Modélisation simultanée de la perception
et de l'adaptation au changement climatique :
cas des producteurs de maïs du Nord Bénin
(Afrique de l'Ouest)
Résumé
Au Be
´nin comme dans la plupart des pays en de
´veloppement, les producteurs sont de plus
en plus confronte
´s au besoin d’adapter leurs syste
`mes de cultures aux circonstances
changeantes du climat. Cet article a pour objectif d’analyser l’adaptation des producteurs
de maı
¨s au changement climatique. Pour ce faire, la perception du changement climatique
par les producteurs et les strate
´gies d’adaptation de
´veloppe
´es par eux ont e
´te
´identifie
´es en
vue d’en analyser les facteurs de
´terminants. L’e
´tude a e
´te
´conduite dans le Nord Be
´nin et
plus pre
´cise
´ment dans les communes de Malanville, Banikoara, Bembe
´re
´ke
´et Natitingou.
Au total, 336 producteurs de maı
¨s ont e
´te
´e
´chantillonne
´s de fac¸on ale
´atoire et ont ensuite
e
´te
´interviewe
´s. De manie
`re ge
´ne
´rale, les producteurs de maı
¨s du Nord Be
´nin perc¸oivent le
changement climatique et s’y adaptent principalement a
`travers la diversification des
cultures et l’ajustement des pratiques culturales et du calendrier agricole. Le mode
`le Probit
de Heckman utilise
´are
´ve
´le
´que l’expe
´rience dans l’agriculture et l’appartenance a
`une
organisation e
´taient positivement et significativement corre
´le
´es aussi bien avec la
perception du producteur qu’avec sa de
´cision de s’adapter au changement climatique. La
pratique d’une activite
´secondaire, l’acce
`s au cre
´dit et le contact avec une structure de
vulgarisation ont des incidences positives et significatives sur la de
´cision d’adaptation du
producteur au changement climatique. En revanche, le nombre d’actifs agricoles par
me
´nage et le droit de proprie
´te
´sur les terres exploite
´es ne sont pas significativement
corre
´le
´s avec la de
´cision du producteur de s’adapter au changement climatique.
Mots cle
´s:adaptation, Be
´nin, changement climatique, maı
¨s, perception.
The
`mes : climat ; e
´conomie et de
´veloppement rural ; me
´thodes et outils ; productions
ve
´ge
´tales.
Abstract
Simultaneous modelling of the perception of and adaptation to climate change:
The case of the maize producers in northern Benin
In Benin, as in most developing countries, farmers are experiencing the need to adapt their
farming systems to climate change, developing strategies to sustain their livelihoods. This
paper aims at analysing the maize producers’ adaptation to climate change. Accordingly,
the farmers’ perception of and adaptation to climate change were identified in order to
analyse the underlining determinants. The study was conducted in the municipal areas of
Malanville, Banikoara, Bembe
´re
´ke
´, and Natitingou, in northern Benin. A total of 336
farmers producing maize were randomly sampled and were then interviewed. Generally,
maize producers in Northern Benin perceive climate change and adapt to it, primarily,
through crop diversification and adjustment of cropping practices and agricultural
calendar. A Heckman Probit model highlights that experience in agriculture and
organisation membership were positively correlated with both perception of and
adaptation to climate change. In addition, running a side activity, accessing credit, and
Rosaine N
erice Yegbemey
1,2
Jacob Afouda Yabi
2
Ghislain Boris Aïhounton
2
Armand Paraïso
3
1
Justus-Liebig University of Giessen
Institute of Project and Regional Planning
Senckenbergstrasse 3
D-35390 Giessen
Germany
2
Universit
e de Parakou
Facult
e d'agronomie
Unit
e de recherche en
economie et
d
eveloppement (URED)
Laboratoire d'analyse et de recherches sur
les dynamiques
economiques et sociales
(LARDES)
BP 123 Parakou
R
epublique du B
enin
3
Universit
e de Parakou
Facult
e d'agronomie
D
epartement Production v
eg
etale
BP 123 Parakou
R
epublique du B
enin
doi: 10.1684/agr.2014.0697
Pour citer cet article : Yegbemey RN, Yabi JA, Aïhounton GB, Paraïso A, 2014. Modélisation
simultanée de la perception et de l'adaptation au changement climatique : cas des producteurs de
maïs du Nord Bénin (Afrique de l'Ouest). Cah Agric 23 : 177-87. doi : 10.1684/agr.2014.0697
Tirés à part : R.N. Yegbemey
177Cah Agric, vol. 23, n83, mai-juin 2014
Étude originale
L'Afrique est soumise a
`un climat
fortement variable et impre
´vi-
sible. Cette situation fragilise les
syste
`mes agricoles africains qui ne
re
´pondent plus aux pressions actuelles
du climat. Kurukulasuriya et al. (2006)
avaient de
´ja
`souligne
´la grande vulne
´-
rabilite
´du continent face au change-
ment climatique en raison de la forte
de
´pendance des e
´conomies vis-a
`-vis
de l’agriculture et des capacite
´s d’adap-
tation limite
´es des populations.
