Banque Agro Veto. Session 2009 Rapport sur le concours B ENV Épreuve écrite de BIOLOGIE Concours B ENV Nombre de candidats 392 Moyenne Ecart-type 7,8 4,13 Note la plus basse 0 Note la plus haute 18 Le sujet proposé concernait l’étude des relations qui s’installent entre l’acquisition des annexes embryonnaires et la conquête du milieu terrestre chez les Vertébrés. Dans un premier temps, il fallait analyser le développement des Amphibiens qui, d’une part, sont très inféodés aux eaux douces et, d’autre part, n’ont aucune annexe embryonnaire. On devait ensuite envisager la mise en place de ces annexes chez les Oiseaux et les Mammifères, tandis qu’ils gagnent le milieu terrestre. Entre les Oiseaux et les Mammifères, une distinction devait être opérée, puisque les premiers sont ovipares et n’ont aucune relation organique avec la mère, tandis que les seconds sont vivipares et se développent dans l’utérus maternel, avec lequel ils contractent des relations très importantes. Un plan en trois points était donc opportun. Dans une première partie, il fallait s’intéresser au développement embryonnaire des Amphibiens en prenant l’exemple d’un Anoure (grenouille, xénope,..), où chacun des événements se déroule en phase aquatique. Les œufs sont nombreux et libérés dans l’eau. La fécondation est externe et ne nécessite pas de pénis. Chaque étape du développement devait être analysée :morula, blastula, gastrula, neurula, bourgeon caudal, éclosion par rupture de la membrane ovulaire et sortie d’une très petite larve (têtard). Il fallait insister sur les phénomènes cellulaires qui sous-tendent les étapes précédentes : - segmentation inégale de l’œuf fécondé hétérolécithe (moyenne richesse en réserves vitellines) créant des macromères et des micromères. - déplacements cellulaires et mouvements morphogénétiques (gastrulation par invagination, convergence, divergence, épibolie) qui président à l’installation du plan d’organisation de l’embryon. Les moteurs de ces mouvements pouvaient être mentionnés (protéines matricielles dont la fibronectine). - différenciation en feuillets (ectoderme, mésoderme, endoderme). Sans entrer dans les détails, évidemment, on pouvait rappeler la mise en évidence expérimentale de ces feuillets (immunofluorescence,..) et suggérer le rôle des inductions, ainsi que l’implication des divers signaux (facteurs de croissance,..). La satisfaction aux impératifs nutritionnels devait être soulignée : apport de nutriments d’origine vitelline, diffusion d’oxygène depuis l’eau, rejet d’ions ammonium. Dans une seconde partie, il fallait traiter le développement embryonnaire des Oiseaux, espèces ovipares, dont les œufs sont libres et pondus en milieu terrestre. L’œuf de poule était un bon exemple à étudier. Très tôt se constitue un blastodisque à la surface de l’énorme masse vitelline de l’œuf télolécithe (“ jaune ”). Un rappel des événements cellulaires affectant cet embryon était souhaité : mouvements morphogénétiques, différenciation des feuillets, ligne primitive, nœud de Hensen). Mais, très vite, il fallait en venir aux adaptations au milieu terrestre. La fécondation est interne et suppose la présence d’un pénis mais, surtout, les annexes embryonnaires qui se développent jouent un rôle primordial dans cette transition écologique. Très vite, l’embryon est coiffé par une membrane (amnios) qui délimite une cavité contenant un liquide (liquide amniotique). Cette première annexe maintient l’embryon en phase aquatique. Un milieu “ sec ” interdirait toute survie. Un peu plus tard, se forme la seconde annexe embryonnaire, le sac vitellin, dont la paroi tend à entourer le vitellus. Celui-ci, qui comporte entre autre de la vitellogénine, sera digéré par la composante endodermique de la paroi vitelline, grâce à ses enzymes, comme le ferait l’épithélium intestinal. Les métabolites obtenus sont transportés vers l’embryon par les veines vitellines, qui se sont différenciées aux dépens du mésoderme de la paroi vitelline. La troisième annexe, la cavité allantoïdienne, se met en place la dernière. Elle favorise l’apport d’oxygène à l’embryon, puisque les vaisseaux sanguins de sa paroi sont très proches des membranes coquillières, au demeurant amincies. Elle participe à la résorption du “ blanc ”, dont les métabolites sont récupérés par l’embryon. Elle contribue aussi à la mobilisation du calcium de la coquille, en prélude à la construction du squelette de l’embryon. Enfin, des urates s’accumulent dans cette cavité; leur présence ne nécessite aucun apport hydrique et évite toute perte d’eau à