PETIT DICTIONNAIRE
PHILOSOPHIQUE
Sous la direction de M. Rosentahl et P. Ioudine
Le Petit dictionnaire philosophique est
conforme à l'édition abrégée du texte russe
publié par les Editions politiques d'Etat
(Moscou, 1955).
Edition électronique alisée par Vincent Gouysse à partir de
l’ouvrage paru en 1955 aux Editions en langues étrangères de Moscou.
Les portraits ainsi que les termes grecs ne sont pas reproduits dans
cette édition, ces derniers étant signalés par […]. Edité avant
l’officialisation du triomphe des révisionnistes soviétiques, cet ouvrage
ne comporte pas de révision flagrante des principes du marxisme-
léninisme, à l’exception de quelques appréciations anti-matérialistes
sur la Chine maoïste en particulier l’incompréhension du caractère
révisionniste et nationaliste bourgeois des thèses sur la « démocratie
nouvelle ». (Voir notre étude « Impérialisme et anti-impérialisme ».)
http://www.communisme-bolchevisme.net
http://www.marxisme.fr
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A
ABELARD Pierre (1079-1142). Philosophe et théologien français du moyen âge. Professait le conceptualisme (V.) dans la
lutte engagée autour de la question philosophique fondamentale celle du rapport de la pensée à l'être — qui a pris dans la
scolastique la forme de la « querelle des universaux » (V.). Dans son livre « Sic et Non », il demande de limiter la foi par des
« principes rationnels » et met en évidence les contradictions irréductibles dans les conceptions des autorités de l'Eglise. Pour
son époque, ce livre avait une valeur progressive. Les conceptions d'Abélard ont été condamnées par l'Eglise.
ABOVIAN Khatchatour (1805-1848). Grand écrivain arménien, démocrate et pédagogue, fondateur de la nouvelle
littérature et de la nouvelle langue littéraire arméniennes. La culture démocratique russe, ses représentants tels que
Griboïédov, Biélinski (V.) et autres, avaient exercé sur lui une heureuse influence.
On doit à Abovian le roman « Les plaies de l'Arménie » (écrit en 1840, paru en 1856) et d'autres oeuvres il décrit
l'héroïsme du peuple arménien en lutte pour sa libération nationale, contre les conquérants persans et turcs. Abovian
préconisait le droit de l'homme à la liberté, notamment à la liberté nationale. Concevant la liberté comme une conséquence de
l'égalité naturelle des hommes, il rejette la morale chrétienne de la non-résistance au mal et soutient l'idée de l'action
populaire.
Dans ses écrits, il dénonce la cruauté des exploiteurs féodaux, des popes et des moines, des riches, il montre le réveil de
l'esprit de protestation des paysans serfs. Cependant, le faible développement de la lutte de classes en Arménie dans les
années 30 et 40 du XIX
e
siècle n'a pas permis à Abovian d'en venir au démocratisme révolutionnaire, d'exiger le
renversement du régime du servage par la révolution.
Ses idées philosophiques accusent une tendance matérialiste. S'il n'ose pas encore dénoncer les mensonges religieux et
idéalistes selon lesquels le monde aurait été créé par Dieu ou par « l'esprit universel », il n'en porte pas moins une grande
attention aux hypothèses scientifiques sur l'origine du système solaire, du monde animal et végétal. Par toute son œuvre, il
s'efforce de fixer l'attention des hommes sur les « choses d'ici-bas », et c'est avec une ironie non dissimulée qu'il parle du
« monde de l'au-delà ». L'esprit n'est pour Abovian que la propriété de certains corps. « L'arbre est, il existe, mais il n'en a pas
conscience ; l'animal en a conscience, mais confusément ; l'homme est, il existe, il a pleinement conscience de son existence
parce qu'il pense. » L'âme de l'homme n'est que la propriété de son corps, elle naît et disparaît avec lui, ce qui rend futiles les
propos sur le « monde de l'au-delà ». L'immortalité de l'homme, c'est son œuvre. Abovian se rend compte que ses idées ont
une orientation antireligieuse et anti-idéaliste, mais il n'en dégage pas lui-même de conclusions athéistes, ce qui témoigne du
caractère contradictoire de ses vues philosophiques. Les tendances matérialistes de sa philosophie apparaissent avec un relief
particulier dans sa façon de résoudre le problème de la connaissance. Les objets du monde réel sont la source de la
connaissance. « Nous devons commencer par distinguer les objets par les sens, pour en concevoir ensuite l'ordre par la
pensée. » « Vérifie par l'expérience avant de t'enfermer dans ta chambre », disait-il.
