PETITE MESSE SOLENNELLE
UNE ŒUVRE DE MUSIQUE SACRÉE COMME UN "PÉCHÉ DE VIEILLESSE"
Il n’y a pas de doute, Rossini en écrivant la Petite messe solennelle a vraiment voulu se faire plaisir. Il
a plus de 70 ans et a cessé de composer des opéras depuis 30 ans quand le régent de la Banque de
France, le comte Pillet-Will, lui commande une œuvre pour la consécration de sa chapelle privée à la
mémoire de son épouse Louise, qu’il compose donc en 1863.
La Petite messe solennelle est donnée pour la première fois le 14 mars 1864. La Petite Messe Solennelle
est une œuvre de musique sacrée écrite pour quatre solistes, chœur mixte, deux pianos et un
harmonium. L’œuvre est superbe, elle surprend par sa modernité même si Rossini ne manque pas de
rendre hommage à ses maîtres Palestrina et Bach.
Rossini adresse au "créateur" une dédicace en forme de boutade : "Bon Dieu. La voilà terminée cette
pauvre petite messe. Est-ce bien de la musique sacrée que je viens de faire ou de la sacrée musique ?
J’étais né pour l’opera buffa, tu le sais bien ! Peu de science, un peu de cœur, tout est là. Sois donc béni
et accorde moi le Paradis."
Sur la page de garde de son manuscrit, Rossini tient aussi à préciser, avec la maîtrise du français qui
était la sienne : "Petite messe solennelle, composée pour ma villégiature de Passy. Douze chanteurs
des trois sexes, hommes, femmes et castrats seront sufsants pour son exécution, savoir huit pour
les chœurs, quatre pour les solos, total douze chérubins. Bon Dieu, pardonne-moi le rapprochement
suivant : douze aussi sont les apôtres dans le célèbre coup de mâchoire peint à fresque par Léonard,
dit la Cène, qui le croirait. Il y a parmi tes disciples de ceux qui prennent des fausses notes ! Seigneur,
rassure-toi, j’afrme qu’il n’y aura pas de Judas à mon déjeuner et que les miens chanteront juste
et con amore tes louanges et cette petite composition qui est hélas ! le dernier péché mortel de ma
vieillesse."- Gioachino Rossini, Passy, 1863. Cette évocation d’un "péché de vieillesse", dont Rossini
écrit que cette Petite Messe Solennelle serait "le dernier", renvoie à un ensemble de compositions
diverses composées après son retrait de la scène et réunies sous le titre Péchés de vieillesse.
STRUCTURE DE L’ŒUVRE
La partition, dont l’exécution dure environ une heure et demie, est divisée en deux parties de sept
pièces musicales chacune et mêle rythmes de marche et tempos majestueux, sur des harmonies parfois
surprenantes.
Première partie
1 Kyrie eleison - chœur
Gloria
2 Gloria in excelsis Deo - solistes et chœur
3 Gratias - Trio pour contralto, ténor et basse
4 Domine Deus - ténor solo
5 Qui tollis - Duo pour soprano et contralto
6 Quoniam - basse solo
7 Cum Sancto Spiritu - chœur
Deuxième partie
Credo
8 Credo - solistes et chœur
9 Crucixus - soprano solo
Et resurrexit - solistes et chœur
10 Prélude religieux (pendant l’Offertoire)
piano puis harmonium solo
11 Ritornello (9 mesures d’harmonium)
12 Sanctus - solistes et chœur
13 O salutaris Hostia - soprano solo
14 Agnus Dei - contralto et chœur
Dans ces différentes pièces musicales, les nuances des chanteurs excèdent rarement le piano. Rossini
attribue aux chanteurs des nuances forte pour quelques moments comme les acclamations Eleison,
le début du Gloria, son homologue le Cum Sancto Spiritu, les parties extrêmes des Credo, Sanctus et
Hosanna et les dernières mesures du Dona nobis pacem.
Bien que saluée à la suite de sa première audition comme un chef-d’œuvre inégalé, la Petite
messe solennelle de Rossini n’a jamais connu la popularité d’une autre œuvre sacrée de
grande envergure de sa maturité, le Stabat Mater.
