L'Afrique est soumise a
`un climat
fortement variable et impre
´vi-
sible. Cette situation fragilise les
syste
`mes agricoles africains qui ne
re
´pondent plus aux pressions actuelles
du climat. Kurukulasuriya et al. (2006)
avaient de
´ja
`souligne
´la grande vulne
´-
rabilite
´du continent face au change-
ment climatique en raison de la forte
de
´pendance des e
´conomies vis-a
`-vis
de l’agriculture et des capacite
´s d’adap-
tation limite
´es des populations.
Le Be
´nin, pays en de
´veloppement de
l’Afrique de l’Ouest, n’est pas a
`l’abri
des menaces lie
´es au changement
climatique. L’agriculture, base de son
e
´conomie avec une contribution de
40 % au produit inte
´rieur brut (PIB) et
plus de 80 % des recettes d’exporta-
tion (Doligez, 2001), souffre de
´ja
`des
incidences ne
´gatives du changement
climatique (PANA-BENIN, 2008). Exa-
minant l’e
´volution des facteurs clima-
tiques entre 1960 et 2008 des trois
zones climatiques du Be
´nin, Gnangle
`
et al. (2011) ont de
´cele
´une augmenta-
tion significative de la tempe
´rature
moyenne (plus de 1 ˚C), une diminu-
tion perceptible de la pluviome
´trie
(- 5,5 mm/an en moyenne) et du
nombre moyen annuel de jours de
pluie. Des e
´tudes re
´alise
´es en 2001 ont
indique
´que les pre
´cipitations reste-
ront plus ou moins stables (+ 0,2 %)
dans le sud du pays, mais seront
re
´duites de 13 a
`15 % dans le nord a
`
l’horizon 2100 (MEHU, 2011). Selon la
me
ˆme source, il est pre
´vu une aug-
mentation de la tempe
´rature entre
+ 2,6 ˚C et + 3,2 ˚C d’ici 2100. Sous
ces sce
´narios, les cultures installe
´es
dans les diffe
´rentes zones agroe
´colo-
giques du Nord Be
´nin, connues
comme grenier du pays, subiront plus
les effets des variations climatiques,
avec pour corollaire des baisses de
rendement. En effet, en e
´tudiant les
relations entre les conditions climati-
ques futures et les productions agri-
coles au Be
´nin, Paeth et al. (2008) ont
pre
´dit des diminutions de rendements
variant de 5 a
`20 %, avec pour conse
´-
quence un risque plus e
´leve
´d’inse
´cu-
rite
´alimentaire.
Cette situation contraint les produc-
teurs a
`de
´velopper des strate
´gies
d’adaptation afin de pre
´server leurs
moyens de subsistance. Pour mieux
comprendre le processus d’adaptation
des producteurs, plusieurs travaux de
recherche sur les de
´terminants de
l’adaptation au changement clima-
tique ont e
´te
´re
´alise
´s. La majorite
´de
ces travaux mettent uniquement l’ac-
cent sur l’e
´tude des caracte
´ristiques
de
´mographiques et socio-e
´conomi-
ques des producteurs. Toutefois, selon
Maddison (2007) et Gbetibouo (2009),
l’adaptation serait le re
´sultat combine
´
de la lecture –perception –que font
les populations de l’e
´volution du
climat et de leurs caracte
´ristiques
de
´mographiques et socio-e
´conomi-
ques. Il en de
´coule que la recherche
doit e
´galement tenir compte des
perceptions qu’ont les producteurs
dudit changement climatique. Suivant
la logique de ces derniers auteurs, cet
article vise a
`de
´crire de manie
`re
simultane
´e la perception et l’adapta-
tion des producteurs de maı
¨sau
changement climatique au Nord
Be
´nin, dans l’optique d’une meilleure
compre
´hension des risques climati-
ques actuels et des re
´ponses endoge
`-
nes de
´veloppe
´es. Ainsi, la perception
du changement climatique par les
producteurs et les strate
´gies d’adapta-
tion de
´veloppe
´es par eux ont e
´te
´
identifie
´es en vue d’en analyser les
facteurs de
´terminants.
Cadre théorique
Selon Ban et Hawkins (2000),la
perception est le processus par lequel
nous recevons des informations et des
stimuli de notre environnement et les
transformons en actes psychologiques
conscients. Dans le mode
`le de la
perception humaine se distinguent
deux types de perception : la percep-
tion psychique lie
´ea
`la situation
psychique de l’individu et la percep-
tion sensorielle qui est lie
´e aux sens.
La perception psychique est fonction
des facteurs fonctionnels tels que les
expe
´riences, les notions de valeurs, les
attentes, les besoins, les opinions et les
normes socioculturelles (Van den Ban
et al., 1994). La perception sensorielle,
quant a
`elle, de
´pend des facteurs
structurels qui ne sont rien d’autres
que nos cinq sens (la vue, l’ouı
¨e,
l’odorat, le toucher et le gou
ˆt).
Ce mode
`le d’analyse de la perception
s’applique bien au changement clima-
tique en ceci que les producteurs ne
s’adaptent pas directement au chan-
gement en question mais selon la
manie
`re dont ils l’ont conc¸u, donc
perc¸u. En effet, le changement clima-
tique n’est qu’un stimulus dont la
re
´ponse observable est l’adaptation.
A
`l’e
´chelle d’un syste
`me, l’adaptation
se rapporte aux changements obser-
ve
´senre
´ponse a
`des forces ou
perturbations
1
telles que le change-
ment climatique (Smithers et Smit,
1997), la hausse des prix des intrants,
etc. Dans cette perspective, le but
ultime de l’adaptation au changement
climatique serait de mode
´rer les
impacts ne
´gatifs dudit changement,
de faire face a
`ses conse
´quences et
having contact with agricultural extension services had positive effects on the farmers’
decision to adapt to climate change. Neither the number of household workers in
agriculture nor land ownership showed any significant effects on the farmers’ decision to
adapt to climate change.
Key words: adaptation, Benin, climate change, maize, perception.
Subjects: climate; economy and rural development; tools and methods; vegetal
productions.
1
Ge
´ne
´ralement ces forces ou perturbations sont
externes au syste
`me. C’est le cas du changement
climatique. Cependant, elles peuvent e
ˆtre aussi
internes au syste
`me. Dans ce cas, il peut s’agir
d’une conse
´quence lie
´ea
`une mauvaise pra-
tique au sein du syste
`me lui-me
ˆme. Par
exemple, l’exce
`s d’utilisation d’engrais peut
entraı
ˆner des proble
`mes de salinisation du sol
auquel le syste
`me cherche a
`s’adapter.
178 Cah Agric, vol. 23, n83, mai-juin 2014