L'art est pour lui le reflet de la vie, il exige que la littérature arménienne abandonne les sujets religieux et puise son
inspiration dans la vie du peuple, qu'elle exalte sa sagesse, son héroïsme, sa vaillance et sa noblesse d'âme. La mission
suprême de l'art est de servir le peuple.
L'une des idées maîtresses de l'œuvre d'Abovian est celle de l'amitié indestructible entre le peuple arménien et le peuple russe.
ABSTRACTION SCIENTIFIQUE (lat. abstractio isolement). Opération par laquelle notre esprit, après avoir distingué
les caractères essentiels d'un groupe de faits, les sépare des propriétés secondaires pour les généraliser. Les résultats de cette
généralisation, qui se fait au moyen de l'abstraction scientifique, trouvent leur expression dans les notions et les catégories
scientifiques. « Des mots comme matière et mouvement ne sont que des abréviations, dans lesquelles nous réunissons d'après
leurs propriétés communes beaucoup de choses différentes, perceptibles par les sens » (Engels : « Dialectique de la nature »,
P. 1952, p. 238). L'abstraction scientifique nous donne une idée plus ample et plus profonde de la réalité que les sensations
immédiates. Lénine note que la représentation n'est pas à même, par exemple, de saisir un mouvement de 300 000 km à la
seconde, tandis que la pensée en est capable.
Au moyen des abstractions scientifiques, la connaissance passe de la perception des choses isolées à la généralisation d'une
masse de faits, en formulant des concepts, des catégories, des lois qui reflètent les liens essentiels, internes des phénomènes.
Seule la généralisation théorique permit à la pensée humaine de dégager l'essence des phénomènes, les lois de leur
développement. Comme l'indique Lénine, la généralisation la plus élémentaire, la première et la plus simple formation de
notions, approfondit la connaissance des rapports objectifs du monde. Ainsi, l'observation directe donne l'impression que les
prix des marchandises sur le marché capitaliste sont déterminés, en dernière analyse, par l'offre et la demande. En réalité ils
sont fonction de la quantité de travail socialement nécessaire à la production de ces marchandises, autrement dit, de la valeur.
La notion de valeur élaborée par Marx au moyen d'une abstraction scientifique, reflète avec justesse et profondeur les
rapports sociaux réels de la production marchande. Marx indique que « l'analyse des formes économiques ne peut s'aider du
microscope et des réactifs fournis par la chimie; l'abstraction est la seule force qui puisse lui servir d'instrument » (« Le
Capital », L. I, t. 1, P. 1938, p. 18).
L'énorme importance des abstractions, pour connaître l'essence des phénomènes, a été soulignée par Staline dans « Le
marxisme et les problèmes de linguistique » (V.). Ainsi, le vocabulaire, pris en lui-même, ne constitue pas encore la langue.
C'est seulement lorsqu'il est mis à la disposition de la grammaire qu'il acquiert une importance considérable. La grammaire
confère à la langue un sens cohérent. Faisant abstraction du particulier et du concret, dans les mots et les propositions, elle
prend ce qu'il y a de général dans les modifications et les combinaisons des mots et en tire des règles, des lois grammaticales.
La grammaire est le résultat d'un long travail d'abstraction de la pensée humaine, l'indice d'immenses progrès de la pensée.
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Conscients du grand rôle des abstractions scientifiques dans la connaissance du monde, les philosophes réactionnaires de nos
jours luttent contre elles, nient que toute abstraction scientifique soit un reflet de l'essence objective des phénomènes dans la
conscience.
