de K1. Sans prendre dès l’abord de position ferme sur l’ensemble
de ce dernier livre, nous nous proposons de démontrer au
contraire que ses chapitres 7 et 8, tout au moins, sont bien de la main
d’Aristote, et qu’il convient donc d’interpréter E comme un « arrange-
ment » postérieur de ces textes, dû à l’intervention aussi intempestive
que zélée d’un compilateur ancien. Nous procèderons comme
suit : nous relirons K 7-8 et nous l’accompagnerons de diverses
remarques destinées à établir l’infériorité littéraire et doctrinale
de la plupart des énoncés « correspondants » d’E (A) ; puis nous
montrerons qu’il résulte de l’élimination d’E des conséquences
décisives pour une future édition qui serait enfin sérieuse, c’est-à-
dire chronologique, de la Métaphysique (B).
Avant que d’écouter le Philosophe, un bref rappel s’impose
au sujet de l’histoire mouvementée de l’interprétation de K. Dans
ses célèbres Études de 1912, Werner Jaeger, le principal avocat de
ce livre, écrivait : « De notre analyse, il ressort que les pensées
exposées en K portent une empreinte rigoureusement aristotéli-
cienne (durchaus streng aristotelisches Gepräge tragen) »2. Même si
nous n’avons pas besoin de l’étendre à K 1-63, nous voudrions sou-
CONFÉRENCE
446
1On se rafraîchira la mémoire dans B. Dumoulin, Analyse génétique de la
Mét. d’Ar., thèse soutenue en 1979, publiée en 1986, p. 147s. Sur K 7-8,
v. aussitôt les p. 158-161. On remarquera que le chapitre 8 n’inspire à
l’auteur que trois lignes de commentaire — et cinq lignes à V. Decarie
dans son article complètement arbitraire, « L’authenticité du livre K de
la Mét. », dans le coll. Zweifelhaftes im Corpus aristotelicum, Berlin-New York,
1983, p. 314. Heureusement, la dernière de ces cinq lignes avoue que
« l’ordre des matières semble moins confus dans K 8 que dans E 2-4 ».
C’est le moins que l’on puisse dire.
2W. Jaeger, Studien zur Entstehungsgeschichte der Met. des Ar., Berlin,
1912, p. 86.
3L’authenticité de 7 et 8 nous important seule ici, rappelons simple-
ment que l’une des principales objections opposées à celle de K envi-
sagé (abusivement) comme « totalité » est la présence de la double
particule z| ¥çμ, sinon absente du corpus, en 1060a5, 17 et 20,b3 et
443-512 24/06/08 9:31 Page 446