SOLUTIONS MESURES PHYSIQUES L’OPTIQUE ACCÉLÈRE LE CONTRÔLE D’ÉTATS DE SURFACE ■ Les techniques optiques sont aujourd’hui couramment utilisées pour mesurer la rugosité et plus géné- ralement les micro-reliefs présents à la surface des objets. Cet engouement s’explique largement par la disponibilité de logiciels de traitement sur PC, permettant d’obtenir des images très réalistes. Il s’explique aussi par la mise en œuvre de nouvelles techniques de mesure. L’imagerie confocale à champ étendu que nous vous présentons ici est de celles-là. Elle présente un double intérêt. Tout d’abord, elle réalise des mesures axiales, autrement dit le faisceau de mesure a le même axe que le faisceau d’éclairage, ce qui permet d’aller “au fond des trous”. Ensuite, la profondeur de champ est relativement importante, ce qui évite d’avoir à repositionner en permanence le capteur (d’où une vitesse de mesure élevée). MESURES 719 - NOVEMBRE 1999 Destinée à la mesure d’états de surface, l’imagerie confocale à champ étendu présente de multiples intérêts : possibilité d’accéder en tous points d’objets de formes complexes (pas de risques de masquages), profondeur de champ atteignant quelques millimètres avec une résolution de 100 nm, possibilité de réaliser des “coupes optiques” à une profondeur quelconque d’un objet transparent sans être gêné par les autres parties de l’objet, vitesse de mesure élevée (jusqu’à 1 000 points par seconde), etc. Doc. Stil L a demande, tant de la part des industriels que des laboratoires de recherche, en équipements de caractérisation d’états de surfaces ainsi que de numérisation 3D s’est particulièrement développée au cours des dernières années. Cette évolution s’explique en grande partie par les énormes progrès accomplis par les techniques optiques. Celles-ci sont depuis longtemps sorties des applications de laboratoire et sont présentes dans les ateliers et sur les chaînes de production. Elles présentent deux points forts : le contrôle se fait sans contact et la vitesse de mesure est élevée. Dans les applications, une seule de ces caractéristiques se révèle souvent décisive. Le “sans contact” est par exemple incontournable lorsque l’on a affaire à des objets fragiles ou déformables. Mais la plupart du temps, c’est pour leur aptitude à réaliser des contrôles à grande vitesse que les capteurs et systèmes optiques sont les plus appréciés. C’est le cas notamment lorsqu’il s’agit de réaliser des contrôles qualité à 100 % en diffé- rents points d’une chaîne de fabrication. Les techniques optiques se déclinent en de multiples variantes (pour plus de détails, voir le “Hors texte” à la fin de cet article). La microscopie confocale est de celles-là. La microscopie confocale est une technique coaxiale, ce qui veut dire que le faisceau inci- 85 SOLUTIONS dent et le faisceau renvoyé par l’objet observé ont le même axe (à la différence des techniques de triangulation). Contrairement à la microscopie conventionnelle qui permet d’imager simultanément tous les points d’un champ objet, la microscopie confocale n’observe qu’un seul point à la fois, le champ étant nécessairement reconstruit par balayage. Cette nouvelle technique se caractérise essentiellement par un double filtrage spatial qui permet d’éclairer un seul point de l’objet et de détecter en retour la lumière diffusée et/ou réfléchie provenant uniquement de ce point. Au-delà de ce principe général, la société française Stil a déposé un brevet sur une technique de codage chromatique de la lumière reçue, ce qui permet de travailler sur un champ étendu et évite donc à devoir déplacer le capteur entre deux mesures successives. Avant d’aller plus loin dans les fondements de cette technique, deux exemples concrets d’applications réalisées sur le terrain permettent de se faire une bonne idée de ses possibilités. Mesure de puissance de verres optiques. La Guilde des Opticiens Lunetiers de France approvisionne ses verres progressifs auprès des meilleurs fabricants mondiaux (Essilor, Sola Optical,…) afin de les mettre à la disposition des optométristes affiliés à l’enseigne Krys qui réalisent au quotidien les lunettes de vue que