Ils font valoir qu'il n'est pas possible de voir, de palper, de photographier les abstractions, comme c'est le cas pour les choses
et les phénomènes concrets. Ils en viennent ainsi à nier la réalité de la matière, de la valeur, de la plus-value, etc. Les
philosophes réactionnaires s'appliquent à dissimuler que les abstractions résultent de la généralisation des propriétés
essentielles d'une masse de faits individuels. Les abstractions reflètent ce qu'il y a de général dans les objets, or le général n'a
pas et ne peut pas avoir un aspect directement sensible. Le général n'existe que dans et par le particulier.
Critiquant les métaphysiciens qui séparaient le particulier et le général, Engels écrivait : « C'est toujours la vieille histoire.
D'abord, on fait des abstractions des choses sensibles, et ensuite, on veut les connaître par voie sensible, on veut voir le temps
et flairer l'espace » (« Dialectique de la nature », P. 1952, p. 238).
L'impossibilité de connaître le général autrement que par l'abstraction, ne signifie pas qu'il n'est pas réel, qu'il n'existe pas. La
loi de la gravitation universelle ne peut être photographiée pas plus que la valeur, mais cela ne permet pas de nier sa réalité.
Il importe de distinguer les conceptions matérialiste et idéaliste de l'abstraction. L'abstraction scientifique, matérialiste, est
diamétralement opposée à l'abstraction idéaliste qui détache la pensée humaine de la réalité objective.
Accidence (lat. accidens). Propriété momentanée, passagère, non essentielle d'une chose. Ce terme est d'un usage fréquent
dans la scolastique du moyen âge, et aussi dans la philosophie des XVII
e
et XVIII
e
siècles. L'accidence état passager
était opposée à l'essence (ou substance) de la chose, qu'on considérait comme immuable.
AGNOSTICISME (du grec […] inconnaissable). Théorie idéaliste affirmant que le monde est inconnaissable, la raison
humaine limitée et incapable de rien connaître au-delà des sensations. Elaboré au XVIII
e
siècle par Hume (V.) et par Kant
(V.). L'agnosticisme atteint son plein développement dans la seconde moitié du XIX
e
siècle et à l'époque de l'impérialisme.
Dans son livre « Matérialisme et empiriocriticisme » (V.), Lénine a clairement montré l'opposition irréductible du
matérialisme à l'agnosticisme. Il y a dénoncé la nature réactionnaire du machisme, l'une des plus virulentes expressions de
l'agnosticisme, et battu ses émules à plate couture. Parlant des deux tendances en philosophie, Lénine écrit : « Il y a d'abord
celle qui considère que les sens nous donnent une reproduction fidèle des choses, que nous connaissons ces choses mêmes,
que le monde extérieur agit sur nos organes des sens. Tel est le matérialisme que l'agnostique répudie. Quel est donc le fond
de la tendance de ce dernier ? C'est qu'il ne va pas au-delà des sensations ; qu'il s'arrête en deçà des phénomènes, se refusant
à voir quoi que ce soit de « certain » au-delà des sensations. Nous ne pouvons rien savoir de certain de ces choses mêmes
(c'est-à-dire des choses en soi...), telle est la déclaration très précise de l'agnostique. Ainsi, le matérialiste affirme... l'existence
des choses en soi et la possibilité de les connaître. L'agnostique n'admet même pas l'idée des choses en soi et affirme que
nous ne pouvons en connaître rien de certain » (« Matérialisme et empiriocriticisme », M. 1952, p. 113). C'était là le point de
vue de Hume et de Kant ainsi que de nombreux autres philosophes idéalistes, parmi lesquels Comte (V.) et Spencer (V.).
L'agnosticisme se manifeste sous diverses formes. Alors que Kant reconnaît l'existence objective des « choses en soi » (V.)
tout en niant la possibilité de les connaître, Hume et d'autres agnostiques vont jusqu'à nier l'existence objective des choses
parce qu'il est impossible, à leur avis, d'en connaître rien de certain.
