1.2 De l’Alsace Alémanique à l’Alsace dans le Saint Empire
Après la défaite des Romains (en 401), les Alamans se heurtent au peuple des
Francs, qui les battent à Tolbiac en 496. Les Alamans, vaincus, continuèrent
néanmoins à prédominer en Alsace, même sous la domination franque. L'Alsace se
trouve alors au centre de leur aire d'expansion et porte le nom d'Alémanie. C'est la
langue alémane qui s'impose à la population toute entière. Le dialecte alsacien est
donc un héritage des Alamans et se conservera, jusqu'à nos jours, dans ses diverses
variantes allant du Palatinat à la Suisse. C’est au début du VIIème siècle que le nom
d’Alsace fait son apparition.
Les Alamans sont bientôt remplacés par les Mérovingiens qui réorganisent la
région avec le concours de l'Eglise, Duché sous les Mérovingiens, puis Comté sous les
Carolingiens, l’Alsace fait partie de l’empire Franc jusqu’au traité de Verdun (en 843
mettant fin à la guerre entre les trois petits-fils de Charlemagne) qui la sépare de
l’empire de Charlemagne et la donne à Lothaire Ier.
A la mort de Lothaire II, décédé sans enfant légitime, le traité de Mersen en 870
cède l’Alsace à Louis le Germanique.
Les XIIe et XIIIe siècles marquent une période de prospérité. La ville de
Haguenau devient la résidence du grand bailli impérial, tandis que Strasbourg est une
cité importante du Saint-Empire Romain, formant une république indépendante dans
le cadre de l'Empire. Un commerce important s’organisa avec la Suisse et l'Allemagne
moyenne.
En 1354, la Décapole d'Alsace se constitue et forme une ligue des dix villes
marchandes les plus importantes, sous la protection impériale, à savoir les cités libres
de Mulhouse, Colmar, Munster, Sélestat…
Au cours des XVIème et XVIIème siècles, l'Alsace connaît une longue période de
guerres d'ordre social, religieux ou politique. Mais la prospérité résiste aux calamités
diverses qui frappent le pays comme la guerre de cent ans, la grande peste de 1349,
les guerres féodales endémiques, jusqu’à la guerre de 30 ans où la prospérité est
brutalement interrompue. L'Alsace est ravagée par les Allemands, les Suédois, les
Espagnols, les Lorrains, les Français... Les massacres, les famines, et les épidémies
réduisent la population de moitié. La paix de 1648, signée lors du traité de Münster,
provoque l'intégration progressive de la province dans le Royaume de France et
l’abandon de l’Alsace par l’empereur germanique. Strasbourg est prise par Louis XIV
en 1681, le Rhin devient Frontière. La reconstruction et la reconquête religieuse par
l'Eglise Catholique donnent un nouvel élan. C'est la floraison du baroque et du
classicisme, influences française et allemande s'alliant dans des édifices religieux et
profanes.
1.3 Le temps de la Révolution
Au XVIIIe siècle, Vauban édifie des forteresses le long du Rhin (Strasbourg,
Sélestat, Neuf-Brisach, Huningue, ainsi que Belfort) ce qui assure la sécurité de
l'Alsace. C’est également le siècle de l’assèchement de marais et la reconstruction d’un
réseau routier. L’université de Strasbourg avec des étudiants brillants (ex :
Metternich, Cobenzl, Goethe, ainsi que de nombreux Russes) permet à la région un
rayonnement important en Europe protestante.
Sous l’impulsion de Mulhouse, la région alsacienne connait une révolution
industrielle précoce. Alors qu’il faudra attendre la fin du XVIIIème siècle et le début du