© ISO Management Systems, www.iso.org/ims INTERNATIONAL La gestion du changement organisationnel Deuxième partie Choisir la stratégie de changement Cet article est le deuxième d’une série portant sur les problèmes de gestion du changement dans les organisations. Chaque article traite d’un problème particulier, et propose des mesures ou des approches pour y faire face. Le premier article portait sur la turbulence que subissent les organisations depuis quelque temps ; ce deuxième article porte sur la façon de choisir une stratégie de changement parmi celles qui s’offrent au gestionnaire. U n des défis pour les gestionnaires qui doivent introduire des changements dans leur organisation, consiste à déterminer la stratégie qui donnera les meilleurs résultats. Prenons l’exemple suivant: La Chaîne Nature est une entreprise régionale de distribution alimentaire aux prises avec des choix difficiles. Bien qu’elle soit solidement établie depuis plusieurs années et qu’elle soit réputée pour la qualité de ses produits et de ses services, la Chaîne Nature a connu d’importantes pertes financières au cours des trois derniers trimestres. Cette situation est attribuable à deux facteurs: l’arrivée d’un nouveau concurrent dans le paysage de l’entreprise, et la dégradation imprévue et rapide de l’économie régionale. Bien que la survie de l’entreprise ne soit pas en cause à ce stade-ci, les actionnaires et la direction sont inquiets car il s’agit d’un phénomène nouveau dans l’histoire de cette entreprise, et tout semble indiquer qu’il s’agisse d’un phénomène durable. Les dirigeants de l’entreprise ont sollicité l’opinion de trois experts différents quant aux mesures à prendre pour réagir à cette situation, et ils ont reçu trois propositions : ! l’une consiste à lancer une opération de marketing agressive, en vue de reprendre et de sécuriser les parts de marché de l’entreprise; ! une autre repose sur l’introduction d’un système informatique de contrôle rigoureux des coûts; ! la troisième, plus radicale, consiste à conclure une alliance stratégique avec un réseau national. PAR R OBERT S CHNEIDER , P IERRE COLLERETTE ET PAUL L EGRIS Devant des options aussi éclatées, les dirigeants se demandent sur quelle base choisir la stratégie la plus adéquate. ISO Management Systems – Mars-avril 2002 45 © ISO Management Systems, www.iso.org/ims INTERNATIONAL 1) Un article récent du Harvard Business Review («Change is changing»; Avril 2001) exposant les arguments invoqués par les tenants de diverses stratégies, témoigne bien de ce phénomène. Cette scène est devenue monnaie dans un premier temps définir la natucourante dans les organisations, et elle re du traitement requis, et s’assurer que illustre les dilemmes souvent déchile choix retenu corresponde aux exirants auxquels les gestionnaires sont gences de la situation. régulièrement confrontés, c’est-à-dire La littérature et les séminaires sur l’obligation de réagir rapidement, et de le changement organisationnel mettent choisir parmi des stratégies divergengénéralement l’accent sur la façon tes et souvent conflictuelles, afin de d’initier ou de gérer les changements, s’adapter à une démais ils ont tendance gradation importanà occulter l’évaluaUn des défis pour les te de la conjoncture tion de leur pertinenexterne. L’observace dans un contexte gestionnaires qui doivent tion des dernières donné. En outre, on années suggère en introduire des changements se retrouve souvent outre que le recours face à des approches dans leur organisation, à une stratégie dogmatiques qui doninadéquate peut menent lieu à des consiste à déterminer nacer encore davandébats sans fin 1) . tage la santé de l’or- la stratégie qui donnera les Certains préconisent des approches radiganisation, et commeilleurs résultats cales, d’autre des promettre rapideapproches par étape ; ment sa viabilité, chacun y va de son idée, sans que l’on même lorsqu’il s’agit d’entreprises dispose de critères clairs pour choisir. solidement établies ; les marges d’erreur sont désormais très minces. Pas de remède absolu Tableau 1 – Les situations organisationnelles 46 Utilisons une analogie médicale: en médecine, un traitement réussi c’est non seulement un traitement bien administré (posologie) mais également et surtout, un traitement approprié pour la maladie (prescription). Une mauvaise prescription peut non seulement contribuer à maintenir la maladie, mais dans bien des cas, à l’aggraver et compromettre ainsi l’état du patient. De