Le Be
´nin, pays en de
´veloppement de
l’Afrique de l’Ouest, n’est pas a
`l’abri
des menaces lie
´es au changement
climatique. L’agriculture, base de son
e
´conomie avec une contribution de
40 % au produit inte
´rieur brut (PIB) et
plus de 80 % des recettes d’exporta-
tion (Doligez, 2001), souffre de
´ja
`des
incidences ne
´gatives du changement
climatique (PANA-BENIN, 2008). Exa-
minant l’e
´volution des facteurs clima-
tiques entre 1960 et 2008 des trois
zones climatiques du Be
´nin, Gnangle
`
et al. (2011) ont de
´cele
´une augmenta-
tion significative de la tempe
´rature
moyenne (plus de 1 ˚C), une diminu-
tion perceptible de la pluviome
´trie
(- 5,5 mm/an en moyenne) et du
nombre moyen annuel de jours de
pluie. Des e
´tudes re
´alise
´es en 2001 ont
indique
´que les pre
´cipitations reste-
ront plus ou moins stables (+ 0,2 %)
dans le sud du pays, mais seront
re
´duites de 13 a
`15 % dans le nord a
`
l’horizon 2100 (MEHU, 2011). Selon la
me
ˆme source, il est pre
´vu une aug-
mentation de la tempe
´rature entre
+ 2,6 ˚C et + 3,2 ˚C d’ici 2100. Sous
ces sce
´narios, les cultures installe
´es
dans les diffe
´rentes zones agroe
´colo-
giques du Nord Be
´nin, connues
comme grenier du pays, subiront plus
les effets des variations climatiques,
avec pour corollaire des baisses de
rendement. En effet, en e
´tudiant les
relations entre les conditions climati-
ques futures et les productions agri-
coles au Be
´nin, Paeth et al. (2008) ont
pre
´dit des diminutions de rendements
variant de 5 a
`20 %, avec pour conse
´-
quence un risque plus e
´leve
´d’inse
´cu-
rite
´alimentaire.
Cette situation contraint les produc-
teurs a
`de
´velopper des strate
´gies
d’adaptation afin de pre
´server leurs
moyens de subsistance. Pour mieux
comprendre le processus d’adaptation
des producteurs, plusieurs travaux de
recherche sur les de
´terminants de
l’adaptation au changement clima-
tique ont e
´te
´re
´alise
´s. La majorite
´de
ces travaux mettent uniquement l’ac-
cent sur l’e
´tude des caracte
´ristiques
de
´mographiques et socio-e
´conomi-
ques des producteurs. Toutefois, selon
Maddison (2007) et Gbetibouo (2009),
l’adaptation serait le re
´sultat combine
´
de la lecture perception que font
les populations de l’e
´volution du
climat et de leurs caracte
´ristiques
de
´mographiques et socio-e
´conomi-
ques. Il en de
´coule que la recherche
doit e
´galement tenir compte des
perceptions qu’ont les producteurs
dudit changement climatique. Suivant
la logique de ces derniers auteurs, cet
article vise a
`de
´crire de manie
`re
simultane
´e la perception et l’adapta-
tion des producteurs de maı
¨sau
changement climatique au Nord
Be
´nin, dans l’optique d’une meilleure
compre
´hension des risques climati-
ques actuels et des re
´ponses endoge
`-
nes de
´veloppe
´es. Ainsi, la perception
du changement climatique par les
producteurs et les strate
´gies d’adapta-
tion de
´veloppe
´es par eux ont e
´te
´
identifie
´es en vue d’en analyser les
facteurs de
´terminants.