Dans son livre « Ludwig Feuerbach et la fin de la philosophie classique allemande » (V.) et dans plusieurs autres ouvrages,
Engels a fait une critique approfondie de ces deux points de vue. L'agnosticisme est une des manifestations du scepticisme
(V.) en gnoséologie. L'agnostique est un sceptique car il met en doute la possibilité de connaître les « choses en soi », le
caractère objectif de la connaissance, l'existence du monde extérieur, etc. L'agnosticisme est largement répandu dans la
philosophie bourgeoise contemporaine. Ce qui le distingue, c'est la renonciation totale à la connaissance scientifique, à la
pensée logique ; il prône le mysticisme, l'irrationalisme, etc. L'origine sociale de l'agnosticisme réside dans la tendance des
classes exploiteuses à limiter la science, parce que la science véritable soutient tout ce qui est nouveau et se développe, et
combat ce qui est périmé et meurt. Les agnostiques cherchent à détourner les travailleurs de la connaissance des lois
objectives de la société, lois qui conduisent nécessairement au communisme.
L'activité pratique dans la vie sociale réfute l'agnosticisme. Qu'il s'agisse de la nature ou de la société, la connaissance
scientifique s'étend et s'approfondit sans cesse. Il n'y a pas de limites absolues à la connaissance humaine. Il n'y a pas dans la
nature de choses inconnaissables. Il y a seulement une différence entre ce qui est déjà connu et ce qui ne l'est pas encore,
mais le sera grâce à la science et à la pratique.
AKHOUNDOV Mirza Fatali (1812-1878). Eminent écrivain azerbaïdjanais, philosophe, homme public, propagateur des
lumières. Sa conception du monde s'était formée sous l'influence de la pensée sociale russe d'avant-garde et surtout des idées
des démocrates révolutionnaires Biélinski (V.), Tchernychevski (V.), Dobrolioubov (V.). Ses vues philosophiques en firent un
matérialiste, un athée. Seule la substance matérielle existe, disait-il. Une, éternelle et infinie, elle est sa propre cause et
l'origine de tous les processus et phénomènes de l'univers. La matière est une donnée première, la conscience une donnée
seconde. La nature, ou la matière, existe objectivement, d'elle-même, sans le concours d'une force extérieure. L'espace et le
temps sont les attributs (V.) nécessaires de la matière. Dans son article « Réponse au philosophe Hume », il critique la
conception idéaliste et subjective de la causalité. La causalité et l'enchaînement causal sont pour lui des catégories objectives
existant indépendamment de l'homme et de sa volonté. C'est en matérialiste également qu'il résout les problèmes de la théorie
de la connaissance. Il part de ce principe que le monde et ses lois sont connaissables, ce dont témoigne la science. Les
sensations sont la source de la connaissance. Le matérialisme d'Akhoundov était un matérialisme métaphysique. Sa
conception de l'histoire, des phénomènes sociaux, était idéaliste.
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Akhoundov était athée et combattait l'islamisme. L'humanité a commis, disait-il, une grande erreur d'avoir mélangé la science
et la religion.
Fondateur de la dramaturgie et du théâtre azerbaïdjanais, on lui doit également une nouvelle philosophique : « Les étoiles
trompées », première œuvre littéraire azerbaïdjanaise en prose. Poète distingué, il étudiait profondément l'œuvre de
Lomonossov, de Derjavine, de Gogol et de Pouchkine. Il appréciait beaucoup la culture et la langue russes. Il estimait que
« pour exprimer des idées profondes, la langue russe n'a pas d'égale ». Patriote azerbaïdjanais, il était le champion de l'amitié
de tous les peuples. Il luttait pour des relations fraternelles entre les peuples de Transcaucasie.
La principale œuvre philosophique d'Akhoundov est : « Trois lettres du prince indien Kémal-ed-Dovlé au prince persan
Djélal-ed-Dovlé, et réponse de ce dernier ».
ALCHIMIE. Nom donné à la chimie du moyen âge au stade pré-scientifique de son développement. Les alchimistes
cherchaient à transformer les métaux ordinaires en or ou en argent, à l'aide de la « pierre philosophale » aux propriétés
« miraculeuses ». Ils s'efforçaient également de découvrir l'« élixir de vie », source imaginaire d'une jeunesse éternelle.
