BTS électrotechnique 1ère année - Sciences physiques appliquées Annexe du TP n°5 : La pollution harmonique La pollution harmonique est un problème relativement récent qui est apparu avec les progrès de l’électronique et de l’électronique de puissance. Cette pollution affecte non seulement la propre installation, mais aussi les consommateurs voisins. Les contraintes économiques liées sont importantes pour les entreprises : diminution du facteur de puissance, surdimensionnement et vieillissement prématuré des installations, déclenchement des systèmes de protection (disjoncteur), … 1. Qu’est-ce qu’un appareil électrique linéaire ? Le réseau EDF met à disposition des utilisateurs une tension sinusoïdale. Un appareil est dit linéaire s’il absorbe un courant sinusoïdal lorsqu’il est connecté au réseau. Un appareil linéaire n’engendre pas de pollution harmonique sur le réseau. 2. Qu’est-ce qu’un appareil électrique non linéaire ? Un appareil est dit non linéaire s’il absorbe un courant non sinusoïdal lorsqu’il est connecté au réseau. Un appareil non linéaire génère des harmoniques. 3. Qu’est-ce que les harmoniques ? On visualise le L1 L2 L3 courant absorbé par une phase du variateur de vitesse à l’aide VARIATEUR DE VITESSE d’une sonde à effet Hall : Moteur Asynchrone 3~ OSCILLOSCOPE Le signal n’est pas sinusoïdal, mais il est tout de même périodique (ce sera toujours le cas en dehors des régimes transitoires). D’après le théorème de Fourier, tout signal périodique peut se décomposer en une grandeur continue (valeur moyenne) plus une somme de grandeurs sinusoïdales de fréquence multiple de celle du signal. Ici le signal est alternatif donc de valeur moyenne nulle. Sa décomposition en série de Fourier ne comprend donc pas de terme continu. Elle contient un terme de fréquence égale à celle du signal : c’est le fondamental (harmonique de rang 1). Les termes de fréquences multiples sont ici uniquement impairs. Imax t (ms) SIGNAL RELEVE : F = 50 Hz I i1 (A) La sinusoïde de fréquence identique à celle du signal est appelée le FONDAMENTAL. T = 20 (A) FONDAMENTAL : I1max HARMONIQUE DE RANG 1 i3 (A) F = 1 × 50 Hz HARMONIQUE t T = 20 I3max (ms) t (ms) F = 50 Hz DE RANG 3 Les sinusoïdes de fréquence multiple à celle du signal sont appelées les HARMONIQUES. I5max DE RANG 5 F = 150 Hz + + i5 (A) HARMONIQUE F = 3 × 50 Hz = t (ms) F = 5 ×50 Hz 4. Qu’est-ce que la décomposition en série de Fourier d’un signal ? F = 250 Hz L’expression de i(t) est égale à la somme des expressions temporelles des signaux qui la compose. Cette expression de i(t) est appelée décomposition en série de Fourier du signal. Pour l’exemple étudié, elle s’écrit : 𝑖(𝑡) = 𝑖1 (𝑡) + 𝑖3 (𝑡) + 𝑖5 (𝑡) = 𝐼̂1 sin(𝜔𝑡 − 𝜑1 ) + 𝐼̂3 sin(3𝜔𝑡 − 𝜑3 ) + 𝐼̂5 sin(5𝜔𝑡 − 𝜑5 ) = 𝐼1 √2 sin(𝜔𝑡 − 𝜑1 ) + 𝐼3 √2 sin(3𝜔𝑡 − 𝜑3 ) + 𝐼5 √2 sin(5𝜔𝑡 − 𝜑5 ) 5. Qu’est-ce que le spectre d’un signal ? La décomposition en série de Fourier du signal peut se résumer en un seul diagramme appelé spectre : Amplitude SPECTRE 𝑰̂𝟏 = 𝑰̂𝟑 < 𝑖 > 𝑰̂𝟓 = <𝑖> = < 𝑖 1> 50Hz 3 150Hz Le SPECTRE du signal est un diagramme donnant l’amplitude de chaque harmonique en fonction de son rang. 5 250Hz Rangs Fréquences 6. Comment prévoir quels types d’harmoniques comprendra le spectre d’un signal ? o Si le signal est alternatif, sa valeur moyenne est nulle et son spectre ne comprend pas de raie à 0Hz ; o Si le signal comprend une symétrie de glissement, son spectre ne comprend pas d’harmonique pair. On dit qu’il y a symétrie de glissement lorsque i l’alternance négative est identique au signe près à l’alternance positive (voir exemple ci-contre). Si on fait glisser l’alternance négative sous l’alternance positive, on obtient une symétrie par 0 rapport à l’axe des abscisses). 