière de connaissances Secrétaire intérimaire Sylvio Rioux, T.S. Marie-Cécile Pioger Geneviève Cloutier, T.S. Lucie Robichaud poste 226 poste 224 poste 297 poste 245 Direction des services administratifs et des technologies de l’information Directrice Sylvie Tremblay Chargée de projets Nicole Picard, T.S. Assistante aux ressources humaines et coordonnatrice à la logistique d’événements Rose-Myrlène Dorival Technicienne en administration Carolina Loyola Commis intermédiaire Mélissa Nourry Agent de service à la clientèle David Painchaud Technicienne à la paye et aux comptes payables Hélène Talbot Réceptionniste (contractuelle) Marie-Ève Pothier poste 241 poste 239 poste 237 poste 280 poste 285 poste 0 Direction des communications Directeur Rédactrice en chef Agente de communication Secrétaire Secrétaire Luc Trottier Sarah Boucher–Guévremont, T.S. Anouk Boislard Lucie Borne Isabelle Tessier poste 244 poste 251 poste 223 poste 295 poste 225 Marielle Pauzé, T.S. Natalie Beauregard, T.S. Lyse Gautier, T.S. Alain Hébert, T.S. Marijo Hébert, T.S. Marie-Lyne Roc, T.S. Jean-Yves Rheault, T.S. poste 238 poste 243 poste 296 poste 292 poste 281 poste 231 poste 234 Isabelle Poirier Marthe Bernard Marie-Eve Lessard Tatiana Petrova poste 235 poste 291 poste 293 poste 293 Service juridique Conseiller juridique Richard Silver, T.S., avocat poste 227 Direction des admissions Directrice intérimaire Chargée de projets Chargée de projets Assistante de direction Secrétaire (admission, médiation familiale) Secrétaire (admission/réadmission) Marie Galarneau, T.S. Marie-Ève Chartré, T.S. Pauline Morissette, T.S. Sylvie Poirier Carole Piché Fannie Lefebvre poste 278 poste 269 poste 296 poste 240 poste 249 poste 351 Marcel Bonneau, T.S. Jean-Pierre Bordeleau, T.S. Étienne Calomne, T.S. Cristian Gagnon, T.S., T.C.F. Isabelle Lavoie, T.S. Joan Simand, T.S. Nathalie Fiola poste 333 poste 246 poste 222 poste 247 poste 242 poste 253 poste 242 Me Maria Gagliardi Lucie Robichaud poste 245 Marie-Eve Lessard poste 293 Direction du développement professionnel Directrice intérimaire Directrice Chargée de projets Chargé d’affaires professionnelles Chargée d’affaires professionnelles Chargée d’affaires professionnelles Responsable du programme de l’inspection professionnelle Assistante de direction Secrétaire Secrétaire (inspection) Secrétaire Bureau du syndic Syndic Syndics adjoints Assistante de direction Conseil de discipline Secrétaire au conseil de discipline Secrétaire intérimaire au contrôle de l’exercice professionnel (discipline) Comité de révision Secrétaire au contrôle de l’exercice professionnel poste 230 poste 286 Courriel Pour rejoindre un permanent de l’Ordre, inscrivez la première lettre du prénom suivie du nom de famille et ajoutez @otstcfq.org. 2 Bulletin de l’OTSTCFQ N° 125, hiver 2015 mot du président Word from the President Claude Leblond, T.S., M.S.s. Président Le projet de loi 10 porte atteinte à la prestation des services sociaux En octobre dernier, j’ai présenté le mémoire de l’Ordre devant la commission de la santé et des services sociaux concernant le projet de loi 10 déposé par le ministre Gaétan Barrette. Une analyse rigoureuse nous a permis d’affirmer, devant le ministre, que sous sa forme originale, le projet de loi risquait de porter sérieusement atteinte à la prestation des services sociaux pour l’ensemble de la population et surtout pour les personnes les plus vulnérables. Un peu avant le congé des Fêtes, nous avons à nouveau réagi alors que le ministre proposait un amendement retirant la compétence dans le domaine des services sociaux de la liste des profils des futurs membres des CA de CISSS. Au moment d’écrire ces lignes, nous étions toujours dans l’attente de développements à cet effet. C’est un dossier que nous suivrons de très près et sur lequel nous vous tiendrons informés. Je vous invite d’ailleurs à prendre connaissance de l’article portant sur ce sujet à la page 14 du présent bulletin. Des dossiers majeurs au CA du 12 décembre En prévision de l’entrée en vigueur du règlement portant sur la formation continue obligatoire, les administrateurs ont adopté le document intitulé La formation continue obligatoire à l’OTSTCFQ : orientations, implications relatives au développement et modalités de gestion. Ils ont également convenus que la gestion et le développement de la formation continue soient exercés par l’Ordre en tenant compte des opportunités et contraintes internes et externes. Les administrateurs ont mandaté le président afin qu’il demande à l’Office des professions d’effectuer les démarches nécessaires afin d’intégrer au Règlement sur les diplômes délivrés par les établissements d’enseignement celui délivré en thérapie conjugale et familiale par l’Université McGill qui accueillait la première cohorte de ce programme en septembre dernier. De plus, trois documents importants ont été adoptés. Il s’agit du plan de développement du programme d’inspection professionnelle pour les années 2015 – 2018, les Normes d’encadrement de la pratique autonome des travailleurs sociaux ainsi que le Guide pour la pratique autonome des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux. Des ressources humaines supplémentaires pour faire cheminer les dossiers T.C.F. Après analyse du rapport produit par le groupe de travail chargé d’étudier le dossier de la thérapie conjugale et familiale, es administrateurs ont adopté une résolution selon laquelle l’Ordre affectera dans les meilleurs délais une nouvelle personne à titre de chargé d’affaires professionnel T.C.F. (en sus du poste existant, mais vacant). La priorité de ces personnes sera d’identifier et d’ordonnancer les dossiers en lien avec le développement de la profession de thérapeute conjugal et familial et la protection du public. Bill 10 affects the delivery of social services Last October, I presented the Order’s brief to the Health and Social Services Commission on Bill 10 tabled by Minister Gaétan Barrette. We demonstrated to the minister that, in its original form, the bill could seriously affect the delivery of social services to the population as a whole and, in particular, to the most vulnerable members of society. The Order will be asking the Office des professions to include, in its by-law on diplomas issued by teaching establishments, McGill University’s diploma in couples and family therapy. Three important documents were also adopted. These are the 2015-2018 plan for the development of the professional inspection program, the Standards document providing a framework for the independent practice of social work, and the Guide for the independent practice of social work and couples and family therapy. As soon as possible, the Order will also appoint a new person to assume responsibility for professional affairs in the field of couples and family therapy. The first order of business will be to identify and prioritize files relating to the development of the profession of couples and family therapist and the protection of the public. 2015 Social Work Week From March 22 to 28, we will be celebrating Social Work Week. On the program: an update of the Turbulences exhibit, which integrates two new vignettes. Efforts put forth by the Communications Department will be supported by the return of our promotional TV campaign, Faire un pas, which will air as of early March. Semaine des travailleuses sociales et des travailleurs sociaux 2015 Du 22 au 28 mars, nous célébrerons la Semaine des travailleurs sociaux. Au programme, une mise à jour de l’exposition Turbulences, qui intègre deux nouvelles vignettes. Les efforts déployés par la direction des communications seront décuplés par le retour en ondes, à la télé, de notre campagne promotionnelle Faire un pas, à compter du début mars. Mais cette Semaine, c’est d’abord la vôtre. Nous comptons donc sur votre participation pour en faire un succès. Et n’oubliez surtout pas d’arborer fièrement votre affiche de la Semaine dans vos milieux de travail! L’ORDRE DÉPLACE SON ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ANNUELLE À L’AUTOMNE La taille de notre organisation (plus de 12 000 membres) rend de plus en plus long et complexe le processus de production des états financiers vérifiés, documents qui doivent être déposés lors de l’assemblée générale annuelle. Le défi est d’autant plus grand que l’Ordre tient depuis toujours son AGA au mois de juin, ce qui laisse peu de temps aux vérificateurs externes pour faire leur travail avec toute la rigueur requise. Ainsi, sur recommandation du directeur général et secrétaire, Sylvio Rioux, T.S., les administrateurs ont résolu de déplacer l’assemblée générale annuelle des membres de l’OTSTCFQ du printemps (juin) à l’automne dans le cadre d’un évènement rassembleur. Nous vous invitons donc à suivre de près nos communications (Bulletin, Infolettre) afin d’être informés quant à la nature, le lieu et la date de cet évènement et de l’AGA 2015. Bulletin de l’OTSTCFQ N° 125, hiver 2015 3 mot du directeur général Word from THE et secrétaire EXECUTIVE Director AND SECRETARY 2015. Déjà! Je me permets d’abord de nous offrir en mon nom personnel et au nom du personnel de l’Ordre, nos meilleurs souhaits pour une année 2015 qui vous comblera, je l’espère, tant professionnellement que personnellement. Puisque la tradition veut que nous abordions une nouvelle année en traçant un bilan de nos réalisations et en regardant les défis qui nous attendent, c’est l’exercice que je vous propose. Malgré les bouleversements liés à notre déménagement en mars et aux impacts majeurs du « déluge » que nous avons subi en juin, l’Ordre a été très actif dans une foule de dossiers en lien avec sa mission première de protection du public et une de ses priorités liées à la promotion de nos deux professions. 2014 a marqué la fin du cycle des Journées annuelles de formation continue (JAFC) sous leur forme Sylvio traditionnelle ainsi que de notre partenariat avec l’Université de Rioux , T.S. Sherbrooke pour la dispensation de la formation continue. 2015 sera Directeur général donc une année de transition qui permettra de prendre la relève dès et secrétaire 2016. Cependant, dès maintenant, nous sommes à pied d’œuvre dans la modernisation et l’organisation de la formation continue et nous nous tournons entre autres, vers les nouveaux modes de dispensation que nous offrent les technologies de l’information. Alors que nous nous apprêtons à mettre en opération le règlement rendant obligatoire la formation continue, ces changements arrivent à point. Comme nous le faisons depuis toujours, nous avons participé, en 2014, à plusieurs débats publics portant sur des sujets touchant nos deux professions. Je pense ici au projet de loi 10 du ministre Barrette, les discussions et forums entourant la problématique de l’intimidation, l’intervention sociale et la santé mentale, etc. Cette année, nous serons tout aussi présents et actifs pour défendre les valeurs qui nous sont chères, observer l’évolution de ces changements et réagir, au besoin. 2014 a été une année charnière, à l’Ordre, au chapitre de la visibilité et de la promotion. Nous avons en effet lancé notre première campagne promotionnelle télévisuelle incitant le public à visionner le court métrage Faire un pas. Alors que nous nous apprêtons à lancer la phase II de cette campagne, plus de 500 000 personnes ont visionné le film en ligne. J’espère que vous en faites partie! Parallèlement, la tournée de l’expo-photo Turbulences a pris forme et se poursuivra au cours de la prochaine année. Nous avons également établi solidement notre présence sur les médias sociaux et nos deux activités phares, la Semaine des travailleurs sociaux et celle des thérapeutes conjugaux et familiaux prennent chaque année de plus en plus d’ampleur. Puisque la protection du public constitue notre principal mandat, nous avons déployé les efforts nécessaires pour raccourcir au maximum (moins de 9 mois) les délais de prise en charge des dossiers soumis au syndic. Dans le même esprit, le nouveau portail d’inspection professionnelle a fait son apparition, permettant ainsi d’augmenter le nombre de membres que nous pouvons inspecter, avec une approche à la fois plus conviviale et plus approfondie, axée sur les compétences. Du côté de l’admission, nous avons fait face et continuerons de faire face à une quantité importante de demandes de permis, en provenance d’ici comme d’ailleurs. À ce niveau également, le support informatique nous est d’une grande utilité. Un défi constant : faire en sorte que les demandes de permis par équivalence soient étudiées soigneusement, tant pour la protection du public que pour les demandeurs. Et après l’adhésion vient le renouvellement! Grâce aux efforts déployés à l’interne, déjà en 2014, 90 % de nos membres ont procédé au renouvellement de leur adhésion en ligne, éliminant ainsi une importante perte de temps, d’énergie et de papier, de quoi en être fier collectivement. Nous sommes l’un des ordres professionnels les plus performants à ce sujet. De façon à remplir nos tâches de plus en plus nombreuses avec efficacité et qualité, j’ai amorcé une révision de nos ressources et de notre fonctionnement clérico-administratif. Les résultats de cette analyse nous permettront de faire des ajustements en cours d’année. Enfin, toute bonne organisation doit se doter d’outils efficaces pour bien structurer son travail, 4 Bulletin de l’OTSTCFQ N° 125, hiver 2015 2015. Already! Allow me, at the outset, to offer you, on my behalf and that of the Order’s personnel, our best wishes for 2015, a year, which I hope will be fulfilling on both a personal and professional level. Since tradition dictates that we start the new year by taking stock of our achievements and looking at the challenges that lie ahead, this is what I propose to do. 2014 marked the end of the cycle of annual ongoing training days in their traditional form as well as our partnership with the University of Sherbrooke for the provision of ongoing training. 2015 will therefore be a transitional year that will enable us to take over as of 2016. Right now, however, we are working on modernizing an organizing ongoing training and looking into, among others, new ways of dispensing this training thanks to information technology. Given that we are preparing to implement a by-law making ongoing training compulsory, these changes are quite timely. As we have always done, in 2014, we took part in several public debates on topics that have an impact on our two professions. I refer, among others, to Minister Barrette’s Bill 10, discussions and forums on the issue of bullying, social intervention and mental health, etc. This year, we will be every bit as present and active in defending the values we hold dear, observing the evolution of these changes and responding as needed. 2014 was a pivotal year for the Order, where visibility and promotion were concerned. In fact, we launched our first television campaign, inciting the public to view the short film “Faire un pas”. As we prepare to launch phase II of this campaign, more than 500,00 persons have already viewed the film online. I hope you were one of them! Since protecting the public is our key mandate, we have taken the necessary measures to reduce as much as possible (less than 9 months), the timeframe for handling files submitted to the syndic. In this same spirit, the new professional inspection portal was introduced, making it possible to increase the number of members we can inspect, using a more in-depth and convivial approach based on competencies. In terms of admissions, we have and will continue to deal with a significant number of permit applications from here and elsewhere. And after memberships come renewals! Thanks to work conducted in-house, in 2014, 90% of our members had renewed their membership online. An important reflection process conducted in 2014 further allowed us to develop a list of the statutory activities and one-off mandates we will mot du directeur général Word from THE et secrétaire EXECUTIVE Director AND SECRETARY utiliser judicieusement ses ressources humaines et financières ainsi que pour identifier ses priorités. Une importante réflexion, menée en 2014, nous a permis de dresser la liste de nos activités statutaires et des mandats ponctuels que nous devons relever. Nous sommes maintenant à mettre la dernière main à un plan opérationnel triennal 2014-2017 dont j’aurai l’occasion de vous reparler prochainement. Cet exercice sera également suivi de la prochaine planification stratégique 2015-2019 qui s’amorcera au printemps. En terminant, je voudrais vous redire ma fierté et ma motivation à travailler au sein de notre ordre. À cet égard, je dresse un bilan des plus positifs de ma première année en tant que directeur général et secrétaire de l’Ordre. Je vous assure que nous serons tout aussi vigilants et actifs, en 2015, dans tous ces dossiers qui ont une incidence sur notre société et sur nos deux professions. Je m’en voudrais de terminer ce mot sans remercier chaleureusement tous les bénévoles qui œuvrent à l’Ordre, qui contribuent de leurs compétences, sans compter leur temps, tant au niveau des comités et des groupes de travail qu’au sein du conseil d’administration, sans, bien sûr, oublier notre personnel qui réalise au quotidien un travail exceptionnel. Je leur réitère mon appréciation pour le travail inlassable jour après jour, toujours avec la même rigueur et le même engagement. Merci à