L'alchimie a été répandue surtout à l'époque où la féodalité dominait en Europe occidentale, où l'Eglise catholique proclamait
que la science était la servante de la théologie et entretenait par tous les moyens la croyance au surnaturel ; « il existe... un
lien très étroit entre alchimie et religion » (Engels : « Ludwig Feuerbach et la fin de la philosophie classique allemande », M.
1946, p. 36).
Cependant, il arrivait aux alchimistes, avides de trouver la « pierre philosophale », de tomber sur quelque précieuse
découverte (c'est ainsi qu'ils ont découvert diverses substances jusqu'alors inconnues : l'acide chlorhydrique, le phosphore,
des sels, etc.). Malgré leur forme fantastique, les conjectures des alchimistes quant à l'unité de la matière et à ses
transformations, ont joué un rôle positif. Les faits accumulés par les alchimistes et les expériences réalisées par eux ont frayé
la voie à certaines notions de la chimie scientifique.
Les alchimistes les plus connus sont : Geber (Al-Djaber) (VIII
e
s.- début du IX
e
s.) et R. Bacon (V.).
ALEMBERT Jean Le Rond d' (1717-1783). Philosophe et mathématicien célèbre, un des plus brillants représentants du
mouvement encyclopédique français du XVIII
e
siècle. Beaucoup de ses découvertes dans le domaine des mathématiques, de
la physique et de l'astronomie ont gardé jusqu'à nos jours leur valeur scientifique. Proche compagnon de lutte de Diderot (V.),
d'Alembert a revu la partie mathématique de l' « Encyclopédie » (V. Encyclopédistes). Leur collaboration a dude 1751 à
1757. Une violente campagne de diffamation déchaînée par les réactionnaires contre les encyclopédistes contraignit
d'Alembert à interrompre ce travail. Dans sa préface à l'« Encyclopédie », il expose l'histoire de la connaissance humaine et la
classification des sciences, en prenant essentiellement pour base les principes de F. Bacon (V.), matérialiste anglais du XVII
e
siècle. Sensualiste, il est adversaire de la théorie des idées innées de Descartes. Il reconnaît l'existence objective des choses et
des phénomènes. Mais d'Alembert n'est pas un matérialiste conséquent. Pour lui, la pensée n'est pas une propriété de la
matière, et l'âme a une existence indépendante de la matière : position dualiste. Il nie la possibilité de pénétrer l'essence des
choses. Contrairement aux autres philosophes français du XVIII
e
siècle, il soutient que la moralité n'est pas conditionnée par
le milieu social. Il reconnaît Dieu en tant que principe créateur.
Les œuvres de Diderot, notamment son « Rêve de d'Alembert », contiennent une brillante critique du sensualisme
inconséquent du célèbre encyclopédiste. Principal ouvrage philosophique de d'Alembert : « Eléments de philosophie ». (1759)
ALOGISME. Négation de la pensée logique en tant que moyen scientifique de connaissance. On l'invoque pour justifier le
scepticisme, le mysticisme, le fidéisme. Les théories de l'alogisme sont réfutées par toute la pratique humaine et l'histoire de
la science. La large propagande de l'alogisme l'aile par les idéalistes contemporains est caractéristique du marasme de la
philosophie contemporaine réactionnaire.
ALTRUISME (lat. alter autre). Souci désintéressé du bien d'autrui, sans égard à ses propres intérêts. L'altruisme est
l'opposé de l'égoïsme qui fait passer l'intérêt personnel avant l'intérêt d'autrui, l'intérêt de la société. L'éthique bourgeoise
limite l'idée de l'altruisme aux relations entre individus et ignore les bases sociales, les bases de classe de la morale. La
morale socialiste met en harmonie les intérêts des individus avec ceux de la société, avec les besoins de la lutte pour le
communisme. (V. également Morale.)
AMITIE DES PEUPLES DE L'U.R.S.S. Une des forces motrices de la société socialiste, un des principes les plus
importants des nouveaux rapports entre nations, propres à la société socialiste, source intarissable de la puissance et de
l'invincibilité de l'Union Soviétique. L'amitié des peuples s'est forgée sur la base des conquêtes historiques de la Grande
Révolution socialiste d'Octobre (V.) et de la victoire du socialisme en U.R.S.S.