Cadre théorique
Selon Ban et Hawkins (2000),la
perception est le processus par lequel
nous recevons des informations et des
stimuli de notre environnement et les
transformons en actes psychologiques
conscients. Dans le mode
`le de la
perception humaine se distinguent
deux types de perception : la percep-
tion psychique lie
´ea
`la situation
psychique de l’individu et la percep-
tion sensorielle qui est lie
´e aux sens.
La perception psychique est fonction
des facteurs fonctionnels tels que les
expe
´riences, les notions de valeurs, les
attentes, les besoins, les opinions et les
normes socioculturelles (Van den Ban
et al., 1994). La perception sensorielle,
quant a
`elle, de
´pend des facteurs
structurels qui ne sont rien d’autres
que nos cinq sens (la vue, l’ouı
¨e,
l’odorat, le toucher et le gou
ˆt).
Ce mode
`le d’analyse de la perception
s’applique bien au changement clima-
tique en ceci que les producteurs ne
s’adaptent pas directement au chan-
gement en question mais selon la
manie
`re dont ils l’ont conc¸u, donc
perc¸u. En effet, le changement clima-
tique n’est qu’un stimulus dont la
re
´ponse observable est l’adaptation.
A
`l’e
´chelle d’un syste
`me, l’adaptation
se rapporte aux changements obser-
ve
´senre
´ponse a
`des forces ou
perturbations
1
telles que le change-
ment climatique (Smithers et Smit,
1997), la hausse des prix des intrants,
etc. Dans cette perspective, le but
ultime de l’adaptation au changement
climatique serait de mode
´rer les
impacts ne
´gatifs dudit changement,
de faire face a
`ses conse
´quences et
having contact with agricultural extension services had positive effects on the farmers’
decision to adapt to climate change. Neither the number of household workers in
agriculture nor land ownership showed any significant effects on the farmers’ decision to
adapt to climate change.
Key words: adaptation, Benin, climate change, maize, perception.
Subjects: climate; economy and rural development; tools and methods; vegetal
productions.
1
Ge
´ne
´ralement ces forces ou perturbations sont
externes au syste
`me. C’est le cas du changement
climatique. Cependant, elles peuvent e
ˆtre aussi
internes au syste
`me. Dans ce cas, il peut s’agir
d’une conse
´quence lie
´ea
`une mauvaise pra-
tique au sein du syste
`me lui-me
ˆme. Par
exemple, l’exce
`s d’utilisation d’engrais peut
entraı
ˆner des proble
`mes de salinisation du sol
auquel le syste
`me cherche a
`s’adapter.
178 Cah Agric, vol. 23, n83, mai-juin 2014
e
´ventuellement de profiter de ses
nouvelles opportunite
´s(Adger et al.,
2003).
La perception du changement clima-
tique e
´tant la traduction du stimulus
observe
´,lade
´cision d’adaptation des
producteurs serait un processus rai-
sonne
´. Cela nous rame
`ne a
`la the
´orie
de l’action raisonne
´ede
´veloppe
´e par
Fishbein et Ajzen (1975).A
`la lumie
`re
de cette the
´orie, la strate
´gie adopte
´e
par le producteur serait de
´termine
´e
par son intention comportementale a
`
l’adopter. La pre
´sente e
´tude utilise une
approche analytique base
´e sur la
combinaison des deux mode
`les ci-
dessus mentionne
´s (approche par
perception et the
´orie de l’action
raisonne
´e).