tous et bonne année 2015! be required to carry out. We are now putting the final touches to a three-year 2014-2017 operating plan about which I will be speaking to you soon. This exercise will also be followed by the 2015-2019 strategic planning process to begin in the spring. In closing, I would like to reiterate my pride and motivation in working within our Order. In this regard, I view the achievements of my first year as Secretary and Executive Director of the Order in a most positive light. I can assure you that, in 2015, we will remain every bit as vigilant and active in addressing all matters that impact our society and our two professions. My thanks to all, and my best for 2015! Bulletin de l’OTSTCFQ N° 125, hiver 2015 5 PRINCIPALES RÉSOLUTIONS DU CONSEIL D’ADMINISTRATION DE L’ORDRE Lors de sa séance du 10 octobre 2014, sur propositions dûment appuyées : Le Conseil d’administration adopte le mandat 2014-2015 du Comité sur la gouvernance, le plan d’action pour la réalisation dudit mandat, la durée de son mandat et les membres le composant. Il nomme Mme Stéphanie Éthier, T.S., et M. Jean-Rosemond Dieudonné, T.S., membres du Comité des admissions et des équivalences. Il adopte la nouvelle appellation du Comité des finances qui devient le Comité d’audit et des finances. Il adopte le document Procédures et modalités pour combler un poste d’administrateur vacant. Il adopte le mandat 2014-2015 du Comité d’audit et des finances, le plan d’action pour réaliser son mandat, la durée de son mandat et les membres le composant. Finalement, il adopte le document Politique et procédures relatives à l’utilisation illégale des titres de travailleur social et de thérapeute conjugal et familial ainsi qu’à l’exercice illégal des activités réservées aux membres de l’Ordre. Décès de Mme Jacqueline Prud’homme, T.S., T.C.F. « J’ai connu un long et riche parcours. Lorsqu’on est enthousiaste pour une cause, on doit s’accrocher et tracer le chemin pour que les autres puissent apprécier ce que l’on a effectué et reprendre le flambeau ». Ces quelques mots furent prononcés par Mme Prud’homme, en 2008, alors qu’elle recevait la mention de membre Émérite de l’Ordre. Reconnue au Québec et en Europe, à titre de conférencière et formatrice, Mme Jacqueline Prud’homme, décédée le 28 décembre, nous lègue un riche héritage au chapitre de l’avancement et du rayonnement de nos deux professions. Grande clinicienne, superviseure et formatrice, Mme Prud’homme fut co-fondatrice de l’Institut québécois de psychothérapie. Au-delà de ses qualités et compétences professionnelles, tous ceux qui l’ont côtoyé ont vu en elle une grande humaniste, une personne dévouée et empathique. Mme Prud’homme, née Champagne, laisse dans le deuil sa fille Monique et ses deux fils, Jean et Philippe et, bien sûr, des centaines de travailleurs sociaux et thérapeutes conjugaux et familiaux. 6 Bulletin de l’OTSTCFQ N° 125, hiver 2015 Campagne télévisuelle Faire un pas Une nouvelle rencontre avec le public! L’année dernière, nous diffusions la première campagne de sensibilisation télévisuelle de notre histoire. Étant d’abord un court métrage, Faire un pas proposait au public une incursion dans diverses réalités troublantes et situait l’intervention d’un travailleur social ou d’un thérapeute conjugal et familial au cœur de ces problématiques. Le message télévisuel invitait le public à visionner le film en ligne, sur un site dédié à la campagne, et où ils pouvaient en apprendre davantage sur nos deux professions. En mars 2015, la phase II de cette campagne télévisuelle prendra l’antenne, principalement sur les chaînes spécialisées. Nous visons donc une approche plus « chirurgicale » en nous concentrant sur des émissions dont les sujets sont en lien direct avec le contenu du film. Cette campagne donnera un nouveau souffle au courtmétrage qui a déjà été visionné par plus de 500 000 personnes. Cette année encore, la campagne prévoit une stratégie d’utilisation des médias sociaux, par le biais du microsite dédié à la campagne ( www.faireunpas.ca ) et par la publication quotidienne d’une série de messages sur nos comptes Facebook et Twitter. Nous prévoyons de plus recourir à du placement publicitaire sur des portails à haute fréquentation (LaPresse.ca, Voir.ca, et plusieurs autres). Enfin, puisque c’est de vous dont il est question (T.S. et T.C.F.) nous comptons sur vous pour propager la bonne nouvelle en incitant vos amis, connaissances et collègues à visiter le site et à visionner le court métrage. Ainsi, grâce à vous, cette nouvelle campagne fera plusieurs pas supplémentaires! Un concours L’édition 2015 de cette campagne propose une nouveauté : les personnes qui visionneront le film seront invitées à faire un pas de plus... en racontant brièvement, par écrit, une expérience de vie personnelle au cours de laquelle ils ont dû faire un pas pour briser le cycle de la douleur et retrouver leur équilibre. Le public pourra aussi répondre à quelques questions en lien avec le contenu du film. Parmi ces témoignages et répondants aux questions-quizz, deux noms seront tirés au hasard. Ces personnes se mériteront chacune un forfait d’Hôtellerie Champêtre dans la région de leur choix. Du 22 au 28 mars 2015 La Semaine des travailleuses sociales et des travailleurs sociaux Pour cette nouvelle édition de la Semaine des travailleuses sociales et des travailleurs sociaux, nous avons opté pour la continuité – en misant sur l’impact des problématiques sociales et sur le rôle des travailleurs sociaux auprès des personnes qui vivent ces situations – mais en ajoutant un élément majeur : la possibilité de faire bénéficier l’ensemble des membres, dans chacune des régions, de la visibilité et des retombées de cette semaine. Nous vous proposons donc d’accueillir, ou de ré-accueillir, dans votre région, l’exposition Turbulences : une exposition composée d’une trentaine de photos vibrantes, format géant, des images chocs qui illustrent la diversité de vos pratiques et qui ont été captées dans plusieurs régions, tant en milieu rural qu’urbain. De vrais personnages, dans de vraies situations, des photos à la fois simples, évocatrices, déstabilisantes et émouvantes, accompagnées de courts textes qui viennent contextualiser les personnages et les situations. Déjà, en 2014, Turbulences a permis de prolonger l’impact de la Semaine des travailleurs sociaux, en faisant porter sur une plus longue période l’activité publique et médiatique g Bulletin de l’OTSTCFQ N° 125, hiver 2015 7 liée à la profession. Pour l’édition 2015 de la Semaine, deux nouvelles thématiques feront leur apparition dans l’exposition : l’adoption internationale et l’hyperphagie boulimique. Dans le but de maximiser la portée de la Semaine des travailleurs sociaux, en lien avec Turbulences, de l’affichage sauvage sera fait à Montréal alors qu’à Québec, des affiches géantes seront installées dans des lieux stratégiques. Une fenêtre ouverte sur la profession afin : • d’informer et sensibiliser le grand public face à la profession de travailleur social; • de démontrer les multiples facettes de l’intervention des travailleurs sociaux; • de favoriser les échanges et les rencontres avec le public, les autres professionnels et intervenants, les représentants d’organismes, des médias, etc.; • d’éveiller la relève à la profession de travailleur social. Affichez-vous! Comme le veut désormais la tradition, vous trouverez avec le présent bulletin votre copie de l’affiche grand format de la Semaine des travailleurs sociaux que nous vous invitons à mettre bien à la vue dans votre lieu de travail. Autre nouveauté, nous profitons de l’impression de cette affiche sur la Semaine des travailleurs sociaux pour imprimer, au verso, une affiche générique pouvant être utilisée tout au long de l’année et à toutes les sauces. Si vous avez besoin d’un certain nombre d’affiches supplémentaires, communiquez avec Lucie Borne, secrétaire à la direction des communications ( [email protected] ). Surveillez vos courriels C’est par courriel que nous vous informerons, de tous les détails entourant Faire un pas II et Turbulences (Semaine des travailleurs sociaux 2015) : liste des placements télévisuels, lieux d’affichage, etc. Restez à l’affût! Cette année encore, Turbulences est présent en ligne sur le site dédié à la Semaine des travailleurs sociaux : www.travailsocial.ca Le Bulletin recherche des auteurs pour un dossier spécial «Les déterminants sociaux de la santé » DOSSIER SPÉCIAL Été 2015 Dans un article publié dans la revue Intervention1, le professeur Henri Dorvil écrivait : « C’est dans l’environnement social, économique et culturel de l’individu que se trouvent certains secrets les plus méconnus de sa longévité et de sa bonne santé ». Pour la population, « santé » rime avec « soins médicaux ». Or, les travailleurs sociaux savent fort bien que la santé en général – et la santé mentale en particulier – dépendent en grande partie des conditions de vie de la personne. Les déterminants sociaux de la santé (DSS). En effet, plusieurs recherches ont mis en évidence le rôle crucial des DSS sur la santé des individus et des populations. Ces DSS que constituent le chômage, la sécurité d’emploi et les conditions de travail, le filet de sécurité sociale, l’insécurité alimentaire, la petite enfance, le revenu et la répartition du revenu, le sexe, l’éducation, l’exclusion sociale, les handicaps, le logement, la race, les services de santé 2 – pour ne nommer que ceux-ci – sont considérés par les travailleurs sociaux lorsqu’ils Cette thématique vous inspire? Vous souhaitez nous soumettre un texte (individuellement ou en groupe)? Vous contribuerez ainsi au rayonnement de votre expertise parmi vos pairs. Votre texte aura un maximum de 750 mots. Nous nous chargeons de la révision linguistique. Idéalement, vous nous ferez également parvenir une photo de vous, seul ou en groupe en contexte de travail. effectuent l’évaluation du fonctionnement social d’une personne et lorsqu’ils interviennent auprès de celle-ci, d’un groupe ou d’une collectivité. C’est sur ce sujet que nous vous invitons à partager vos récits de pratique dans le prochain dossier du Bulletin. • Quelle importance accordez-vous aux DSS dans votre travail? • Quels DSS sont les plus présents auprès de votre clientèle et ceux auxquels vous accordez le plus d’importance? • Quelles problématiques avez-vous déjà résolues en tenant compte des DSS? Avez-vous des exemples à partager? • Croyez-vous que les DSS sont suffisamment pris en compte dans notre système de santé et de services sociaux? Avez-vous des exemples à partager? • Avez-vous l’occasion de faire valoir l’importance des DSS au sein d’équipes interdisciplinaires ou de tables intersectorielles? Quelle est la réception des autres professionnels et intervenants à ce sujet? IMPORTANT : Vous devez le plus rapidement possible nous faire part de votre intention de soumettre un texte en précisant les angles que vous comptez toucher afin que nous puissions planifier le contenu du Bulletin. Pour signifier votre intention d’écrire un texte ou pour nous le faire parvenir, communiquez avec Anouk Boislard, agente d’information et responsable du bulletin, à l’adresse courriel suivante : [email protected] . Note 1. 2. Travail social et déterminants de la santé, Henri DORVIL, Ph. D., T.S., professeur, UQAM, revue Intervention, no 139, pages 75 à 78. M. Dorvil a reçu la mention de membre émérite de l’Ordre en 2014. Inspiré de Mikkonen et Raphael, 2011. Date de tombée : votre texte doit nous parvenir au plus tard le 22 mai 2015. 8 Bulletin de l’OTSTCFQ N° 125, hiver 2015 Pratique autonome et travailleurs sociaux : Des normes d’encadrement « Quels sont les éléments à considérer avant de se lancer en pratique autonome? Existe-t-il des obligations particulières? Qu’est-ce que l’Ordre recommande comme profil de départ? Puis-je en faire dès le début de ma pratique? Qu’est-ce qui serait aidant et quels moyens puis-je me donner pour assurer une pratique professionnelle autonome de qualité? » Voilà le genre de questions qui sont régulièrement soumises à l’Ordre par des travailleurs sociaux intéressés par la pratique autonome. Jusqu’à maintenant, l’Ordre fournissait un avis professionnel et des recommandations à ce sujet. Soucieux de mieux baliser l’exercice des travailleurs sociaux en pratique autonome, le Conseil d’administration a demandé au comité de la pratique autonome de réfléchir sur cette question et de formuler un avis. En 2011-2012, le Comité de la pratique autonome déposait au Conseil d’administration le fruit de sa réflexion et proposait d’instaurer des mesures d’encadrement sous forme de normes, lesquelles ont été élaborées puis déposées et adoptées récemment par le Conseil d’administration. Le document, intitulé « Normes d’encadrement de la pratique autonome des travailleuses sociales et des travailleurs sociaux » a été rédigé en collaboration avec Mme Gaétane Petit, T.S., présidente du comité de la pratique autonome, en concertation avec un groupe de travail composé de plusieurs membres dont les premières réflexions remontent à 2010. L’OTSTCFQ remercie toutes ces personnes et souhaite que ce document – dont la diffusion est prévue pour le printemps 2015 – réponde aux attentes des travailleurs sociaux en pratique autonome. Dans le prochain numéro du Bulletin, nous vous proposerons une analyse de ces normes. Enfin, une nouvelle édition du Guide de la pratique autonome, complètement révisée, plus complète que jamais, sera également publiée au printemps 2015. Restez vigilants pour ne rien manquer! Dans le cadre de son partenariat avec les éditions Protégez-vous, l’Ordre a déjà publié trois textes! Le premier traitait du passage à la vie adulte, le second de la médiation familiale et le troisième abordait la maltraitance chez les aînés. Suivez nos tribunes en ligne pour être avisé de chacune des publications! Bulletin de l’OTSTCFQ N° 125, hiver 2015 9 Bilan psychosocial des relations de couple entre conjoints de même sexe Jean Decoster, Ph. D., psychologue [email protected] Bien que les relations de couple entre conjoints de même sexe fassent maintenant l’objet d’une pleine reconnaissance sur le plan juridique, dans notre pays, ce mode de vie suscite encore de l’incertitude chez certains professionnels quant à ses bienfaits sur la qualité de vie et l’épanouissement des personnes concernées. Que dit la littérature scientifique à ce sujet? Nous avons analysé les résultats d’études sur le fonctionnement psychologique et social de couples de même sexe ainsi que sur la qualité de leur relation. Lawrence Kurdek est l’un des principaux chercheurs à s’être intéressé aux relations de couples de même sexe sous l’angle de leur dynamique affective et relationnelle. Celui-ci (2004, 2005) a démontré que les quatre facteurs généralement considérés par les spécialistes en sciences sociales comme des déterminants et des indicateurs éprouvés de la qualité de la relation au sein des couples homme-femme sont également applicables avec une grande fiabilité aux couples de même sexe. Ces facteurs sont : 1- les caractéristiques personnelles de chaque conjoint (ses traits de personnalité, sa maturité psychologique); 2- l’adaptation psychologique (la façon dont les conjoints perçoivent et envisagent leur relation, les valeurs qu’ils priorisent et souhaitent actualiser au sein de leur couple, la confiance par exemple, leurs attentes sur les plans affectif et sexuel); 3- la dynamique relationnelle dans le couple (la façon dont les conjoints communiquent entre eux, la qualité du support qu’ils se témoignent, leur façon de résoudre leurs conflits, leur capacité d’intimité, leur mode de sexualité); 4- la qualité du support qu’ils reçoivent de la part de leur entourage (les membres de leur famille, leurs amis, leurs collègues de travail). Pas de différence quant à la qualité des facteurs qui disposent à construire une vie de couple saine et harmonieuse En soumettant ces facteurs à une évaluation comparative chez des couples de même sexe et de sexe opposé, celui-ci n’a pas trouvé de différences significatives, si ce n'est que les couples de femmes démontrent de meilleures compétences à résoudre leurs conflits et que les couples de même sexe reçoivent un soutien moins fort de la part de leur milieu familial. L’auteur en arrive ainsi à la conclusion que les conjoints de même sexe ne présentent pas de différence par rapport à ceux de sexe opposé quant à la qualité des principaux facteurs qui les disposent à construire une vie de couple saine et harmonieuse. Un groupe de chercheurs dirigé par Glenn Roisman (2008) a établi, en effectuant des évaluations psychométriques auprès de conjoints de même sexe, que ceux-ci démontrent une qualité d’adaptation dans leur vie de couple identique à celle rapportée par des couples hétérosexuels lors de recherches précédentes. Les résultats qu’ont obtenus Kimberly Balsam et ses collaborateurs (2008), en effectuant également des mesures psychométriques, 10 Bulletin de l’OTSTCFQ N° 125, hiver 2015 confirment ceux de Kurdek et de Roisman quant à la qualité de la relation des conjoints de même sexe et du niveau de satisfaction qu’ils éprouvent dans leur relation de couple (ressentir du bien-être, du confort émotionnel et des sentiments positifs au sein de leur relation et sentir que celle-ci contribue à leur épanouissement personnel). La qualité des relations intimes sur le plan psychologique ne diffère pas significativement