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Conférence 1
Emergence de la pensée propre:
Comprendre la nature de la représentation vide apraxique :
Superposition, intrication et décohérence
C’est en cherchant à comprendre la nature du vide dans l’apraxie que nous nous sommes
penchés sur le texte husserlien de la Représentation vide qui nous a permis de saisir avec
plus de précision la nature de l’incarnation vide apraxique. Nous nous sommes également
appuyés sur les travaux de recherches actuelles de Nicolas Guisin, ou encore de Sébastien
Poinat, qui nous ont éclairés sur les concepts d’intrication, de superposition et de
décohérence, permettant une fructueuse comparaison entre la nature du vide quantique et celle
du vide apraxique.
La « Représentation vide », une réflexion husserlienne
La représentation vide de l’incarnation vide du corps apraxique
Dans la conception husserlienne de la Représentation vide, qu’Husserl souhaitait intégrer dans
la deuxième édition des VIe Recherches Logiques, travaux qui n’ont finalement jamais vus le
jour, la Représentation est avant tout une intuition, une « donnée intuitive », la
Représentation vide étant donc définit comme une intuition donnée pour vide. Nous allons
tenter de comprendre comment une certaine forme de représentation vide définit par Husserl,
cadre précisément avec la représentation vide de l’incarnation vide de l’apraxie.
Dans la Représentation vide on trouve exprimée l’idée centrale de l’analyse de ce type de
Représentation définit comme une modification intentionnelle spécifique des représentations
et des présentifications intuitives, qui pour Husserl, se distinguent des présentifications elles-
mêmes.
Husserl site le cas d’un « connaître sans parole » : pour lui, dans cette situation, les intentions
de signification et leur Remplissement (c’est-à-dire la façon dont l’intention qui se donne
prend sens, fait signe), ne sont ni détachés ni autonomisés, car les signes verbaux restent
conscients (on pourrait dire : « il se tait, mais je sais très bien ce qu’il dirait s’il parlait »)
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dans la mesure où ils sont en fait proposés sur un mode non intuitif il ne s’agit effectivement
pas d’avoir l’intuition de ce que signifie ce « connaître sans parole » mais de savoir au-delà
des mots ce qu’il signifie), et pour Husserl, dans ce cas précis, l’intuition est donc vide parce
que ce mode pensée à ce moment-là n’est pas nécessaire.
Donc puisqu’il n’y a pas de conscience vide des signes verbaux, autrement dit, puisqu’on est
certain d’avoir conscience pleine de ce que signifie ce connaître sans parole, qui n’est pas
nécessairement un silence, l’intuition ici n’a pas sa place.
Husserl distingue alors le vide dans lequel le signe verbal est conscient, le vide lorsqu’une
pièce est éteinte, et le vide de l’intention de signification non remplie : c’est à ce troisième cas
de figure que nous faisons face dans l’incarnation vide de l’apraxie C’est parce qu’au sujet
apraxique n’est attribué aucune forme de Remplissement : qu’il s’agisse du remplissement
ayant part aux sensations, à la conscience d’un Soi, ou encore permettant un repère spatio-
temporel, le sujet apraxique ne prend jamais part aux Remplissements vides concrets dont font
partie le vide dans lequel le signe verbal est conscient (la signification d’un silence donc) ou
encore, le vide découlant d’une pièce éteinte.
Hormis ces représentations vides concrètes il y a les représentations vides non autonomes,
qui sont les représentations de l’incarnation vide qui engendre l’apraxie : cette non-
autonomie qui caractérise ce type de représentation, fait que le remplissement sous quelque
forme qu’il soit est impossible. La non-autonomie fait qu’il n’y a accès à aucune situation
possible.
Husserl, définit les représentations vides concrètes comme des composantes vides de la
perception spatio-temporelle car pour lui, toute perception contient d’une part ce qui est
intuitivement donné, mais également des extrapolations vides. Autrement dit tout
Remplissement intuitif est également rempli de ces possibles vides. Il n’y a donc pas de
véritable Remplissement sans ces vides. La conception du Remplissement husserlien n’est
d’ailleurs pas sans rappeler la conception quantique du vide, car ce type de vide est
effectivement compris comme une mesure du Remplissement.
