ETX : un standard d`avenir pour le PC embarqué

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Tendances
CARTES INFORMATIQUES
ETX : un standard
d’avenir pour
le PC embarqué
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Quel industriel n’a jamais rêvé de changer le processeur de ses
machines tous les six mois au gré des évolutions technologiques
sans impacter la production ? Carte mezzanine dédiée processeur,
c’est ce que permet le standard ETX plus que tout autre grâce à une
connectique presque “Plug and Play”. Développement rapide d’applications, effet de gamme, facteur d’échelle et réduction des
risques sont les atouts de ce standard complètement ouvert développé et soutenu par deux maîtres en la matière : Jumptec-Kontron
et Advantech.
D
ans le domaine de l’embarqué,
les choses ne sont plus si
simples. Aujourd’hui, l’industriel qui veut mettre au point
une application embarquée (pilotage automatique d’avion, système GPS, terminal bancaire…) est confronté à une succession d’alternatives pour le développement de sa carte
mère. La première est celle qui oppose les
processeurs embarqués classiques (PowerPC,
Mips,ARM…) à ceux du monde PC (X86).
Les processeurs classiques imposent des développements plus longs et s’avèrent moins
chers pour de très gros volumes (plus de
5000 cartes par an, voir Mesures d’avril 2002
p. 28). Les processeurs PC sont plus avantageux pour de moins grandes quantités et
pour des systèmes dont la pérennité n’est
pas cruciale.
Le choix d’une solution basée sur un processeur PC impose une deuxième alternative : celle du développeEn bref…
ment spécifique ou
Un nouveau standard pour
propriétaire. Pour carical’embarqué, baptisé ETX et
turer, l’industriel qui choibasé sur une architecture PC,
sit une architecture PC a
voit le jour
le choix entre deux
La carte est de type “mezzanine” et dispose d’une connec- grandes options. La pretique standard
mière est celle de conce Ce concept constitue une altervoir ou faire concevoir son
native aux architectures utilisant application de A à Z, au
une carte mère avec un procesrisque d’y passer du
seur mezzanine PC/104
temps et de dépenser
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beaucoup d’argent. La seconde est celle
d’acheter une carte processeur du commerce prête à l’emploi, avec une connectique
d’entrées/sorties, au risque d’avoir à surmonter des problèmes divers de taille, de
connecteurs, de consommation…
Désormais une troisième possibilité s’offre
à lui : celle d’opter pour la solution intermédiaire entre les deux précédentes grâce
aux cartes mezzanines dédiées “ processeur ”.
Celles-ci appelées aussi cartes “filles”, comportent un processeur et viennent s’insérer
dans une carte de plus grande taille appelée
bien évidemment “carte mère”, sur laquelle est développée spécifiquement le cœur de
l’application. L’avantage? Cette stratégie permet avant tout à l’industriel de se focaliser
sur le développement de la carte d’accueil
qui concentre tout le savoir-faire de l’application (acquisition vidéo, analyse de
réseau…), tout en minimisant le risque
financier sur le développement du calculateur, lequel est réalisé par des spécialistes.
L’entente de deux leaders
Dans l’univers PC embarqué, le plus connu
de ces processeurs modulaires est le PC/104.
Créée à la fin des années 80 par Ampro Computers en Californie, de forme carrée
(90x96 mm), cette carte compte aujourd’hui une vingtaine de constructeurs et plus
de 150 distributeurs de systèmes compatibles. Sa popularité résulte en partie de sa
méthode “hamburger”, c’est-à-dire d’ajouts
de nouvelles fonctions par empilements successifs de cartes. Plus récents et plus petits,
on trouve le Dimm/PC de la taille d’une carte de crédit (68x40 mm) de Jumptec et le SOM
(100x68 mm) d’Advantech.
Néanmoins, l’événement dans le domaine a
été créé en avril 2002, lorsqu’Advantech a décidé de s’accorder avec Jumptec sur son nouveau format ouvert de carte modulaire : l’ETX
ou Embedded Technologie eXtended. Jumptec,
depuis, a fusionné avec Kontron en juillet 2002,
ce qui donne encore plus de crédibilité à ce
concept. Ces événements ont contribué à
projeter le standard ETX en pleine lumière. Il
gagne à être connu!