𝑇 2 𝑇 𝑇 2 Mathématiquement, cela peut s’écrire 𝑖 (𝑡 + ) = −𝑖(𝑡) 7. Comment déterminer la valeur efficace d’un signal non sinusoïdal ? La valeur efficace d’un signal non sinusoïdal se détermine à partir des valeurs efficaces des harmoniques : 𝑰= < 𝑖 >𝟐 + 𝑰𝟏 𝟐 + 𝑰𝟐 𝟐 + ⋯ + 𝑰𝒏 𝟐 Sur le spectre, on lit les amplitudes (valeur max), il faut donc toutes les diviser par √𝟐. Pour l’association variateur/moteur, cela donne : 𝑰= 𝟐 𝟐 𝟐 𝑰𝟏 + 𝑰𝟑 + 𝑰𝟓 𝒂𝒗𝒆𝒄 𝑰𝟏 = 𝑰̂𝟏 √𝟐 8. Qu’est-ce que le THD (Taux de distorsion Harmonique) ? C’est une grandeur exprimée en % qui permet de quantifier la pollution harmonique portée par un signal alternatif : 𝑻𝑯𝑫 = 𝑰𝟐 𝟐 + 𝑰𝟑 𝟐 + 𝑰𝟒 𝟐 + ⋯ 𝑰𝟏 = 𝑰𝟐 − 𝑰𝟏 𝟐 𝑰𝟏 Plus un signal est porteur de pollution harmonique, plus sont THD est grand. Le THD peut être supérieur à 100%. Remarque : La relation ci-dessus est celle du THD par rapport au fondamental (THD-F). C’est celui qu’indiquent généralement les appareils de mesure. On rencontre parfois le THD Global (THD-G) qui est calculé par rapport à la valeur efficace du signal complet (il est inférieur à 100%) : 𝐼 2 − 𝐼1 2 𝑇𝐻𝐷 = 𝐼 9. Quels outils de calcul utiliser pour étudier un circuit comprenant des signaux non sinusoïdaux ? Tous les outils définis en sinusoïdal (impédance, diagramme de Fresnel,…) ne sont pas utilisables avec des signaux non sinusoïdaux. Par contre ils sont utilisables pour chaque harmonique indépendamment. t L’application du théorème de superposition permet de ramener l’étude d’un circuit linéaire en régime périodique quelconque à une étude en régime sinusoïdal. En effet, si un tel circuit est attaqué par une tension périodique u(t), alors pour effectuer le calcul des différentes grandeurs, il suffit de résoudre le problème avec <u> (grandeur continu), puis avec ̂1 sin(𝜔𝑡 + 𝜃1 ) (régime sinusoïdal) puis avec 𝑈 ̂2 sin(2𝜔𝑡 + 𝜃2 )(régime sinusoïdal), … 𝑈 Le résultat final correspondant, par le biais du théorème de superposition à la somme des résultats. 10. Quels sont les appareils générateurs d’harmoniques ? Deux phénomènes constituent d’importantes sources de pollution harmonique : les arcs électriques et l’électronique de puissance. Le premier groupe comprend toutes les lampes à décharge gazeuse à basse et haute pression, les installations de soudure et les fours à arc électrique. Ces derniers constituent une puissante source d’harmoniques, bien qu’ils n’apparaissent que de façon peu fréquente. De par leur nombre, les armatures lumineuses contribuent le plus à la dégradation de la qualité du réseau. La plupart des appareils électroniques appartiennent au deuxième groupe. Nous pensons aux ordinateurs, télécopieurs, imprimantes à laser, chargeurs de batterie, entraînements à régulation de vitesse, chauffages à induction, … Exemples de spectre d’appareil domestique : 11. Quels sont les effets de la génération d’harmoniques ? Lorsque l’amplitude d’une fréquence harmonique