Husserl poursuit en évoquant les concepts d’apparition propre et d’apparition impropre.
C’est bien à ce non- phénomène que se heurte l’incarnation vide apraxique, à qui toute
apparition reste impropre et ne constitue donc pas un phénomène dans la mesure où il ne
s’agit jamais de contenus présentatifs. Les objets ne sont jamais imprimés dans la sensibilité
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du corps apraxique, et de fait, ils restent non représentés à travers le sensible c’est-à-dire, le
matériau des sensations, le sensible ne se fait jamais bruit selon l’expression de Josselyn
Benoîst. Alors que l’apparition propre unit l’ensemble complexe des sensations de la
perception, et c’est ce complexe qui supporte une fonction représentative.
De fait, le sujet apraxique ne peut jamais accéder à l’anticipation ni à la rétro-référence qui se
co-appartiennent, et qui permettent de constituer un donner objectif, d’autant que ce dernier
ne concerne pas exclusivement les sensations mais également les phénomènes qui permettent
d’attribuer à la conscience une unité. Le sujet apraxique ne peut pas accéder à l’anticipation
car l’incarnation vide de son corps ne s’envisage pas dans l’espace-temps, ce dernier ne fait
jamais repère. Et cette impossibilité de percevoir son corps comme repère, fait que le sujet
apraxique n’accède pas non plus à la rétro-référence. L’incarnation vide apraxique ne fait ni
référence spatio-temporelle, ni référence mentale, formes de références qu’implique la
rétroréférence de l’incarnation orientée par excellence.
Lorsque le corps est une incarnation orientée, et que les perceptions sont imbriquées les unes
dans les autres, il y a un noyau intuitif environné d’intentions vides, mais ce vide est un
espace qui permet aux perceptions de passer les unes dans les autres de manière continue, car
ce vide est intentionnellement impliqué. Husserl analyse la simple intention vide qu’elle soit
autonome ou non, qui rejette le schéma contenu-forme comme principe d’explication des
différences entre actes. Il définit alors ces actes comme des actes de présentification incluant
le souvenir et l’imagination, mais qu’il ne distingue pas des actes présentatifs (qui sont donc
en train de s’accomplir). Il considère ces actes comme des modifications intentionnelles de
perception. C’est justement parce que ce sont des actes intentionnels de la perception qu’ils
ne sont pas présents dans l’apraxie dans la mesure où la forme d’incarnation vide de l’apraxie
est un vide où l’intention de signification n’est pas remplie, il n’y donc pas de possibilité de
forme d’intentionnalité quelle qu’elle soit.
Husserl en arrive à l’idée que les intentions vides sont une classe particulière de modifications
intentionnelles, distinctes de celles des présentifications. Plus il y a de contenu intuitif, plus
claire est l’intuition, et moins il y a de contenu intuitif, plus obscure est l’intuition. Si
l’intuition est complètement vidée d’un tel contenu alors il s’agit, comme dans l’apraxie,
d’une représentation vide qui a la forme d’une intuition complètement obscure.
Ainsi, dans l’apraxie, assiste-t-on à un vide non-autonome, qui implique une régression à
l’infini des représentations vides inclues les unes dans les autres. Cependant, puisqu’une telle
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forme de vide contient un halo conscient vide impliquant la chose représentée à vide, les
pourtours de la chose, et son intérieur qui environnent la chose suivant une modalité qui est
celle de l’incarnation vide.
Si les intuitions d’un corps incarné-orienté s’imbriquent les unes dans les autres pour
constituer un tout cohérent envisageable dans l’espace-temps, le corps apraxique induit une
infinité actuelle réelle de représentations vides emboîtées les unes dans les autres
indéfiniment, traduisant une incarnation vide dans laquelle tant l’intention vide concrète que
la composante vide abstraite ne sont jamais distinctes l’une de l’autre. Ainsi, l’incarnation
vide apraxique induisant cette forme de vides emboîtés les uns dans les autres, ne donne donc
jamais accès à la donation d’un phénomène, le « phainomenon » ce qui apparaît, car dans
l’apraxie, il ne peut jamais être question de conscience (con- scientis, qui signifie « avec
connaissance », et qui éveille) de face arrière contenue dans tout phénomène, faisant l’objet
d’une perception continue ainsi que cela se produit dans un corps incarné-orienté.