Historiquement, l'amitié des peuples du pays des Soviets s'est constituée grâce au développement des liens économiques et
culturels entre les peuples de l'ancienne Russie, à leur lutte commune pour l'indépendance de la patrie, contre l'envahisseur
étranger, à l'unité d'action des masses laborieuses de diverses nationalités qui, groupées autour du prolétariat russe, sous la
direction du parti communiste, ont renversé le tsarisme et le capitalisme. La Grande Révolution socialiste d'Octobre a créé
toutes les conditions nécessaires pour transformer cette union révolutionnaire des travailleurs en union des peuples dans un
Etat, d'abord sous la forme de la République de Russie et des autres républiques soviétiques, plus tard, sous celle de la
puissante Union des Républiques Socialistes Soviétiques. En instaurant la dictature du prolétariat, le parti communiste a
consolidé l'union révolutionnaire des travailleurs des diverses nationalités avec le prolétariat russe à leur tête et donné à cette
union des formes étatiques adéquates : la fédération et l'autonomie soviétiques des peuples.
Pour établir définitivement des relations d'amitié entre les peuples de l'U.R.S.S. il était nécessaire de créer une économie
socialiste, d'abolir les classes exploiteuses, de faire triompher le socialisme à la ville et à la campagne, d'anéantir
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définitivement l'idéologie bourgeoise du chauvinisme de grande puissance et du nationalisme local ; il fallait mettre fin à
l'inégalité économique et culturelle des différentes nations et assurer l'essor des cultures populaires, nationales par leur forme,
socialistes par leur contenu. La victoire du socialisme en U.R.S.S. a puissamment contribué à cimenter l'amitié indestructible
des peuples de l'Union Soviétique, elle a servi de base à la formation et à l'épanouissement des nations socialistes soviétiques.
L'ancien retard économique des républiques nationales, conséquence de la politique colonialiste du tsarisme, a été surmonté
au cours de la lutte pour le socialisme. L'industrie, dans les régions dites périphériques, s'est développée à une cadence inouïe.
Alors qu'en 1940, la production globale de l'industrie lourde de l'U.R.S.S. s'était accrue en moyenne de 12 fois par rapport à
1913, elle avait augmenté, pendant la même période, de 22,2 fois au Kazakhstan, de 26,4 fois en Géorgie, de 160 fois en
Kirghizie et de 242 fois au Tadjikistan. Le retard des peuples autrefois opprimés était liquidé également dans le domaine
culturel.
Le peuple russe est venu généreusement en aide aux autres nationalités. Il a joué un rôle décisif dans la lutte pour la victoire
de la révolution prolétarienne et le triomphe du socialisme. Sans l'aide immense que le peuple russe leur a apportée, les
peuples opprimés par le tsarisme n'auraient pas pu accomplir en un si court laps de temps des progrès aussi prodigieux dans
leur vie économique, politique et culturelle.
La politique nationale de Lénine et Staline, pratiquée par le parti communiste, a abouti a la création d'un Etat nouveau, l'Etat
socialiste soviétique multinational, fondé sur l'amitié indestructible des peuples et des nationalités. Les principaux facteurs
qui ont assuré la création de cet Etat sont : premièrement, l'absence, en U.R.S.S., de classes exploiteuses, en qui réside la
cause première des haines nationales ; deuxièmement, l'absence, en U.R.S.S., de l'exploitation qui fait naître la méfiance
mutuelle et attise les passions nationalistes ; troisièmement, la présence au pouvoir de la classe ouvrière, ennemie de toute
forme d'esclavage, attachée fidèlement aux idées de l'internationalisme; quatrièmement, l'entraide des peuples soviétiques
dans tous les domaines de leur vie économique et sociale ; cinquièmement, l'épanouissement chez les peuples de l'U.R.S.S.
d'une culture nationale par la forme et socialiste par le contenu. Tous ces facteurs ont foncièrement changé la physionomie
des peuples soviétiques ; le sentiment de méfiance a disparu et fait place à une collaboration fraternelle au sein d'un Etat
fédéral unique.
