Pologne : Rebond vigoureux confirmé en 2015
Olivier LE CABELLEC
olivier.lecabellec@credit-agricole-sa.fr
N° 15/223 – 8 juillet 2015
sur les variables de marché (bourse, taux,
change).
Balance des paiements en redressement
Les balances commerciale et des paiements se
sont redressées depuis la crise, par un double
mouvement de regain des exportations et de décé-
lération des importations. La balance courante est
restée déficitaire de 1,4% du PIB en 2014, mais ce
déficit est peu préoccupant, compte tenu de la
croissance du PIB à 3,3%. En 2015, les soldes
commercial et courant pourraient finir à l’équilibre
grâce à la vigueur des exports et aux transferts de
l’UE. Les aides de la PAC ont généré de forts
excédents courants au premier trimestre. Les IDE
et les investissements de portefeuille ont toutefois
beaucoup chuté en 2014 et 2015 et les besoins de
financements externes restent élevés, compte tenu
de la dette accumulée dans le passé.
… Malgré des incertitudes…
Prix : une baisse plus longue qu’anticipée
L’épisode de légère baisse des prix dure plus
longtemps que prévu (le plancher cible de la NBP
est de 1%). Une sortie de la déflation est
néanmoins envisageable au quatrième trimestre
2015. La Banque centrale mène une politique
monétaire orthodoxe, réactive, articulée et lisible.
Les taux ont baissé à 1,5% en mars 2015 et sont
restés inchangés depuis cette date. C’est sans
doute un taux plancher. Les taux d’intérêt réels
sont d’un niveau relativement modéré (2,5%) et
donc assez peu pénalisants pour l’activité.
Politique : l’incertitude des élections de 2015
L’élection présidentielle de mai 2015 a porté
Andrzej Duda
, le jeune candidat du parti
d’opposition de droite « Droit et Justice » (PiS) à la
présidence de la République. Le parti est en
campagne pour les législatives d’octobre et
pourrait bénéficier de la popularité déclinante du
parti Plate-forme civique (centre-gauche) pour
accéder au pouvoir. Il se prépare à gouverner (en
écartant, par exemple, Jaroslav Kaczynski dont la
personnalité est controversée), mais il aura sans
doute besoin de former une coalition avec un parti
minoritaire. Les promesses électorales du PiS sont
assez généreuses et méritent attention. Les enjeux
économiques devraient néanmoins rester modé-
rés, car un consensus national assez large existe
sur les grandes questions de politique écono-
mique.
Pour plus d’information, consultez notre publication du 8 juin
2015 : Pologne – Qu'attendre de l'élection de Duda ?
… et des risques qui perdurent
Change : stabilité avant tout
Le régime de change est celui d’un change flottant
avec l’euro comme référence et de rares inter-
ventions de la Banque centrale (NBP). Le zloty est
bien positionné dans une fourchette de fluctuation
entre 4 et 4,4 par euro. Peut-être un peu suréva-
lué, une chute brutale n’est toutefois pas envi-
sagée à court terme. De plus, la NBP a annoncé
qu’elle interviendrait pour stabiliser le zloty, en cas
d’attaque spéculative liée à la crise en Grèce.
Enfin la ligne filet du FMI (de 34 Mds USD), qui
joue le rôle d’assurance en cas de fortes tensions
de change, a été renouvelée début 2015. Le risque
de change est donc limité dans ce pays.
Dette externe trop forte et épargne trop faible
La dette externe s’élève à 155% des exportations
de biens et services à fin 2014, ce qui reste un peu
élevé. Elle est maintenue à ce niveau par une
ancienne bulle de crédit en devises qui n’a pas
totalement dégonflé. De plus, l’épargne des ména-
ges est beaucoup trop basse à 3% de leurs
ressources (pour 10% en Europe centrale) et cette
faiblesse rend le pays dépendant de forts besoins
de financement à l’étranger et empêche la dette
externe de diminuer plus rapidement.
Secteurs et entreprises : des contrastes
Le secteur de la construction se redresse. Il
pourrait bénéficier de la relance des investisse-
ments publics. Les difficultés des entreprises et le
nombre de faillites s’atténuent grâce au rebond
économique.
Les entreprises exportatrices vers la Russie ou
implantées en Ukraine (celles du secteur agricole)
vont continuer à souffrir de l’environnement difficile
en 2015, surtout depuis la forte chute du rouble qui
renchérit le coût des exportations. Les mesures
d’embargo russe devraient continuer à produire
des effets négatifs, mais un peu atténués par
rapport à 2014.