Commençons par ses dimensions qui sont
de 95 mm pour la largeur et 114 mm pour
la longueur. En épaisseur, la carte ne mesure
pas plus de 12 mm! Ces grandeurs n’ont pas
été choisies au hasard; elles permettent à la
carte ETX d’être accueillie par un très grand
nombre de formats, des plus célèbres comme le VME, l’Isa, le PCI, le cPCI ou le PicMG,
aux moins connus comme le Pisa, ou l’ATX.
Côté processeur, la gamme est large :
Elan SC520, Geode, Crusoe, Celeron, Pentium III avec des fréquences d’horloge pouvant atteindre les 700 MHz pour le Pentium III. C’est la première fois que l’on
dispose d’un standard mezzanine, basé sur
une architecture X86 avec de telles puissances
de calcul. Pour ce qui est de la consommaMESURES 751 - JANVIER 2003
Tendances
Une solution modulaire
Connecteur X1 : Bus PCI, USB, son
Connecteur X2 : Bus ISA
Types de processeurs :
X86, Elan SC 520, Geode
Pentium III, Celeron, Crusoe…
Connecteur X4 : IDE 1 et 2 (disque dur)
et Ethernet
Connecteur X3 : périphériques, VGA (écran)
COM 1et 2, LCD (cristaux liquides),
disquette, souris, clavier
Types de cartes d'accueil :
PCI, ISA,VME, PISA, ATX, PICMG,CPCI…
La carte ETX s’enfiche dans la carte d’accueil grâce à quatre connecteurs standardisés X1,X2,X3,et X4.Elle renferme un processeur x86
avec un Bios et un système d’exploitation et s’adapte sur un grand nombre de cartes.
tion, elle peut varier de 4W pour un Geode
300 MHz à 20 W pour un Pentium III à
1 GHz (pas encore disponible). « Ça va
chauffer! », diront certains. Qu’ils se rassurent : la définition mécanique de l’ETX spécifie même le principe de refroidissement.
Toutes les platines ETX dignes de ce nom
doivent être dotées d’une plaque de dissipation thermique appelée “écarteur de chaleur”, réalisant la conduction de la chaleur
vers l’extérieur de la carte. Ce principe permet de réaliser des systèmes sans refroidissement actif, même pour des processeurs
de puissance comparable à celle du Pentim III 700 MHz. « Au-delà d’une fréquence d’horloge supérieure à 400 MHz,nous proposons à nos clients
de poser un ventilateur », précise toutefois Michel
Voisin, responsable des ventes pour l’embarqué d’Advantech France. « On prend un risque
supplémentaire car un ventilateur peut tomber en panne,
mais cela vaut mieux que de griller le processeur », poursuit celui-ci.
Une connectique efficace
Avant tout, la caractéristique principale de la
carte reste sa connectique, d’un coût réduit,
réalisée en technologie CMS (Composants
Montés en Surface), et permettant de mettre
en place un grand nombre d’interfaces pour
le dialogue avec la carte d’accueil. Ainsi, de
part et d’autre de la carte, on trouve une paire de connecteurs baptisés X1, X2, X3 et X4
qui servent à réaliser la jonction physique et
mécanique entre l’ETX et la carte mère. L’in-
terface est standardisée : le connecteur
dénommé X1 véhicule des signaux PCI, USB
et de type “son”. Le connecteur X2 est un
connecteur dédié aux échanges avec le bus
ISA. Le connecteur X3 est chargé de la gestion
des périphériques. C’est pourquoi on trouve sur ce lien les signaux VGA, ports COM 1
et 2, LCD, clavier et souris. Enfin, le X4 s’occupe des échanges via les protocoles Ethernet et IDE pour la gestion d’un éventuel
disque dur. Dans une application embarquée
classique, ces connexions ne sont bien évidemment pas toutes utilisées. Le fait de pouvoir en disposer de manière standard sur la
carte laisse une grande souplesse à l’intégrateur. En particulier, avec l’ETX le processus d’intégration passe d’une logique d’assemblage de cartes à une logique
d’intégration de composants autour de la
carte processeur. « Auparavant, avec le
PC/104, le fabricant qui voulait développer une
application basée sur une acquisition vidéo suivait une méthode d’empilement de cartes. C’està-dire qu’il lui fallait connecter la carte du
PC/104 * avec une carte d’acquisition vidéo.
