Le sexisme dans la langue : une volonte de prise de mesures pour y

HENNION Pauline (PaulineH)
Lyon Centro de Lenguas
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I. Comment mettre fin au sexisme dans la langue Française ?
A. Par la suppression du terme « Mademoiselle » dans les documents
administratifs, en France
En France, pendant des années, des mouvements féministes « les chiennes de garde » et «
osez le féminisme » ont milité pour une plus grande reconnaissance des femmes et une
égalité entre les deux sexes. Ces deux mouvements ont milité au nom des femmes pour
lesquelles le terme « Mademoiselle » dans les formulaires administratifs les faisait se sentir
inférieures. Ce terme représenterait implicitement une intrusion dans leur vie privée, et une
inégalité entre les hommes et les femmes, les hommes n’ayant pas à cocher une case «
Damoiseau » dans ces formulaires. De plus, le fait pour les femmes de se faire appeler «
mademoiselle » ne serait pas légal car selon la réponse ministérielle (française) numéro 5128
du 3 Mars 1983, « l’existence de deux termes différents pour désigner les femmes mariées et
celles qui ne le sont pas, constitue une discrimination à l’égard des femmes car cette
différence n’existe pas pour les hommes.
Ces deux mouvements féministes ont obtenu ce qu'ils revendiquaient : la ministre des
solidarités Roselyne Bachelot, en charge du droit des femmes, avait demandé au premier
ministre de l'époque François Fillon la disparition du terme "mademoiselle dans les
formulaires administratifs et le 21 février 2011, une circulaire des services du premier
ministre a été publiée, confirmant que le terme "mademoiselle" , ainsi que "le nom de jeune
fille" disparaitront des formulaires administratifs et le premier ministre a invité les ministres
concernés et les préfets à exiger des administrations l'élimination des termes "mademoiselle"
et "nom de jeune fille" dans leur formulaires administratifs.
B. Par la proposition de nouvelles règles de grammaire
Ces dernières années, en France, des mouvements féministes (L’Egalité c’est pas sorcier, La
Ligue de l’Enseignement, Le Monde selon les Femmes et Femmes solidaires) ont demandé,
par une pétition « que les hommes et les femmes soient belles », de modifier des règles de
grammaire françaises afin de ne pas favoriser le genre masculin, dont l’une d’elles, celle que
nous connaissons tous : l’accord de l’adjectif avec le nom auquel il se rapporte. Cette règle
veut que lorsqu’il y a un nom masculin et un nom féminin, auquel l’adjectif se rapporte, le
masculin l’emporte et elle s’impose dès le XVIII, époque où l’homme est considéré supérieur
naturellement. Selon le grammairien Nicolas Beauzée En 1767,« le genre masculin est réputé
plus noble que le féminin à cause de la supériorité du mâle sur la femelle. » . Afin de
modifier ces règles de grammaire française, ces mouvements cités au dessus demandent le
retour de l’usage de la règle de proximité, règle voulant que l’adjectif s’accorde dans la
phrase avec le nom le plus proche de celui-ci, même s’il est de genre féminin bien qu’un nom
masculin se rapporte également à cet adjectif, et existant et dominante dans la langue
française depuis le XVIème. En effet Au XVIe siècle, pour l'adjectif, seule la règle de
proximité s'appliquait. Lorsqu'un adjectif se rapportait à plusieurs noms, il s'accordait avec le
plus proche. On en trouve de nombreux exemples chez le célèbre Racine, qui emploie
concurremment la règle de proximité avec celle selon laquelle « le masculin l'emporte sur le
féminin » : « Surtout j'ai cru devoir aux larmes, aux prières, consacrer ces trois jours et ces
trois nuits entières », Athalie(1691)
Selon l’écrivain Marie Desplechin, la langue française étant « genrée ». Elle ne contient pas
de neutralité. Comme dit au-dessus, le masculin l’emporte sur le féminin. Ce manque de
neutralité permet alors au masculin de devenir l’universel. Mais le français est une langue
vivante, et une langue vivante peut toujours être modifiée.
Quelques linguistes français ont donc proposé une nouvelle grammaire afin de mettre un
terme à la prédominance masculine, notamment la linguiste Céline Labrosse et le linguiste
Daniel Daquerre. Céline Labrosse propose alors trois «principes ».
Premier principe : Faire disparaître les marques de genre des mots oralement bivalents
(lorsque nous n’entendons pas la différence de genre du mot lorsqu’il est prononcé) :
- soit par la finale en –e ou l’une de ses variantes (-le, -èle) pour les finales à consonne.