De ces conside
´rations the
´oriques, il se
de
´gage l’hypothe
`se de base selon
laquelle l’adaptation des producteurs,
face a
`des stimuli tels que le change-
ment climatique, n’est cohe
´rent qu’au
regard de leur conception et donc, de
leur perception.
Matériel et méthode
Zone d'étude
La pre
´sente e
´tude a e
´te
´conduite dans
le Nord du Be
´nin. Le choix de cette
zone reposait sur le fait que les
pre
´visions climatiques indiquent que
le Nord Be
´nin est la re
´gion la plus
vulne
´rable du pays. Et pourtant, la
production agricole y est concentre
´e.
Cette zone compte 4 des 8 zones
agroe
´cologiques du pays. Dans cha-
cune des 4 zones agroe
´cologiques du
Nord Be
´nin, une commune a e
´te
´
se
´lectionne
´e sur la base de son
importance dans la production agri-
cole (notamment de maı
¨s
2
) et d’entre-
tiens pre
´liminaires avec les agents des
Centres agricoles re
´gionaux de de
´ve-
loppement rural (CARDER). Ainsi, les
communes de Malanville, de Bani-
koara, de Bembe
´re
´ke
´et de Natitingou
(figure 1) ont e
´te
´retenues dans
les zones agroe
´cologiques 1, 2, 3
et 4 respectivement. Dans chaque
commune, deux villages ont e
´te
´choisis
avec l’aide des agents des CARDER, en
fonction de leur importance en
termes de production de maı
¨set
de leur accessibilite
´. Il s’agissait des
villages de Koara-te
´dji et Isse
´ne
´dans
Malanville, Bonhanrou et Ounet dans
Banikoara, Gue
´re
´et Pe
´darou dans
Bembe
´re
´ke
´puis Takonta et Pam-Pam
dans Natitingou.
Échantillonnage et base
de données
Les unite
´s d’observation sont les
exploitations agricoles repre
´sente
´es
par le chef d’exploitation. Par village
se
´lectionne
´,une
´chantillon de 41 a
`43
producteurs a e
´te
´constitue
´de
manie
`re ale
´atoire (en utilisant la table
des nombres ale
´atoires) a
`partir des
re
´sultats d’un recensement sommaire
de tous les producteurs de maı
¨s. Un
total de 336 producteurs a e
´te
´inter-
roge
´dans toute la zone d’e
´tude. Le
tableau 1 montre la structure de
l’e
´chantillon.
Les principales donne
´es collecte
´es
aupre
`s des producteurs e
´chantillon-
ne
´se
´taient relatives a
`leurs caracte
´ris-
tiques de
´mographiques et socio-
e
´conomiques (sexe, a
ˆge, exercice
d’activite
´secondaire, niveau d’instruc-
tion, acce
`s au cre
´dit, expe
´rience en
agriculture, contact avec la vulgarisa-
tion, nombre d’actifs agricoles par
me
´nage, appartenance a
`une organi-
sation et droit de proprie
´te
´sur la
terre), leur perception du changement
climatique et les strate
´gies d’adapta-
tion de
´veloppe
´es par eux. La collecte
des donne
´es a e
´te
´re
´alise
´ea
`travers des
enque
ˆtes conduites sous forme
d’entretiens semi-structure
´s. Par ail-
leurs, la triangulation des informations
a
`travers des focus groupes a e
´te
´
organise
´e pour s’assurer de la ve
´racite
´
des donne
´es collecte
´es.
Constitution et traitement
des données sur la perception
Une se
´rie de trois questions ouvertes
adresse
´es a
`chaque producteur e
´chan-
tillonne
´ae
´te
´utilise
´e pour de
´finir la
variable «perception du changement
climatique ». Dans l’ordre chronolo-
gique, les questions e
´taient : 1) Sur les
10 dernie
`res anne
´es, avez-vous perc¸u
un (des) changement (s) d’un ou de
plusieurs facteurs climatiques ? 2)
Quel (s) facteur (s) avez-vous perc¸u
comme change
´? 3) Quel (s) change-
ment (s) avez-vous observe
´concer-
nant ce (s) facteur (s) ?
