Thème 2 : Idéologies, opinions et croyances en Europe et aux Etats-Unis
Chapitre 6 : Médias et opinion publique en France dans les grandes crises politiques
depuis l’Affaire Dreyfus
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favorisent le développement de la presse et permet tant une baisse du prix des journaux. Il
s’agit d’une révolution médiatique et civique : le citoyen a dorénavant les moyens de lire le
journal pour se forger une opinion et participer au débat démocratique. La presse triomphe
dans une fonction médiatrice entre le citoyen, l’État et les forces partisanes. Forte de meilleurs
moyens d’informations, d’un personnel qui se professionnalise, elle devient l’instrument
privilégié de la communication politique et sociale. Les joutes idéologiques jouent un rôle
essentiel dans le succès d’un journal.
L’Affaire Dreyfus n’est pas le énième épisode des affrontements franco-français, mais au
contraire un moment symbolique, un moment de naissance.
o C’est la modernité qui s’affirme à travers le rôle nouveau de la presse et de l’opinion.
o Une des révélations de l’Affaire c’est la place de l’opinion dont le poids devient
déterminant dans la vie démocratique.
B. Le 6 février 1934, les médias comme illustration des fractures politiques
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Documents à utiliser : documents p. 166-167
Questions :
1. Montrez que la presse participe de la critique du régime républicain qui se met en place
dans les années 1920-1930.
Presse exploite les scandales politico-financiers => présentation par cette presse d’un
gouvernement et d’hommes politiques, voire de journalistes corrompus => reprise de certains
thèmes déjà vus pendant la période de l’Affaire Dreyfus.
Les journaux se politisent avec ouvertement deux camps de journaux qui se mettent en place :
o Les journaux en faveur du régime républicain comme le populaire ou l’Humanité qui
pourtant critique ouvertement certaines décisions du gouvernement républicain
o Les journaux dans la mouvance de Charles Maurras et de Maurice Barrès (notamment
l’Action Française) => thème anti-républicain
2. Montrez que les médias sont un reflet majeur des fractures politiques qui déchirent
l’opinion française.
Le 6 février 1934, les parutions reflètent la violence des fractures politiques qui déchirent
l’opinion. Les journaux conservateurs jouent, avec l’Humanité, un rôle certain dans la
démission de Daladier le 7 février. Les journées présentent des visions très différentes des
événements selon leur orientation politique en faveur ou en défaveur de la République aussi
bien sur la réalité du déroulement de la manifestation, le nombre de mort et la perception de
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Lors de la Première Guerre mondiale, l’Etat rétablit la censure pour encadrer l’opinion publique et mobiliser
les esprits dans le cadre de la guerre totale. Les informations militaires sont strictement limitées pour ne pas
renseigner l’ennemi et la réalité des combats est remplacée par une propagande nationaliste que les soldats
appellent le « bourrage de crâne ». Les journaux de tranchées se multiplient et adoptent un ton plus libre,
sarcastique mais soumis eux-aussi au contrôle militaire. Le Canard enchaîné, journal satirique et antimilitariste,
fondé en 1915, est régulièrement victime de la censure. Au lendemain de la guerre, la profession de journaliste
s’organise avec la création d’un syndicat en 1918 et l’adoption de règles de déontologie (règles morales et
éthiques à respecter dans le cadre professionnel dont respect des sources, refus de la diffamation…). En 1935, un
statut règlemente la profession.
Dans les années 1920, les magazines sont lancés sur le modèle américain, en diffusant une culture de masse. Les
grands reporters publient des reportages illustrés comme Albert Londres (Au bagne, 1923).
Mais, la nouveauté réside dans la diffusion, aux cinémas d’actualités filmées devenues sonores en 1929 : elles
sont diffusées avant le film, avec un temps de décalage par rapport à l’événement. Cependant, c’est la radio qui
concurrence le plus la presse écrite avec la TSF (transmission sans fil) ; 10 % des Français ont un poste récepteur
en 1932, 56 % en 1939. Ce nouveau média est très contrôlé par le pouvoir, monopole d’Etat depuis 1921, mais
avec des autorisations d’émettre pour quelques stations privées. Le contenu des émissions relève surtout du
divertissement (humour, chansons, musique).