la même manière, pour réussir un changement organisationnel, il faut ISO Management Systems – Mars-avril 2002 Deux déterminants de la stratégie Comment alors déterminer la stratégie la mieux adaptée à chaque situation ? À notre avis, il faut procéder à une analyse de l’adéquation entre les ressources de l’organisation et la conjoncture du moment. En effet, nos observations sur le terrain nous ont amenés à constater que la condition d’une organisation résulte d’une chimie mettant en présence deux ingrédients : © ISO Management Systems, www.iso.org/ims INTERNATIONAL Tableau 2 – Dynamique caractérisant chaque situation organisationnelle Plus on se rapproche de l’excellence, plus on devrait recourir à des stratégies d’ajustement, fondées sur la – la conjoncture externe à laquelle l’organisation est exposée (économie, concurrence, réglementation, médias, opinion publique, marchés financiers, etc.) ; – la qualité des ressources dont l’organisation dispose pour répondre et s’adapter à l’évolution de cette conjoncture (capitaux, R/D, expertise, technologie, culture interne, qualité du leadership, etc.). Pour les dirigeants de la Chaîne Nature, cela signifie que pour établir une stratégie appropriée, ils doivent d’abord définir les exigences nouvelles de leur environnement, et voir ensuite dans quelle mesure les ressources de l’entreprise y correspondent ou non. Le tableau 1 présente les rapports entre ces deux variables et les cinq états ou situations organisationnelles qui en découlent. Cette matrice suppose que la condition d’une organisation change sous l’effet combiné de l’évolution de la conjoncture et de l’efficacité des mesures prises par les dirigeants de l’organisation. En théorie, toutes les combinaisons sont possibles dans la matrice. Toutefois, on observe que lorsque la condition d’une organisation se dégrade ou s’améliore sur un axe, par effet d’entraînement sa condition sur l’autre axe tend à se dégrader ou à s’améliorer en proportion, de sorte qu’en pratique, les organisations se distribuent habituellement autour des états typiques de l’axe diagonal. Chacune de ces situations organisationnelles est caractérisée par une dynamique particulière, qui se reconnaît habituellement aux indicateurs du tableau 2. L’intérêt de ce tableau est de fournir quelques repères permettant d’établir la situation d’une entreprise. Bien entendu, les variables proposées ont une importance différente d’une entreprise à l’autre, et il faut habituellement les pondérer pour obtenir un portrait juste. En réponse à sa dynamique propre, chacune de ces situations va commander continuité ISO Management Systems – Mars-avril 2002 47 © ISO Management Systems, www.iso.org/ims INTERNATIONAL une approche du changement qui sera différente. De façon générale, – plus on se rapproche de l’excellence, plus on devrait recourir à des stratégies d’ajustement, fondées sur la continuité 2); Il faut procéder à une analyse de l’adéquation entre les ressources de l’organisation et la conjoncture du moment – plus on se rapproche de la situation de crise, plus on devrait recourir à des stratégies radicales, fondées sur la discontinuité 3). Choisir une stratégie de discontinuité dans un état d’excellence ou d’équilibre aurait pour effet de compromettre inutilement la santé de l’organisation ; à l’inverse, une stratégie de continuité dans un état d’inertie/ tension ou de crise aurait pour effet « d’entretenir la maladie », et même de l’aggraver. En d’autres termes, la valeur d’une stratégie ne s’apprécie qu’en fonction du contexte particulier de l’organisation, et non en termes absolus. Dans le cas de la Chaîne Nature, une analyse attentive permettrait aux dirigeants de situer l’entreprise dans la zone correspondant à son état, pour ensuite retenir une stratégie en conséquence. Par exemple, si l’environnement était jugé plutôt favorable à l’entreprise, et que ses ressources semblaient plutôt adéquates pour y réagir, l’entreprise serait dans un état d’équilibre, et une stratégie de développement serait indiquée; à partir du petit nombre d’indices fournis sur la situation de l’entreprise, on peut déjà conclure que ce n’est pas le cas. 2) Des stratégies qui visent à améliorer ou optimiser les pratiques existantes ; en somme des stratégies consistant à faire plus, à faire moins ou à faire mieux ce que l’on fait déjà. 3) Des stratégies qui s’adressent aux orientations et aux modes de fonctionnement d'une organisation, et qui se traduisent