portent beaucoup d’entre nous. La dynamique de puissance correctrice nécessaire pour chaque œil est donnée par le profil asphérique progressif, souvent très complexe, de la face antérieure du verre. Le très grand nombre de verres progressifs proposés était plutôt mal documenté en termes de spécifications techniques et de “cartographie” des performances. La Guilde effectuait donc des contrôles, notamment celui du pouvoir correcteur des verres progressifs : elle utilisait pour cela un frontofocomètre, qui donne une mesure intégrée de la puissance. Souhaitant disposer d’une caractérisation beaucoup plus fine, elle a décidé de sous-traiter les contrôles à Stil. Il ne s’agit pas, certes, d’un contrôle systématique de tous les verres approvisionnés mais plutôt d’une étude exhaustive des différents types de verres asphériques progressifs proposés sur le marché et de la validation de leur adéquation aux besoins spécifiques, très divers, de la clientèle. La Station Micromesure développée et commercialisée par la Stil réalise la numérisation 3D précise de la face asphérique du verre pour établir deux cartographies, l’une de puissance, l’autre d’astigmatisme. Cet équipement est constitué d’un capteur point CHR 150 fonctionnant sur le principe de l’imagerie confocale à champ étendu (300 µm de profondeur de champ de codage instantané, 0,01µm de résolution axiale) interfacé à une centrale de trans- 86 DÉTECTION À FOCALISATION DYNAMIQUE ET DÉTECTION CONFOCALE DÉTECTION PAR FOCALISATION DYNAMIQUE Laser Paires de photodiodes cube séparateur objectif mobile Un pinceau lumineux issu d'une source ponctuelle du type diode laser est focalisé à l'aide d'un objectif mobile de grande ouverture numérique, sur la surface à mesurer. Un cube séparateur, muni d'un biprisme, renvoie de façon égale la lumière rétrodiffusée par l'objet sur deux paires de photodiodes. Ces photodiodes fournissent un signal de sortie qui est un signal d'erreur de focalisation. Lorsque l'objet à mesurer se situe exactement au point de focalisation de l'objectif mobile, l'intensité reçue par les photodiodes est la même. Lorsque l'objet se déplace verticalement de ± ∆z, la quantité de lumière reçue par les photodiodes varie proportionnellement au déplacement ∆z. Ceci permet d'asservir la position de l'objectif mobile de façon à maintenir le point de focalisation sur la surface à mesurer. Un transducteur de déplacement couplé à cet objectif enregistre la position de ce dernier et permet donc d’en déduire la hauteur du point mesuré. commande de déplacement de l’objectif S boîtier électronique signal d’erreur de focalisation DÉTECTION EN MICROSCOPIE CONFOCALE Lame semiréfléchissante P On réalise ici un double filtrage spatial qui permet d'éclairer un seul point de l'objet et de détecter en retour la lumière diffusée et/ou réfléchie provenant uniquement de ce point. Un point source S (premier filtre spatial) traverse l’objectif L pour atteindre le point M de l’objet. La lumière renvoyée par le point M traverse en retour inverse l'objectif L et après réflexion sur une lame semi-réfléchissante atteint le second filtre spatial P. La lumière provenant d'un point situé axialement au-dessus ou au-dessous de M est filtrée par le diaphragme P. Il est ainsi possible de réaliser une "coupe optique" à une profondeur quelconque d'un objet transparent sans être gêné par les autres parties de l'objet. Cette propriété de "coupe optique", ainsi qu'une résolution latérale meilleure que celle offerte en microscopie conventionnelle (tache de diffraction plus petite), sont les deux avantages majeurs de la microscopie confocale. L M Ce schéma présente deux techniques de relevé point à point de la surface d’un objet. Toutes deux font appel à un capteur coaxial, autrement dit les voies d’éclairage et d’observation ont le même axe. Mais il y a une différence importante. Le schéma du haut présente l’approche classique qui consiste à positionner le capteur (ou l’objectif) de façon à focaliser le faisceau indicent sur le point de mesure. Ce positionnement doit être refait à chaque point de mesure. Avec la microscopie confocale à champ étendu, cette