Partant de cette se
´rie de questions, un
producteur a e
´te
´conside
´re
´comme
ayant perc¸u le changement climatique
si et seulement si : 1) il a perc¸u au
moins un changement d’au moins un
facteur climatique sur les dix dernie
`res
anne
´es ; 2) il a pu identifier le (s)
facteur (s) dont il a perc¸u le (s)
changement (s) ; et 3) il a pu de
´crire
le (s) changement (s) qu’il a perc¸u. Ce
faisant, la variable «perception du
changement climatique »ae
´te
´plus
tard traite
´e comme une variable
dichotomique muette prenant la
valeur de 1 si le producteur a perc¸u
le changement climatique et la valeur
0 autrement.
Constitution et traitement
des données sur l'adaptation
Apre
`s les questions lie
´es a
`la percep-
tion, une se
´rie de deux questions a e
´te
´
utilise
´e pour de
´finir la variable «adap-
tation au changement climatique ».
La premie
`re question e
´tait : « Sur les
10 dernie
`res anne
´es, avez-vous ajuste
´
une ou plusieurs de vos pratiques
culturales dans le but d’adapter votre
syste
`me de production au changement
climatique ? » Ensuite, les strate
´gies
de
´veloppe
´es dans le cadre de l’adap-
tation au changement climatique ont
e
´te
´re
´pertorie
´es a
`travers la question :
« Quelle (s) strate
´gie(s) d’adaptation
utilisez-vous ? »
Pour faciliter la description des re
´sul-
tats, les strate
´gies re
´pertorie
´es ont e
´te
´
regroupe
´es en quatre groupes en
fonction de leur nature. Il s’agissait :
1) des strate
´gies de diversification des
cultures ; 2) de l’ajustement des pra-
tiques culturales et du calendrier
agricole (dates de semis notamment) ;
3) des strate
´gies d’utilisation et de
gestion des terres ; et 4) d’autres
adaptations qui ne figurent pas dans
les pre
´ce
´dents groupes (les prie
`res et
rituels traditionnels, le cre
´dit et la
migration).
En conside
´rant les deux questions
lie
´es a
`l’adaptation, un producteur a
e
´te
´conside
´re
´comme s’adaptant au
changement climatique si et seule-
ment si : 1) il a ajuste
´ses pratiques
culturales dans le but d’adapter son
syste
`me de production au(x) pre
´ce
´-
dent(s) changement(s) qu’il aurait
2
Le maı
¨s, aliment de base des populations, est
l’une des cultures pre
´dites pour e
ˆtre la plus
affecte
´e par les conditions climatiques futures
(MEHU, 2011).
179Cah Agric, vol. 23, n83, mai-juin 2014
Mali
0 50 100
6°N
7°N
8°N
9°N
10°N
11°N
12°N
11° 21° 31°
11°21°31°
7°N
8°N
9°N
10°N
11°N
12°N
13°N
Km
Niger
NIGER
KARNAJAMA
KEROU
MATERI
KOBU
BASSILA
SANTE
SALOU
COTONOU
GRAND POPO
ROHICON
PORTO NOVO
TANGNI
POBE
KETOU
DASSA
GLAZOUR
PARAKOU
TCRAOUROU
QUAKE
KOUANOE
PEHUNKO
KOPARGO
BOUKOU KALALE
NIKKI
PERERE
COCOUNOU
KANDI
SEGBANA
APLAHOUE
LOKOSS
ATH
Nigeria
Afrique de l’Ouest
Afrique
République du Bénin
MALI
CAP
VERT
NIGER
MAURITANIE
SÉNÉGAL
GAMBIE
GUINÉE-BISSAU
SIERRA LEONE
LIBERIA
BURKINA FASO
BURKINA FASO
CÔTE
D'IVOIRE
TOGO
TOGO
BÉNIN
GHANA
GUINÉE
NIGERIA
NIGERIA
Zone d'étude
1 Malanville
2 Banikoara
3 Bembèrèkè
4 Natitingou
1
2
3
4
N
Figure 1. Zone d'étude.
Figure 1. Study area.
Tableau 1. Structure de l'échantillon d'étude.