généralement par un changement de la logique dominante (changement de paradigme) : réalignement de marché, révision complète de la structure organisationnelle, alliance stratégique, etc.. 48 ISO Management Systems – Mars-avril 2002 Certains éléments suggèrent plutôt que l’environnement est pour le moins ambigu, et que les ressources de l’entreprise sont tout juste adéquates, de sorte que celle-ci se trouve au moins dans une situation « de vulnérabilité », et peut-être même « d’inertie ». Il lui faudra donc peut-être penser à une stratégie de ré-invention qui marquera une rupture avec les tradition de l’entreprise. © ISO Management Systems, www.iso.org/ims INTERNATIONAL Les situations et les stratégies La situation d’excellence Stratégie de vigie En situation d’excellence, une entreprise est parvenue non seulement à s’adapter de façon exceptionnelle aux caractéristiques de son marché, mais également à développer des pratiques internes qui se démarquent très nettement des autres organisations similaires. Ainsi, l’entreprise est à la fois très efficace dans son approche du marché, et elle réussit à faire évoluer ses pratiques de façon continue. La vigie est la stratégie la mieux adaptée en ces circonstances. Elle consiste à surveiller attentivement les signaux de l’environnement de même que les signaux internes, en vue de détecter les fluctuations significatives. En réaction à celles-ci, les dirigeants procèdent à des ajustements qui permettront de protéger la situation de l’entreprise, caractérisée par un rapport positif entre « l’offre et la demande ». Cette stratégie suppose que des mécanismes soient mis en place pour surveiller de façon attentive (environmental scanning) l’émergence de nouveaux phénomènes (internes ou externes) susceptibles d’affecter la position de l’entreprise. Des mécanismes de suivi devraient aussi être mis en place. Plus on se Dans le cas de la Chaîne Nature, une stratégie de vigie pourrait se traduire par la mise en place d’un système rigoureux de surveillance des prix et des coûts, d’une série de mesures pour fidéliser la clientèle actuelle (carte de membre assortie de privilèges), et d’un groupe d’amélioration continue des pratiques. rapproche de la situation de crise, plus on devrait recourir à des stratégies radicales, fondées sur la La situation d’équilibre Stratégie de développement En situation d’équilibre, l’entreprise a atteint une position qui est adaptée aux pressions de son environnement. Elle est relativement efficace à fournir des services ou à produire des biens qui sont appréciés, et elle utilise assez bien ses ressources. Afin de maintenir sa position, l’entreprise doit continuer de développer sa capacité de réponse. Il y a néanmoins place à l’amélioration, et faute de le faire, elle s’expose à des difficultés si son environnement évolue ou si la performance de ses ressources se dégrade. discontinuité Pour cela, à partir de l’évolution qu’elle perçoit ou qu’elle prévoit dans son environnement, elle peut élargir la gamme de ses produits et services, ou encore remplacer des produits et services existants par de nouveaux, ou encore chercher à élargir son marché, par exemple en développant ses réseaux de production et de distribution. C’est un contexte qui sera particulièrement favorable à la concertation et aux alliances. ISO Management Systems – Mars-avril 2002 49 © ISO Management Systems, www.iso.org/ims INTERNATIONAL Dans le cas de la Chaîne Nature, si elle décelait par exemple un potentiel sous-exploité au niveau des fruits et légumes, une stratégie de développement pourrait consister à développer une alliance stratégique avec une organisation complémentaire (une entreprise de produits maraîchers) afin d’élargir la gamme de ses produits frais. Ou encore, l’entreprise pourrait acquérir une expertise nouvelle dans la gestion et la mise en valeur des produits maraîchers et tenter des expériences. La valeur d’une stratégie ne s’apprécie qu'en fonction du contexte particulier de l’organisation, et non en termes absolus La situation de vulnérabilité Stratégie d’optimisation L’entreprise réussit encore à contrôler son évolution, mais elle éprouve des problèmes d’efficience ; la nature de ses produits demeure modérément adaptée aux particularités du marché, mais ses méthodes de production et/ou de fonctionnement consomment trop de ressources, ce qui a pour effet de réduire sa performance et sa rentabilité. L’entreprise est en train de perdre la maîtrise de son