Œil et oreille
Version du 21/05/2015
Charles Nicaise
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Chapitres 13 & 14
Introduction aux organes des
sens (vision, ouïe et équilibre)
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Préambule
Malgré l'image d'une discipline historiquement très descriptive, l'histologie a évolué
et n'a jamais été aussi importante qu'aujourd'hui dans un cursus (bio)médical. Le
diagnostic de maladies repose de plus en plus sur l'analyse de fragments tissulaires
(biopsie exploratoire, examen ex-tempore durant une résection chirurgicale,
prélèvement post-mortem) au moyen de techniques avancées d'histologie. Pour bien
comprendre les causes, les mécanismes et les conséquences des maladies, il est
impératif de connaître l'histologie des organes dans un contexte normal. La
connaissance de la biologie cellulaire et moléculaire ajoute une nouvelle dimension à
l'histologie et permet de mieux comprendre les pathologies qui seront abordées plus
tard dans le cursus de l'étudiant.
Les notes de cours complètent l’enseignement dispensé en auditoire et les supports
fournis sur WebCampus. Elles contiennent toutes les informations sur la morphologie
des organes/des tissus dans un contexte normal et les relations à leur(s) fonction(s).
Ces notes sont assez complètes et font parfois appel à des notions abordées dans
d’autres disciplines comme l’embryologie, l’anatomie, la biochimie ou la physiologie.
Elles visent non pas à assommer l’étudiant par de nombreuses informations
multidisciplinaires mais plutôt à le pousser à essayer de comprendre les liens entre
structure et fonction, à le sensibiliser au fait que toutes les disciplines sont
interdépendantes et qu’elles ne peuvent s’aborder isolément. Le but recherché est que
l’étudiant puisse se forger sa propre vision du fonctionnement d’un organe ou d’un
système de manière transdisciplinaire à partir d’une bibliothèque de cours
monodisciplinaires.
AVERTISSEMENT ! Les présentes notes de cours constituent une version
temporaire, non illustrée et non corrigée.
Ressources bibliographiques :
- Histologie humaine, Alan Stevens & James Lowe, De Boeck, 2e édition, 1997
- Histologie humaine, Alan Stevens & James Lowe, Elsevier Masson, 3e édition, 2006
- La flore fongique de l’oeil du chien. Résultats d’une étude réalisée dans une
clientèle du sud est de la France, Camille Julie Dominique Marcon, Ecole Nationale
Vétérinaire d’Alfort, 2014
Remerciements :
Je tiens à remercier les Dr Elie Motulsky, Dr Marc Vander Ghinst et Dr Pascale
Lybaert pour leur contribution à la relecture de ces notes.
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13 L’œil et ses structures annexes
13.1 Introduction
L’œil fait partie du système visuel et a pour fonction, telle une caméra digitale,
de convertir l’énergie lumineuse de l’environnement (reçue sous la forme de photons)
en signaux électriques, signaux qui seront relayés via le nerf optique et convoyés vers
le cerveau au niveau du cortex visuel primaire ils seront interprétés. La partie
sensible de l’œil est la neuro-rétine, équivalent d’un capteur de caméra ; elle contient
des cellules nerveuses spécialisées dont les cellules photoréceptrices (responsables de
la conversion de l’énergie lumineuse en un signal électrique). Les axones des cellules
(nerveuses) ganglionnaires convergent pour constituer le nerf optique. Ce dernier sort
du globe oculaire, traverse la cavité orbitaire et se connecte au système nerveux
central (au niveau du corps genouillé externe où il fera des relais synaptiques).
Pour rappel, l’œil dérive embryologiquement d’un diverticule du prosencéphale
(optic sulci), c’est donc véritablement un prolongement du système nerveux central
(SNC) relié hors de la boîte crânienne par le nerf optique. De manière similaire au
SNC, le nerf optique est entouré par une gaine de dure-mère et une extension de
l’espace sous-arachnoïdien. La rétine est protégée de l’environnement vasculaire par
une barrière vasculaire appelée la barrière hémato-rétinienne.