Table 1. Structure of the study sample.
Zone
agroécologique
Commune Village Nombre
de ménages*
Taille
de l'échantillon
Taux d'échantillonnage
(%)
Zone 1 Malanville Koara-t
edji 359 44 12
Iss
en
e 182 42 23
Zone 2 Banikoara Bonhanrou 523 42 8
Ounet 222 42 19
Zone 3 Bembèrèkè Gu
er
e 252 41 16
P
edarou 165 42 25
Zone 4 Natitingou Takonta 141 41 29
Pam-Pam 167 42 25
Total 2011 336 16
* Source : Institut national de la statistique et de l'analyse économique (Insae), Direction des études démographiques. Cahiers des villages et quartiers de ville :
départements de l'Alibori, de l'Atacora et de la Donga. National Report. Cotonou : Insae 2004.
180 Cah Agric, vol. 23, n83, mai-juin 2014
mentionne
´(s) ; et 2) il a adopte
´au
moins un des quatre groupes de
strate
´gies d’adaptation. Enfin, la
variable «adaptation au changement
climatique »ae
´te
´plus tard traite
´e
comme une variable dichotomique
muette prenant la valeur de 1 si le
producteur s’adapte et la valeur 0
autrement.
Recherche des déterminants
de la perception et de
l'adaptation
L’adaptation au changement clima-
tique peut se de
´finir comme tout
ajustement ou modification ope
´re
´(e)
par le producteur au sein de son
exploitation agricole pour faire face
aux variations de conditions climati-
ques. Deux mode
`les sont couramment
utilise
´s pour analyser les de
´terminants
du choix ou de la de
´cision des
producteurs d’ope
´rer des ajustements
ou des modifications, tels qu’adopter
des strate
´gies ou des technologies. Il
s’agit du Logit et du Probit (Maddison,
2007 ;Hassan et Nhemachena,
2008 ;Gbetibouo, 2009). Selon la
nature de la variable de
´pendante
(dichotomique muette ou a
`plus
de deux modalite
´s) les mode
`les
multinomiaux sont aussi utilise
´s. Ces
mode
`les se pre
´sentent sous la forme
ge
´ne
´rale :
Ai¼fZ
i
ðÞ [1]
ou
`A
i
et Z
i
repre
´sentent respective-
ment la de
´cision d’adaptation du
producteur i et un ensemble de
caracte
´ristiques de
´mographiques et
socio-e
´conomiques du me
ˆme produc-
teur i. En conside
´rant l’hypothe
`se du
lien perception-adaptation, la plus
simple manie
`re d’inte
´grer la percep-
tion des producteurs (P) dans le
pre
´ce
´dent mode
`le est de l’exprimer
sous la forme :
Ai¼fZ
i;Pi
ðÞ [2]
Cependant, toujours a
`la lumie
`re du
cadre the
´orique, la perception elle-
me
ˆme apparaı
ˆt comme une variable
endoge
`ne (fonction d’un certain nom-
bre de caracte
´ristiques propres a
`
l’individu). De
`s lors, l’estimation de
l’e
´quation [2] pre
´sente des biais
d’endoge
´ne
´ite
´. Dans ces conditions,
la spe
´cification de deux mode
`les
se
´pare
´sun mode
`le d’adaptation
(e
´quation [3]) et un mode
`le de per-
ception (e
´quation [4])apparaı
ˆt
comme une alternative qui limiterait
les biais d’estimations, soit :
Ai¼fZ
i
ðÞ [3]
Pi¼fY
i
ðÞ [4]
ou
`Y
i
repre
´sente un ensemble de
caracte
´ristiques de
´mographiques et
socio-e
´conomiques du me
ˆme produc-
teur i ; qui pourraient e
ˆtre identiques
ou diffe
´rentes de Z
i
.