évolution, et elle doit rapidement s’engager dans des efforts d’optimisation pour améliorer sa capacité de réponse et retrouver un état mieux adapté à son contexte. En outre, sa capacité de réaction et d’innovation sont plutôt faibles de sorte que si une dégradation rapide se produisait dans son environnement, elle risquerait d’être dépassée. Il est fréquent dans ces entreprises qu’une grande partie des énergies soit consacrée au fonctionnement interne, et que l’on se désintéresse des produits et services de l’entreprise. La stratégie d’optimisation consiste à réviser les pratiques, l’utilisation des ressources et les divers systèmes en vue d’y apporter des correctifs : contrôle des coûts, réduction des effectifs, simplification des processus, amélioration de l’organisation du travail, mise à niveau de la technologie, révision des stratégies de marketing, etc. Une approche en somme où l’on cherche à faire plus et mieux ce qu’on fait déjà. Dans une large mesure, on agit sur les variables liées aux coûts, alors que dans la stratégie de développement, on agissait sur les variables associées aux revenus. À titre d’exemple, dans le cas de la Chaîne Nature, une stratégie d’optimisation pourrait comporter, entre autres, la mise en place d’un système continu de contrôle des coûts pour chaque famille de produits, jumelé à un programme interne de sensibilisation aux pertes. Elle pourrait aussi comporter une réorganisation de l’organisation du travail en vue de réduire les coûts de main d’œuvre. 50 ISO Management Systems – Mars-avril 2002 © ISO Management Systems, www.iso.org/ims INTERNATIONAL La stratégie d’inertie/tension Stratégie de ré-invention À l’instar de la précédente, la situation d’inertie/tension se traduit également par des problèmes financiers, sauf qu’ils sont imputables cette fois soit à l’obsolescence des produits et services de l’entreprise, soit à l’archaïsme de ses pratiques ou de son organisation. En somme, c’est la définition même de l’entreprise qui est en cause car on est en présence d’une forme de fracture entre les caractéristiques du marché et les réponses de l’entreprise. En situation d’inertie/tension, si l’entreprise a de bonnes raisons de croire qu’il ne s’agit pas d’une perturbation temporaire, elle n’a d’autre choix que de redéfinir complètement ses rapports avec le marché (renouvellement de sa gamme de produits et services, repositionnement dans le marché, etc.), tout comme ses pratiques internes (refonte des systèmes de production, organisation du travail, mécanismes de décision, technologie, etc.). Dans cette situation, il arrive souvent que deux clans s’affrontent et se neutralisent : ceux qui favorisent des solutions qui restent dans la tradition de l’entreprise et ceux qui souhaitent des solutions nouvelles. Il s’agit d’une stratégie qui est souvent qualifiée de révolutionnaire, à juste titre d’ailleurs, car elle modifie en profondeur et en discontinuité le modèle ayant prévalu jusque-là au sein de l’entreprise. Le recours à une stratégie inadéquate peut menacer encore davantage la santé de l’organisation En somme, c’est une stratégie où l’on cherche non plus à faire mieux, mais à faire autre chose, autrement. Dans le cas de la Chaîne Nature, une stratégie de ré-invention pourrait consister à fragmenter l’organisation en fonction de ses différents marchés de façon à réduire les risques financiers et à favoriser l’adaptation aux conditions locales ; la Chaîne Nature pourrait ainsi devenir un holding d’entreprises relativement autonomes et décentralisées. La situation de crise Deux conditions sont habituellement requises pour conclure à une véritable « situation de crise » : – la survie de l’entreprise est menacée, et – les solutions internes ont été épuisées. L’entreprise est par conséquent dans un état de très grande faiblesse, et elle est généralement soumise à des pressions externes devenues incontournables, comme par exemple un ultimatum des institutions financières. Cet état est souvent accompagné d’une grande agitation à l’interne, sans qu’il soit possible de mobiliser Stratégies de contraction et de sortie Étant donné que les mesures de redressement ont été épuisées et n’ont pas corrigé la situation, seulement deux stratégies demeurent possibles. La première, la contraction, consiste essentiellement à limiter désormais la production aux produits et services qui sont adaptés et rentables. Cette stratégie repose sur l’hypothèse que certains segments de l’entreprise