Le globe oculaire est logé et protégé dans une cavité, l’orbite. L’orbite est une
cavité osseuse qui sépare l’œil de la cavité crânienne. Chez l’Homme, cette cavité est
dite « fermée » (par l’os frontal, lacrymal, zygomatique, maxillaire, sphénoïde et
temporal) mais chez la plupart des mammifères carnivores, cette orbite est ouverte.
Cette dernière disposition contribuerait à l’importante ouverture des mâchoires
chez les carnivores domestiques. Chez les primates, (hommes, singes, gorilles, etc…)
la rétine présente une zone centrale de vision extrêmement nette (la macula)
probablement acquise grâce à la fermeture de la cavité orbitaire qui a augmenté la
stabilité du globe.
13.2 Structures oculaires annexes
13.2.1 Les muscles extraoculaires
Ils sont au nombre de 6 dont la fonction est la mobilité oculaire (haut, bas,
gauche, droite). Les muscles extraoculaires sont des muscles striés squelettiques sous
contrôle volontaire. Ils sont innervés par les nerfs crâniens oculomoteur (N. III),
trochléaire (N. IV), abducens (N. VI). On décrit un 7e muscle, souvent présent chez
les espèces animales carnivores, le muscle Retractor Bulbi/Oculi permettant de
rétracter le globe dans son orbite. Les muscles oculomoteurs s’ancrent sur la tunique
externe de l’œil : la sclère.
13.2.2 Les paupières
Les paupières protègent mécaniquement le globe oculaire. En outre, elles
contiennent des glandes sécrétrices participant à la lubrification, l’humidification, la
nutrition et la défense immunitaire locale de la surface oculaire (cornée et conjonctive
bulbaire).
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Les paupières sont des replis dorsaux et ventraux de peau fine en continuité
avec la peau de la face. Une coupe transversale au travers d’une paupière permet de
distinguer 4 portions : la peau superficielle externe, le muscle Orbicularis oculi, le
tarse (ou stroma palpébral) et la conjonctive palpébrale interne.
La peau externe de la paupière est typiquement recouverte d’un épithélium
pluristratifié pavimenteux kératinisé. Toujours sur le versant externe, sont insérés de
nombreux poils fins, appelés vulgairement cils, contribuant à la protection mécanique
du globe oculaire. Tout comme les poils, ces extensions pileuses sont pourvues à leur
base d’un muscle érecteur appelé le muscle Erector ciliorum.
Des glandes excrétrices prenant naissance dans le stroma s’abouchent à
proximité des insertions ciliaires et y déversent leurs sécrétions. Il s‘agit des glandes
de Zeiss (glandes sébacées), des glandes de Moll (glandes ciliaires de type
sudoripares).
Le muscle Orbicularis oculi est un muscle strié squelettique, entourant la base
des deux paupières (supérieure et inférieure) et permettant la fermeture de celles-ci.
Le stroma de la paupière supérieure contient en plus le muscle strié squelettique
Levator Palpebra Superioris, intervenant uniquement dans l’ouverture de la paupière
supérieure. Au sein du stroma, le tarse est le nom donné au tissu conjonctif dense.
Le stroma palpébral contient des glandes tarsales ou glandes de Meibomius qui
s’abouchent au niveau du bord libre de la paupière. L’ouverture de leurs canaux est
visible à l’œil nu lorsque l’on s’en approche suffisamment. Les glandes de Meibomius
sont des glandes sébacées à sécrétion holocrine élaborant la composante lipidique des
larmes ainsi qu’un analogue au surfactant (pulmonaire).
