PHYSIQUE QUANTIQUE 149
ultra-froids, dans lesquels les degrés de liberté externes des atomes, position et
vitesse, sont bien contrôlés, a grandement facilité ces expériences qui étaient
impossibles à réaliser dans les années antérieures. C’est à la description de ces
expériences que l’essentiel du cours de cette année est consacré.
Après cette introduction historiquegénérale, la leçon a rappelé le principe de la
réalisation de portes quantiques entre atomes. Pour cela, une interaction contrôlée
entre deux atomes peut être réalisée, soit par l’intermédiaire de leur couplage avec
des phonons (cas de l’information quantique avec des ions piégés), soit par
l’intermédiaire de leur interaction avec des photons dans une cavité (cas de
l’électrodynamique en cavité). La physique des atomes de Rydberg permet de mettre
en œuvre une autre méthode. Les deux atomes, portant chacun un qubit codé dans
un sous-espace à deux états du niveau fondamental de chaque atome, interagissent
directement et àgrande distance par leur interaction dipôle-dipôle lorsqu’ils sont
excités par un laser dans un état de Rydberg. Cette excitation conduit au phénomène
de blocage Rydberg : une fois qu’un atome est excité, le laser ne peut en exciter un
second dans son voisinage car la fréquence de cette seconde excitation est déplacée
par l’interaction entre atomes d’une quantité supérieure à la largeur de l’excitation
(proportionnelle à l’amplitude du champ laser, ou encore à sa fréquence de Rabi).
C’est le caractère conditionnel de l’excitation d’un atome «cible »en présence d’un
atome «contrôle », suivant que le contrôle est ou non excité, qui permet de mettre en
œuvre le mécanisme d’une porte quantique. La leçon a présenté le principe d’une
telle porte, sans entrer dans les détails de sa réalisation. Elle a ensuite montré
comment le blocage Rydberg pouvait être utilisé sur un ensemble d’atomes de
Rydberg pour réaliser une intrication collective de ces atomes. Les ordres de grandeur
de ces effets ont été présentés, quiexpliquent pourquoi il est en général nécessaire de
réaliser ces expériences avec des atomes quasi à l’arrêt, fortement refroidis par lasers.
Après cette présentation qualitative générale des effets qui seront décrits plus en
détail dans les cours suivants, la suite de la première leçon a rappelé de façon plus
approfondie les principales propriétés des atomes de Rydberg isolés, en en donnant
une description semi-classique suivant les modèles de Bohr et de Sommerfeld, puis
une analyse entièrement quantique, en rappelant la forme des fonctions d’onde
électroniques de atomes de Rydberg, d’abord dans le cas de l’hydrogène, puis dans
celui des atomes alcalins, qui sont ceux généralement utilisés dans les expériences.
La symétrie dynamique de l’atome d’hydrogène (correspondant à la conservation
du vecteur de Runge-Lenz) fait que les orbites électroniques semi-classiques sont
fermées et les états quantiques d’une énergie donnée fortement dégénérés. Dans les
atomes alcalins, cette symétrie est brisée, les orbites ouvertes et la dégénérescence
des états de moments angulaires différents correspondant au même nombre
quantique principal est levée. Ces effets sont dus à l’effet perturbatif du cœur
ionique non ponctuel des atomes de Rydberg alcalins et se manifestent surtout pour
les états de faible moment angulaire pour lesquels l’électron excité a une forte
probabilité de pénétrer dans le cœur. Ces effets perturbatifs sont décrits par un
paramètre, le défaut quantique, qui dépend essentiellement du moment angulaire de
l’électron excité, et très peu de son nombre quantique principal. Malgré la correction
apportée par le défaut quantique, les propriétés des états de Rydberg des alcalins
sont très voisines de celles des états correspondants de l’hydrogène et un modèle
hydrogénoïde suffit généralement à expliquer qualitativement les propriétés des
atomes de Rydberg, à quelques notables exceptions près qui sont mentionnées dans
les leçons suivantes.