opération n’est pas nécessaire. On gagne en temps de mesure (au prix d’un traitement du signal plus complexe). Doc. Stil lation “3 axes”, l’axe z étant équipé d’une règle optique haute résolution. Mesure d’épaisseur de vernis alimentaires. Les boîtes de conserve et boîtes de boissons sont revêtues intérieurement d’un vernis “alimentaire” très fin (épaisseur comprise entre 5 et 20 µm). Lors de l’emboutissage pour la réalisation des différents types de conditionnement, ce vernis se déforme et les aciéristes, pour optimiser leurs procédés de fabrication, doivent pouvoir suivre l’évolution de son épaisseur en fonction de la déformation du métal et du design final de la boîte. Traditionnellement, ils utilisent (hors procédés “exotiques”) deux méthodes : la mesure directe de l’épaisseur sur la tranche (parfois imprécise car le vernis se “coupe” mal) et la mesure pondérale par double pesée de la charge (non verni, verni) exprimée en g/m2. Pour procéder à la mesure directe après emboutissage de l’épaisseur du vernis “alimentaire”, le Laboratoire d’Etudes et de Développement des Produits Plats (LEDEPP) de la Sollac à Thionville utilise depuis trois ans un MESURES 719 - NOVEMBRE 1999 SOLUTIONS CODAGE PHOTOMÉTRIQUE ET CODAGE CHROMATIQUE CODAGE PHOTOMÉTRIQUE (TECHNIQUE CLASSIQUE) Le codage "photométrique" est de loin le plus répandu : on le retrouve par exemple dans son expression la plus élémentaire dans de nombreux appareils photographiques autofocus. Ce schéma en explique le principe dans le cas d’un capteur à triangulation. Une voie d'éclairage, constituée d'un pinceau d'éclairage unidirectionnel, code de façon univoque un segment AB de l'espace de mesure et une voie d'observation forme, sur un détecteur linéaire A'B', l'image M' du point M correspondant à l'intersection du codage unidirectionnel avec l'objet. Le profil photométrique du "point" M' est quasi gaussien. Le calcul de son barycentre permet de déterminer la position z du point M dans le segment AB. La résolution de la mesure dépend de la qualité du profil photométrique du point M' sur le détecteur linéaire. Elle sera très affectée par la présence de lumière parasite environnante atteignant l'objet et ne provenant pas du pinceau d'éclairage. Cette lumière parasite peut avoir deux effets. L'un sera de modifier le profil de la gaussienne et par conséquent de fausser le calcul du barycentre et donc de l'altitude z. L'autre sera de réduire le contraste de la gaussienne et par conséquent d'amplifier indirectement les défauts locaux observés sur son profil et par là même de fausser le calcul du barycentre. S B' M' A' L1 Voie d’éclairage L2 Voie d’observation A M z Objet B CODAGE CHROMATIQUE UTILISÉ PAR STIL EN MICROSCOPIE CONFOCALE Le codage chromatique est réalisé en mettant à profit le chromatisme axial des objectifs qui permet d'imager une source ponctuelle polychromatique en un continuum d'images monochromatiques uniformément réparties sur un segment de droite de longueur égale à la profondeur de champ requise et par la même d'attribuer à chaque point du champ de mesure une longueur d'onde et une seule. Filtre spatial Le filtrage spatial exercé par l'imagerie Lame semiconfocale sélectionne de lui-même réfléchissante la lumière provenant des points de de mesure tout en préservant le codage chromatique. Il s'ensuit que Spectromètre la connaissance de la longueur d'onde de la lumière rétrodiffusée et/ou réfléchie par un point d'un objet renseigne L immédiatement sur la position axiale de ce point. En effet, la présence d'un objet au niveau du point M du champ de mesure λ1 engendre, après le second filtrage spatial, Images λM monochromatiques un maximum d'intensité lumineuse à la λM λ longueur d'onde λM correspondant au λn du point source S point M. Une fois recueilli le signal Visualisation et/ou Point M lumineux transmis par le filtrage spatial, Surface de l’objet traitement du signal il reste à "décoder" pour en extraire l'information d'altitude du point. Cette opération est réalisée par analyse spectrométrique du signal lumineux collecté. Par ailleurs, il est intéressant de noter que si l'objet se compose d'un