La notion d`enseignement parfait (yuanjiao 圓教) dans la pensée de

Université de Montréal
La notion d’enseignement parfait (yuanjiao 圓教) dans la
pensée de Mou Zongsan (1909-1995)
par
Annie Boisclair
Département de philosophie
Faculté des arts et des sciences
Thèse présentée à la Faculté des études supérieures
en vue de l’obtention du grade de docteur
en philosophie
Novembre 2012
© Annie Boisclair, 2012
i
Résumé
Personnage central du néoconfucianisme contemporain, Mou Zongsan (1909-1995)
a écrit un nombre impressionnant de livres philosophiques. Loin d’ignorer les penseurs
d’autres courants, il les intègre à ses théories pour en utiliser les forces. Ainsi, il s’intéresse
au concept d’enseignement parfait (yuanjiao 圓教). Cette notion fut introduite par l’école
bouddhique Tiantai (Tiantai 天台). Après une classification de tous les enseignements
bouddhiques, il fut conclu que l’enseignement parfait consiste en un enseignement complet
reflétant parfaitement l’intention ultime du Bouddha. Mou considère quatre critères pour
déterminer quelle doctrine est conforme à cette idée : la préservation de tout ce qui existe,
la possibilité pour tous d’atteindre l’illumination, englober tout sans distinction et utiliser
un langage qu’il qualifie de non analytique.
Dans cette étude, nous allons examiner l’utilisation faite par Mou du concept
d’enseignement parfait. Il démontre la nécessité pour l’être humain d’avoir un esprit qui
saisit à la fois la sphère phénoménale et nouménale. De cette façon, tout ce qui compose la
réalité, pur et impur, est conservé. Il emprunte ensuite le concept du summum bonum
kantien, c’est-à-dire le ratio proportionnel entre la vertu et le bonheur, et le révise à l’aide
de l’enseignement parfait. Le résultat est tout à fait étonnant : l’être humain possède
l’intuition intellectuelle, normalement réservé à Dieu chez Kant, et est ainsi responsable de
son propre bonheur grâce à l’accomplissement d’actions morales. Cependant, le
bouddhisme ne fournirait pas le cadre théorique idéal pour la notion très importante du
summum bonum puisque l’aspect moral n’y serait pas assez développé. Mou affirme que,
malgré leur origine bouddhique, les critères qui définissent un enseignement parfait peuvent
être appliqués à d’autres courants de pensée. Il propose donc le confucianiste Wang Longxi
王龍溪 (Wang Ji 王畿 1498- 1583), dont les théories correspondent aux caractéristiques de
l’enseignement parfait, pour établir un concept du summum bonum novateur.
Mots-clés : Mou Zongsan, néoconfucianisme contemporain, enseignement parfait,
summum bonum, Bien parfait, bonheur, moral, créativité morale, Wang Longxi, Kant.
ii
Abstract
Mou Zongsan (1909-1995), a central figure in the emergence of New confucianist
thought, wrote an impressive number of books on philosophy. One of the most interesting
aspects of Mou’s writings is that he distilled and integrated concepts of other philosophical
schools he considered relevant and valuable for his works. One example for this notion is
his extensive use of the concept of the perfect teaching (yuanjiao 圓教), which was
originally introduced by the Buddhist school of Tiantai (Tiantai 天台). They first classified
all Buddhist teachings before concluding that only the doctrine of perfect teaching truly
reflects the ultimate wisdom envisioned by the Buddha. Mou determines that this concept
fulfill four necessary criteria: (1) the preservation of all that exists, (2) the possibility for all
sentient beings to achieve illumination, (3) to encompass everything without distinction,
and (4) to utilize a non-analytical language.
In this study, we will analyse Mou’s use of the concept of perfect teaching. He
argues that the human mind must be capable of perceiving both the phenomenal and the
noumenal world. This postulate ensures the preservation of all realities, inclusive of both
what is ‘pur’ and ‘impure’. Mou utilizes the summum bonum, a Kantian concept that
postulates that virtue and happiness are proportionally linked, and modifies it with the help
of the perfect teaching. As a result of this fusion of occidental and oriental thought, human
beings are attributed intellectual intuition, which according to Kant is God’s privilege. As a
consequence, humans ultimately determine their own happiness by their moral behavior.
Although Mou uses the originally Buddhist doctrine of perfect teaching to revise the
concept of summum bonum, he also concludes that the lack of a moral foundation renders
Buddhism ultimately unfit to act as the theoretical framework of summum bonum.
However, Mou claims that the four characteristics that define a perfect teaching can,
irrespective of their origin, be applied to other schools of thought. Therefore, he proposes
that the theories of the confucianist Wang Longxi 王龍溪 (Wang Ji 王畿 1498- 1583) fulfil
these attributes, and uses them to establish a revised concept of summum bonum that
preserves the proportionality of virtue and happiness but bypasses the requirement of God
as the sole proprietor of intellectual intuition.
iii
Keywords : Mou Zongsan, New confucianism, perfect teaching, summum bonum, perfect
good, happiness, moral, moral creativity, Wang Longxi, Kant.
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