Mûrie dans la lutte pour le socialisme, ayant atteint sur la base du socialisme son plein épanouissement, l'amitié des peuples
est devenue une force motrice puissante de la société soviétique ; son influence bienfaisante s'exerce dans tous les domaines
de la vie nationale. Cette force se manifeste dans l'amour et la fidélité sans bornes des peuples de l'U.R.S.S. envers leur patrie
socialiste, dans leur fierté nationale soviétique, dans leur ardent patriotisme soviétique. Elle s'incarne dans le travail héroïque
des masses de toute nationalité, dans les vastes proportions que prend l'émulation socialiste, dans l'accomplissement et le
dépassement des plans de développement économique et culturel des républiques et régions, dans l'essor de l'activité et de
l'initiative au travail chez les patriotes soviétiques. L'amitié indéfectible des peuples de l'U.R.S.S. se traduit de manière
éloquente dans l'activité politique des Soviétiques, ainsi qu'en témoigne la victoire du bloc des communistes et des sans-parti
aux élections des Soviets et le soutien unanime qu'accordent les travailleurs de toute nationalité à la politique intérieure et
extérieure du parti communiste et du Gouvernement soviétique. L'amitié des peuples de l'U.R.S.S. a passé par la dure épreuve
de la Grande guerre nationale.
Cette amitié constitue l'une des puissantes forces motrices de la société soviétique dans la période de transition graduelle du
socialisme au communisme.
Le parti communiste enseigne aux Soviétiques de garder dans sa pureté et de tenir bien haut le drapeau de l'internationalisme,
le drapeau de l'amitié et de la fraternité des peuples ; de réprimer sans hésiter toute tentative ennemie pour attiser la haine
nationale et affaiblir les liens d'amitié unissant les nations socialistes, saper l'internationalisme prolétarien. Dans les nouveaux
Statuts du Parti, approuvés par le XIX
e
congrès, il est dit qu'une des principales tâches du P.C.U.S. est de « former les
membres de la société dans l'esprit de l'internationalisme et de l'établissement de liens fraternels avec les travailleurs de tous
les pays ».
Les relations cordiales entre les peuples de l'U.R.S.S. se développent et se consolident au cours de l'édification communiste
grâce à une lutte inlassable contre les survivances nationalistes. Les survivances du capitalisme sont particulièrement vivaces
dans le domaine de la question nationale, parce qu'elles peuvent s'y dissimuler sous un masque national. Le nationalisme
bourgeois est l'ennemi juré du communisme, aussi faut-il le combattre d'une manière conséquente et énergique.
Le Parti communiste de l'Union Soviétique exige que soient dénoncées toutes les manifestations de nationalisme (V.)
bourgeois, de cosmopolitisme (V.), toutes les tentatives ennemies visant à affaiblir la grande communauté des nations
socialistes.
AMORALISME. Négation de toute morale, rejet de la moralité, tendance à justifier l'inhumanité, mépris de la conscience
morale et du sentiment de l'honneur. L'amoralisme est l'un des traits caractéristiques du fascisme (V.) et d'autres variétés
d'idéologies et doctrines politiques réactionnaires
ANALOGIE. Ressemblance partielle ou similitude entre différents objets ou phénomènes. Dans certaines limites, l'analogie
peut servir de moyen de connaître les caractères et les propriétés encore non dévoilés de tels ou tels objets. En logique,
l'analogie est une modalité du raisonnement: la similitude de certains caractères de deux objets permet de conclure par
analogie à la similitude des autres caractères. Toutefois, l'analogie ne donne pas un moyen sûr et efficace de connaissance, en
se servant uniquement d'elle, on risque d'effacer les différences qualitatives entre les phénomènes et les processus, en
apparence similaires. Ainsi, les menchéviks identifiaient la révolution démocratique bourgeoise russe de 1905 et la révolution
bourgeoise française de 1789 ; de cette analogie erronée ils tiraient des conclusions politiques réactionnaires. Sans nier la
possibilité d'utiliser l'analogie dans la connaissance, le marxisme exige l'étude des conditions concrètes dans lesquelles se
déroule tel ou tel processus historique.
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