L’étude précédemment citée de Balsam et de ses collaborateurs (2008) a également fait ressortir une très grande qualité d’intimité chez les conjoints de même sexe, confirmant ainsi la conclusion que tirait Gregory Herek (2006, p. 611) à ce sujet : « La qualité des relations intimes sur le plan psychologique ne diffère pas significativement en ses points essentiels selon que le couple est composé de deux hommes, deux femmes ou d’un homme et une femme »1. Mentionnons à cet égard que Register et Henley (1992, p. 475 et 476) et plus tard Patrick et Beckenbach (2009, p. 4 et 5) ont montré qu’une saine intimité vécue au sein d’une relation amoureuse a pour effet d’améliorer le bien-être affectif et l’estime de soi des partenaires et de favoriser leur cheminement vers une plus grande maturité. Kurdek (2005) a également mis en évidence que tout comme chez les couples hétérosexuels, la qualité de la relation au sein d’un couple homosexuel constitue un excellent indicateur de la stabilité et de la longévité de leur relation. Une étude longitudinale portant sur l’évolution de la relation au sein du couple (Kurdek, 2008) a montré que la qualité de la relation chez les conjoints de même sexe se situait, après dix ans de vie commune, un niveau similaire à celle enregistrée au début de leur relation. Bien qu’il soit souhaitable que les résultats de cette recherche soient corroborés par d’autres études avant d’en généraliser la portée, ils font ressortir une forte possibilité que la qualité de la relation ait tendance à se maintenir dans le temps chez bon nombre de couples de même sexe et à favoriser ainsi la stabilité et la longévité de leur union. Les résultats de ces recherches démontrent que les personnes d’orientation homosexuelle sont aptes, au même titre que leurs homologues hétérosexuels, à développer des relations de couple stables et harmonieuses qui enrichissent leur qualité de vie et favorisent leur épanouissement. Ces résultats suggèrent également que la possibilité pour un couple de vivre une telle qualité de relation dépend principalement de la maturité psychologique des conjoints et de la qualité de la communication entre eux, indépendamment de leur orientation sexuelle. g Bilan psychosocial des relations de couple entre conjoints de même sexe En mentionnant dans son ouvrage encyclopédique sur la sexualité humaine que la plupart des personnes d’orientation homosexuelle recherchent des relations amoureuses qui sont faites d’amour, de confiance, de souci de l’autre, de partage et d’engagement, Crooks (2003, p. 231, 232) vient appuyer notre constat en mettant cette fois l’accent sur les valeurs qui sont priorisées par les partenaires et la motivation qui les anime. Des conclusions et des responsabilités en conséquence Convenir qu’une relation de couple entre conjoints de même sexe constitue un mode de vie positif implique certaines responsabilités sur le plan professionnel, dont celle de dispenser aux personnes d’orientation homosexuelle des services qui favorisent la pleine actualisation de leur personnalité sur les plans affectif et relationnel. Les établissements d’enseignement supérieur ont la responsabilité de préparer les futurs professionnels à intervenir adéquatement auprès de cette clientèle et de produire par leurs recherches des connaissances objectives qui vont soutenir les efforts déployés en vue de démystifier cette réalité. Soulignons également l’importance des campagnes d’information dans les médias visant à renseigner adéquatement la population sur la réalité des relations amoureuses entre personnes de même sexe, afin de réduire la discrimination et la violence à l’endroit de cette minorité et de favoriser leur bien être, leur santé, leur intégration sociale et leur plein épanouissement sur tous les plans. NDLR : Pour accéder à la liste complète des références, veuillez trouver ce texte en ligne, sur le blogue de l’Ordre : www.motssociaux.com. Note : 1. Traduction libre, par l’auteur, de : « That the psychological qualities of intimate relationships do not reliably differ in key respects according to weather the couple consist of two men, two women or a man and a woman ». La modernisation de la formation continue UNE HISTOIRE À SUIVRE! En décembre 2014, la direction du développement professionnel présentait au Conseil d’administration un plan de développement de la formation continue pour les années à venir. Ceci était devenu essentiel, d’une part parce que le partenariat de quatre ans avec l’Université de Sherbrooke (par lequel elle assume la gestion et le développement de la formation continue depuis 2011) se termine à l’été 2015 et, d’autre part, en raison de l’entrée en vigueur du règlement sur la formation continue obligatoire prévue au 1er avril 2016. Un rôle à assumer pleinement À l’analyse de la situation et en constatant ce qui se fait dans plusieurs ordres professionnels, il devient évident que ce nouveau mandat constitue une opportunité pour l’OTSTCFQ de reprendre le leadership de sa formation continue. À cet effet, le CA de l’Ordre a endossé une approche plus dynamique et démocratique qui pourrait se concrétiser, par exemple, par une diversification accrue de l’offre d’activités pour répondre aux nombreux besoins de formation des membres et à leur situation (spécificité des professions de travailleur social et de thérapeute conjugal et familial, nature des activités professionnelles des membres, expériences diverses, etc.) et par une plus grande accessibilité des activités (activités plus nombreuses, modes de diffusion diversifiés, tarifs plus abordables). La formation continue est un vecteur de compétence important. En ce sens, elle contribue à la mission de protection du public de l’Ordre. Toutefois, la formation continue va bien au-delà de la compétence. Elle participe à faire valoir la marque distinctive des professions de travailleur social et de thérapeute conjugal et familial, à démontrer leurs accomplissements et à accroitre leur statut face à d’autres professions. C’est aussi dans cette optique que devra se poursuivre le développement de la formation continue. C’est un dossier à suivre. L’Ordre porte les déterminants sociaux à l’occasion du deuxième Rendez-vous national sur l’avenir du système public de santé et de services sociaux Des données probantes démontrent clairement la nécessité d’agir sur les déterminants sociaux de la santé afin d’améliorer la santé et le bien-être des personnes et des communautés. Voilà l’essentiel du message livré par le président de l’OTSTCFQ, Claude Leblond, T.S., aux 400 participants du deuxième Rendez-vous national sur l’avenir du système public de santé et de services sociaux, évènement qui se tenait en décembre dernier, organisé par l’Association des établissements de santé et de services sociaux (AQESSS), en collaboration avec la Confédération des syndicats nationaux (CSN) et l’Institut du Nouveau Monde (INM) : « Pour les travailleurs sociaux, il est clair que pour intervenir efficacement sur les déterminants sociaux de la santé, il est essentiel d’obtenir la contribution et le soutien de tous les acteurs de la première ligne du réseau de la santé et des services sociaux. Nous sommes en effet tous et toutes parties prenantes de cette responsabilité populationnelle d’amélioration de sa santé et du bien-être, à laquelle nous convie la Loi sur les services de santé et de services sociaux ». La deuxième partie de la présentation de l’Ordre a été faite par le directeur général et secrétaire, Sylvio Rioux, T.S., qui a capté l’attention de l’auditoire en présentant un cas concret réalisé dans le quartier Mercier-Est de Montréal. Dans ce quartier défavorisé, la Maison des familles, en collaboration avec des travailleurs sociaux et d’autres intervenants, offre plusieurs services qui visent notamment à améliorer l’adaptation des jeunes au milieu scolaire. Cet évènement représentait une belle fenêtre de visibilité pour l’Ordre. À en juger par la réaction des participants, on peut clairement établir que le message a porté. Bulletin de l’OTSTCFQ N° 125, hiver 2015 11 Intervention sociale individuelle en santé mentale Les courants internationaux en appui à la position de l’Ordre À l’automne 2013, l’OTSTCFQ prenait position en affirmant que l’intervention sociale individuelle devait être considérée parmi les pratiques essentielles en matière de santé mentalei. Cette position s’inscrit dans le courant international qui propose une lecture sociale et contextualisée de l’expérience des personnes ayant un problème de santé mentale. Elle prend assise sur l’état des connaissances à propos des déterminants sociaux de la santé mentale et des inégalités sociales ainsi que sur l’expertise des travailleurs sociaux dans le domaine de la santé mentale. LES DÉTERMINANTS SOCIAUX Un impact réel sur la santé mentale De nombreux chercheurs font valoir le caractère éminemment social de la santé mentale (Moreau, 2011; Otero, 2012). Tout récemment, Doucet et Moreau (2014) regroupent, dans le livre Penser les liens entre santé mentale et société. Les voies de la recherche en sciences sociales, une série d’articles invitant à une réflexion sur la nature des liens entre la santé mentale et la société, proposant diverses appréhensions de la santé mentale dans la production des connaissances. L’ouvrage est divisé en quatre thèmes : l’épreuve, les représentations sociales de la folie, l’identité ainsi que les théories et savoirs cliniques en santé mentale. L’étude de concepts comme l’empowerment et les récits de pratique démontrent l’importance des aspects identitaires, culturels et des normes sociales qui influencent tout autant notre compréhension de la santé mentale que les interventions à privilégier. Autre exemple, les travaux de recherche du International Center for Mental Health Social Research de la York University au RoyaumeUni mettent en évidence les perspectives sociales en santé mentale par une approche de parcours de vie. Plus spécifiquement, les chercheurs s’intéressent aux facteurs sociaux, économiques et culturels qui contribuent à améliorer le bien-être et favorisent le rétablissement. La recherche se concentre également sur l’influence des problèmes sociaux sur le développement et l’évolution des problèmes de santé mentale afin de développer et d'évaluer des façons novatrices d'y faire face. En consultant le projet Connecting People Study (connectingpeoplestudy.net), mené par des chercheurs du School for Social Care Research de Londres, nous apprenons que la participation sociale des personnes ayant un problème de santé mentale peut être facilitée par des interventions qui soutiennent le développement des habiletés sociales, la mise en place d’un réseau et la participation dans la communauté. Aussi, certaines caractéristiques des interventions telles le soutien informel, la mise en place d’espaces non-stigmatisants favorisent l’accès aux ressources et le développement d’un réseau de soutien. Réduire les inégalités sociales, c’est intervenir pour améliorer la santé mentale En 2014, l’Organisation mondiale de la santé (OMS), en collaboration avec la Fondation Calouste Gulbenkian, a consacré un ouvrage aux déterminants sociaux de la santé. Au nombre des messages-clés, retenons que la santé mentale et les troubles mentaux courants (troubles anxieux et dépression majeure) sont façonnés en grande partie par les environnements social, 12 Bulletin de l’OTSTCFQ N° 125, hiver 2015 économique et physique dans lesquels vivent les gens et que les inégalités sociales sont associées à une augmentation du risque de plusieurs troubles mentaux courants. La recherche actuelle met en évidence le lien crucial entre les inégalités sociales et la santé, notamment dans le sillage des travaux de Wilkinson et Pickett (2013). Une association étroite entre le statut socio-économique et la santé a été établie au regard de plusieurs facteurs dans toutes les sociétés où elle a été examinée, suivant ce qu’on appelle le gradient de la santé et la santé mentale ne fait pas exception (Dorvil, 2007). Bref, les personnes vivant dans des conditions désavantageuses au plan social et économique sont plus susceptibles de vivre des problèmes de santé mentale. À l’international, le Social Work & Health Inequalities Network - SWHIN est un réseau de chercheurs, professeurs, praticiens et gestionnaires qui vise à promouvoir la recherche, les échanges et les actions de différents acteurs du travail social dans le but de combattre les causes et les conséquences des inégalités en santé. En ce sens, il s’agit d’une contribution importante du travail social quant au développement de savoirs sur les inégalités en santé. Les fondements du travail social au service de la santé mentale L’importance d’agir sur les déterminants sociaux et les inégalités sociales pour améliorer la santé mentale des personnes et des collectivités rejoint le travail social non seulement dans ses fondements historiques, mais également dans ses grands courants actuels. L’Ordre rappelle d’ailleurs dans son énoncé que la profession de travailleur social s’est développée en grande partie en réaction aux inégalités sociales et à leurs impacts sur la vie et la santé des personnes tant au plan individuel que collectif. Cette préoccupation de lutter contre les inégalités demeure d’actualité. Trois organisations internationales regroupant l’ensemble du spectre de la pratique du travail socialii ont défini conjointement une série d’objectifs dans le but de répondre à l’aspiration de justice sociale et de développement social que porte la profession. Le premier des objectifs que l’on retrouve dans le document Global agenda for social work and social development est la promotion de l’égalité sociale et économique. Dans le même sens, la lutte aux inégalités sociales était à l’avant plan lors de la 7e Conférence internationale sur le travail social en santé et en santé mentale tenue du 23 au 27 juin 2013 à la USC School of Social Work à Los Angeles. Témoins au quotidien des répercussions réelles qu’ont les conditions de vie des personnes, particulièrement sur leur santé physique et mentale, les travailleurs sociaux ont développé tout g Intervention sociale individuelle en santé mentale - Les courants internationaux en appui à la position de l’Ordre un savoir pour intervenir à la jonction des personnes et de leur environnement et pour prendre en compte leur réalité subjective, leur contexte et leurs conditions de vie, leurs rôles sociaux et leur réseau, dans une perspective de rétablissement, de pouvoir d’agir, de pleine citoyenneté et de justice sociale. La lutte aux inégalités Une responsabilité professionnelle Considérant toute l’expertise développée en travail social dans le domaine de la santé et de la santé mentale et l’état des connaissances concernant les déterminants sociaux de la santé, les grandes associations et regroupements en travail social font actuellement valoir publiquement la légitimité, voire la responsabilité des travailleurs sociaux de demeurer engagés dans la lutte aux inégalités sociales à travers leur pratique professionnelle (Clark, 2013). Plus précisément, ils rappellent l’importance et le devoir de poser des actions tant à l’échelle macrosociale que microsociale dans le but de renforcer à la fois les communautés et les individus qui la composent (Hudson, 2012). Ceci implique d’agir tant au niveau des structures, des 2015 politiques sociales et du développement des communautés par l’intervention collective qu’en ce qui concerne le soutien des personnes dans le développement de leurs compétences et de leurs ressources personnelles à travers l’intervention sociale individuelle et de groupe (Bywaters, McLeod & Napier, 2009; FITS, 2012; Rosenberg, 2008). NDLR : Pour accéder à la liste complète des références, veuillez trouver ce texte en ligne, sur le blogue de l’Ordre : www.motssociaux.com. Notes i. ii. L’énoncé de position L’intervention sociale individuelle en santé mentale dans une perspective professionnelle est disponible sur le site de l’Ordre : www.otstcfq.org. Les trois organisations sont la Fédération internationale du travail social, l’Association internationale des écoles de travail social et le conseil international d’action sociale (International Federation of Social Workers (IFSW), International Association of Schools of Social Work (IASSW) and the International Council on Social Welfare (ICSW)). 