ne règne aucune autorité supranationale et qu’il vise à étendre en permanence. À
cette absence d’unité politique s’ajoute une absence d’unité religieuse, puisque s’y
côtoient des tribus arabes, juives et hindouistes.
C’est dans ce paysage général que s’inscrit le Coran. Et, selon Alain Grignard, pour
se pencher sur le Coran, il faut tenir compte des circonstances précises dans
lesquelles les versets ont été révélés. La prise de la Mecque en 630 va notamment
amener le prophète Mahomet à faire de la politique en plus du message religieux,
entérinant une absence de séparation entre la religion et la politique, et donc entre le
spirituel et le temporel. Le Coran est, dès lors, un livre à la fois religieux et politique
qui a, de plus, pour effet de réunir les individus qui deviennent tous frères, alors qu’ils
ne se reconnaissaient jusque là que comme appartenant à une tribu. L’islam a, par
ce fait, été révolutionnaire à son époque mais le tribalisme reste, aujourd’hui encore,
un des grands fléaux du monde musulman.
Deux axes d’interprétation politique
Comment l’islam s’inscrit-il dans le monde actuel, au départ de ces caractéristiques ?
Alain Grignard associe l’émergence de l’islam en Europe au changement de société
induit par les mutations consécutives aux mouvements gravitant autour de mai 68.
En détricotant les piliers du fonctionnement sociétal, ces mouvements ont généré
une difficulté croissante pour les individus d’être seul. Et il s’avère que, plus les gens
ont des problèmes sociaux, plus ils sont tentés par des sociétés où la solidarité prime
et où l’individu n’a pas une place prépondérante… comme l’islam. Sur ce glissement
se greffe un glissement d’interprétation de la notion de djihad. De conception de
l’effort sur soi (un combat permanent avec soi-même pour être sur la « bonne
voie »), elle se double d’une vision armée, défensive pour les uns (réplique
uniquement quand on est attaqué)… mais offensive pour d’autres (conversion ou
destruction de l’autre, « pour le bien de tout le monde »).
Pour Alain Grignard, l’islamisme est clairement une lecture politique d’une religion,
d’un texte religieux. De nombreux penseurs musulmans estiment, selon lui, que les
difficultés de l’islam dans le monde (et, pour certains, son déclin) proviennent de ce
que celui-ci n’a pas été géré, les plus sévères affirmant « nous n’avons pas arrêté de