Avec l’ETX, il peut se contenter d’intégrer le
“chipset” réalisant l’acquisition vidéo sur la carte mère sans avoir à faire l’achat d’une carte vidéo
complète. Le gain de place et d’argent est incontestable », explique Noël Dussourd, ingénieur d’applications chez Kontron Embedded
Module ex Jumptec. En outre, la technologie
CMS permet au développeur de disposer
les connecteurs qu’il désire exactement là
où il le souhaite sur la carte d’accueil, et
cela même pour des applications très spécifiques. Par rapport à l’achat d’une carte
mère où tout est figé, finis les câblages difficiles, les connecteurs mal placés et les surcoûts de composants. D’autant plus que
l’ETX, en soulageant la charge de développement sur le cœur de PC, permet de se
focaliser sur ces problèmes.
*On rappellera cependant qu'à l'origine, et
contrairement à l'ETX,
le PC/104 n'avait
pas vocation à servir
de module processeur
amovible destiné à être
monté sur une carte
mère. Il était destiné
à réaliser des PC
autonomes de petite
taille, l'ajout de
nouvelles fonctionnalités se faisant par
l'ajout de cartes.
De sérieux atouts pour réussir
Le “petit” monde de l’embarqué
A l’origine, les systèmes dits « embarqués » correspondent littéralement à des
architectures matérielles et logicielles
intégrées dans des voitures, des avions
ou des trains… Aujourd’hui, les téléphones portables et même les bornes
informatiques fixes (de type distributeur
de billets) sont aussi considérés comme
des systèmes embarqués. Fixés et figés
dans des boîtiers spécifiques, ces équipements doivent se plier à un certain
nombre de contraintes et en particulier
celles de la robustesse et de la fiabilité à
MESURES 751 - JANVIER 2003
long terme. Les mises à jour post-production (et surtout matérielles) sont
rares car souvent complexes. Le processeur constitue le cœur du système. Le
choix d’une bonne carte mère peut se
faire sur les caractéristiques telles que la
compacité de la carte, la consommation
d’énergie, la résistance mécanique et
thermique mais aussi la puissance de calcul, la pérennité de la carte et le nombre
d’entrées/sorties. C’est sur ces derniers
points que le format ETX détient des
avantages majeurs.
Par ailleurs, disposer d’une interface mécanique et électrique bien définie offre des possibilités que l’on aurait tort de sous-estimer.
La première consiste à pouvoir faire évoluer
un système existant en réalisant une substitution de processeurs. « Si le constructeur a
prévu l’opération au moment de la conception,
c’est-à-dire que la carte ETX est restée accessible
et si la compatibilité du nouveau système d’exploitation avec le matériel été vérifiée, c’est très
facile. Ce n’est ni plus ni moins que 4 vis à dévisser, et à remettre après la pose de la nouvelle carte », commente Michel Voisin d’Advantech. La
seconde nouveauté qu’apporte l’ETX, c’est
un effet de gamme de facto : le développeur a
35
Tendances
Un aperçu de l’offre
Constructeur
Nom
Chipset
Processeur
Fréquence
processeur
Fréquence de
bus système
DRAM Max Audio
Processeur
Graphique
Puissance
Dissipée
Kontron
ETX-mgx
CS5530
Geode
200 MHz
66 MHz
CS5530
ETX-P1
ALi1541
ALi1543C
VIA Twister
Pentium w/MMX 266 MHz
66 MHz
Pentium III
133 MHz
VIA Twister
VIA EDEN
Advantech
ETX-C3
EDEN
SOM- 4450
Cx5530
Advantech
SOM- 4451
Advantech
256 Mo
1 x SO-DIMM
256 Mo
1 x SO-DIMM
512 Mo
1 x SO-DIMM
256 Mo
1 x SO-DIMM
256 Mo
1 x SO-DIMM
512 Mo
1 x SO-DIMM
512 Mo
1 x SO-DIMM
512 Mo
1 x SO-DIMM
256 Mo
1 x SO-DIMM
3W
alimenté en 5 V
7W
alimenté en 5 V
10 à 20 W
alimenté en 5 V
6à8W
alimenté en 5 V
7,5 W
alimenté en 5 V
9,5 W
alimenté en 5 V
15,5 W
alimenté en 5 V
16,5 W
alimenté en 5 V
35 W
alimenté en 5V
ETX-P3/C3
133 Mhz
Geode GX1
300, 400, 500
et 700 MHz
400, 667et
800 MHZ
300 MHz
SIS 552
SiS 552
200 MHz
100 MHz
SOM- 4470
Intel 440 BX
Pentium III
100 MHz
Advantech
SOM- 4472
VIA Twister T
VIA Ezra
400, 500 et
700 MHz
800 MHz
Ibase
ET863
VIA Twister T
VIA C3
(eden)
667 MHz
133 MHz
en effet la possibilité de développer une
bonne fois pour toutes sa carte d’accueil
sur laquelle se trouve l’essentiel de l’application et choisir de décliner son application avec plusieurs types de processeurs
au format ETX. Il peut ainsi disposer facilement et rapidement de toute une gamme de produits.