25e anniversaire de l’implication des travailleurs sociaux dans la protection des majeurs inaptes Le curateur public du Québec, Me Normand Jutras, était de passage à l'Ordre récemment pour discuter des évènements entourant le 25e anniversaire de la Loi sur le curateur public. Sur notre photo, (debout) M. Pierre Lamarche, directeur général des services aux personnes, Lyse Gautier, T.S., chargée de projets, OTSTCFQ, Marielle Pauzé, T.S., directrice du développement professionnel, OTSTCFQ, Isabelle Poirier, assistante de direction. Première rangée : Sylvio Rioux, T.S., directeur général et secrétaire, OTSTCFQ, Josée Saindon, directrice des communications, bureau du curateur public, Me Normand Jutras, curateur public, Claude Leblond, T.S., président, OTSTCFQ. Une activité à ne pas manquer à l’automne 2015 Afin de souligner le leadership des travailleurs sociaux dans le domaine de la protection des personnes majeures et pour aborder les défis et les enjeux des prochaines années, l’Ordre est à organiser un évènement qui se tiendra le 29 octobre au Centre Mont-Royal. Au menu : conférences et échanges autour de thématiques telles que la maltraitance, l’éthique, la sauvegarde de l’autonomie, les relations avec le bureau du curateur public, et plus encore. Surveillez vos courriels, l’Infolettre et le Bulletin de l’Ordre pour tous les détails concernant cet évènement. Par ailleurs, en 2015, un double anniversaire viendra souligner le rôle fondamental que joue le curateur public auprès des personnes majeures inaptes au Québec. En effet, c’est en juillet 1945 que l’Assemblée législative du Québec adoptait la Loi instituant une curatelle publique afin d’administrer les biens « d’une personne aliénée ». Le 15 avril 1990, 45 ans plus tard, l’Assemblée nationale proclamait la Loi sur le curateur public, établissant la primauté des droits de la personne et créant le poste de curateur public. Puisqu’il s’agit de moments importants dans l’histoire de la protection des personnes majeures inaptes, le bureau du curateur public entend souligner le tout, principalement le 25e anniversaire de la Loi sur le curateur public, par la tenue d’un certain nombre d’activités qui sont encore à déterminer. De plus, notre ordre professionnel se sent également concerné puisque les travailleurs sociaux ont joué et jouent toujours un rôle important dans le domaine de la protection des personnes majeures inaptes. En fait, ils ont développé une telle expertise que le projet de loi 21 leur a attribué, de façon exclusive, la pratique de l’activité qui consiste à « procéder à l’évaluation psychosociale d’une personne dans le cadre des régimes de protection du majeur ou du mandat donné en prévision de l’inaptitude du mandant ». L’Ordre estime qu’environ 4 500 travailleurs sociaux (incluant ceux en pratique autonome) effectuent des évaluations psychosociales dans le contexte des mesures de protection. Ainsi, en concertation avec l’équipe du curateur public, l’Ordre diffusera, par l’entremise de ses médias sociaux, une série de messages rappelant ces deux anniversaires et le rôle des travailleurs sociaux. Bulletin de l’OTSTCFQ N° 125, hiver 2015 13 L’Ordre et le projet de Loi 10 Une réforme qui repose sur une vision médicale et curative de la santé publique au détriment des services sociaux Le 29 octobre, l’Ordre présentait un mémoire devant la Commission de la santé et des services sociaux dans le cadre des audiences entourant le projet de Loi 10, présenté par le ministre Gaétan Barrette, Loi modifiant l’organisation et la gouvernance du réseau de la santé et des services sociaux notamment par l’abolition des agences régionales. « GRÂCE AUX POLITIQUES SOCIALES QUE NOUS NOUS SOMMES COLLECTIVEMENT OFFERTES, NOUS VIVONS AUJOURD’HUI AU SEIN D’UNE SOCIÉTÉ PLUS JUSTE, PLUS ÉQUITABLE. LES TRAVAILLEURS SOCIAUX ONT CONTRIBUÉ À L’ÉDIFICATION DE CETTE SOCIÉTÉ ET ENTENDENT EN PRÉSERVER LES ACQUIS » D’entrée de jeu, Claude Leblond a exprimé la grande préoccupation de l’Ordre à l’endroit de ce projet de loi élaboré sans consultation préalable. « Nous sommes inquiets quant à l’accessibilité aux services sociaux généraux; nous sommes surtout préoccupés pour les personnes et les groupes les plus vulnérables qui, nous le craignons, subiront les contrecoups de cette réforme qui repose beaucoup trop largement sur une vision médicale et curative de la santé publique, au détriment des services sociaux ». Pour cette présentation, le président de l’Ordre, Claude Leblond, T.S., était accompagné de Lucie D’Anjou, T.S., de l’Institut de réadaptation en déficience physique de Québec et membre du Conseil d’administration de l’Ordre, ainsi que de Pierre-Paul Malenfant, T.S., coordonnateur régional à la sécurité civile de l’Agence de santé et de services sociaux du Bas-St-Laurent et deuxième vice-président de l’Ordre. C’est la personne, non le patient qui devrait être au cœur du système M. Leblond a expliqué aux membres de la commission que le réseau de la santé et de services sociaux doit non seulement soigner les personnes; il doit les aider à ne pas tomber malades. « Et une façon de prévenir la maladie, c’est de se préoccuper des déterminants sociaux. En effet, la performance du système de santé et de services sociaux, y compris le contrôle des coûts à moyen et à long termes, dépendent de sa capacité à prioriser la prévention et la lutte contre les inégalités sociales en agissant sur les déterminants sociaux de la santé. Or, ce sont les services sociaux, tant généraux que spécialisés, dispensés dans le réseau et au sein des organismes communautaires qui agissent sur les déterminants sociaux. Et ce sont justement ces services sociaux que, malheureusement, le projet de loi 10 défend mal ». Avant de répondre aux questions des parlementaires, Claude Leblond a présenté les principales recommandations élaborées par l’Ordre « afin de consacrer et préserver le caractère essentiel de la mission sociale du réseau de la santé et des services sociaux, et de garantir l’accessibilité, la quantité et la qualité de services sociaux ». Voici quelques-unes de ces recommandations : • inclure au projet de loi une disposition visant à garantir l’accessibilité aux services sociaux, conformément à l’article 5 de la Loi sur les services de santé et de services sociaux; 14 Bulletin de l’OTSTCFQ N° 125, hiver 2015 • reconnaître l’importance des déterminants sociaux de la santé et d’en tenir compte; • réintégrer dans le projet de loi la représentation citoyenne au sein des conseils d’administration; • garantir qu’une des personnes du duo président-directeurgénéral et président-directeur-général adjoint des futurs CISSS soit un travailleur social ou tout autre professionnel issu des services sociaux; • créer des directions de services sociaux au sein de chaque établissement pour assurer la prise en compte des besoins en services sociaux et d’en assurer la dispensation. NOTES D’ÉVOLUTION Le 12 décembre, le ministre Barrette a fait connaître son intention d’amender l’article 11 du projet de loi 10, originalement libellé comme suit : « Avant de procéder à la nomination des membres indépendants d’un conseil d’administration, le ministre doit établir des profils de compétence dans chacun des domaines suivants : gouvernance et éthique; gestion des risques et qualité; ressources humaines; ressources immobilières et informationnelles; vérification et performance; jeunesse; services sociaux ». Or, l’amendement proposé par le ministre a pour effet de rayer la mention « services sociaux » de cette nomenclature. L’Ordre a immédiatement réagi en s’adressant directement au ministre et à l’ensemble des membres de la commission de la santé et des services sociaux pour dénoncer cette situation et pour réclamer le retrait de cet amendement : « Lors de la présentation de notre mémoire, en réponse à nos profondes inquiétudes, le ministre a réitéré sa volonté de protéger la place du service social dans la mission du ministère et dans la gestion et les structures des établissements du réseau. La présence d’administrateurs indépendants ayant des compétences dans le domaine des services sociaux permettrait à ces personnes de contribuer à la gouvernance des établissements du réseau sur un pied d’égalité avec les médecins, les pharmaciens et les infirmières, dont la présence est assurée aux conseils d’administration par les articles 8 et 9 du projet de loi ». Il s’agit donc d’un dossier que nous suivrons de très près. Le CSSS Bordeau-Cartierville–Saint-Laurent produit une vidéo de sensibilisation au sujet des déterminants sociaux de la santé LA SANTÉ DANS TOUS SES ÉTATS Trousse pédagogique Les déterminants sociaux de la santé Les CSSS doivent prendre en compte l’ensemble des facteurs qui influencent la santé dans la planification, l’organisation et la prestation territoriales des soins et des services. En 2012, le ministère de la Santé et des Services sociaux publiait La santé et ses déterminants. Mieux comprendre pour mieux agir, une synthèse conceptuelle des facteurs qui influencent la santé. Dans cette foulée, le ministère incluait la contribution à la formation des stagiaires sur les déterminants sociaux de la santé (DSS) dans les critères de désignation des centres affiliés universitaires. Au CSSS Bordeau-Cartierville– Saint-Laurent, Centre affilié universitaire, on décide d’aller au-delà de l’exigence du MSSS. Après mûre réflexion et un certain nombre de consultations, après avoir évalué les besoins et les contraintes, on plonge : produire un outil de formation et des outils complémentaires. En novembre, lors d’une rencontre avec les deux principales responsables du projet, Geneviève Reed, agente de recherche mobilisation des connaissances, et Julie Paquette, coordonnatrice d’activités d’enseignement, le Bulletin s’informe sur la nature, le contenu et le processus de création de cet outil de promotion. Équipe de réalisation Julie Paquette, coord. activités d’enseignement Bernard-Simon Leclerc, épidémiologiste, chercheur Sonia Bourque, agente mobilisation des connaissances Alex Battaglini, adjoint à la mission universitaire Recherche documentaire Geneviève Cloutier, professionnelle de recherche Rédaction Julie Paquette, coord. activités d’enseignement Bernard-Simon Leclerc, épidémiologiste, chercheur Sonia Bourque, agente mobilisation des connaissances Coordination de l’édition Geneviève Reed, mobilisation des connaissances Julie Paquette, coord. activités d’enseignement Julie Langevin, conseillère aux communications CSSS de Bordeaux-Cartierville – Saint-Laurent, centre affilié universitaire « Il a d’abord fallu prendre en compte la réalité de nos quelque 1 000 stagiaires qui, sur une base annuelle, passent chez nous », expliquent nos interlocutrices. « Ils ne sont pas tous là en même temps ni pour la même durée; les rencontrer tous serait une tâche très lourde. Nous avons donc opté pour la réalisation d’une vidéo. » De plus, ces stagiaires ont une connaissance très variable du sujet : les DSS et de leur impact sur leur future pratique. Dès le départ, l’équipe constate qu’elle dispose de beaucoup de matériel, ce qui l’incite à développer des outils d’accompagnements (la trousse). Même si la vidéo a été d’abord et avant tout créée pour les stagiaires, les superviseurs ont rapidement fait savoir que le contenu serait utile pour l’ensemble des intervenants. Les DSS liés à l’intervention Le sujet est bien documenté depuis quelques années constate l’équipe : « il existe désormais des données probantes, des études, on sent une vague pour la prise en compte des DSS. En ce qui concerne la préoccupation des professionnels et des intervenants, face aux DSS, on sent une ouverture de plus en plus grande, mais Première rangée : Julie Paquette et Josée Lafrenière Deuxième rangée : Geneviève Reed, Bernard-Simon Leclerc et Julie Langevin aussi beaucoup de questionnements quant à la façon d’intégrer cela à la pratique, surtout dans un contexte d’optimisation, de rationalisation, etc. ». Tout au long du processus, l’équipe a eu le souci de faire en sorte que la vidéo soit utilisable avec un minimum d’accompagnement, de façon autonome. « Pour aider, on a développé la trousse : Questionnaire Testez vos connaissances sur les déterminants sociaux de la santé; Vidéo La santé dans tous ses états : les déterminants sociaux de la santé (13 min); Thèmes pour l'animation d'une discussion sur les déterminants sociaux de la santé; Questionnaire Les déterminants sociaux de la santé dans ma pratique ». L’interdisciplinarité : excellente courroie de transmission C’est probablement lors de rencontres interdisciplinaires que les professionnels peuvent le mieux être sensibilisés à l’importance de tenir compte des DSS. « Les travailleurs sociaux doivent profiter de ce lieu pour faire la promotion des DSS auprès de leurs collègues lors des discussions entourant des cas cliniques concrets; c’est là qu’ils peuvent déteindre sur les autres! » Aller au-delà de la commande La sensibilisation des stagiaires aux DSS était une commande du MSSS. Mais plutôt que de se limiter au minimum requis pour répondre à cette exigence, l’équipe a décidé d’y mettre du cœur et de mobiliser autour du projet toute une équipe enthousiaste et compétente. « Nous avons eu le souci de développer un produit dynamique, moderne, conçu pour être intéressant pour une large clientèle. Nous avons fait attention au contenu : du matériel solide, bien documenté, mais digeste, accessible ». L’équipe a été surprise par l’accueil reçu pour cette production. C’est en grande partie cet accueil favorable qui justifie la planification d’une stratégie de diffusion plus large. Que retiennent Geneviève et Julie de cette expérience? « Pour réaliser un projet de cette envergure il faut s’entourer des bonnes personnes, créer une excellente chimie parmi tous les participants, miser sur la complémentarité des compétences et des intérêts de chacun ». Le produit final est exceptionnel. La vidéo est bien produite, agréable, le contenu est pertinent et accessible, les personnages sont crédibles et la facture est remarquable. Nous vous invitons donc à visionner la vidéo et consulter les autres documents de la trousse que vous trouverez sur le site Internet du CSSS de Bordeaux-Cartierville –Saint-Laurent. Bulletin de l’OTSTCFQ N° 125, hiver 2015 15 3e Mini-série sur l’autotraitement PARTIE Le stress traumatique secondaire et ses effets sur les travailleurs sociaux « Le monde est rempli à la fois de souffrance et de victoires sur la souffrance. » Helen Keller Par Meredith Salhany, BSW, MSW Travailleuse sociale [email protected] Note de l’auteur : Nous en sommes au troisième d’une série d’articles traitant des principaux aspects du syndrome traumatique secondaire (STS). Les deux premiers articles (en français et en anglais) se retrouvent sur le blogue officiel de l’Ordre, à www.motssociaux.com . Ces deux articles sont aussi parus dans les numéros 122 – Hiver 2014 et 123 – Été 2014 du Bulletin de l’Ordre. Je tiens de nouveau à exprimer toute ma gratitude à tous ceux d’entre vous qui m’ont fait parvenir vos récits sur ce sujet d’une importance majeure pour notre profession. Votre intérêt pour cette série et votre volonté d’y contribuer sont des plus appréciés. Un merci très spécial va aux deux « F. T. » pour leur soutien exceptionnel, et à notre collègue « Anonyme » qui a bien voulu partager son expérience personnelle avec tout le courage que ça implique. Please note that the English version of this is on the blog, at www.motssociaux.com, after the french version. Introduction Les articles précédents nous ont permis de couvrir plusieurs aspects importants du STS : nous avons expliqué ce qu’est le STS et en quoi il diffère des autres formes d’épuisement professionnel, sa prévalence et les facteurs de risque chez les travailleurs sociaux. Nous avons abordé les conséquences de la stigmatisation, les préjugés de l’entourage et présenté des outils de dépistage pour les travailleurs à risque. Nous vous avons guidé vers des services où obtenir un soutien immédiat. variété de facteurs fait en sorte que certains travailleurs sociaux sont plus enclins que d’autres à développer le STS. Dans ses recherches sur les traumatismes et le soutien aux professionnels, Sandra Brown (2007) abonde dans le même sens : « même si, dans une situation de traumatisme sociétal, la réaction au stress peut sembler extrême, toutes les personnes qui y sont exposées ne développeront pas nécessairement des problèmes chroniques ». Symptômes du stress traumatique secondaire Les symptômes du STS, leur impact et le fruit de la recherche Le STS peut se manifester chez tous les professionnels de la santé. Toutefois, des recherches récentes révèlent que les travailleurs sociaux représentent un des groupes les plus à risque. À force d’être continuellement exposée à des situations à forte charge émotive (traumatismes, tragédies), il est tout à fait normal et prévisible qu’une personne manifeste diverses réactions psychologiques. Par conséquent, mon intention n’est pas de « psychiatriser » les personnes atteintes de STS. Cette série d’articles relate la corrélation, décrite dans la littérature spécialisée, qui existe entre le STS et la psychiatrie, précisément parce qu’il en ressort un concept dominant selon lequel le STS est pratiquement le reflet du syndrome de stress posttraumatique (SSPT). De plus, le DSM-V inclut maintenant le fait d’être « un témoin indirect d’évènements traumatiques » comme un des critères pouvant mener à un diagnostic de SSPT, selon l’APA (American Psychological Association). Il existe de nombreuses recherches et études sur le STS qui nous éclairent à l’égard de concepts très importants étayés dans la littérature médicale, en insistant plus spécifiquement sur l’incidence du STS dans notre profession. Pour des raisons de concision, je me suis permis de résumer les exemples, thèmes et concepts abordés. À mon avis, l’apparition du STS n’est qu’une des multiples réactions humaines très complexes et la manifestation de réactions inadéquates face à certains événements traumatiques. Chez les professionnels, cette réaction dépend de la capacité de réponse de chacun. Une 16 Bulletin de l’OTSTCFQ N° 125, hiver 2015 « Le seul fait de côtoyer de si près des émotions à l’état brut est simplement terrifiant… cette sensation peut sembler insurmontable, pourtant, en tant que travailleur social, nous devons tout faire pour aider à la contrôler ». Ann Goelitz, 2013. En partant du principe qu’on ne peut régler que ce que l’on comprend, il