empilement de couches minces (partiellement) transparentes, on détectera toutes les interfaces qui interceptent l'espace de mesure sous forme d'une série de maxima d'intensité. S : source de lumière blanche Toute mesure dimensionnelle basée sur de l’optique nécessite de réaliser une mesure du faisceau renvoyé par l’objet. Ce schéma explique la différence entre la technique classique et la technique du codage chromatique utilisée par Stil. Cette dernière permet de travailler sur un champ axial étendu (pouvant aller de quelques dizaines de microns à quelques millimètres), tout en offrant la propriété unique de coupe optique pour chacune des longueurs d’ondes du codage. ensemble Micromesure de Stil, comportant un capteur optique CHR 150 interfacé à une centrale informatisée de translation/rotation “5 axes” Selon Gabriel Pennera, responsable revêtements d’aciers pour emballages du LEDEPP, le CHR 150 présente plusieurs avantages : « La mesure est rapide, non destructive, elle permet de suivre l’évolution de l’épaisseur le long d’une génératrice ou d’un diamètre. De plus, alors que les mesures pondérales ne sont précises que sur de grandes surfaces de 10 à 20 cm2, on effectue désorMESURES 719 - NOVEMBRE 1999 mais des mesures sur des zones de l’ordre du mm2 ». Actuellement, le CHR 150 est utilisé en R et D pour améliorer l’emboutissage. «Il suffirait de peu de chose pour l’adapter au suivi et au contrôle de production», estime M. Pennera. On le voit à travers ces deux exemples réalisés dans des secteurs très différents, la microscopie confocale à champ étendu a d’ores et déjà fait ses preuves. Les principes utilisés sont relativement simples. On l’a dit, la microscopie confocale compor- te un double filtrage spatial (voir schéma “Détection à focalisation dynamique et détection confocale”). Il est ainsi possible de réaliser une “coupe optique” à une profondeur quelconque d’un objet transparent sans être gêné par les autres parties de l’objet. Cette propriété de “coupe optique”, ainsi qu’une résolution latérale meilleure que celle offerte en microscopie conventionnelle (tache de diffraction plus petite), sont les deux avantages majeurs de la microscopie confocale. Un principe relativement simple et “robuste” Lorsque l’on recherche de la précision, il existe une technique classique, connue sous le nom de “focalisation dynamique” : celle-ci consiste à déplacer mécaniquement le long de son axe la lentille de focalisation de façon à ce que le faisceau incident soit focalisé très précisément sur le point mesuré. L’équipement comporte donc des parties en mouvement, ce qui est évidemment un inconvénient (en termes de fiabilité, de vitesse de mesure notamment). Avec le codage “chromatique”, ces inconvénients sont supprimés : on obtient une précision élevée sur une grande profondeur de champ, tout en n’ayant aucune pièce en mouvement. Pour cette raison, Stil parle de microscopie confocale à champ étendu. La microscopie confocale à champ étendu. Le codage chromatique de l’espace de mesure est beaucoup plus précis et nettement plus “robuste” (insensibilité à la lumière parasite) que le codage “photométrique” habituellement utilisé (notamment dans les appareils photographiques autofocus). Le codage chromatique utilise l’éclatement spectral d’une source de lumière blanche pour coder l’espace de mesure, le décodage étant réalisé soit au moyen de filtres larges bandes soit au moyen d’un spectrographe. Le codage chromatique est réalisé en mettant à profit le chromatisme axial des objectifs qui permet d’imager une source ponctuelle polychromatique en un continuum d’images monochromatiques uniformément réparties sur un segment de droite de longueur égale à la profondeur de champ requise et par là même d’attribuer à chaque point du champ de mesure une longueur d’onde et une seule. Le filtrage spatial exercé par l’imagerie confocale sélectionne de lui-même la lumière provenant des points de l’espace de mesure tout en préservant le codage chromatique. Il s’ensuit que la connaissance de la longueur d’onde de la lumière rétrodiffusée et/ou réfléchie par un point d’un objet renseigne immédiatement