Le vide quantique, figure de l’incarnation du vide apraxique ?
Quand on aborde ce domaine, il se pose la question de savoir si le corps de l’homme est de
même nature que le corps matériel dont s’occupe la physique quantique ?
Le vide est une mesure
Nous avons évoqué à travers la réflexion husserlienne sur la Représentation vide, la nature
de l’incarnation vide apraxique. Pour comprendre le concept de vide quantique, sur lequel
nous nous penchons à présent, il faut partir de l’idée que chaque échelle nécessite une mesure
adéquate. Pour atteindre l’échelle faisant émerger la matière pensante, un certain type de
mesure est donc nécessaire, car chaque type de mesure délivre une forme informative et le
vide quantique est un état informatif au même titre que les autres états quantiques.
Nous partons du postulat que la nature du vide apraxique s’apparente à ce que Husserl nomme
un vide d’intention de signification non remplie qui engendre une non-autonomie barrant la
route de fait à ce qui apparaît : le phainomenum. De fait, la nature du vide apraxique, ne
permet jamais au sujet d’être observateur de son phainomenum. Son corps n’étant donc pas
un apparaître pour lui-même, il n’a donc pas les moyens de viser les phénomènes qui
l’entourent. Le vide apraxique, engendrant une incarnation vide, n’atteint donc jamais une
échelle permettant l’observable, et le sujet apraxique n’accède pas à l’observation.
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Que faut-il alors comprendre de l’observation et de la mesure? Pourquoi le vide quantique
propose-t-il une solution adéquate ?
Ainsi, un observateur, ne peut être qu’observateur d’une certaine mesure à une certaine
échelle : Il convient de laisser à l’observateur un moyen d’intrusion dans le système pour
mesurer l’énergie qui y est enclose, et il n’y a pas ici de limite intrinsèque ni pour la précision
de cette mesure d’énergie, ni pour la discrétion de l’intrusion. Dans la perspective de la
mécanique quantique, l’état de vide constitue un état parmi tous les autres. C’est un état
propre d’un ensemble donné de variables physiques, l’énergie totale et l’impulsion
notamment.
Qu’en est-il donc du contenu informatif du vide ? Ne pourrait-on pas induire l’idée d’un vide
informatif défini comme la capacité à stocker l’information relative aux lois physiques (et
dans ce cas précis, aux lois physiologiques) ? Ici le vide est invoqué comme contenant une
information indéchiffrable parce qu’inobservable et codée, relative à l’existence même et à la
nature de ces interactions, aux valeurs des constantes physiques. Ce serait en « interrogeant »
le vide que les particules ou les champs seraient informés de ce que telles lois de la physique
doivent être respectées. Le vide ne se distingue donc pas de la matière, son échelle ne permet
juste pas de faire émerger un phénomène observable dans le monde macroscopique. Ce que
l’on appelle habituellement matière et vide, sont deux aspects différents d’un même tout. Le
vide n’a pas d’énergie aux grandes échelles, mais de grandes énergies aux petites dimensions,
indiscernables sur le mode macroscopique.
On peut alors se demander comment se situe le phénomène de la superposition dans la forme
informative du vide ? Et en quoi il est effectivement responsable de l’incarnation vide
apraxique ?
Si l’on conçoit que l’univers occupe probablement un état de superposition quantique, c’est-à-
dire, une superposition qui est quantifiable à l’état microscopique, cela suppose qu’il englobe
tous les états concevables, dont seulement l’un est choisi lorsque l’on procède aux premières
observations. Le phénomène de superposition stipule qu’une particule, à un instant donné
peut, pour chacune de ses caractéristiques physiques (position, quantité de mouvement….)
avoir plusieurs valeurs différentes dans plusieurs états différents. Dans le monde de
l’infiniment petit, ce n’est que lorsque nous effectuons une mesure que nous savons où elle se
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