devient impératif que les travailleurs sociaux et leurs supérieurs soient bien informés et conscients des symptômes du STS afin de pouvoir identifier ceux qui en souffrent et les aider le plus rapidement possible. Tous les chercheurs s’entendent pour affirmer que les chances de guérison sont décuplées quand le sujet reçoit du soutien dès l’apparition des premiers symptômes. Comme travailleur social, g Le stress traumatique secondaire et ses effets sur les travailleurs sociaux - 3e partie il est primordial que nous prenions soin de nous afin d’être en mesure de protéger nos bénéficiaires qui, autrement, pourraient subir les répercussions d’éventuelles réactions inadéquates de notre part. Une personne sensibilisée peut reconnaître, chez elle, les signes d’une adaptation inadéquate, mais ce n’est pas toujours le cas. C’est pourquoi une bonne connaissance de la symptomatologie du STS peut préparer l’entourage des travailleurs sociaux, collègues et superviseurs, à reconnaître les maux dès leur apparition, ouvrant ainsi la voie à un soutien favorable. Quoiqu’il soit important de pouvoir reconnaître les symptômes d’un problème en devenir, les travailleurs sociaux et chercheurs Diaz et O’Gorman (2012) nous préviennent de ne pas sauter aux conclusions et de demander les conseils d’un professionnel. Selon eux, une batterie de symptômes accompagne un traumatisme et « il est crucial de comprendre que ces mêmes signes peuvent annoncer d’autres types de problèmes »; en d’autres termes, attention à l’autodiagnostic! En ce qui a trait aux symptômes du STS, il ne faut jamais perdre de vue qu’une personne qui ressent ce qu’elle croit être le STS doit nécessairement consulter un professionnel qui saura identifier la source de ses symptômes. De nombreux documents mentionnent que les symptômes du STS s’apparentent beaucoup à ceux du syndrome de stress post-traumatique (SSPT). Toutefois, ce n’est pas dans les visées de cet article de couvrir le SSPT en soi. Je me contenterai plutôt de rapporter l’information récurrente dans les études consultées et qui regroupe les symptômes du STS et du SSPT sous les mêmes grandes catégories. À l’instar de plusieurs autres chercheurs, Hesse (2002) a constaté que « les gens souffrant de stress traumatique secondaire présentent les mêmes symptômes que ceux qui souffrent de stress post traumatique ». Goelitz (2013) est du même avis. Selon elle, « le stress traumatique secondaire peut générer les mêmes symptômes que le SSPT, même chez les travailleurs sociaux qui n’ont jamais subi de traumatismes ». Fait intéressant, l’ensemble des documents tend à démontrer que parmi les facteurs qui différencient le SSPT du STS, le STS est la conséquence d’une exposition indirecte à un évènement traumatique comme le SSPT et se manifeste de façon plus soudaine que le SSPT, en réaction à l’exposition à un évènement traumatique vécu par une personne désireuse d’en aider une autre (Herman, 1992; Sanderson, 2010, 2013; Weingarten et al., 2003). Les nombreuses définitions des symptômes STS et du SSPT contenues dans la vaste documentation à ce sujet nous permettent de conclure que, de manière générale, les symptômes du STS s’apparentent aux pensées, sentiments et comportements associés au SSPT. Ces symptômes sont très souvent regroupés sous les quatre grandes catégories suivantes : « envahissement et éveil », « évitement », « humeur et pensées négatives », et « réactions émotionnelles et physiques » (Chrestman, K. R.,1995; Courtois, C., et Ford, J., 2009; Cunningham, M., 2003; Figley, C. R., 1995; Goelitz, A., 2013; Herman, J., 1992; Hesse, A. R., 2002; McCann, I. L., & Pearlman, L. A., 1990; Sanderson, C., et al., 2010). Un des symptômes typiques du STS est l’hypervigilance, soit le fait d’être constamment sur ses gardes, irritable, nerveux, susceptible. Il s’agit des symptômes d’« envahissement et éveil ». Les effets qu’ont les images et les sons liés à l’évènement traumatique, sur la psyché d’un individu souffrant de STS, sont d’une telle ampleur qu’ils éveillent en lui l’impression qu’un désastre peut se produire à tout instant. Un grand bruit ou la sonnerie du téléphone ou de la porte risque de le faire sursauter. Ce sont des réactions habituelles chez les personnes atteintes. L’entrée d’une personne dans la même pièce peut déclencher chez elles un réflexe de sursaut exagéré. L’apparition répétitive et tenace de souvenirs anormalement marquants de l’évènement fait aussi partie des réactions liées aux symptômes d’envahissement. Les personnes atteintes décrivent ces flashbacks comme le réveil involontaire des émotions, images et sensations liées au traumatisme. En plein milieu d’une activité, elles semblent soudainement « perdues », « dans la lune », alors que des souvenirs bien vifs les envahissent et les empêchent de poursuivre leurs activités quotidiennes. Un collègue m’a raconté que le flashback, venu de nulle part d’un de ses bénéficiaires – à propos d’un enfant décédé à la suite de maltraitance sévère – l’avait perturbé au point de provoquer un accident de la route. Les symptômes d’envahissement peuvent se manifester sous forme de cauchemars, privant ainsi la personne du repos essentiel à son bon fonctionnement, ce qui peut entraîner une panoplie d’autres inconvénients. Les études considérables traitant des conséquences paralysantes du manque de sommeil sur le bien-être psychologique et physique pourraient faire l’objet d’un texte entier! Une personne qui manifeste les symptômes de la catégorie « évitement » aura tendance à se tenir loin des gens, des endroits, des choses ou activités qui lui rappellent le traumatisme. De retour d’une mission de secours sur les lieux d’un désastre naturel, où des incendies faisaient rage sans répit, un travailleur social s’avouait incapable d’apprécier un feu de foyer, condamnant ainsi le foyer de sa résidence familiale. Le crépitement, l’odeur et la simple vue du feu étaient autant de déclencheurs de flashbacks ranimant en lui l’horreur de la souffrance dont il avait été témoin. Dans une réaction normale de conservation de soi, une personne aux prises avec le STS, et qui sait reconnaître les éléments déclencheurs, déploiera de grands efforts pour éviter l’angoisse profonde de revivre le traumatisme. Ceux qui présentent les symptômes d’évitement risquent de refuser de parler de l’évènement ou du traumatisme, faisant en sorte qu’il devient plus difficile de les aider avec des méthodes conventionnelles comme la verbalisation. En revanche, cette réaction peut devenir un moyen d’identifier qu’une personne souffre du STS et servir d’outil à intégrer dans les protocoles de dépistage des sujets à haut risque. De plus, une personne qui manifeste de l’évitement aura tendance à s’isoler de sa famille, ses amis, sa communauté, et aussi des gens susceptibles de lui apporter du soutien, exacerbant ainsi la solitude et l’état d’affliction associés au syndrome. En ce qui a trait aux symptômes de la catégorie « humeur et pensées négatives », les chercheurs ont pu observer des sentiments tels que le désespoir, la détresse, l’impuissance, l’engourdissement émotionnel, la difficulté à développer l’intimité et la confiance propres aux relations interpersonnelles, la perte d’intérêt pour des activités auparavant stimulantes. À cela s’ajoutent des problèmes de mémoire et tout un éventail de symptômes associés à la dépression et à l’anxiété. Pour sa part, Cunningham (2003) décrit comment les symptômes du STS peuvent se manifester Bulletin de l’OTSTCFQ N° 125, hiver 2015 g 17 Le stress traumatique secondaire et ses effets sur les travailleurs sociaux - 3e partie sous forme de préoccupation intense et mener le praticien à s’impliquer de façon excessive avec des clients. Afin d’expliquer ce comportement plus à fond, le prochain article de cette série traitera de la dynamique des « limites thérapeutiques ». Il ressort des recherches de Herman (1992) que certains praticiens souffrant de STS en viennent à « ne plus croire les histoires des survivants ou à en minimiser la gravité », un processus pouvant entraîner des conséquences négatives énormes pour le client. Sous la catégorie des symptômes « humeur et pensées négatives », on retrouve la dissociation, que l’APA (2013) décrit dans le DSMV comme de la « dépersonnalisation », où le sujet atteint se sent détaché de sa propre personne, comme dans un rêve, et de la « déréalisation », où il a l’impression que les choses ne sont pas réelles ou que la réalité est déformée. Dans ses recherches, Wicks (2008) décrit que les sujets observés « se sentent déconnectés de la réalité, engourdis, distraits ou qu’ils prennent leurs distances en rencontre avec leurs clients ». Les ramifications dévastatrices de ce syndrome sont nettement alarmantes, tant pour le praticien atteint de STS que pour la clientèle qui le consulte. Témoignage d’une travailleuse sociale du Québec « Il n’y a pas pire agonie que de porter le fardeau d’une histoire inédite qu’on garde au fond de soi. » Maya Angelou Jetons maintenant un coup d’œil sur un extrait d’une lettre que j’ai reçue récemment d’une travailleuse sociale désireuse de partager son expérience. Dans son récit, notre collègue nous livre sa précieuse opinion sur les manifestations possibles du syndrome; elle fait ressortir comment les réactions au STS s’infiltrent dans les sphères personnelle et professionnelle d’un individu, jetant un pont entre la littérature et un témoignage réel, donnant ainsi la parole à un problème souvent tenu sous silence. « … Je n’étais plus la même depuis le suicide de ma cliente, mais je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. Je n’aurais jamais pu imaginer alors que ma piètre performance au travail puisse être en lien avec le suicide de ma cliente, mais, pour une deuxième fois dans la même semaine, j’étais convoquée au bureau de mon directeur en raison de mon manque de ponctualité. Je ne me doutais pas le moins du monde que je souffrais de STS, alors, je ne pouvais pas trouver une explication pour justifier mes retards ni les raisons pour lesquelles je n’arrivais pas à documenter mes dossiers, ou pourquoi il y régnait un tel désordre. Une famille s’était récemment plainte que je n’avais retourné aucun de ses appels. Mon directeur avait dressé une liste de mes comportements délinquants dans le but de la verser à mon dossier d’employé auprès des ressources humaines. Je n’y comprenais rien. J’avais toujours été une personne organisée, dévouée et professionnelle. Me retrouver assise là, face à mon directeur, sans aucune explication pour mon récent 18 Bulletin de l’OTSTCFQ N° 125, hiver 2015 L’irritabilité, la colère, la culpabilité, la honte, l’autoflagellation et l’autodestruction font partie des symptômes de la catégorie « réactions émotionnelles et physiques » ressentis par le sujet atteint. L’existence de la comorbidité de toxicomanie revient souvent dans la littérature et complique sérieusement les contraintes importantes qu’il subit déjà. Les études sur le STS font état de sujets qui développent des maladies physiques. Par exemple, McCann et Pearlman (1990) ont observé des praticiens qui « développaient des symptômes tels que des maux de tête et maux d’estomac après une rencontre avec des survivants d’évènements traumatiques ». Weingarten (2003) a observé plusieurs groupes de professionnels souffrant de STS. Il a constaté chez ceux-ci un rythme cardiaque accéléré, une sudation anormale et un éventail de troubles physiques, nommément maux de tête et problèmes gastro-intestinaux. Ces signes peuvent en inclure plusieurs autres dépendamment du sujet et de son état de santé avant l’apparition du STS. Les auteurs s’entendent pour dire que ces signes démesurés de contrainte physique peuvent signifier que l’aidant réagit au traumatisme de son client. Tous ces symptômes peuvent avoir un impact majeur sur le niveau de fonctionnement et la qualité de vie du professionnel, entraînant une foule de problèmes et un désespoir général. comportement, je suis soudainement devenue le fantôme de moimême, de cette professionnelle que j’étais. Une fois la rencontre terminée, j’ai contacté mon syndicat pour savoir quelles seraient les conséquences si cette lettre se rendait aux ressources humaines. C’est alors qu’on m’a suggéré d’appeler le PAE (programme d’aide aux employés) pour examiner la possibilité que je souffre de ce qu’on appelle le traumatisme secondaire. Ce n’était un secret pour personne que les cas de personnes suicidaires, torturées et horriblement abusées étaient mon lot quotidien et qu’une de mes clientes de longue date s’était enlevé la vie deux mois plus tôt. À l’âge de 21 ans, finalement installée dans son propre appartement après des années de familles d’accueil, ma cliente, dans un état d’anxiété intense, avait appelé le service d’assistance téléphonique. J’ai immédiatement rassemblé l’équipe mobile pour aller l’aider à surmonter la crise. Quand nous sommes arrivés chez elle, nous l’avons trouvée pendue dans sa chambre. Je voyais ma cliente sans vie et les visages de mes collègues terrorisés, mais j’avais l’impression de regarder la scène se dérouler comme si je n’en faisais pas partie. J’étais littéralement « hors de moi ». Dès ce jour, j’ai commencé à dormir peu et quand j’y parvenais j’avais des cauchemars où je voyais ma cliente passer à l’acte et se pendre. La sonnerie du téléphone de la ligne d’écoute me rendait nerveuse et agitée. J’avais remis en question ma capacité de prendre soin de mes clients après cet évènement, ressentant constamment la culpabilité, l’horreur et la responsabilité de ne pas avoir été capable de la sauver. J’avais de la difficulté à me concentrer au travail, aux prises avec des maux de tête et d’estomac, j’étais irritable et j’en voulais parfois à mes clients. Rien pour calmer la honte que je ressentais. Je me suis mise à avoir des flashbacks très vifs, des souvenirs et des pensées terribles, revivant le moment où nous avions trouvé son corps. Et chaque fois, je me retrouvais temporairement « hors de moi ». Je suis même arrivée au travail en retard parce que j’avais pris la direction opposée en quittant la maison. g Le stress traumatique secondaire et ses effets sur les travailleurs sociaux - 3e partie Mon conjoint n’en pouvait plus de me voir pleurer sans cesse et apparemment sans raison. Il me reprochait d’être ennuyante à ne jamais vouloir sortir. Le simple fait de penser aux abus qu’avait subis ma cliente dans son enfance et à l’état émotif dans lequel elle devait se trouver quand elle s’était enlevé la vie avait éveillé en moi le souvenir des abus dont j’avais été victime étant enfant. Tout à coup, ces souvenirs traumatisants enfouis au plus profond de ma mémoire se sont mis à m’obséder. Je n’arrivais pas à distinguer ma douleur et ma souffrance de celles de ma cliente, je mélangeais tout. J’ai quitté le bureau de mon directeur ce jour-là en me demandant si je ne mettrais pas aussi fin à mes jours. L’effroi, la honte et le dégoût que je ressentais à l’idée d’avoir échoué dans ce travail que j’aime tant devenaient insoutenables. Si je suis ici à vous raconter mon histoire aujourd’hui c’est grâce à ce coup de fil au PAE; ils ont reconnu mon STS, m’ont informée de ce qu’il en était et proposé une thérapie pour en venir à bout. À la place d’une sanction conséquente à ma piètre performance au travail, j’ai plutôt reçu de l’aide et du soutien de mes collègues. Cette aide et ce soutien ont fait que je sois encore en vie, et que j’accomplisse toujours le même excellent travail auprès de mes clients. Je sais que si j’ai souffert du STS ce n’est pas de ma faute. Ce n’est pas parce que je ne peux pas assumer mon travail ni parce que je suis faible. Et surtout, j’ai compris que je ne suis nullement responsable du geste fatal qu’a posé ma cliente. Lentement mais sûrement, je me suis libérée du STS et je peux dire en toute franchise que j’ai retrouvé la joie et la paix. Je sens que je peux donner sans me perdre moi-même. Aujourd’hui, je sens que je suis tout à fait capable de prendre soin de mes clients, et de moi-même, en toute harmonie. » (Octobre 2014). clients), le superviseur devrait d’abord se demander si ces comportements ne sont pas plutôt la manifestation de symptômes du stress traumatique secondaire. D’ailleurs, de nombreuses études affirment plutôt que les travailleurs sociaux ont tendance à s’engager démesurément auprès de leurs clients, à s’imposer des heures de travail insensées, allant jusqu’à se rendre au travail pendant leur temps libre, etc. Sanderson (2013) relate que certains conseillers se sentent responsables de leurs clients au point de vouloir les secourir à tout prix, ou à l’opposé, deviennent rancuniers et blâment les clients pour leurs propres symptômes. Ces comportements peuvent mener à des conflits intérieurs, de l’hostilité et, ultimement, à la rupture de l’alliance thérapeutique. Répercussions sur le fonctionnement personnel et professionnel Il est essentiel que les travailleurs sociaux comprennent en quoi les symptômes du STS peuvent nuire à leur pratique professionnelle ainsi qu’à leur vie personnelle. Il arrive parfois qu’un travailleur responsable développe de mauvaises habitudes, allant jusqu’au désintéressement général face aux besoins de ses clients. Les recherches de McCann et Pearlman (1990) révèlent qu’avant de sanctionner un employé qui a des comportements délinquants au travail (néglige de retourner ses messages, accumule retards et absences, évite