Exemple : un banquet inaugurale (au lieu d’un banquet inaugural), un journal bimensuel (au
lieu d’un journal bimensuel)
- soit à l’aide des flexions –ez, -iz, -uz pour le pluriel des adjectifs lorsque ceux-ci se
rapportent à un nom masculin et un nom féminin, afin de ne pas marquer de prédominance
masculine.
Exemple : des militantes et militants convaincu (au lieu de « militantes et militants
convaincus), les vraiz coupables (au lieu de « vraiS coupables)
Deuxième principe : Dans les autres cas, accorder les adjectifs selon la règle de proximité, en
tenant compte également de la règle de la majorité.
Exemple : Tous les musiciens et musiciennes flamandes (au lieu de : tous les musiciens et
musiciennes flamands)
Troisième principe : Innover, en créant de nouvelles tournures
Exemple : illes (plutôt que « ils ») s’appellent Benoit (prénom masculin), Hélène (prénom
féminin), Michelle (prénom féminin), Robert (prénom masculin)
Quant au linguiste Daniel Labaquerre, d’autres règles sont possibles afin de ne pas marquer la
langue française d’une prédominance masculine :
1- Le déterminant : dans tous les cas un déterminant féminin doit être employé
Exemple : une juge (plutôt qu’UN juge lorsqu’il s’agit d’une femme), une députée (plutôt
qu’UN député)
2-Noms se terminant par une voyelle (e, i) au masculin : ils prennent un e au féminin
Exemple : Une apprentie (plutôt qu’un apprenti lorsqu’il s’agit d’une femme)
3- Noms se terminant au masculin par une consonne.
Exemple : une artisane (plutôt qu’un artisan lorsqu’il s’agit d’une femme) , une chirurgienne,
une doyenne
-Pour les noms terminant en er, -et, on les féminise par « ère ».
Exemple : une pompière (plutôt qu’un pompier lorsqu’il s’agit d’une femme), une préfète
(plutôt qu’un préfet)
Ensuite, un groupe québécois pour la modernisation de la norme du français (GQMNF) veut
diffuser les changements dans la norme du français approuvés par les diverses instances
francophones. Sous le thème « Rédaction non sexiste » sur leur site internet, ce groupe
énumère des règles permettant de donner une visibilité égale aux hommes et aux femmes
dans les textes ainsi que quelques recommandations de lectures sur le sujet.
http://www.gqmnf.org/NonSexisteRegles.htmlL
C. Par la publication d’un guide par l’UNESCO sur l’égalité des sexes
dans le langage
« En 1999, l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture
(UNESCO) publie un guide sur l’égalité des sexes dans le langage. Il concerne la langue
française et s’inspire de consignes officielles données dans plusieurs pays francophones. Les
indications données ont pour objectif d’aider les professionnels de la rédaction (journalistes,
traducteurs, rédacteurs de discours) ainsi que le grand public à prendre conscience que
certaines formes de langage sont discriminatoires envers les femmes parce qu’elles tendent à
occulter leur présence, à la faire apparaître comme exceptionnelle ou véhiculent des
stéréotypes sexuels. »
La première partie de ce guide propose des solutions de rechange à ces formules
discriminatoires : pour ne pas que la langue privilégie trop le sexe masculin, il suffirait de,
lorsque l’on parle de personnes indéterminées qui peuvent être des hommes ou des femmes,
employer des termes privilégiant le sexe masculin donnant l’impression que les femmes ne
sont pas prises en compte, et sont inférieures (exemple : les hommes politiques), et
d’employer des formules qui traduisent une conception stéréotypée des rôles féminins .
D. Par la féminisation des noms des métiers
Les noms de métiers tendent à privilégier le genre masculin au détriment du masculin. En
effet, souvent dans la langue française, les titres et les noms de fonctions de forme masculine
sont appliqués aux femmes exerçant des fonctions de rang élevé, renforçant l’idée que ces
hautes fonctions, postes à haute responsabilité sont d’essence masculine (exemple : Madame
le secrétaire d’Etat, Madame le Principal).
Afin de féminiser les métiers, quelques règles sont proposées : par exemple, pour les métiers
se terminant au masculin par une consonne, il fait rajouter un « E » pour les féminiser, ou
parfois doubler la consonne (exemple : un chirurgien et une chirurgieNNE)
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