Etat de l’Environnement wallon
Etudes - Expertises
Le cycle de vie des matières :
les matériaux de construction et de
démolition
Dossier scientifique réalisé dans le cadre de lélaboration du
Rapport analytique 2006 sur létat de l’environnement wallon
Ce Rapport est réalisé sous la responsabilité exclusive de son auteur et n'engage pas la Région wallonne
Prof. Luc COURARD
GeMMe – Matériaux de Construction
Département ArGEnCo
Faculté des Sciences Appliquées
Université de Liège
Juin 2006
Les Rapports sur “l’état de l’environnement wallon” sont établis par la Direction générale des Ressources naturelles
et de l’Environnement (DGRNE) du Ministère de la Région wallonne, en étroite collaboration avec les universités et
les centres de recherche francophones de Wallonie et de Bruxelles (Art. 5 du Décret du 21 avril 1994 relatif à la
planification en matière d’environnement dans le cadre du développement durable).
Le 31 mai 2002, le Gouvernement wallon a adopté une convention -cadre pour financer la mise en place d’une
coordination inter-universitaire, fondée sur une équipe scientifique permanente et sur un réseau d’expertise. Cette
convention-cadre a été passée avec le Centre d’Etude du Développement Durable (CEDD) de l’Institut de Gestion de
l’Environnement et d’Aménagement du Territoire (IGEAT) de l’Université Libre de Bruxelles (ULB). L’équipe
scientifique est pluridisciplinaire et travaille avec la DGRNE qui assure la coordination générale. Les chercheurs
comme les experts scientifiques sont issus de différentes universités.
http://environnement.wallonie.be/eew/
2
Le professeur Luc COURARD est chargé de cours à l’Université de Liège il enseigne les
matériaux de construction, les techniques et produits de réparation ainsi que la valorisation des déchets
et sous-produits industriels dans le domaine du génie civil. Ingénieur des construction de formation, il
est responsable du groupe GeMMe Matériaux de Construction et anime une équipe d’une dizaine de
chercheurs et techniciens spécialisés. Fort d’une équipe pluridisciplinaire constituée d’ingénieurs des
constructions, de géologues et de chimistes mais aussi d’équipements remarquables, le groupe est
particulièrement actif dans l’analyse des phénomènes mécaniques et physico-chimiques influençant les
propriétés des matériaux de construction. En particulier, l’équipe a développé une expertise dans la
formulation des bétons et l’analyse du comportement des bétons dégradés. La compréhension des causes
des pathologies est une aide indispensable à l’élaboration des techniques de réparation.
L’étude de la valorisation des déchets et sous-produits industriels est une activité menée en collaboration
avec les collègues du secteur GeMMe spécialisés dans le génie minéral et le développement de
techniques de tri, de séparation ou de concentration.
Table des matières
TABLE DES MATIÈRES............................................................................................................................................3
1. MARCHÉ, HISTOIRE ET PRÉOCCUPATIONS ENVIRONNEMENTALES.................................................4
2. SITUATION GLOBALE DES GISEMENTS ET DU MARCHÉ.........................................................................6
3. IMPACT DES MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION ET DE DÉMOLITION SUR L’ENVIRONNEMENT
NATUREL ET HUMAIN............................................................................................................................................15
4. FACTEURS CONDITIONNANT LE CHOIX DES MATÉRIAUX ET LA GESTION DES DÉCHETS DE
CONSTRUCTION ET DE DÉMOLITION.............................................................................................................. 19
5. CONTRAINTES ET MESURES EN RELATION AVEC LA POLITIQUE DE GESTION DES DÉCHETS
DE CONSTRUCTION ET DE DÉMOLITION........................................................................................................23
6. CONCLUSIONS GÉNÉRALES ET PISTES POUR L’AVENIR...................................................................... 32
RÉFÉRENCES............................................................................................................................................................35
3
1. Marché, histoire et préoccupations environnementales
Le monde de la construction a toujours été, depuis la nuit des temps, un lieu propice au recyclage de ses propres déchets, mais
aussi des déchets de l’activité humaine en général : les temples romains ont été construits à partir des temples grecs, les
basiliques romaines sont devenues des églises chrétiennes, nombres d’édifices civils ont été bâtis à partir de matériaux
provenant d’édifices religieux détruits lors de la révolution française, etc. Ce cycle de vie se perpétue aujourd’hui avec le
réemploi, la réutilisation, le recyclage et la valorisation des déchets de construction et de démolition.
Il est possible d’établir une évaluation relativement précise du gisement en matériaux de démolition en Europe en se fondant sur
la production de ciment depuis 1920 [B1] ; en supposant que 85% des quantités de ciment aient été introduites dans des bétons
titrant à 330 kg/m³, on obtient la courbe A décrite en fig. 1. Si on estime que la durée de vie moyenne des constructions en béton
est de 50 ans, la courbe B donne une estimation grossière des démolitions probables pour les années à venir.