Cette nouvelle formulation, bien
qu’elle e
´limine un peu le biais d’endo-
ge
´ne
´ite
´lie
´a
`la perception, ne tient
aucunement compte de l’hypothe
`se
de de
´part selon laquelle l’adaptation
des producteurs face a
`des stimuli, tel
le changement climatique, n’est intel-
ligible qu’au regard de leur concep-
tion dudit changement. Selon
Maddison (2007), repris par
Gbetibouo (2009), la perception est
un pre
´requis a
`l’adaptation. En
d’autres termes, il faut percevoir avant
de s’adapter. Il ne se pose donc plus
un proble
`me d’endoge
´ne
´ite
´, mais
pluto
ˆtdese
´lection : adaptation si
perception. Ainsi, comme l’ont pro-
pose
´Maddison (2007) et Gbetibouo
(2009), un mode
`le de se
´lection tel que
le mode
`le Probit de Heckman permet
de mieux explorer la de
´cision d’adap-
tation des producteurs en relation
avec leur perception. Ce faisant, le
mode
`le ge
´ne
´ral devient :
Ai¼fZ
i
ðÞ
si et seulement si
Pi¼fY
i
ðÞ>0
[5]
La forme ainsi de
´finie est base
´e sur
deux sous-mode
`les : l’output mode
`le
ou mode
`le d’adaptation dont la
variable de
´pendante est l’adaptation
(A) et le mode
`le de se
´lection dont la
variable de
´pendante est la perception
(P). Conside
´rant j caracte
´ristiques
de
´mographiques et socio-e
´conomi-
ques lie
´es au producteur i et capables
de de
´terminer sa de
´cision d’adapta-
tion (caracte
´ristiques note
´es z
ij
) d’une
part, puis j’ caracte
´ristiques de
´mogra-
phiques et socio-e
´conomiques lie
´es
au me
ˆme producteur i et susceptibles
de de
´terminer sa perception (caracte
´-
ristiques note
´es y
ij’
) d’autre part,
le mode
`le e
´conome
´trique qui en
ressort est :
ai¼a0þX
j
ajzij þui
si et seulement si
pi¼b0þX
j0
bj0yij0þv>0
(6)
Dans ce mode
`le, a
i
est la de
´cision
d’adaptation (1 = s’adapte ; 0 = ne
s’adapte pas) du producteur i et p
i
sa
perception de
´finie comme une
variable dichotomique muette (1 =
perc¸oit ; 0 = ne perc¸oit pas) ; aet b
sont les parame
`tres a
`estimer ; enfin u
et v sont les termes d’erreurs. L’e
´qua-
tion [6] revient a
`la forme simplifie
´e:
A¼aZþU
P¼bYþV
[7]
ou
`Z est un j-vecteur de caracte
´ris-
tiques de
´mographiques et socio-e
´co-
nomiques pouvant influencer la
de
´cision d’adaptation, Y est un j’-
vecteur de caracte
´ristiques de
´mogra-
phiques et socio-e
´conomiques pou-
vant de
´terminer la perception, U et V
les termes d’erreur suivant conjointe-
ment une distribution normale, inde
´-
pendamment de X et Y, et A et P e
´tant
lie
´s par le lien de se
´lectivite
´AsiP>0.
Ainsi, la variable de
´pendante A est
de
´finie comme :
A est observ´
esiP>0
A est une donn´
ee
manquante si P 0
½8
8
>
<
>
:
Partant de ces spe
´cifications et des
observations de terrain, les caracte
´ris-
tiques des exploitants telles que la
possession d’une activite
´secondaire, le
nombre d’actifs agricoles par me
´nage,
l’expe
´rience en agriculture, le droit de
proprie
´te
´sur les terres exploite
´es,
l’acce
`s au cre
´dit, l’appartenance a
`une
organisation et le contact avec un
service de vulgarisation, ont e
´te
´intro-
duites dans le mode
`le d’adaptation, et
l’expe
´rience en agriculture, le sexe, le
niveau d’e
´ducation et l’appartenance a
`
une organisation de producteurs, dans
le mode
`le de perception. Le tableau 2
montre les diffe
´rentes variables consi-
de
´re
´es dans chacun des sous-mode
`les.
Le mode
`le Probit de Heckman a
e
´te
´utilise
´pour l’estimation des
181Cah Agric, vol. 23, n83, mai-juin 2014
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