carrément ses Dans la vie personnelle, l’automédication pour calmer les terribles souffrances et l’éclatement de la famille font partie des répercussions documentées du STS. Les symptômes complexes et invalidants du STS peuvent aussi provoquer l’éclatement de leurs croyances spirituelles. De plus, de nombreux chercheurs ont parlé de la possible réactivation, chez le travailleur social, de douloureux souvenirs enfouis depuis l’enfance (Figley et al., 1995). Les tableaux ci-dessous résument les conclusions auxquelles en est venu Sanderson (2013) quant aux répercussions du STS sur le fonctionnement de la personne atteinte. RÉPERCUSSIONS SUR LE FONCTIONNEMENT PROFESSIONNEL (RECHERCHES DE SANDERSON, 2013) ÉMOTIF COGNITIF COMPORTEMENTAL Détresse et impuissance Attitude négative envers le travail Troubles de communication Épuisement Difficulté de concentration Erreurs fréquentes et absentéisme Mécontentement Inattention Évitement des collègues/supérieurs Sensation d’être débordé Difficulté à prendre des décisions Accumulation de la charge de travail Manque de motivation Refus de prendre des pauses Impression de désensibilisation g Bulletin de l’OTSTCFQ N° 125, hiver 2015 19 Le stress traumatique secondaire et ses effets sur les travailleurs sociaux - 3e partie RÉPERCUSSIONS SUR LE FONCTIONNEMENT PERSONNEL (RECHERCHES DE SANDERSON, 2013) ÉMOTIF COGNITIF PHYSIQUE COMPORTEMENTAL SPIRITUEL Colère et rage Troubles de concentration Réactions somatiques Comportement de retrait Perte de sens et de motivation Tristesse Confusion et désorientation Altération des fonctions immunitaires Isolement Désespoir Dépression Dissociation Automédication Évitement Dissociation des autres Hyperexcitation Perte de mémoire Altération de l’appétit, du sommeil et du niveau d’activité Irritabilité Effritement de la spiritualité Hyper vigilance Ruminations Impatience Perte de confiance en l’humanité Anxiété Culpabilité Besoin d’attention grandissant Perte de joie de vivre Apathie Altération de la confiance la confiance Engourdissement Incrédulité Frustration Autodépistage du stress traumatique secondaire La littérature contient de nombreux outils d’autoévaluation très utiles pour quiconque a l’impression que le stress traumatique secondaire le guette. Les énoncés qui suivent peuvent servir de base de réflexion à ce propos. Observations-types permettant d’évaluer le stress traumatique secondaire • Je me sens engourdi émotivement • J’ai des palpitations quand je pense à mon travail auprès des clients • J’ai l’impression de revivre les évènements traumatisants qu’ont vécu mes clients • J’ai de la difficulté à dormir • Je vois l’avenir avec pessimisme • Je suis perturbé par tout ce qui me rappelle mon travail auprès des clients • Je n’ai pas vraiment envie de me retrouver en compagnie d’autres personnes • J’ai les nerfs à fleur de peau • Je fonctionne au ralenti • Mon travail auprès de mes clients me revient à l’esprit à tout moment • J’ai des problèmes de concentration • J’évite les gens, les lieux ou les choses qui me rappellent mon travail auprès des clients • Je fais des rêves dérangeants concernant mon travail auprès des clients • Je veux éviter de travailler avec certains clients • Un rien m’importune • J’ai l’impression qu’un malheur me guette • J’ai des pertes de mémoire Selon Bride et al. (2004), le fait qu’un travailleur social se reconnaisse dans un ou plusieurs de ces énoncés peut signifier qu’il est temps pour lui de recourir à du soutien psychologique. 20 Bulletin de l’OTSTCFQ N° 125, hiver 2015 Plus nombreux sont les énoncés qui l’interpellent, plus grande est la possibilité qu’il souffre du stress traumatique secondaire. Prochain article : techniques et stratégies de rétablissement Le prochain article sera consacré aux techniques et stratégies de rétablissement à adopter face au STS. La prévention – l’identification de stratégies spécifiques dévoilées par les recherches pour prévenir l’arrivée de symptômes inadéquats – la dynamique des enjeux liés aux limites thérapeutiques, le transfert et le contre-transfert, seront couverts. Nous expliquerons comment l’action sociale, la défense des droits et l’animation communautaire encouragent l’autonomisation et, par conséquent, le bien-être du praticien. En guise de conclusion à cette série d’articles, nous traiterons des avancées de la recherche, et mettrons l’emphase sur les aspects sociaux du syndrome, son évolution et les processus de guérison. D’ici là, n’hésitez pas à consulter le blogue de l’Ordre à www.motssociaux.com pour partager vos réflexions avec vos pairs. Vous pouvez aussi me transmettre vos questions ou préoccupations, en toute confidentialité, directement à [email protected]. « Les aidants, même blessés, peuvent être très compétents. Reconnaître leurs besoins peut être le gage d’une efficacité prolongée… En tant que société, nous ne pouvons exiger moins; personne n’est prêt à assumer ce qu’il en coûterait autrement. » Kaethe Weingarten, Ph.D. NDLR : Pour accéder à la liste complète des références, veuillez trouver ce texte en ligne, sur le blogue de l’Ordre : www.motssociaux.com. Mémoire de l’Ordre à la Commission de révision permanente des programmes « Il faut protéger les personnes vulnérables » « Les décisions concernant le maintien, la bonification, la modification ou le retrait de politiques et de programmes sociaux doivent être évaluées en fonction du facteur de risque que cela représente à moyen et à long terme. Il importe à cet égard de prendre en compte le fait que les personnes vulnérables sont les premières touchées par le ralentissement de l’économie, la précarité des emplois, les faibles revenus, le rétrécissement de l’Étatprovidence et des services publics ». Voilà l’essentiel du message livré par l’Ordre aux membres de la Commission Robillard, mandatée par le gouvernement du Québec pour revoir l’ensemble des programmes de l’État « dans une perspective de modernisation de la société et de retour à la prospérité ». Pour l’OTSTCFQ, il est impératif que les décisions prises dans le cadre d’un processus de révision des programmes n’aient pas pour effet d’induire ou d’exacerber l’état de vulnérabilité des personnes : « Peu importe le contexte politique, social ou économique, l’État a le devoir moral de s’assurer de l’impact direct et indirect de ses décisions quant au financement et au déploiement des programmes publics sur les personnes vulnérables ». Dans son mémoire, l’Ordre explique que si la vulnérabilité est souvent associée aux caractéristiques des personnes telles que l’âge, le genre, la race, la déficience intellectuelle ou le handicap physique, elle s’avère pourtant, et surtout, attribuable aux circonstances et aux conditions économiques, sociales et De gauche à droite, M. Claude Montmarquette, Mme Michèle Bourget, Mme Lucienne Robillard, M. Robert Gagné, Mme Mireille Filion. culturelles qui font obstacle à l’intégration et à la participation sociale de ces personnes. La précarité de l’emploi, le chômage, les inégalités sociales et économiques, les transformations de l’État-providence, le renforcement de la logique individualiste, la mondialisation sont autant de causes de la vulnérabilité sociale des personnes. En conclusion, l’Ordre demande à la Commission « de prendre en compte les impacts directs, indirects et croisés des coupes dans les programmes sur les plus vulnérables. (…) Les recommandations de cette commission devraient donc s’inscrire dans la perspective de favoriser leur intégration et leur participation sociales, d’améliorer leurs conditions sociales et économiques et concourir, par le fait même, à réduire les inégalités sociales et économiques et éliminer la pauvreté ». Ce document, sous forme de lettre adressée à la présidente de la Commission, Mme Lucienne Robillard, est accessible dans son intégralité sur le blogue de l’Ordre, Mots sociaux. Bulletin de l’OTSTCFQ N° 125, hiver 2015 21 Des suggestions de la part de notre courtière de connaissances SITES INTERNET À DÉCOUVRIR Pleins feux sur le communautaire communautaire.ccdmd.qc.ca Ce site Web vise à promouvoir la connaissance des secteurs communautaire et de l’économie sociale au Québec et du rôle que ceux-ci occupent dans l'insertion professionnelle et sociale des personnes les plus démunies. Les nombreuses ressources pédagogiques que l’on trouve dans ce site (vidéos, scénarios pédagogiques, exercices) permettent de se familiariser avec des exemples concrets d’insertion sociale et professionnelle au sein de divers organismes communautaires. Mon choix mon toit monchoixmontoit.com Le projet Mon choix mon toit résulte d’un partenariat initié par l’Association des établissements de réadaptation en déficience physique du Québec (AERDPQ) et l’Association québécoise d’établissements de santé et de services sociaux (AQESSS) en collaboration avec le milieu communautaire. Fruit d’un travail de deux ans de cueillette d’information et de revue de littérature, le site s’adresse à tout ceux concernés par des projets d’habitation pour les personnes ayant des déficiences physiques. DOCUMENTS Comprendre et prévenir le risque suicidaire chez les personnes présentant une déficience intellectuelle ou un trouble du spectre de l’autisme : consultation d’experts Bardon, C., Morin, D., Ouimet, A.-M. et Mongeau, C. (2014) Montréal : CRISE-UQAM et CRITED et Montréal bit.ly/12K60ls Ce document fait le point sur les connaissances scientifiques et cliniques concernant le risque suicidaire chez les personnes présentant une déficience intellectuelle ou un trouble du spectre de l’autisme et formule des recommandations pour la recherche et la pratique. Le Privilège de redonner du pouvoir – portrait d’un réseau public spécialisé, aux pratiques éprouvées ACRDQ bit.ly/1sg0tdr Ce document vise à faire connaitre à la population l’existence de ressources 22 Bulletin de l’OTSTCFQ N° 125, hiver 2015 spécialisées, susceptibles de répondre aux besoins précis des quelque 5 % de la population que la consommation d’alcool ou de drogue, ou les jeux de hasard et d’argent ont rendu vulnérables. En plus des témoignages éloquents sur les services de qualité, sécuritaires et gratuits, le document présente les approches novatrices élaborées par ces incontournables ressources que sont les centres de réadaptation en dépendance du Québec. ProfIL : le Centre de référence sur la nutrition du Département de nutrition de l’Université de Montréal prof-il.org Mené par Extenso, il s’agit d’un projet multiplateforme financé par Movember Canada, qui s’adresse aux professionnels de la santé francophones qui œuvrent auprès d’hommes atteints de troubles de l’alimentation et de l’image corporelle. Rapport sur La gouvernance en santé au Québec IRIS (Institut de recherche et d’informations socioéconomiques) bit.ly/1wY3tBV Les réformes successives du réseau de la santé et des services sociaux visent toutes à accroitre les contrôles et la concurrence plutôt que la coopération. Réflexion intéressante tirée de la conclusion d'un rapport de l’IRIS. À lire ou à relire. La responsabilité des soins aux aînés au Québec : du secteur public au privé, publié Institut de recherche en politiques publiques. bit.ly/1yN1teU Cette étude retrace le chemin parcouru depuis un demi-siècle, examinant d’abord la législation, les incitatifs fiscaux et financiers tout comme l’évolution de l’offre de services pour les soins dispensés en établissement et à domicile. Elle dresse ensuite un portrait de la situation : le nombre de places d’hébergement dans le secteur public, le rôle joué par le privé dans le domaine de l’hébergement, le financement et beaucoup d’autres éléments importants. PORTRAITS STATISTIQUES LIVRES Les jeunes Canadiens fournissant des soins bit.ly/1wajjYj À partir des données de l’Enquête sociale générale (ESG) de 2012 sur les soins donnés et reçus, le présent rapport décrit le nombre de jeunes soignants au Canada, les relations de ces soignants avec les bénéficiaires des soins, l’intensité des soins et les types de soins fournis. En conclusion, le rapport souligne l’incidence des responsabilités d’aidant sur les jeunes soignants et examine les conséquences possibles sur leur scolarité, leur travail rémunéré et leur santé mentale et physique. Recueillir la parole de l’enfant témoin ou victime Cyr, M. (2014) Cet ouvrage s’adresse aux enquêteurs des services de police, aux intervenants sociaux qui travaillent au sein d’organismes de protection de l’enfance, aux pédopsychiatres, aux médecins et aux psychologues qui reçoivent des révélations des enfants dans le cadre de leur pratique professionnelle ou qui peuvent être appelés à fournir une expertise psycholégale ou à évaluer la crédibilité du récit de ces enfants. Décrochage scolaire chez les élèves du secondaire du Québec, santé physique et mentale et adaptation sociale : une analyse des principaux facteurs associés Pica, Lucille A, et autres. (2014) Québec : ISQ. bit.ly/XdBE8r Le cadre familial influence beaucoup le risque de décrochage d’un jeune : la pauvreté, le manque d’encadrement ou le faible taux de scolarité des parents représentent des facteurs aggravants. Les garçons demeurent plus sujets à mettre un terme à leurs études et courent un plus grand risque encore s’ils travaillent plus de 16 heures par semaine. Fumer la cigarette, consommer des drogues et de l’alcool, avoir une santé mentale défavorable, adopter des conduites imprudentes sont des exemples de facteurs associés au décrochage. PUBLICATIONS GOUVERNEMENTALES Contrer la banalisation de l'exploitation sexuelle : une contribution au développement de relations égalitaires entre filles et garçons - Ça sexprime MSSS, UQAM, MELS et Tel-Jeunes bit.ly/163YK6v Forme de violence bien réelle, mais trop bien cachée encore, l’exploitation sexuelle détruit beaucoup de jeunes vies. Les images et messages projetés par les vidéoclips déforment la réalité et brouillent la vision des adolescents quant aux relations de couple; une problématique très lourde de conséquences. Ce numéro se penche sur la question, il précise la notion de consentement et propose des avenues pour prévenir et intervenir auprès des jeunes victimes. OUTILS Le document vidéo « Sur le chemin de l'autisme » Cynthia Brosseau, T.S. Hôpital Rivière-des-Prairies bit.ly/1341cZr Il s’agit d’un outil clinique permettant aux intervenants du milieu de l’autisme de soutenir les parents dans leur processus d’adaptation face au diagnostic. C’est une incursion sensible et éclairante dans l’univers des familles qui vivent avec l’autisme. Outil Web interactif de sensibilisation à la violence au travail www.violenceautravail.ca/ L’équipe de recherche VISAGE du Centre d’étude sur le trauma a récemment lancé un outil Web qui vise à sensibiliser les travailleuses et les travailleurs aux réalités de la violence en milieu de travail. Dossier intitulé « Droit et santé mentale : ce qu'il faut savoir » Éducaloi bit.ly/1GaT2Fn Les problèmes de santé mentale sont une réalité quotidienne pour des milliers de Québécois et leurs proches. La maladie a de nombreux aspects juridiques. Pourtant l'information est souvent éparpillée ou difficile à comprendre. Dans ce dossier, Éducaloi rassemble et rend accessible au grand public les réponses aux questions fréquentes. Bulletin de l’OTSTCFQ N° 125, hiver 2015 23 Deux journées de formation et d’échange sur la thérapie conjugale et familiale Conférence présentée par Mme Catherine Ducommun-Nagy Les 23 et 24 octobre dernier, l’Ordre et le comité de la thérapie conjugale et familiale ont organisé une conférence sur le trouble des conduites et l’éthique relationnelle. Mme Catherine Ducommun-Nagy, docteure en psychiatrie et psychothérapie d’enfants et d’adultes et invitée à titre de conférencière pour l’occasion, a parlé aux quelques 75 participants de la thérapie contextuelle et la dimension relationnelle en faisant appel à sa vaste expérience et aux recherches et travaux de M. Iván BöszörményiNagy, psychiatre. Invités à titre de panélistes, Lyne Douville, T.C.F., Roch Pelletier, T.C.F. et Daniel Puskas, psychothérapeute ont aussi participé aux échanges, notamment sur un cas clinique, avec Mme Ducommun-Nagy. Ces deux journées ont également été l’occasion pour nos membres participants de suivre une formation continue en lien avec l’exercice de la psychothérapie. Biennale Unaforis 2014 : Les formations sociales en transformation; l’affaire de tous? NOUVELLE PUBLICATION L’Ordre présente sa vision quant à la formation continue de demain En novembre, à Paris, le président de l’Ordre, M. Claude Leblond, T.S., participait à la biennale de l’Union nationale des associations de formation et de recherche en intervention sociale (UNAFORIS), édition 2014. Intitulée Les nouvelles technologies de l’information en support à la formation continue, cette présentation levait le voile sur la façon avec laquelle l’Ordre entrevoit la dispensation de la formation continue au cours des prochaines années. « La vraie question n’est plus de savoir si les nouvelles technologies ont leur place dans une offre de formation; la vraie question c’est comment faire en sorte qu’elles aient un maximum d’impact sur l’engagement, la motivation, l’apprentissage et la réussite des apprenants ». M. Leblond a entretenu son auditoire à propos de la réalité québécoise : vaste territoire, membres œuvrant partout, même en région éloignée, impact des coupes budgétaires sur la capacité des membres de se libérer pour assister à de la formation continue traditionnelle, coûts de déplacements et d’hébergement élevés, etc. Ainsi, dans le but de rendre son offre de formation continue plus accessible à tous ses membres, et à coût moindre, l’Ordre table sur des scénarios lui permettant de passer en mode téléformation, que ce soit par webdiffusion, webinaires et autres avenues qu’offrent les nouvelles technologies. 