GIOACHINO ROSSINI
(Pesaro, 1792 – Paris, 1868)
Gioachino Rossini a profondément marqué
l’histoire de l’opéra du XIXème siècle en menant
à son apogée le bel canto à l’italienne : il pare
l’opéra-bouffe d’airs énergiques et brillants dotés
d’un naturel nouveau, et développe et innove
l’écriture orchestrale en préparant ainsi l’éclosion
du romantisme.
Doté d’un talent musical précoce, il est élevé
dans une famille de mélomanes. Il apprend la
musique notamment en lisant les partitions de
Mozart ou Haydn. Il fait ses études au prestigieux
Liceo Musicale de Bologne, maîtrisant déjà cor et
chant, il y apprend le violoncelle, le piano, l’alto,
le contrepoint, l’instrumentation, l’orchestration
et la structuration harmonique. Trois des opéras
de Rossini sont créés avant son vingtième
anniversaire, dont La Cambiale di Matrimonio.
À la suite de ces opéras-bouffes, il s’attelle à
"l’opera seria" avec la création de Tancrede
(1816) ; il fait évoluer le genre dans Otello (1816)
et Semiramide (1823). Son chef-d’œuvre est Le
Barbier de Séville, tout de suite reconnu comme
tel lors de sa création en 1816. Rossini impose
aussi un genre intermédiaire (déjà exploité par
Mozart), "l’opera semi-seria" auquel se rattachent
La Cenerentola ou La Pie voleuse (1817). Après
un séjour très réussi à Paris, où il reviendra à la
n de sa vie, et la création de Guillaume Tell en
1829, Rossini arrête de composer pour la scène.
Il se consacre alors à la musique religieuse, genre
qui met tout aussi bien en valeur ses qualités
musicales : le Stabat Mater (1841) et la Petite
messe solennelle (1864) soulignent par leur
clarté et leur profondeur d’écriture le talent du
compositeur.
NICO AND THE NAVIGATORS
Turbulente troupe de théâtre de
l’underground berlinois.
C'est avec la pièce Ich war auch schon einmal in
Amerika qu'est fondée en 1998 au Bauhaus Dessau
la compagnie Nico and the Navigators, sous
la direction artistique de Nicola Hümpel et Oliver
Proske. Rapidement une étroite collaboration
s'ensuit avec le festival les Sophiensaele à Berlin,
où la compagnie se consacre à partir de 1999 à
son cycle Menschenbilder.
Leurs productions tournent depuis dans le monde
entier, invitées par les théâtres et festivals les
plus renommés en Belgique, France, Italie, Pays-
Bas, Autriche, Pologne, Russie, Serbie, Espagne,
Suède, Hongrie… Comme en attestent les échos
dans la presse, la troupe occupe depuis lors
une place singulière dans le paysage théâtral et
musical européen. Le prix George-Tabori décerné
en mai 2011 à Nico and the Navigators vient
récompenser l'ensemble du parcours accompli.
NICHOLAS JENKINS
Direction musicale
Il étudie au Merton College à Oxford et à la
Guildhall School of Music and Drama. Nicholas
Jenkins débute sa carrière comme chanteur et
chef de chœur avant de devenir l'assistant de
Marc Minkowski, emblématique chef d’orchestre
français. Il est chef de chœur au Grange Park
Opera et chez les Musiciens du Louvre, ainsi
que chef de chœur invité du Chœur du Châtelet,
du Geoffrey Mitchell Choir et du Philharmonia
Chorus. Il assiste également Sir Simon Rattle
pour la Carmen de Bizet dans le cadre du Festival
de Salzbourg. Il dirige en outre Mireille de Gounod
(New Sussex Opera), Cendrillon de Massenet
(Blackheath Halls, London) et la version mise en
scène par Nico and the Navigators de la Petite
Messe solennelle de Rossini. Il assiste Marc
Minkowski pour Le Trouvère de Verdi et Oliver
von Dohnányi pour La Norma de Bellini.
© Carjat
Nicola Hümpel et Oliver Proske © Proske