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I- Du Principe de la liberté de l’information : l’évolution des
restrictions, des contraintes au regard de la législation
(1) La réalité des contraintes
La déclaration universelle des droits de l’homme prévoit que les limites aux droits
qu’elle énonce doivent être « établies par la loi exclusivement en vue d’assurer la
reconnaissance et le respect des droits et libertés d’autrui et afin de satisfaire aux justes
exigences de la morale, de l’ordre public et du bien-être général dans une société
démocratique ».
En Mauritanie, l’ordonnance n° 2006-017 sur la liberté de la presse reprend l’esprit de
la disposition de la déclaration universelle des droits de l’homme en d’autres termes : le droit
à l’information et la liberté de la presse, corollaires de la liberté d’expression, sont des droits
inaliénables du citoyen. Ces libertés sont exercées conformément aux principes
constitutionnels, aux dispositions légales et à la déontologie de la profession. Elles ne peuvent
être limitées que par la loi et dans la mesure strictement nécessaire, à la sauvegarde de la
société démocratique ».
Néanmoins, ce n’est pas parce que certaines restrictions sont légitimes qu’elles le sont
toutes. Certaines posent problème par leur existence même. Par le passé, l’ordonnance du 25
Juillet 1991 (abrogée par la 2006-017) interdisait les publications « portant atteinte ou
prestant sous un jour favorable le banditisme, le mensonge, le vol, la paresse, la haine, les
préjugés ethniques, régionalistes ou tous les actes qualifiés de crimes ou délits » De telles
restrictions reflètent généralement des particularités culturelles. Les notions de
« mensonges », de « paresse » sont elles-mêmes des notions très relatives : aux autorités
publiques d’en défendre la publication, ou, aux parents d’en interdire la lecture à leurs
enfants ? S’attaquant à des principes fondamentaux de la démocratie, les motifs d’interdiction
devraient toujours être extrêmement précis dans leur définition.
De plus la même ordonnance du 25 Juillet 1991 interdisait « la détention en vue de la
distribution, de la vente ou de l’exposition dans un but de propagande, de tracts, bulletins et
papillons de toute origine de nature à nuire à l’intérêt national ». Aussi peu définie, la notion
de sédition est pernicieuse car elle peut être très facilement utilisée de façon abusive.
L’intérêt national regroupe ce que l’on veut bien y mettre !
Paradoxalement, l’article 30 de l’ordonnance 2006-017 reprend pratiquement de façon
identique cette disposition : « sont interdits la distribution, la mise en vente, l’exposition au
regard du public et la détention en vue de la distribution, de la vente ou de l’exposition de
tracts, bulletins et papillons de toute origine, de nature à nuire à l’intérêt général et à l’ordre
public….L’infraction à l’interdiction édictée à l’alinéa ci-dessus est punie d’une amande de
150.000 à 400.000 UM et d’un emprisonnement d’un à trois mois ou de l’une de ces deux
peines seulement ».
Du fait de la politisation croissante de la société Mauritanienne avec la prolifération
des parties politiques, les journalistes ont porté de plus en plus leur intérêt professionnel sur
d’une part, l’information produite par l’administration en raison de l’imbrication extrême
entre, la politique et la bureaucratie administrative et d’autre part, la primauté la politique et la
bureaucratie administrative et d’autre part, la primauté du politique sur l’économie, la culture