sur la position axiale de ce point. Des avantages déterminants. En plus de la 87 SOLUTIONS Des profondeurs de champ de 80µm à 2mm ■ Les capteurs optiques CHR de Stil sont composés de sondes de mesure (appelés Crayons Optiques) associés à un coffret électronique, et reliés entre eux par une fibre optique de 2 ou 4 m en standard (et jusqu’à 10 m sur demande). Le coffret électronique contient la source lumineuse, le spectromètre d’analyse et le processeur de traitement. Quatre types de Crayons Optiques sont proposés, permettant de travailler avec des profondeurs de champ de mesure de 80 µm, 300 µm, 750 µm et 2 mm ; les distances de travail respectives sont de 1 mm, 5 mm, 16 mm et 40 mm. Quant à la résolution, elle est directement proportionnelle à la profondeur de champ. Pour le capteur 300 µm (le modèle le plus vendu), elle est de 15 nm. Pour le modèle 2 mm, elle est de 100 nm. Il est possible de travailler sur des surfaces inclinées réfléchissantes pouvant atteindre des pentes de 42° pour le crayon optique 80 µm et de 30° pour le modèle 300 µm. Un cinquième Crayon Optique, fonctionnant selon le principe de l’interférométrie lumière blanche en imagerie confocale, est plus particulièrement dédié aux cartographies d’épaisseurs de films fins partiellement transparents. Ces cinq Crayons Optiques sont aussi disponibles sous forme “coudée”, avec l’axe z de mesure orienté à 90° du corps du Crayon. Stil propose par ailleurs la station Micromesure, qui est un système totalement intégré dédié à l’analyse d’image confocale. Cette station est équipée de capteurs CHR et de platines motorisées (par des moteurs pas à pas) de déplacement en XYZ. La plage standard de déplacement des tables de translation est de 100 à 250 mm en X, Y et de 50 mm en Z, mais il est possible d’avoir de plus grandes plages dans le cas d’applications particulières. A la table de translation en Z est associée une règle optique Heidenhain de haute précision (3 µm/m) pour assurer un positionnement selon cet axe avec une résolution de 0,1 µm sur toute la plage de déplacement. Lorsque l’on doit mesurer des objets dont le relief dépasse la plage de codage chromatique du capteur optique CHR utilisé, une procédure de suivi en Z déplace automatiquement le capteur pour continuer la mesure. La Station Micromesure travaille à la cadence maximale de 1 000 points par seconde et elle permet de numériser la surface de tous types d’objets, tant diffusants que spéculaires, opaques que transparents, “photométriquement” complexes que monotones. De solides références ■ Créée en janvier 1993 par une équipe d’ingénieurs issus de Bertin, Stil emploie aujourd’hui 14 personnes et devrait réaliser un chiffre d’affaires de 10,3 MF cette année, dont 60 % à l’export. Spécialisée en instrumentation optique et optoélectronique, la société française a développé une offre basée sur des techniques innovantes telles que la triangulation spatio-temporelle, l’imagerie confocale à champ étendu et la triangulation spatiochromatique. Ces techniques sont concrétisées par trois produits baptisés respectivement Bodygraph, Station Micromesure (pour le relevé de la microtopographie rapidité de mesure, le principe de fonctionnement de ce procédé lui confère trois qualités supplémentaires importantes : - L’imagerie confocale permet d’obtenir une excellente résolution spatiale quel que soit l’éclairage ambiant. - Le codage chromatique de l’information rend la mesure insensible aux variations de réflectivité de l’objet et permet de procéder à 88 d’objets) et Station Digit 3D (numérisation 3D d’objets de quelques centimètres). Pour répondre aux besoins croissants en caractérisation photométrique et spectrocolorimétrique, Stil a conçu et développé le double spectrogoniomètre Reflet qui offre une solution pour l’analyse et le contrôle des traitements de surface et des peintures. Parmi les références de la société en France, on peut citer Banque De France, Smurfit, Alshtrom, Bourjois, CEA Valduc, Chauvin, CNRS, Comex Nucleaire, Krys, Essilor, LVMH Recherche, Renault, Sollac CRFB, ST Microelectronics, PPC (Groupe Freysinnet), Polytech. des mesures avec la même