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Conscients du grand rôle des abstractions scientifiques dans la connaissance du monde, les philosophes réactionnaires de nos
jours luttent contre elles, nient que toute abstraction scientifique soit un reflet de l'essence objective des phénomènes dans la
conscience.
Ils font valoir qu'il n'est pas possible de voir, de palper, de photographier les abstractions, comme c'est le cas pour les choses
et les phénomènes concrets. Ils en viennent ainsi à nier la réalité de la matière, de la valeur, de la plus-value, etc. Les
philosophes réactionnaires s'appliquent à dissimuler que les abstractions résultent de la généralisation des propriétés
essentielles d'une masse de faits individuels. Les abstractions reflètent ce qu'il y a de général dans les objets, or le général n'a
pas et ne peut pas avoir un aspect directement sensible. Le général n'existe que dans et par le particulier.
Critiquant les métaphysiciens qui séparaient le particulier et le général, Engels écrivait : « C'est toujours la vieille histoire.
D'abord, on fait des abstractions des choses sensibles, et ensuite, on veut les connaître par voie sensible, on veut voir le temps
et flairer l'espace » (« Dialectique de la nature », P. 1952, p. 238).
L'impossibilité de connaître le général autrement que par l'abstraction, ne signifie pas qu'il n'est pas réel, qu'il n'existe pas. La
loi de la gravitation universelle ne peut être photographiée pas plus que la valeur, mais cela ne permet pas de nier sa réalité.
Il importe de distinguer les conceptions matérialiste et idéaliste de l'abstraction. L'abstraction scientifique, matérialiste, est
diamétralement opposée à l'abstraction idéaliste qui détache la pensée humaine de la réalité objective.
Accidence (lat. accidens). Propriété momentanée, passagère, non essentielle d'une chose. Ce terme est d'un usage fréquent
dans la scolastique du moyen âge, et aussi dans la philosophie des XVII
e
et XVIII
e
siècles. L'accidence — état passager —
était opposée à l'essence (ou substance) de la chose, qu'on considérait comme immuable.
AGNOSTICISME (du grec […] — inconnaissable). Théorie idéaliste affirmant que le monde est inconnaissable, la raison
humaine limitée et incapable de rien connaître au-delà des sensations. Elaboré au XVIII
e
siècle par Hume (V.) et par Kant
(V.). L'agnosticisme atteint son plein développement dans la seconde moitié du XIX
e
siècle et à l'époque de l'impérialisme.
Dans son livre « Matérialisme et empiriocriticisme » (V.), Lénine a clairement montré l'opposition irréductible du
matérialisme à l'agnosticisme. Il y a dénoncé la nature réactionnaire du machisme, l'une des plus virulentes expressions de
l'agnosticisme, et battu ses émules à plate couture. Parlant des deux tendances en philosophie, Lénine écrit : « Il y a d'abord
celle qui considère que les sens nous donnent une reproduction fidèle des choses, que nous connaissons ces choses mêmes,
que le monde extérieur agit sur nos organes des sens. Tel est le matérialisme que l'agnostique répudie. Quel est donc le fond
de la tendance de ce dernier ? C'est qu'il ne va pas au-delà des sensations ; qu'il s'arrête en deçà des phénomènes, se refusant
à voir quoi que ce soit de « certain » au-delà des sensations. Nous ne pouvons rien savoir de certain de ces choses mêmes
(c'est-à-dire des choses en soi...), telle est la déclaration très précise de l'agnostique. Ainsi, le matérialiste affirme... l'existence
des choses en soi et la possibilité de les connaître. L'agnostique n'admet même pas l'idée des choses en soi et affirme que
nous ne pouvons en connaître rien de certain » (« Matérialisme et empiriocriticisme », M. 1952, p. 113). C'était là le point de
vue de Hume et de Kant ainsi que de nombreux autres philosophes idéalistes, parmi lesquels Comte (V.) et Spencer (V.).
L'agnosticisme se manifeste sous diverses formes. Alors que Kant reconnaît l'existence objective des « choses en soi » (V.)
tout en niant la possibilité de les connaître, Hume et d'autres agnostiques vont jusqu'à nier l'existence objective des choses
parce qu'il est impossible, à leur avis, d'en connaître rien de certain.
Dans son livre « Ludwig Feuerbach et la fin de la philosophie classique allemande » (V.) et dans plusieurs autres ouvrages,
Engels a fait une critique approfondie de ces deux points de vue. L'agnosticisme est une des manifestations du scepticisme
(V.) en gnoséologie. L'agnostique est un sceptique car il met en doute la possibilité de connaître les « choses en soi », le
caractère objectif de la connaissance, l'existence du monde extérieur, etc. L'agnosticisme est largement répandu dans la
philosophie bourgeoise contemporaine. Ce qui le distingue, c'est la renonciation totale à la connaissance scientifique, à la
pensée logique ; il prône le mysticisme, l'irrationalisme, etc. L'origine sociale de l'agnosticisme réside dans la tendance des
classes exploiteuses à limiter la science, parce que la science véritable soutient tout ce qui est nouveau et se développe, et
combat ce qui est périmé et meurt. Les agnostiques cherchent à détourner les travailleurs de la connaissance des lois
objectives de la société, lois qui conduisent nécessairement au communisme.
L'activité pratique dans la vie sociale réfute l'agnosticisme. Qu'il s'agisse de la nature ou de la société, la connaissance
scientifique s'étend et s'approfondit sans cesse. Il n'y a pas de limites absolues à la connaissance humaine. Il n'y a pas dans la
nature de choses inconnaissables. Il y a seulement une différence entre ce qui est déjà connu et ce qui ne l'est pas encore,
mais le sera grâce à la science et à la pratique.
AKHOUNDOV Mirza Fatali (1812-1878). Eminent écrivain azerbaïdjanais, philosophe, homme public, propagateur des
lumières. Sa conception du monde s'était formée sous l'influence de la pensée sociale russe d'avant-garde et surtout des idées
des démocrates révolutionnaires Biélinski (V.), Tchernychevski (V.), Dobrolioubov (V.). Ses vues philosophiques en firent un
matérialiste, un athée. Seule la substance matérielle existe, disait-il. Une, éternelle et infinie, elle est sa propre cause et
l'origine de tous les processus et phénomènes de l'univers. La matière est une donnée première, la conscience une donnée
seconde. La nature, ou la matière, existe objectivement, d'elle-même, sans le concours d'une force extérieure. L'espace et le
temps sont les attributs (V.) nécessaires de la matière. Dans son article « Réponse au philosophe Hume », il critique la
conception idéaliste et subjective de la causalité. La causalité et l'enchaînement causal sont pour lui des catégories objectives
existant indépendamment de l'homme et de sa volonté. C'est en matérialiste également qu'il résout les problèmes de la théorie
de la connaissance. Il part de ce principe que le monde et ses lois sont connaissables, ce dont témoigne la science. Les
sensations sont la source de la connaissance. Le matérialisme d'Akhoundov était un matérialisme métaphysique. Sa
conception de l'histoire, des phénomènes sociaux, était idéaliste.