l’intérieur de l’œuf. Le passage au milieu terrestre suppose un besoin en eau pour la survie de l’embryon mais, aussi, une économie poussée à son maximum de ce liquide. Dans une troisième partie, il fallait envisager le développement embryonnaire des Mammifères, espèces vivipares, puisque les événements se poursuivent dans l’utérus maternel. Le choix de l’espèce humaine était opportun. On pouvait brièvement rappeler les premiers stades du développement du blastocyste, d’ailleurs assez voisins de ce que l’on observe chez les Oiseaux. Mais il fallait insister sur le rôle des annexes dans l’adaptation au milieu terrestre et tout particulièrement sur celui du placenta. Les annexes présentes chez les Oiseaux sont retrouvées chez les Mammifères, mais leur apparition est beaucoup plus précoce. La cavité amniotique maintient l’embryon en phase aquatique. Le sac vitellin est très réduit (lécithocèle), puisque le vitellus a pratiquement disparu (œuf alécithe). La cavité allantoïdienne est également rudimentaire. Par contre, une annexe acquiert une place prépondérante, le placenta. Sa précocité est compatible avec l’urgence des rapports materno-fœtaux, dictée entre autre par un besoin de nutriments, d’oxygène… Il fallait décrire le placenta discoïdal de l’espèce humaine, envisager le rôle de l’allantoïde dans l’apparition de la circulation placentaire fœtale. On se devait d’insister sur l’importance des échanges permis au niveau du placenta par sa grande surface, la faible distance des vaisseaux utérins et fœtaux. L’oxygène, le dioxyde de carbone, le glucose, les protéines, les lipides, les sels minéraux, l’urée.…traversent l’organe. Des considérations touchant la manière dont ces substances sont mobilisées étaient les bienvenues (concentrations différentes, pH, transporteurs,..). Le rôle de barrière devait aussi être évoqué. Hors de l’espèce humaine, on pouvait aussi dire quelques mots sur les types de placentas selon la vascularisation, le degré d’intimité avec l’utérus. Il fallait bien faire ressortir que la survie de l’embryon dans la cavité utérine, chez des espèces devenues terrestres, suppose d’intenses échanges avec l’organisme maternel, protecteur à plus d’un titre. La lecture des copies nous a conduit à un certain nombre de réflexions. Beaucoup de candidats ne savent pas rédiger une introduction et indiquer la manière avec laquelle ils envisagent le sujet. Le développement embryonnaire des Amphibiens est généralement connu. Mais le rôle des annexes dans le développement des Oiseaux et des Mammifères est souvent traité de manière insuffisante, voire fausse. Bien des méconnaissances quant à leur structure, leur mise en place. La biologie du placenta n’est pas connue ou trop superficiellement abordée. Presque toujours, les relations entre l’acquisition des annexes embryonnaires et le passage au milieu terrestre ne sont pas dégagées. De temps à autre, les candidats s’épanchaient dans des hors sujet : avant de commencer à rédiger, il est donc indispensable de bien lire le libellé, de le circonscrire; rappelons à ce propos l’intérêt de l’introduction qui permet d’apprécier la compréhension du candidat face au sujet. La conclusion est indispensable aussi : en quelques lignes, elle résume les points forts du devoir, pour la plus grande satisfaction de l’examinateur et l’importance de la note. Pour ce qui concerne la forme, beaucoup de copies sont à la limite de la lisibilité. La syntaxe est souvent approximative. Il en résulte une grande confusion et un verbiage noyant les points essentiels. L’orthographe reste défaillante. Une bonne iconographie, claire, bien légendée, aurait grandement amélioré la qualité des devoirs : ce fut rarement le cas. Des références à l’expérience sont souhaitables, quand cela est possible, et sans que l’on entre nécessairement dans les détails. Elles confirmeraient simplement que le candidat est conscient que toute connaissance s’appuie sur un travail en laboratoire. Sa note ne pourrait que s’en ressentir ? Des considérations d’ordre génétique ont parfois émaillé les devoirs. Elles ne sont pas totalement hors sujet. Mais, attention ! La génétique ne doit pas être considérée comme un simple vocabulaire et, quant on l’introduit, elle doit s’intégrer de manière logique à la vie de l’organisme et exclure tout “ saupoudrage ”. Un effort de synchronisation serait peut-être souhaitable dans la conception des programmes, avec rééquilibrage de la biologie des organismes et biologie moléculaire ? Correcteurs: Jean-Claude CALLEN, Jacques HOURDRY (rapport), Catherine REEB