atteint une valeur significative, elle peut entraîner tant des dégâts immédiats que des effets à long terme. Les câbles et transformateurs s’échauffent plus que de coutume, les condensateurs sont endommagés, la consommation électrique s’accroît, le bon fonctionnement des appareils sensibles devient incertain et les disjoncteurs de protection peuvent se mettre à fonctionner de manière indue. Durée de vie : Des calculs ont montré que, du fait de la présence d’harmoniques, la durée de vie des machines monophasées est réduite de 32%, celle des moteurs triphasés de 18% et celle des transformateurs de 5%. L’usure accrue est surtout la conséquence de températures plus hautes au sein des conducteurs. Explosion : Les condensateurs qui sont placés sur le réseau en vue d’améliorer son facteur de puissance sont plus lourdement chargés par les courants harmoniques du fait de la valeur des intensités de courant qui les traversent. Dans des cas extrêmes, ceci peut provoquer leur explosion. MATERIEL ELECTRIQUE Machines tournantes (moteurs triphasés, alternateur) Transformateurs Câbles Electronique de puissance Condensateurs Dispositifs de protection (fusibles, disjoncteurs) Compteurs d’énergie Téléviseurs Lampes à décharge EFFETS DE LA POLLUTION HARMONIQUE Echauffements supplémentaires. Couples oscillatoires qui provoquent des vibrations et du bruit. Echauffements supplémentaires. Pertes dans le fer. Risque de saturation. Augmentation des pertes surtout dans le câble de neutre où s’ajoutent les harmoniques de rang 3. Troubles de fonctionnement. Vieillissement prématuré. Déclenchement intempestif. Erreurs de mesure. Déformation de l’image et du son. Risque de vieillissement prématuré. 12. Quelles sont les solutions de remédiation ? Les solutions classiques : Une première mesure consiste à dimensionner les câbles et appareils de façon plus généreuse. Il est cependant évident que ceci entraîne une sérieuse augmentation des coûts. Une deuxième manière consiste à utiliser un transformateur spécial. De la sorte, les harmoniques de rang 3 et leurs multiples soient éliminés. L’inconvénient de ce procédé est que les autres harmoniques (5,7,…) ne sont pas bloquées et que l’impédance de ligne est accrue. Cette dernière provoque une distorsion plus intense des autres harmoniques. Il existe enfin les filtres passifs dimensionnés par calcul. Ils sont faits d’étages comportant chaque fois un circuit LC ciblé sur un harmonique donné. Ce sont surtout les 5ème et 7ème harmoniques qui sont visés. Mais le dimensionnement dépend du spectre harmonique et de l’impédance de la source, ce qui fait que cette méthode manque de souplesse. Les solutions plus modernes : Depuis un certain temps, des produits bien meilleurs sont apparus sur le marché. Ils sont basés sur le principe de la compensation active. Ce type de filtre s’adapte continuellement aux variations des harmoniques. Il peut éliminer tant les harmoniques d’une charge (également dans le conducteur neutre) que ceux du réseau. Par rapport au filtre passif, il présente des avantages évidents : pas d’interaction entre filtres adjacents, pas de calcul préalable nécessaire, large gamme de fonctionnement, résistance à la surcharge et électronique de contrôle. Ces avantages vont évidemment malheureusement de pair avec un prix relativement élevé.