0
200
400
600
800
1000
1200
1920 1930 1940 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2020
Qunatités (millions de tonnes)
production de béton
structures en béton à démolir
Figure 1 – Estimation de la production de béton (A) et prévision des démolitions (B) dans la C.E.E [B1].
D’un autre côté, les contraintes environnementales sont de plus en plus strictes : début des années 90, on ne se tracassait pas
de l’avenir des déchets et le tout était envoyé en « décharge ». Aujourd’hui, les politiques menées avec plus ou moins de succès
par les autorités visent à rencontrer les demandes du marché (de la construction) en tenant compte des différentes contraintes
suivantes [B2]:
diminution des ressources naturelles disponibles ;
augmentation des distances à parcourir (approvisionnement vs chantier) ;
augmentation de la production de déchets ;
augmentation des redevances à payer pour le stockage définitif des déchets.
Le lieu géographique dans lequel ces politiques sont menées n’est évidemment pas anodin : en Wallonie, le sous-sol est riche en
ressources minérales et donc en granulats, ce qui constitue un certain frein au recyclage et à la valorisation des produits
recyclés, dans la mesure où les distances à parcourir pour s’approvisionner en matériaux sont le plus souvent limitées.
Si le recyclage et la valorisation des déchets constituent un axe de développement majeur, l’intégration des concepts du
développement durable dans les méthodes de conception des bâtiments et des ouvrages d’art, l’utilisation de technologies et de
produits « propres » devraient permettre d’agir au niveau de la prévention qui représente, sans conteste, la voie du futur. Au
travers des différents arrêtés du gouvernement et du Plan Wallon des Déchets "Horizon 2010", la réglementation wallonne vise
en effet à donner la priorité à la prévention, afin de diminuer la production de déchets ; mais elle vise aussi à favoriser le
recyclage et la valorisation des déchets produits par une collecte sélective de ceux-ci [B12].
L’impact de l’activité « construction » sur l’environnement naturel et humain sera également étudié au travers des rejets gazeux,
liquides et solides et de la consommation d’énergie.
L'idée d'employer tous les produits issus d'un processus de fabrication - et donc y compris les sous-produits1, qui sont des
produits différents de celui que l'on veut produire en principal, le déchet étant le « sous-produit » ultime - n'est pas neuve pour
l'homme. C'est particulièrement vrai dans le domaine agricole, le phénomène étant plus récent dans l'industrie. Dans ce domaine
[B3], le développement de l'emploi de certains déchets s'est fait en parallèle avec le développement de l'industrie lourde, ce qui
semble normal dans la mesure les déchets produits par les industries du charbon ou du fer étaient relativement facilement
assimilables à des granulats ou incorporables dans des liants (Tableau 1).
Tableau 1 – déchets valorisés en France dans le domaine de la construction
Type de déchet Année
étude de l'emploi du laitier granulé en cimenterie 1880
acceptation en France en 1928
mais emploi pour le métro dès 1900
étude du laitier concassé en ballast 1885
1,25 106 tonnes 1952
laitier de haut)-fourneau expansé -brevet en 1900
début des emplois du laitier granulé dans la route 1955
laitier pré broyé dans la route 1970
schistes houillers noirs ou rouges Années 1950
cendres volantes de houilles (route) Environ 1960
cendres - ciment 1960-65
graves - cendres 1968
cendres - chaux - gypse 1968
Avec le temps, l'offre en déchets qui, au départ, était limitée qualitativement et très importante quantitativement, s'est diversifiée
de plus en plus, avec les industries du pétrole, des plastiques, des caoutchoucs, de la chimie,...
La rencontre avec l'industrie routière [B4] et le génie civil [B5] s'est faite progressivement après la seconde guerre mondiale et a
connu une accélération importante dans le début des années 90, de par la demande et l'exigence accrues de matériaux, tant en
quantité qu'en qualité : si, au départ, les déchets étaient utilisés principalement comme remblais ou agrégats, ce sont plus tard
des liants, des additifs,... qui se sont développés.
Dans le cadre de ce rapport, nous avons uniquement envisagé les matériaux qui interviennent dans le cycle de vie des
constructions et bâtiments ; d’autres matériaux, comme les phosphogypses ou encore les mâchefers d’incinération d’ordures
ménagères (MIOM), qui peuvent être valorisés dans le domaine de la construction, ne font pas partie de ce cycle et ne sont pas
repris dans cette étude.
1 La notion de sous-produit n’existe pas dans la législation wallonne. Même si le terme est employé dans le langage courant,
selon la législation, la production au cours d’un procédé industriel d’autres « produits » que ceux recherchés correspond à la
génération de déchets (et non de sous-produits), même si ces derniers sont valorisables. Ces « déchets » perdent leur caractère
de déchet une fois qu’ils ont été mis en œuvre.
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