De même, les courriers n’étaient pas beaucoup rédigés via le logiciel (45,9%), contrairement aux
ordonnances (75%) et aux certificats (63,9%).
Le fichier informatique servait à établir les FSE (Feuilles de Soins Electroniques) chez 80,2% des
médecins. Les résultats de biologie étaient enregistrés principalement par messagerie sécurisée
(40%) (p<0,001), à l’inverse des résultats des autres examens complémentaires qui l’étaient par
scanner (25%) (p=0,02). Le logiciel était utilisé pour faire une synthèse annuelle du dossier des
patients atteints de maladie chronique dans 19,2% des cas, et dans seulement 7,8% des cas pour
faire une synthèse annuelle du dossier de tous les patients (p=0,04). Le logiciel était peu utilisé pour
faire des statistiques (12,8% des cas) ou de la recherche multicritère (16,9% des cas) (p=0,56). Le
taux d’utilisation du logiciel pour faire de la recherche multicritères augmentait avec le nombre
d’années d’installation du médecin (les médecins installés depuis plus de 10 ans faisaient plus de
recherche multicritères (25% ; p=0,01)).
Le pourcentage de satisfaction globale du logiciel était de 77,3%. Les modifications à apporter aux
logiciels les plus fréquemment citées étaient : aucune modification (pour 15 médecins), logiciel plus
simple (11 médecins), plus rapide (6 médecins), insertion du DMP (Dossier Médical Partagé) (5
médecins), moins de clicks, meilleure lisibilité, possibilité de faire des statistiques et de la recherche
multicritères (pour 4 médecins respectivement dans chaque groupe). Les obstacles à l’utilisation des
fonctions du logiciel étaient dominés par le manque de temps (cité par 58,7% des médecins), le
manque de formation (45,9%), d’attirance pour l’informatique (23,3%) ou le manque d’ergonomie du
logiciel (11,6%).
Nous avons trouvé que la nouvelle convention médicale de 2011 n’a pas encore eu d’influence sur
l’informatisation des médecins dans 82% des cas [1]. Cependant, 62,2% des médecins comptent
désormais utiliser les télé services de l’Assurance Maladie, 58% comptent faire un suivi informatisé de
leurs patients et 87,8% comptent télétransmettre les feuilles de soins (p<0,001).
Discussion : A l’aide de ces résultats, nous avons tenté de répondre à la question principale posée
dans cette étude, à savoir pour quelles raisons les médecins généralistes ne se sont pas appropriés
toutes les fonctions de leur logiciel ?
Tout d’abord, nous avons étudié les réponses aux questions générales. Les caractéristiques de la
population de médecins ayant répondus (70,9% d’hommes et 28,5% de femmes), ainsi que la
répartition par département d’origine (26,7% dans l’Aisne, 32.6% dans la Somme et 40,7% dans
l’Oise), sont proches de celles des généralistes libéraux picards, puisque le CNOM (Conseil National
de l’Ordre des Médecins) retrouvait des résultats proches en 2009 [2]. Par contre, le mode d’exercice
s’est inversé par rapport à 2005 (données de l’URML de Picardie (Union Régionale des Médecins
Libéraux de Picardie)). En effet, en 2012 44,7% des généralistes libéraux exercent seuls et 54,6%
exercent en groupe, alors que l’URML de Picardie recensait 51,1% de généralistes exerçant seuls
contre 48,9% exerçant en groupe au moment de son étude [3]. Ce fait est probablement lié à l’essor
récent des Maisons de Santé Pluridisciplinaires et des Pôles de Santé [4].