précision sur tout type de matériau, quel qu’en soit leur état de surface (surface polie ou non, diffusante ou spéculaire) et sans nécessiter de préparation particulière préalable à la mesure. - L’utilisation d’une source de lumière blanche et non d’une source laser élimine tout problème de speckle (interférences parasites qui limitent la résolution axiale des capteurs). Le codage chromatique de l’espace de mesure appliqué à l’imagerie confocale, c’est aujourd’hui une réalité industrielle matérialisée par les capteurs CHR et la station Micromesure de Stil. Des matériels industriels Les capteurs CHR. Ils sont composés d’une sonde de mesure – le Crayon Optique – et d’un coffret optoélectronique, tous deux reliés par une fibre optique. Le Crayon Optique contient l’objectif à chromatisme axial étendu au travers duquel se font, de par le principe même de l’imagerie confocale, l’éclairage du point objet et la mesure. La fibre optique assure, dans un sens, le transport vers le Crayon Optique de la lumière polychromatique d’éclairage et, dans l’autre sens, vers le spectrographe d’analyse celui du flux (monochromatique) réfléchi/rétrodiffusé par l’objet. Le remplacement de la fibre optique ne nécessite pas de recalibrage de l’appareil. Cette configuration permet de disposer d’un Crayon Optique léger, de très faible dimension, robuste et totalement passif puisqu’il ne contient aucune source de chaleur risquant de perturber la mesure. Le coffret optoélectronique contient la source lumineuse polychromatique (lampe halogène de 50 W émettant dans la gamme 400 à 800 nm) et le spectromètre d’analyse (comprenant un réseau holographique de diffraction et un détecteur CCD linéaire à grande sensibilité). Ce coffret comprend de nombreuses entrées/sorties, notamment une entrée de synchronisation pour déclencher la mesure par un événement extérieur, et une sortie de synchronisation pour déclencher un système extérieur par la mesure. Il dispose également de deux sorties analogiques, chacune permettant de transmettre un type de donnée. Le traitement du signal électronique émis par le CCD est réalisé par un microprocesseur DSP (Digital Signal Processor) embarqué qui calcule en temps réel la distance à l’objet mesuré (cadence maximale de mesure de 1 000 points par seconde). Le calcul consiste à déterminer le maximum de la courbe d’intensité lumineuse en fonction de la longueur d’onde par la méthode du barycentre et avec une résolution d’un trentième de pixel. Enfin, un microcontrôleur assure l’interface de communication du boîtier électronique avec une console opérateur (écran LCD plus clavier 4 touches donnant accès à un menu de pilotage du capteur) ou un ordinateur externe. La station Micromesure est une station de mesure modulaire dédiée à la microtopographie 3D haute résolution ainsi qu’à l’analyse de forme et de texture. Elle permet de mesurer des profils ou des surfaces d’objets avec MESURES 719 - NOVEMBRE 1999 SOLUTIONS EXEMPLES CONCRETS MESURES DIMENSIONNELLES Alvéole d’une balle de golf L’optique domine les mesures de cotes sans contact ■ Pour réaliser une mesure de cote ou de profil sans contact, l’optique est de loin le moyen le plus répandu. De multiples variantes ont été développées afin de répondre à un maximum d’applications. Les principaux principes utilisés sont évoqués ici. Échantillon métallique ayant subi des tests de corrosion chimique L Doc. Stil Échantillon métallique ayant subi des tests de frottements En microscopie confocale à champ étendu, le profil de la surface est relevé point par point à un rythme élevé (jusqu’à 1000 points par seconde). Un logiciel restitue ensuite une image complète de l’état de la surface. De multiples traitements permettent d’affiner les résultats obtenus : zoom, filtrage spatial (pour mettre en évidence certains défauts), différence par rapport à une surface théorique, etc. une résolution nanométrique quelle que soit la taille de la surface à analyser. Cette station est constituée de platines de translation XYZ motorisées, d’un capteur optique CHR et de logiciels de pilotage de l’ensemble comprenant une Interface Homme Machine particulièrement dédiée à ce type de mesure. Les mesures peuvent être stockées au format ASCII ou bien dans un format compatible avec le logiciel “Mountains Map” de la société française Digital Surf dédié à l’analyse de surface. Joseph Cohen Sabban p.