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Chapitre 1 : Etat de l’art du SiC
Rami MOUSA
Caractérisation, modélisation et intégration de JFET de puissance en
carbure de silicium dans des convertisseurs haute température et haute tension
Thèse INSA de LYON – AMPERE
Au début du siècle dernier, en 1907, H. J. Round [Round'07] découvre des propriétés
électroluminescentes du SiC, ce qui en fait l’un des premiers semi-conducteurs connus, mais
son utilisation en tant que tel ne s’est pas développée, la raison principale étant la qualité
médiocre du matériau de base obtenu (obstacle technologique). Il faut attendre les années
1950 pour retrouver une nouvelle période d’investigations. Ce sont les secteurs du militaire et
de l’aérospatial qui ont à nouveau porté un intérêt sur le SiC.
L’objectif était de développer des composants fonctionnant :
à hautes températures ;
à hautes fréquences ;
à fortes puissances en milieu hostile (températures élevées, sources de radiations...) ;
à hautes tensions.
Ces intérêts ont été amplifiés par des développements majeurs dans l’élaboration des
substrats, point clé de la viabilité de la filière SiC. En 1955, tout d’abord, Lely [Lely'55] a mis
au point une méthode de fabrication de substrats relativement purs et présentant une faible
densité de défauts. De nombreuses équipes de recherche aux États-Unis, en Russie, en
Allemagne et au Japon se lancent alors sur l’étude du SiC. Puis cet engouement a été freiné
par la possibilité d’accroître la taille des substrats qui a conduit, lors des années suivantes, à
une baisse de l’intérêt porté au SiC et à l’abandon de l’activité, sauf en Russie. La mise au
point de la technique de Lely modifiée [Tariov'78] ainsi que de la méthode Sandwich, au
début des années 1980 permettant d’obtenir des substrats plus grands, ont relancé les études
sur le SiC dans de nombreux pays : aux États-Unis, au Japon et en Europe.
En 1979, les premières diodes électroluminescentes ont été fabriquées, et en 1987 la
société Cree Research Inc a été créée puis elle a commencé à commercialiser les premiers
substrats de SiC en 1991 [Cree'08].
3 Aspect cristallographique
Une des particularités majeures du SiC est son polytypisme. Le polytypisme est en fait
une forme particulière de polymorphisme dans une direction privilégiée, le polymorphisme
étant la possibilité pour un matériau de cristalliser sous différentes formes. En 1915,
Braumhauer [Braumhauer'12] a été le premier à identifier trois types différents de SiC.
Chaque composé cristallographique, ou polytype, est caractérisé par une séquence unique
d’empilement de bicouches Si-C. Une bicouche est la superposition d’un empilement compact
d’atomes de silicium et d’un empilement compact d’atomes de carbone. Chaque bicouche
s’empile selon trois positions distinctes nommées A, B, C (figure 1). La séquence
d’empilement des bicouches peut varier considérablement : plus de 200 polytypes ont été
identifiés à ce jour [Lambrecht'97]. Les plus utilisés en électronique de puissance sont les
polytypes hexagonaux (4H et 6H), cubique (3C) et rhomboédrique (15R). Cette nomenclature
a été proposée par Ramsdell [Ramsdell'47]
Chaque atome d’une espèce chimique se trouve au centre d’un tétraèdre formé de
quatre atomes de l’autre espèce en position de premiers voisins (figure 2) [Camassel'98].