24 Bulletin de l’OTSTCFQ N° 125, hiver 2015 Pourquoi l'égalité est meilleure pour tous, par Richard Wilkinson et Kate Pickett, éditeur Les Petits matins, traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par André Verkaerer (2013), 2010, 503 pages. Les membres de l’Ordre au cœur de l’actualité médiatique! Au cours des derniers mois, plusieurs membres de l’Ordre ont été présents dans le paysage médiatique. Voici un petit aperçu de ces nombreuses fois où certains d’entre vous ont été sous les feux de la rampe… Si vous avez été présent dans les médias, veuillez nous en informer en écrivant à l’adresse suivante : [email protected] . Nous serons heureux d’en faire mention dans le Bulletin suivant, ou sur nos tribunes en ligne! Juin 2014 6 novembre 2014 L'Express France Lorraine Filion, T.S., est reconnue au pays et à l’étranger pour son travail de pionnière en médiation familiale. Dans une entrevue accordée à une journaliste française, Isabelle Grégoire, Mme Filion explique que la médiation familiale permet de garder le cap sur le bien-être des enfants plutôt que sur les difficultés conjugales. Patrick Girard, T.S., présente le Projet de réaffiliation en itinérance et en santé mentale (PRISM) et le rôle qu’il y joue à titre de spécialiste en toxicomanie. 4 octobre 2014 En entrevue, Denis Bourque, T.S., titulaire de la Chaire de recherche du Canada en organisation communautaire, partage ses inquiétudes à l’aube des consultations sur le projet de loi 10 portant sur la réforme du système de la santé et des services sociaux. 8 octobre et 14 octobre Marc-Olivier Pagé, T.S., responsable politique de l'Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux, commente la réduction d'effectifs au CSSS Champlain-Charles-Le Moyne. 18 octobre 2014 Accompagnée de la coordonnatrice, Maude Santerre, Amélie Bédard, T.S., se réjouit de l’ouverture imminente à Québec du centre d'hébergement LUNE, un refuge pour les travailleuses du sexe. 11 novembre 2014 La documentariste canadienne Laura Sky dresse le portrait de victimes collatérales du trouble de stress post-traumatique : les enfants. Nadia Kohler, T.S., cofondatrice du programme E=MC³, explique les interventions dont profitent les familles à la base Valcartier en vertu de ce programme, lequel a d’ailleurs été repris partout au Canada. 20 novembre 2014 En novembre, l’Hôpital Rivière-des-Prairies lançait Sur les chemins de l’autisme, une vidéo traitant du vécu des parents d’enfants aux prises avec ce trouble, de l’annonce du diagnostic jusqu’à l’adaptation à cette réalité parsemée de défis. Cynthia Brousseau, T.S., l’instigatrice du projet, livrait en entrevue les constats qui l’avaient amenée à développer cet outil et les bienfaits qu’il apporte aux familles et aux intervenants œuvrant dans ce domaine. 29 novembre 2014 Jacqueline LaBrie, T.S., médiatrice en divorce et séparation, fait état de l’évolution naturelle du couple et du sentiment amoureux. 30 octobre 2014 3 décembre 2014 En commission parlementaire, accompagné de Pierre-Paul Malenfant, T.S. et vice-président et de Lucie D’Anjou, T.S, le président de l’Ordre, Claude Leblond, T.S., livre un vibrant plaidoyer en faveur des services à la population qui sont menacés par le projet de loi 10. Yvon Bureau, T.S. et Ghislain Leblond, coprésidents du Collectif Mourir digne et libre soulignent les cinq ans de l’ouverture de la Commission Soins de fin de vie. L’OTSTCFQ prend l’Influenza en grippe! Cet automne, à l’invitation du directeur général et secrétaire de l’Ordre, Sylvio Rioux, T.S., les membres du personnel de la permanence ont relevé leur manche pour recevoir le vaccin contre l’Influenza. Par ce geste, M. Rioux tenait à s’assurer de la bonne santé de ses troupes, tout en faisant un clin d’œil aux travailleurs sociaux, principalement ceux œuvrant dans le réseau, qui doivent également se prêter à l’exercice! Bulletin de l’OTSTCFQ N° 125, hiver 2015 25 L’utilisation illégale des titres de travailleur social et de thérapeute conjugal et familial UE DU ainsi que l’exercice illégal des activités CHRONIQD N IC Y S réservées aux mebres de l’Ordre Marcel Bonneau, T.S. Syndic Collaboration : Me Richard Silver, T.S., avocat Conseiller juridique Le 10 octobre 2014, le Conseil d’administration de l’Ordre adoptait une mise à jour de la Politique et procédure pour intervenir dans les situations d’utilisation illégale d’un titre ou d’exercice illégal d’une activité réservée. Les dispositions législatives relatives à l'utilisation illégale d’un titre professionnel et l’exercice illégal de la profession s'appliquent à l'ensemble des ordres professionnels au Québec. Pour les professions à titre réservé, seule l’utilisation du titre est réservée à l’usage exclusif des membres en règle. Depuis le 20 septembre 2012, certaines activités énumérées dans le Code des professions sont désormais réservées aux travailleurs sociaux et aux thérapeutes conjugaux et familiaux. À partir de cette date, à l’exception de personnes désignées par la loi ou par règlement (personnes inscrites au registre des droits acquis, le registre des criminologues, étudiant ou stagiaire), l’appartenance à l’Ordre est essentielle pour exercer certaines activités professionnelles. Les activités réservées (présentées et expliquées sur le site de l’Ordre, à l’adresse suivante : bit.ly/1A55XxY) sont partagées avec d’autres professions. La seule exception concerne l’activité d’évaluation psychosociale d’une personne dans le cadre des régimes de protection du majeur ou du mandat donné en prévision de l’inaptitude du mandant, activité exclusive aux travailleurs sociaux. RAPPEL DU CADRE JURIDIQUE Utilisation illégale des titres de travailleur social (T.S.) ou de thérapeute conjugal et familial (T.C.F.) En vertu de l'article 36(d) du Code des professions, seule une personne qui est titulaire d'un permis valide à cette fin et qui est inscrite au tableau de l'Ordre peut : 4 utiliser le titre de « travailleur social » ou « travailleuse sociale » (« social worker »); 4 s'attribuer les initiales « T.S.P. », « P.S.W. ». « T.S. » ou « S.W. »; 4 utiliser un titre, des initiales ou une abréviation pouvant laisser croire qu'il est « travailleur social »; 4 utiliser le titre « thérapeute conjugal(e) et familial(e) », « thérapeute conjugal(e) », « thérapeute familial(e) »; 4 s’attribuer les initiales « T.C.F. »; « T.C. », « T.F. », « M.F.T. », « M.T. » ou « F.T. »; 4 utiliser un titre, des initiales ou une abréviation pouvant laisse croire qu’il est « thérapeute conjugal et familial » (marriage and family therapist). Situations les plus couramment dénoncées à l’Ordre : Une personne se désigne comme travailleur social ou thérapeute conjugal et familial; 26 Bulletin de l’OTSTCFQ N° 125, hiver 2015 4 par écrit, dans un document, un dépliant, sur une carte professionnelle, sur un site Internet, par une signature d'un formulaire pour une compagnie d'assurances; 4 verbalement, au téléphone, à son client, à un partenaire, devant le tribunal, lors d'une conférence, etc. Une personne se laisse désigner comme travailleur social ou thérapeute conjugal et familial : 4 en toute connaissance, dans un rapport d'un autre professionnel, dans une revue, dans des réunions multidisciplinaires, par une secrétaire/réceptionniste, etc.; 4 à son insu : sur un site Internet, dans un article de journal, etc. Dans une telle situation, la personne n’est pas en faute, mais l’éditeur du média peut l’être. L'utilisation illégale des titres de T.S. et de T.C.F. est dans certains cas imputable à la méconnaissance de la loi par la personne utilisant l’un de ces titres ou à une organisation. Dans d'autres cas, l'utilisation illégale du titre est plutôt imputable à la mauvaise foi de certaines personnes ou encore de certaines organisations, lesquelles permettent l’utilisation d’un titre professionnel sans interroger la personne sur son appartenance réelle à l’ordre du titre utilisé. La jurisprudence nous montre que l'utilisation illégale du titre est fréquemment faite par une personne dans le but de rehausser sa crédibilité.1 Suivant l’expérience acquise au cours des dernières années et les statistiques compilées, la dénonciation quant à l'utilisation illégale des titres de T.S. et de T.C.F. s’effectue le plus fréquemment par : 1) un membre de l'Ordre; (2) une personne du public, plus particulièrement un bénéficiaire pour qui les services dispensés ne sont pas adéquats ou satisfaisants; (3) un représentant d’un établissement où travaille la personne utilisant un titre; (4) une compagnie d'assurances qui veut vérifier le statut professionnel d'une personne qui aurait signé un reçu pour services rendus à un assuré. Bien que plus récente, la dénonciation pour l’exercice illégal d’une des activités réservées aux membres de l’Ordre se veut plus ciblée, en lien avec la pratique professionnelle de personnes œuvrant dans le domaine des relations humaines. Ainsi, il arrive qu’une personne effectue une activité réservée alors que : 4 la personne a été radiée de l’Ordre faute de paiement à temps de sa cotisation; 4 la personne débute en pratique autonome ou, dans son organisation ou établissement, se voit affectée à de nouvelles responsabilités professionnelles dans un nouveau champ d’activité professionnelle.; g CHRONIQUE DU SYNDIC L’utilisation illégale des titres de travailleur social et de thérapeute conjugal et familial ainsi que l’exercice illégal des activités réservées aux membres de l’Ordre 4 la personne ne connaît pas les dispositions législatives entrées en vigueur depuis le 20 septembre 2012 ou tente sa chance, effectue une ou plusieurs activités réservées afin de vérifier ses intérêts et sa motivation à poursuivre sa pratique professionnelle dans ce secteur d’activités. pénale et non disciplinaire, puisque le Conseil de discipline n’a juridiction que sur les membres de l’Ordre ou les personnes qui étaient membres au moment de la commission des actes reprochés. L’Ordre entamera ces recours prévus au Code des professions afin de créer un effet dissuasif et protéger le public. La dénonciation d’un exercice illégal d’une des activités réservées aux membres de l’Ordre nous provient de : (1) d’un membre de l’Ordre; (2) d’une personne du public; (3) d’un représentant d’un établissement où travaille la personne; (4) d’un syndic suite à une enquête conduite auprès d’un membre de l’Ordre. À titre d’information, le Conseil d’administration autorise annuellement une ou deux poursuites pénales contre une personne refusant de se conformer aux dispositions établies sur le sujet. Chaque dossier déposé devant les membres du Conseil d’administration fait l’objet d’une étude rigoureuse avant qu’une poursuite ne soit entamée. Pour toute dénonciation faite à notre Ordre à ce sujet, la preuve recueillie en la matière doit, non seulement démontrer qu’il y a eu utilisation illégale du titre ou exercice illégal d’une des activités réservées aux membres de l’Ordre, mais que cette infraction a été commise sciemment2, en toute connaissance de cause. Sanctions Toute personne qui commet une telle infraction est passible d'une amende d'au moins 1 500 $ et d'au plus 20 000 $ pour chaque infraction. En cas de récidive, le minimum et le maximum de l’amende sont portés au double.3 Ces amendes sont versées à l'Ordre. ORIENTATIONS PRISES PAR L’ORDRE Responsabilités confiées du Bureau du syndic Le Conseil d’administration a confié au syndic et aux membres du Bureau du syndic le mandat de recevoir les dénonciations en la matière et de mener les enquêtes dans les situations d’utilisation illégale des titres de T.S. et de T.C.F. ainsi que d’exercice illégal des activités réservées aux membres de l’Ordre. Le syndic bénéficie de l’immunité prévue à l’art. 193.7 du Code des professions dans l’actualisation de ce mandat. Information et avertissement L’Ordre n’exerce pas de poursuite lors d’une première infraction. Nous nous limitons à informer la personne mise en cause des dispositions législatives en la matière en lui indiquant l’obligation de respecter lesdites dispositions et du même coup, l’enjoignant de respecter l’usage des titres de T.S. ou de T.C.F. de même que l’obligation de devenir membre en règle de l’Ordre pour accomplir l’une des activités réservées aux membres de l’Ordre. L’avertissement transmis par courrier recommandé à la personne mise en cause contient toutes les informations quant aux recours légaux en cas de récidive. Il comprend également une suggestion aux personnes disposant des qualifications nécessaires de devenir membre en règle de l’Ordre. Dans le cas où un média d’information est impliqué dans l’infraction, nous demandons la parution d’une correction. Poursuite Le Conseil d’administration de l’Ordre, sur recommandation du syndic, décide d’autoriser la poursuite contre un contrevenant après avoir pris connaissance des informations pertinentes recueillies durant l’enquête à savoir : 4 une infraction d’une personne aux dispositions législatives décrites précédemment; 4 une preuve démontrant que l’infraction a été commise en toute connaissance de cause (anciens membres, récidives, connaissance évidente des dispositions légales en la matière). Les poursuites en matière d’utilisation illégale du titre et d’exercice illégal de la profession relèvent de la procédure Une nécessité de surveillance par chaque membre de l’Ordre En vertu de l'article 4.01.01 j) de notre Code de déontologie, un membre de l'Ordre commet un acte dérogatoire à l'honneur et à la dignité de la profession s'il permet à une personne qui n'est pas membre de l'Ordre de porter le titre de travailleur social ou de thérapeute conjugal et familial ou d’exercer une activité réservée aux membres de l’Ordre. En conséquence, tout membre a l'obligation d'attirer l'attention de l'Ordre, de son collègue ou de son employeur s’il se trouve face à une situation non conforme à la loi. Nous sollicitons la collaboration de vous tous pour identifier des situations ou une personne ne respecte pas les dispositions décrites précédemment. Statistiques en lien avec l’utilisation illégale des titres L'Ordre a ouvert quelque 366 dossiers relatifs à l'utilisation illégale du titre de travailleur social et de thérapeute conjugal et familial depuis l’année 2000 (soit entre 20 et 36 par année) et, depuis le mois de septembre 2012, cinq dossiers concernant l’exercice illégal d’une activité réservée. Nous sommes convaincus que les dénonciations signalées représentent une proportion minime des infractions commises. En ce qui a trait aux dénonciations quant à un exercice illégal d’une activité réservée, les dénonciations débutent et sont susceptibles de progresser suivant les activités de prévention, d’information aux membres, au public en général ainsi qu’aux employeurs ou associations d’établissements. Les orientations adoptées par le Conseil d’administration de l'Ordre en matière d'utilisation illégale des titres et d’exercice illégal de la profession ont pour but de mettre à jour les positions de l’Ordre dans le but d’assurer la protection du public. Notes 1. 2. 