Réexamen de la politique de croissance
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certain scepticisme vis-à-vis d’une politique économique interventionniste et vouée au main-
tien des structures. Tous ces atouts contribuent au fait que la Suisse est actuellement l’un des
pays les plus compétitifs du monde.
Cependant, du point de vue purement économique, il faut aussi relever quelques faiblesses.
Sur le marché intérieur, malgré trois trains de mesures en faveur de la croissance, la concur-
rence pourrait être encore améliorée substantiellement. Citons par exemple des réformes in-
suffisantes dans les industries de réseau, l’empêchement des importations parallèles, les do-
maines où l’Etat entre en concurrence avec des acteurs privés, ou encore le manque de
transparence pour les aides d’Etat. Il persiste en outre un vaste potentiel pour ouvrir des mar-
chés aux entreprises suisses. Enfin la surcharge administrative et les coûts des réglementa-
tions freinent l’évolution de la productivité, donc la croissance. On relèvera également un gou-
let d’étranglement en ce qui concerne la disponibilité de main-d’œuvre spécialisée. Dans
l’ensemble, l’on peut donc constater que, du point de vue économique, la Suisse a toujours
besoin de réformes.
Pour la politique économique, une leçon de la récente crise financière est que certains facteurs
ont rendu quelques économies nationales plus résistantes que d’autres. Plus une économie
retrouve rapidement le chemin de sa croissance potentielle, moins une crise affectera sa pros-
périté. La comparaison internationale des facteurs déterminants (marché du travail, dette na-
tionale, etc.) montre que l’économie suisse est extrêmement résiliente et ne requière que peu
de mesures d’amélioration. La seule exception est le taux élevé – en comparaison internatio-
nale – de l’endettement des ménages.
La notion de croissance économique, et en particulier ses effets collatéraux, est jugée de façon
toujours plus critique dans le débat public. L’analyse présentée ici jette un éclairage plus dif-
férencié sur ces différentes critiques.
• Sur le marché du travail, il n’a pas été possible de constater d’effets d’éviction dus à la
forte immigration de ces dernières années. La main-d’œuvre étrangère engagée a lar-
gement un effet complémentaire sur les emplois préexistants. Il existe en revanche un
potentiel en matière d’exploitation du réservoir de main-d’œuvre spécialisée.
• A part la croissance démographique, les causes de l’augmentation des surfaces d’habi-
tat et du mitage croissant doivent être recherchées du côté de l’extension de la surface
demandée par chaque personne. Les décisions relevant de l’aménagement du territoire
jouent cependant aussi un rôle important (développement décentralisé ou compact de
l’urbanisation, construction hors des zones constructibles, etc.).
• Les facteurs qui affectent l’offre et la demande de logement sont nombreux. Le lien de
causalité entre prix de l’immobilier et croissance démographique n’est pas prouvé sans
équivoque dans les études disponibles. Par contre on ne peut exclure que le droit du
bail ait un effet sur l’élasticité de l’offre.
• En ce qui concerne les infrastructures de transport, il se trouve que les nouvelles capa-
cités sont exploitées à fond relativement rapidement. Du point de vue économique, la
question particulièrement problématique est la non-application du principe de causalité
dans le financement des transports, non-application qui incite à une (trop) forte utilisation
des transports, payé par la collectivité.
• L’amélioration de la qualité de l’environnement, en Suisse, prouve que la pollution n’est
pas forcément uniquement la conséquence directe de la croissance économique. Le
progrès technologique fait en outre que l’intensité de l’utilisation des ressources peut
être découplée de la croissance économique. Il reste malgré tout de gros défis, en par-
ticulier dans la politique climatique, la biodiversité et l’utilisation du sol. Les effets sur
l’environnement de la consommation suisse ont régressé entre 1996 et 2011 en Suisse,
mais ont augmenté à l’étranger.
Comme le met nettement en lumière le présent examen de la politique de croissance, la voie
empruntée par le Conseil fédéral est fondamentalement la bonne. Etant donné les réformes
qui sont toujours encore nécessaires, une politique de croissance axée sur le long terme aura