-d.g. de Stil* *Stil Mercure C 80, rue Charles Duchesne 13851 Aix-en-Provence Cedex 3 Tél. 04 42 39 45 85 - Fax. 04 42 24 38 05 email. : [email protected] MESURES 719 - NOVEMBRE 1999 orsque l’on veut réaliser un contrôle dimensionnel sans contact, on songe immédiatement aux capteurs optiques. Il faut tout de même rappeler qu’il existe aussi les capteurs capacitifs et les capteurs inductifs. Les capteurs capacitifs réalisent une mesure de tension électrique entre le capteur et l’objet. Assez précise pour les mesures de distances, cette méthode devient insuffisante lorsque l’on veut saisir la forme des objets, à cause des effets de bord qui apparaissent. Ce type de capteur ne peut donc pas être utilisé pour la microtopographie de formes quelconques et la rugosimétrie. Les capteurs inductifs utilisent la mesure des courants de Foucault pour déterminer des distances, des diamètres et même des épaisseurs. Cette méthode nécessite de travailler sur des objets métalliques et magnétiques afin de pouvoir générer un champ magnétique entre le capteur et la surface de l’objet. Venons-en aux capteurs optiques, de loin les plus répandus. Les multiples variantes des capteurs optiques Les capteurs optiques sont classés en trois grandes familles : - les ensembles de caméras (au minimum deux) pour la stéréophotogrammétrie, - les capteurs fonctionnant sur le principe de la triangulation, - les capteurs coaxiaux pour lesquels les faisceaux d’éclairage et d’observation parcourent pour l’essentiel le même trajet optique. D’autres critères de classements peuvent être envisagés comme par exemple : - le type de source lumineuse utilisée : laser ou source incohérente (lampe à incandescence ou à arc), - le type “d’élément géométrique” saisi par le capteur : un point, une ligne ou une surface, - le type de grandeur physique mesurée : distribution d’énergie lumineuse sur un détecteur matriciel avec calcul d’un barycentre, temps de vol (ou déphasage temporel), état PRINCIPE DE LA TRIANGULATION "LIGNE" Ligne de contour Voie de projection caméra CCD Plan de lumière Voie d’observation de polarisation ou encore longueur d’onde d’un pinceau lumineux. Types de sources lumineuses. Les capteurs utilisant une source laser souffrent tous du “speckle” ou granularité laser correspondant à des interférences “parasites” entre les pinceaux élémentaires rétrodiffusés par les micro-rugosités de la surface analysée. Ce speckle réduit sensiblement la résolution axiale des capteurs et limite la gamme des matériaux pouvant être examinés sans traitement préalable de la surface. Les capteurs utilisant une source incohérente ne rencontrent pas ce type de problème et peuvent donc a priori travailler sur tous types de matériaux sans nécessiter aucun revêtement complémentaire (spray pour réaliser un coating diffusant). Types d’éléments géométriques. Les “capteurs point” sont destinés à l’acquisition d’un seul point à la fois et nécessitent donc de balayer “point par point” la surface de l’objet à mesurer. Cette méthode peut paraître fastidieuse mais elle présente néanmoins l’avantage du libre choix du nombre total de points d’échantillonnage ainsi que des pas d’échantillonnage, ce qui permet d’optimiser 89 SOLUTIONS CLASSIFICATION DES PRINCIPES PHYSIQUES DE NUMÉRISATION 3D Numérisation 3D Capteurs sans contact Capteurs à contact Capteurs à bille (saisie de forme) Pointe en diamant (pour rugosité) Capteurs coaxiaux Microscopie à champ proche Télémétrie Temps de vol Focalisation dynamique Déphasage la stratégie d’acquisition en fonction de la forme et des reliefs locaux de l’objet. Les “capteurs lignes” sont destinés à l’acquisition de l’ensemble des points d’une ligne à la fois et nécessitent donc de balayer “ligne par ligne” la surface de l’objet à mesurer. L’avantage principal de ce type de capteur n’est pas, comme on l’entend souvent dire, la rapidité de mesure, mais plutôt le fait