!La!conjonctive palpébrale recouvre la surface interne de la paupière, se replie
sur elle-même au niveau d’une zone appelée fornix et rejoint le globe oculaire au
niveau d’une zone appelée limbe. Au delà de cette zone, c’est l’épithélium cornéen
qui recouvre antérieurement le globe oculaire. La conjonctive palpébrale est
recouverte d’un épithélium cylindrique pseudostratifié, infiltré de cellules muqueuses
caliciformes (Goblet cells) et de lymphocytes intra- ou sous-épithéliaux.
13.2.3 Les glandes lacrymales
Les glandes lacrymales, comme celles
de Wolfring et de Krause, sont des glandes
tubulo-acineuses à sécrétions mixtes dont les
canaux excréteurs s’abouchent au niveau du fornix (cul-de-sac) conjonctival
supérieur. Les acini sont entourés de cellules myoépithéliales et reposent sur une lame
basale. Les cellules épithéliales acinaires élaborent jusqu’à 60% du contenu aqueux
des larmes. Les sécrétions sont aussi de
nature protéique et contiennent des
agents bactéricides : lactoferrine,
lysozyme et IgA sécrétoires. Les glandes
lacrymales sont innervées par les
systèmes nerveux ortho- et
parasympathique.
Les larmes, ou film pré-cornéen,
est un assemblage des sécrétions issues
des glandes lacrymales, des glandes
palpébrales et des cellules caliciformes
En cas de défaut de production du film
lacrymal, une irritation chronique de
l’épithélium cornéen accompagnée
d’inflammation apparaît localement et
est appelée kérato-conjonctivite sèche.
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conjonctivales. On y distingue 3 phases : lipidique (empêche l’évaporation du film),
aqueuse et muqueuse. Le film pré-cornéen est maintenu temporairement à la surface
de la cornée grâce aux microvillosités des cellules épithéliales cornéennes. Après
avoir lavé la surface conjonctive de l’œil, les sécrétions lacrymales se drainent par
deux canaux lacrymaux (un supérieur, un inférieur) localisés aux extrémités médianes
des paupières supérieures et inférieures. Ces canaux fusionnent au niveau du sac
lacrymal puis rejoignent le canal naso-lacrymal dont le trajet intra-osseux débouche
dans le cornet nasal inférieur. Les canaux lacrymaux sont bordés d’un épithélium
pavimenteux stratifié alors que le reste de l’appareil naso-lacrymal est recouvert d’un
épithélium de type respiratoire (cylindrique pseudostratifié cilié).
Composition
Origine
Rôle
Lipides
Glandes de Zeiss
Glandes de Meibomius
Aqueux
Glandes lacrymales
Mucus
Cellules muco-sécrétantes
de la conjonctive
Les larmes ou film pré-cornéen ont pour fonctions : transmission optique, élimination des débris,
oxygénation et nutrition cornéennes, défense antimicrobienne. 3 phases peuvent être distinguées dans
ce film : les phases lipidique, aqueuse et muqueuse.
13.3 Le globe oculaire
13.3.1 Anatomie générale et fonction
Le globe oculaire est un organe creux dont la coque est composée de trois
tuniques :
- la tunique externe : fibreuse, elle comprend la sclère et la cornée
- la tunique moyenne : vascularisée et pigmentée, elle comprend la choroïde,
les corps ciliaires et l’iris. Cette tunique est aussi appelée l’uvée.
- la tunique interne : nerveuse, elle comprend la rétine
Faire le lien entre l’anatomie de l’œil et les composants d’un appareil
photographique, c’est un peu comprendre le fonctionnement de l’œil : le globe
oculaire est la boîte noire, l’iris en est le diaphragme (permet de régler la quantité de
lumière parvenant dans la chambre noire), le cristallin est l’objectif (il permet de
mettre au point l’objet en fonction de sa distance focale) et la rétine est la pellicule
photographique.
L’agencement des diverses structures de l’œil ménage 3 chambres :
- la chambre antérieure : de la cornée jusqu’à l’iris
- la chambre postérieure : de l’iris jusqu’au cristallin
- le corps vitré : en arrière du cristallin, jusqu’à la rétine
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