Si les avantages de ce concept s’arrêtaient
là, on ne prendrait même pas la peine d’en
parler. Il reste en effet à aborder les facteurs
déterminants pour la réussite de ce standard, en l’occurrence le coût et le temps de
développement. « Avec le PC/104,passé quelques
centaines d’exemplaires on se rend compte que le coût
est tel qu’il vaut mieux développer une architecture spécifique », argumente Sébastien Pineau, directeur général de Kontron Embedded Module. Même
constat pour Michel Voisin d’Advantech : « Avec
ce nouveau standard, on sort complètement du domaine du prototypage ; même pour plusieurs milliers de
cartes,l’ETX reste profitable ». Passant de la théorie à l’exemple concret, celui-ci ajoute :
« Nous avons même un client en Asie qui nous commande 10000 cartes par mois! » Ainsi, ce concept
astucieux, vise un marché bien défini :
moins encombrant et moins coûteux que
Quatre vis suffisent
pour connecter la carte ETX à la carte d’accueil. On aperçoit les
connecteurs X1, X2,
X3,X4 en blanc sur la
photo.
36
100 MHz
133 MHz
NS LM4548
(AC97)
ESS ES1938S
(PCI)
VIA
VT82C686B (AC97)
VIA
VT82C686B (AC97)
CX5530
ATI
Rage Mobility
S3 Savage 4
(VT8603C)
S3 Savage 4
(VT8603C)
CX5530
SIS552
SIS 552
ESS ES1989
(AC97)
VT82C686
(AC97)
VT82C686B
(AC97)
AGP 2X
SMI Lynx 721
S3 Savage 4
(VT8606)
S3 Savage 4
(VT8606)
La carte ETX est doté d’un connecteur SO-DIMM 144 broches
pour l’adaptation d’une mémoire SDRAM:long connecteur blanc
sur la photo.
le PC/104, plus puissant que le DIMM/PC
ou le SOM, à mi-chemin entre le développement spécifique et l’intégration de
cartes standards, l’ETX est typiquement
destiné à des applications embarquées
dont les volumes sont compris entre 250
et quelques milliers, voire même quelques
dizaines de milliers de cartes par an. Pour
les très petites quantités, l’intégrateur a
intérêt à acheter des cartes du commerce
prêtes à l’emploi. Pour les très gros
volumes, les processeurs embarqués classiques ainsi que le développement propre
redeviennent plus avantageux.
Pour ce qui est du temps de développement, l’efficacité est réellement séduisante.
Une application que l’on développe spécifiquement met environ huit à neuf mois
pour aboutir. Cela comporte de sérieux
risques et l’éventualité de ne pas être «Time
to Market ». De plus, comme le rappelait
Yves Bourdon, p.-d. g. d’Erim dans notre
rubrique Forum d’avril 2002, paradoxalement le savoir-faire sur l’architecture PC
(Bios et Hardware) est souvent très empirique ; il est difficile de trouver de vraies
compétences. L’ETX permet d’externaliser
le développement du processeur en confiant
cette activité à des experts. En outre, une
application basée sur ETX peut être prototypée le premier mois et produite le deuxième mois. C’est exactement ce qui s’est passé pour un client de Kontron réalisant des
graveurs de CDs professionnels. Advantech, de
son côté, propose un programme propriétaire plus que séduisant baptisé DTOS (Design To Order Service), qui consiste à livrer à
ses clients 3 prototypes en un mois, une fois
le cahier des charges établi. Les risques financiers sont véritablement réduits. Enfin, Advantech comme Kontron proposent même à leurs
clients de réaliser la carte d’accueil basée sur
un développement ETX. L’externalisation est
alors complète.
Avec tous ces arguments, l’ETX semble promis à un avenir radieux. Du reste, Sébastien
Pineau de Jumptec-Kontron, résume le phénomène en une phrase : « L’ETX est amené à devenir le standard incontournable dans le domaine du développement propriétaire embarqué ». Pour finir de
vous persuader, il vous invite à télécharger
les spécifications de l’ETX qui sont libres
d’accès et disponibles sur le site www.jumptec.com.
Bertrand Braux
MESURES 751 - JANVIER 2003
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