3. Voir M. Bonnier, Le traitement des dossiers concernant l'exercice d'une profession et l'usurpation d'un titre réservé: l'enquête et les différents recours juridiques utilisés, dans Développements récents en déontologie, droit professionnel et disciplinaire, SFPBQ, Yvon Blais, Cowansville, 2001, 1 à 38. Code des professions, art. 188,1. Code des professions, art. 188. Bulletin de l’OTSTCFQ N° 125, hiver 2015 27 Ces lois qui nous gouvernent Par Isabelle Lavoie, T.S. Étienne Calomne, T.S. Syndics adjoints DU CHRONIQUE SY N D I C Me Véronique Brouillette, procureure du Bureau du syndic, a collaboré à la révision des aspects juridiques de cet article. Nos professions sont encadrées par des lois, des règlements, des normes de pratique, des directives propres aux établissements du réseau. Nos enquêtes démontrent chez les professionnels une relative confusion quant à la préséance de l’une ou l’autre de ces dispositions. Nous nous proposons d’établir les principes régissant l’application de ces diverses règles et d’illustrer ces mêmes principes. Les dispositions légales et normatives et les principes d’application La Charte des droits et libertés du Québec Les lois particulières = Loi sur les services de santé et les services sociaux (LSSSS) = Loi sur la protection de la jeunesse (LPJ) = Loi sur le système de justice pénale pour adolescents (LSJPA) Les lois à portée générale = Code civil du Québec = Code des professions du Québec Les règlements = Code de déontologie = Règlement sur la tenue des dossiers = Règlement sur la conciliation et l’arbitrage de comptes Le législateur cherche à favoriser la cohérence des lois entre elles, afin d’éviter des contradictions dans leur interprétation. Ainsi, le Code de déontologie et le Code civil ne devraient pas se contredire, par exemple en matière de droit du client à la confidentialité. En cas de dispositions potentiellement contradictoires entre ces dispositions légales et réglementaires (par exemple : le consentement des clients, prévu au Code civil vs le droit des établissements d’organiser les services tel que prévu dans la LSSSS), les lois particulières prévalent sur les lois d’application générale. De plus, les lois prévalent sur les règlements; ainsi, le Code des professions prime sur le Code de déontologie. La Charte des droits et libertés constitue une exception à ce principe, puisqu’elle prime sur toutes les lois du Québec, à moins d’une dérogation expresse (par exemple : le pouvoir des syndics d’avoir accès à des informations confidentielles g Le cœur de votre organisaon. Opportunités de carrières chez Shepell Shepell est le principal fournisseur canadien de programmes d'aide aux employé(e)s et à la famille. Nous sommes reconnus pour notre experse en dépistage, évaluaon, intervenon et encadrement des employés et de leur famille. À tre de travailleur social, vous fournirez aux clients du counseling de courte durée, mais vous jouerez également un rôle de facilitateur en recommandant des ressources communautaires lorsque la situaon l'exige. Nous sommes présentement en recrutement: • Conseiller PAEF (temps plein ou temps parel) • Conseiller Service d'intervenon post-traumaque (indépendant ou salarié) • Conseiller Programme de Souen au travail (indépendant ou salarié) En plus du tradionnel counselling en personne, nous ulisons des modalités novatrices tel que le téléphonique, vidéo, électronique et clavardage. Cela nous permet d’accomplir ce qui est le plus important pour nous: Faire une différence dans la vie d’employé(e)s et leur famille. Appliquez aujourd’hui, au plaisir de faire votre connaissance ! [email protected] Visitez notre site : www.morneaushepell.com/ca-fr et cliquez sur Carrières 28 Bulletin de l’OTSTCFQ N° 125, hiver 2015 g CHRONIQUE DU SYNDIC Ces lois qui nous gouvernent s’applique nonobstant le devoir de confidentialité des professionnels). Les lois et règlements sont incontournables et des sanctions peuvent y être incluses en cas de contravention (exemple : l’utilisation illégale du titre de T.S. ou de T.C.F. prévue au Code des professions est passible d’une amende). Les normes de pratique Il existe des normes écrites (nous référons aux normes générales de pratique et aux lignes directrices élaborées par l’OTSTCFQ dans différents champs de pratique tels que l’adoption internationale, l’évaluation psychosociale pour les régimes de protection, l’expertise en matière de garde d’enfants et de droits d’accès) et des normes non écrites mais généralement admises dans la profession. Ces normes n’ont pas de valeur légale et, en cas de dérogations potentielles, elles doivent, sauf exception, être soumises à l’interprétation d’un professionnel reconnu pour son champ d’expertise, à plus forte raison lorsque la norme n’est pas écrite. Cependant, la contravention à une norme peut constituer une infraction déontologique (en vertu de l’article 3.01.07). Les directives internes aux organisations Ces lignes de conduite n’ont pas de valeur légale. Elles doivent respecter les lois et règlements en vigueur et pourraient se voir opposer les normes de pratique professionnelle en cas de litige. Des applications Les situations qui suivent illustrent les principes décrits précédemment. Nous mettons cependant en garde le lecteur contre toute association de ces vignettes à d’autres situations apparemment semblables; certains éléments propres à ces situations pourraient commander une interprétation différente. Situation 1 Un centre jeunesse demande aux professionnels mandatés pour émettre des recommandations en matière de garde d’enfants de ne pas considérer les antécédents des relations parents – enfants (un père qui n’aurait pas eu de contacts avec ses enfants durant 3 ans), pour se concentrer sur les capacités parentales actuelles. Les lignes directrices propres au champ de pratique requièrent de décrire la qualité de la relation de l’enfant avec chacun de ses parents, ainsi que l’adaptation de chaque parent au divorce et à l’accomplissement de ses rôles sociaux. La directive interne du Centre jeunesse n’a pas préséance sur les normes de pratique. Situation 2 Une travailleuse sociale justifie l’absence de plans d’intervention dans ses dossiers par l’absence d’exigence du CSSS à cet égard. La LSSSS prévoit aux articles 102 et 103 qu’un établissement doit élaborer un plan d’intervention pour ses usagers. Le règlement (article 3 – 4°) et les normes sur la tenue des dossiers (p. 48) exigent l’élaboration d’un plan d’intervention. En conséquence, l’absence de directive ou de formulaire pour l’élaboration d’un tel plan au sein d’un établissement ne justifie pas le manquement identifié. Situation 3 Dans certains services de soutien à domicile (CSSS), l’employeur considère que l’outil d’évaluation multi-clientèle (OEMC) constitue une évaluation psychosociale. L’article 3.01.07 requiert des travailleurs sociaux d’exercer conformément aux normes de pratique. L’annexe 1 du Guide de normes sur la tenue des dossiers précise les éléments que devrait contenir une évaluation psychosociale. Le même Guide de normes (p. 35) mentionne que les formulaires multi-clientèles ne peuvent tenir lieu d’évaluation psychosociale. En conséquence, la norme édictée par l’OTSTCFQ a préséance sur la politique interne et l’outil OEMC, malgré sa pertinence, ne peut à lui seul être considéré comme une évaluation psychosociale. Références • Code de déontologie des membres de l’Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec, c. C-26, r.286, mis à jour en 2009. • Règlement sur la tenue de dossiers et des cabinets de consultation des membres de l’Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec, c. C-26, r. 297, mis à jour en 2009. • OPTSQ, Les normes de pratique professionnelle des travailleurs sociaux, juin 1993. • OPTSQ, Guide de normes sur la tenue des dossiers, décembre 2005. • OPQ, OPTSQ, ACJQ, Lignes directrices pour l’expertise en matière de garde d’enfants et des droits d’accès, février 2006. PL 21 et droits acquis Ayant été consulté par des établissements du réseau de la santé et des services sociaux, l’Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec (OTSTCFQ) et l’Ordre professionnel des sexologues du Québec (OPSQ) travaillent conjointement dans le but d’éclaircir la situation quant au droit d’exercer, pour certains sexologues, ce qui s’apparenterait à l’activité réservée notamment aux travailleurs sociaux et qui consiste en « l’évaluation du fonctionnement social d’une personne atteinte d’un trouble mental ou neuropsychologique attesté par un diagnostic ou par une évaluation effectuée par un professionnel habilité » (PL 21, 2009, c. 28). Rappelons que l’OTSTCFQ autorisait, à la demande de l’Office des professions du Québec, les personnes formées en sexologie à exercer cette activité afin d’éviter une rupture de services, et ce, jusqu’à la création de l’OPSQ, en 2013. L’OTSTCFQ et l’OPSQ estiment que cet éclaircissement témoignera de leur volonté commune d’adopter une approche souple dans le but d’assurer la continuité des services, dans un contexte de réforme législative majeure du domaine de la santé mentale et des relations humaines. Bulletin de l’OTSTCFQ N° 125, hiver 2015 29 Appel À contributions INTERVENTION Revue Intervention Numéro 143 (HIVER 2016) Travail social et déterminants sociaux de la santé : regard sur les actions et stratégies en vue de réduire les inégalités sociales de santé L’existence des inégalités sociales de santé est non seulement un phénomène qui, depuis longtemps, figure dans l’histoire des sociétés, mais également un phénomène bien documenté par la recherche en sciences humaines et sociales (Goldberg et al. 2002; Guinchard, Potvin, 2010). C’est à partir du début du 20e siècle que les recherches en épidémiologie sociale vont tenter de quantifier le phénomène bien connu de la moins bonne santé et de la plus brève espérance de vie chez les pauvres que chez les riches par la démonstration que l’espérance de vie, le taux de mortalité et la présence de maladies chroniques varient en fonction des catégories socio-économiques. Plus précisément, les recherches constatent un gradient de santé, c’est-à-dire que les états de santé sont gradués selon les différentes strates sociales. Par ailleurs, depuis le début du 20e siècle, les recherches n’ont pas seulement quantifié les écarts de santé entre groupes sociaux, mais ont également voulu les expliquer en démontrant que ces écarts sont fortement corrélés aux mauvaises conditions de vie, d’hygiène et de travail. Ainsi, à partir du 20e siècle, un changement de paradigme s’est opéré. Celui-ci repose désormais sur l’idée que le fort taux de mortalité et la faible espérance de vie ne sont pas le fruit de prédispositions génétiques ou des mauvaises habitudes de vie des pauvres aux comportements délétères, mais sont plutôt causés par des facteurs sociaux. Depuis ce changement de paradigme, les recherches dans ce domaine n’ont cessé de peaufiner analyses et modèles théoriques afin de démontrer l’influence des facteurs sociaux dans l’existence d’états de santé différenciés entre catégories socio-économiques. Parmi les facteurs sociaux, nous retrouvons : les politiques sociales, économiques et de santé, les conditions de logement, les conditions de travail, le chômage et la sécurité de l’emploi, le filet de sécurité sociale, l’éducation, la petite enfance, le revenu, l’exclusion sociale, mais aussi des facteurs tels que, les milieux sociaux et familiaux, les milieux de vie et les réseaux sociaux (Mikkonen, Raphaël, 2011). Concernant plus spécifiquement le domaine du service social, plusieurs changements structurels ont modulé et encadré les pratiques des intervenants ces dernières décennies, le dernier en lice étant l’adoption du projet de loi 211. Dans la même lignée, l'Ordre, porté par la volonté de mieux définir la pratique de ses membres, mène depuis plusieurs années des travaux à propos de la profession de travailleur social et des exigences liées à son exercice. Ces travaux ont abouti à la production de plusieurs documents de référence, notamment le nouveau Référentiel d'activités professionnelles lié à l'exercice de la profession de travailleur social disponible depuis décembre sur le site de l'OTSTCFQ. Il est évident que ces « encadrements » ont un impact sur les pratiques quotidiennes des membres de l'Ordre, sur les milieux de formation des futurs travailleurs sociaux et, conséquemment, sur ceux et celles qui se joindront à la profession sous peu. Nous pouvons, par exemple, penser qu'en raison de l'adoption du projet de loi 21, de nombreux intervenants psychosociaux, actuellement non éligibles à un ordre professionnel, feront le choix, au cours des années à venir, de retourner sur les bancs d’école afin d’avoir accès à un titre professionnel reconnu. Cependant, en dépit du développement des connaissances dans le domaine des inégalités sociales de santé, il apparaît encore aujourd’hui que, non seulement les inégalités sociales de santé n’ont pas reculé, mais qu’elles persistent et s’aggravent (De Koninck, Fassin, 2004). Pourtant, les études axées sur les déterminants sociaux de la santé s’entendent pour dire qu’en matière de réduction des inégalités, il existe, si on peut le dire ainsi, des stratégies gagnantes. Ces stratégies sont des actions à visées globales situées hors du champ strictement dévolu à la santé (Organisation mondiale de la santé, 2008). Elles ciblent notamment l’action intersectorielle, les politiques sociales en matière de réduction de la pauvreté et de redistribution de la richesse, l’amélioration des conditions et des milieux de vie des groupes les plus défavorisés, l’accès à un logement décent et abordable, la lutte contre le décrochage scolaire, les services à la petite enfance, mais également le renforcement des liens sociaux, le développement des communautés, la capacité d’agir individuelle et la mobilisation citoyenne (Boisvert; 2013, De Koninck; 2008; Guinchard, Potvin; 2010; Paquette, Leclerc, Bourque, 2014). En outre, les actions orientées vers la réduction des inégalités sociales de santé rejoignent le travail social à plusieurs niveaux. Premièrement, comme profession, le travail social s’est développé en grande partie en réaction aux inégalités sociales et à leur impact sur la vie, la santé et le quotidien des personnes tant au plan individuel que collectif (OTSTCFQ, 2013). Deuxièmement, témoin au quotidien des répercussions réelles qu’ont les conditions de vie des personnes sur leur qualité de vie, le travail social a développé toute une expertise pour intervenir à la jonction des personnes et de leur environnement en tenant compte de leur réalité subjective, de leurs conditions de vie, de leurs rôles sociaux et de leur réseau, dans une perspective de pouvoir d’agir, de pleine citoyenneté et de justice sociale (OTSTCFQ, 2013). Troisièmement, considérant l’expertise développée en travail social de même que l’état des connaissances concernant les déterminants sociaux de la santé, les grandes associations et regroupements en travail social font actuellement valoir publiquement la légitimité, voire la responsabilité des travailleurs sociaux de demeurer engagés dans la lutte contre les inégalités sociales à travers leur pratique professionnelle. Plus précisément, ils rappellent l’importance et le devoir de poser des actions à l’échelle macrosociale et microsociale dans le but de renforcer à la fois les communautés et les individus qui les composent (OTSTCFQ, 2013). 30 Bulletin de l’OTSTCFQ N° 125, hiver 2015 Appel À contributions (suite) INTERVENTION Revue Intervention Numéro 143 (HIVER 2016) En regard de ce contexte, la revue Intervention lance un appel à contributions afin que chercheurs et professionnels en travail social issus de tous les milieux de pratiques fassent part de leurs réflexions, analyses et résultats de recherche et projets d’intervention quant aux actions à mener visant la réduction des inégalités sociales en matière de santé. En quoi certaines approches ou modèles d’intervention sont-ils plus spécifiquement orientés vers la réduction des inégalités sociales de santé? Quelles sont les retombées attendues et les résultats obtenus? Considérant également le contexte actuel de médicalisation et de psychologisation des problèmes sociaux, quels sont les obstacles ou enjeux rencontrés dans le développement de stratégies qui ciblent les déterminants sociaux? Par ailleurs, tout en sachant que de nombreux modèles et approches d’intervention développés dans les milieux de pratique ne sont pas nommément sous l’égide de cette définition proposée des déterminants sociaux, la revue Intervention invite également chercheurs et professionnels à revisiter leurs données et analyses selon l’angle des déterminants sociaux de la santé afin d’apporter une contribution au développement de stratégies efficaces en matière de lutte contre les inégalités sociales. Nous attendons avec intérêt votre contribution. Pour le Comité de la revue Intervention Sarah Boucher-Guèvremont, T.S., M.Sc., rédactrice en chef en collaboration avec : Mari-Lyne Roc, T.S., M.Sc., chargée d’affaires professionnelles, OTSTCFQ Alain Hébert, T.S, M.Sc., chargée d’affaires professionnelles, OTSTCFQ Références 1Boisvert, R. (2013). « Réduction des inégalités sociales de santé : dispositions actancielles et intelligence collective au service du développement des communautés », Nouvelles pratiques sociales, vol.26, no.1, p.197-214. De Koninck, M. et D. Fassin (2004). « Les inégalités sociales de santé, encore et toujours », santé, société et solidarité, no.2, p.5-12. De Koninck, M. (2008). « Un regard multidisciplinaire sur la construction des inégalités sociales de santé », p.57-84, dans Frolich, K., De Konninck, M., Demers, A. et P. Bernard (sous la dir.), Les inégalités sociales de santé au Québec, Montréal : Les Presses de l’Université de Montréal. Goldberg, M., Melchior, M., Leclerc, A. et F. Lert (2002). « Les déterminants sociaux de la santé : apports récents de l’épidémiologie sociale et des sciences sociales de la santé », Sciences sociales et santé, vol.20, no.4, p.75-128. Guinchard, A. et L. Potvin (2010). « Pourquoi faut-il s’intéresser aux inégalités sociales de santé?, p.35-51 dans Potvin, L., Moquet, M.J. et C.M. Jones (sous la dir.), Réduire les inégalités sociales de santé, St-Denis : INPES, coll. Santé en action. Mikkonen, J. et D. Raphael (2011). Déterminants sociaux de la santé : les réalités canadiennes, Toronto : École de gestion et de politique de la santé de l’Université York. Organisation mondiale de la santé (2008). Combler le fossé en une génération : instaurer l’équité en santé en agissant sur les déterminants sociaux de la santé, rapport final de la Commission des déterminants sociaux de la Santé. OTSTCFQ (2014). L’intervention sociale individuelle en santé mentale dans une perspective professionnelle. Énoncé de position, Montréal : OTSTCFQ. Paquette, J., Leclerc, B-S. et S. Bourque (2014). La santé dans tous ses états : les déterminants sociaux de la santé. Trousse pédagogique, Montréal : CSSS de Bordeaux-Cartierville–Laurent-CAU. Date limite de réception souhaitée pour soumettre un article : 22 JUIN 2015 Pour toute question relative à cet appel à contributions, vous êtes invités à consulter notre site Internet à l’adresse suivante : www.otstcfq.org/intervention ou à communiquer avec : Sarah Boucher-Guèvremont, T.S., M.Sc., rédactrice en chef Téléphone : 514-731-3925, poste 251 Courriel : [email protected] Bulletin de l’OTSTCFQ N° 125, hiver 2015 31