que tous les points de la ligne sont mesurés dans la même configuration optomécanique. En conséquence, les coordonnées relatives mesurées sont absolument indépendantes des défauts résiduels de déplacement des éléments électromécaniques de balayage de ligne comme c’est le cas du balayage point par point. Il va de soi que la distorsion optogéométrique inhérente au principe du capteur ligne doit être prise en compte lors du calibrage métrologique. Les “capteurs champs” sont destinés à l’acquisition de l’ensemble des points d’un champ à la fois et ne nécessitent plus aucun balayage sauf pour sauter d’un champ élémentaire à l’autre à la surface de l’objet. Le gain en temps de mesure peut être ici très appréciable. Toutefois, les principes physiques mis en œuvre dans les “capteurs champs” imposent d’avoir un autre type de balayage (glissement de franges en z en interférométrie lumière blanche ou encore glissement latéral de franges pour le codage de phase) qui fait perdre une bonne partie du temps potentiellement gagné. Tous les capteurs de numérisation 3D procè- 90 Capteurs optiques Capteurs inductifs Capteurs à triangulation Stéréophotogrammétrie Confocal Confocal avec balayage z Interférométrie Capteurs capacitifs Mesure photométrique Mesure temporelle Mesure chromatique Confocal à champ étendu dent d’un même et unique principe fondamental, qui stipule que pour accéder à la coordonnée z, il est nécessaire de coder l’espace de mesure (voie d’éclairage) au moyen d’un pinceau de lumière structurée pour ensuite décoder le signal capté par la voie d’observation. Le choix de la grandeur physique mesurée détermine le type de codage/décodage. Plusieurs modes de détection Le codage “photométrique”, de loin le plus répandu et le plus simple à mettre en œuvre, consiste à mesurer l’énergie renvoyée par l’objet sur les différentes cellules du détecteur linéaire incorporé dans le capteur. Cette énergie a un profil gaussien et le calcul du barycentre permet d’obtenir la position du point mesuré (voir article précédent pour plus de détails). Le codage temporel permet de remplacer la mesure photométrique classique soit par la mesure d’un temps de vol, méthode généralement réservée aux objets de très grandes dimensions, soit par la mesure de l’instant précis d’occurrence d’un événement tel que par exemple le franchissement d’une fente d’analyse par le pinceau rétrodiffusé provenant de l’objet. Ce dernier procédé permet de gagner un facteur trois sur la résolution axiale. Le codage chromatique utilise l’éclatement spectral d’une source de lumière blanche pour coder l’espace de mesure, le décodage étant réalisé soit au moyen de filtres larges bandes soit au moyen d’un spectrographe. Ce type de codage fait l’objet d’un brevet déposé par Stil. Les capteurs à triangulation, de loin les plus répandus... Les capteurs à triangulation peuvent aussi bien être des capteurs point que des capteurs ligne. La triangulation classique, appliquée à un capteur ligne, consiste à projeter un plan de lumière sur la surface à mesurer. L’observation à partir d’un point autre que celui duquel est réalisée la projection, permet de saisir sur un détecteur matriciel la ligne de contour résultant de l’intersection de ce plan de lumière et de l’objet. La triangulation circulaire est applicable quant à elle à un capteur point. Ici, le pinceau conique rétrodiffusé par l’objet est intercepté par un masque annulaire suivi, à distance non nulle, d’un détecteur matriciel, tous deux centrés sur l’axe optique du système. Lorsque l’on balaye point par point la surface de l’objet, la distance entre le capteur et l’objet varie de même que le diamètre de l’anneau de lumière observé sur le photodétecteur circulaire. C’est cette variation de diamètre qui permet de restituer la forme de la surface. D’autres techniques de mesures point à point trouvent de plus en plus d’applications. C’est notamment le cas de la microscopie à glissement de franges, de la microscopie confocale, de la focalisation dynamique et de la microscopie confocale à champ étendu (voir article précédent pour plus de détails). J. C-S MESURES 719 - NOVEMBRE 1999