demeurent adaptés au marché et qu’il est possible de rétablir progressivement sa position en ne misant désormais que sur ces secteurs. Les autres secteurs d’activité sont abandonnés. ISO Management Systems – Mars-avril 2002 51 © ISO Management Systems, www.iso.org/ims INTERNATIONAL les gens sur des solutions créatrices et efficaces. La seconde stratégie, la sortie, consiste à liquider l’entreprise soit en disposant tout simplement de ses actifs, soit en la plaçant sous la tutelle d’une autre entreprise, en s’engageant par exemple dans un contrat exclusif de sous-traitance. Dans les deux cas, il s’agit d’une chirurgie majeure qui se traduit invariablement par des changements radicaux, et souvent par des pertes importantes autant pour les actionnaires que pour les dirigeants et les employés. Dans le cas de la Chaîne Nature, une stratégie de contraction pourrait consister à se concentrer sur la distribution d’une gamme limitée de produits à profitabilité assurée, et à se retirer en bonne partie des autres secteurs. Il va sans dire que la taille de l’entreprise en serait d’autant réduite. Une stratégie de sortie quant à elle pourrait consister à se laisser racheter par une chaîne de plus grande importance. Choisir la bonne stratégie Le choix d’une stratégie doit invariablement passer par un examen attentif et lucide de l’interface entre les conditions du marché et les caractéristiques internes de l’entreprise, et c’est le résultat de l’équation entre ces deux paramètres qui permet d’établir une prescription adaptée et efficace. À l’aide de ces principes, on peut maintenant ré-examiner les trois propositions qui ont été soumises aux dirigeants de la Chaîne Nature. On 52 ISO Management Systems – Mars-avril 2002 © ISO Management Systems, www.iso.org/ims INTERNATIONAL constate que le premier scénario, fondé sur un marketing plus agressif, s’inspire d’une logique de développement, que le deuxième scénario, axé sur le contrôle des coûts, s’apparente à une stratégie d’optimisation, et que le troisième, qui propose une alliance avec une autre entreprise, s’inscrit dans une stratégie de ré-invention. À partir des éléments d’information disponibles, on peut craindre que les deux premiers scénarios ne s’adressent pas aux véritables enjeux, et en conséquence ne corrigent pas les problèmes de l’entreprise. En effet, si les tendances nouvelles se maintiennent, l’entreprise devra sans doute recourir à une stratégie plus radicale que le développement et l’optimisation. Nous avons souvent observé que les dirigeants avaient spontanément tendance à favoriser des stratégies de développement ou d’optimisation car elles ont l’avantage de préserver la tradition, de réduire les risques apparents, et d’atténuer ainsi les perturbations. Dans le domaine des organisations, la continuité peut cependant constituer une menace importante pour la viabilité de l’entreprise si les conditions ambiantes tendent à changer en profondeur et de façon durable. C’est le danger qui guette les dirigeants de la Chaîne Nature. Bibliographie Collerette, P.; Schneider, R. Le pilotage du changement. Québec, Presses de l'Université du Québec, 1996. Les auteurs Robert Schneider (à gauche) dirige sa propre firme de conseil, le Centre de recherche et d'intervention en gestion (CRIG). Il intervient depuis plus de 25 ans comme conseiller en gestion sur des enjeux de planification, de changement et d’organisation stratégiques. Il a également enseigné à titre de chargé de cours dans plusieurs programmes universitaires, et a publié plusieurs ouvrages et articles sur les organisations. Centre de recherche et d’intervention en gestion (CRIG). [email protected] Pierre Collerette (centre) est professeur et chercheur en gestion à l’Université du Québec à Hull (Canada). Il a publié plusieurs ouvrages dans les domaines du changement organisationnel et des structures de gestion. En plus de ses activités académiques, il a occupé des fonctions de direction, et est intervenu comme consultant dans de nombreux projets au Canada et en Europe. Département des sciences administratives, Université du Québec à Hull, Hull (Québec), Canada J8X 3X7. [email protected] Paul Legris (à droite) est spécialisé en informatique et en administration publique. Il a accumulé plus de 20 ans d’expérience dans des fonctions de gestion dans le secteur des technologies de l’information et l’administration en général. Il s’intéresse plus spécialement à l’intégration des technologies dans les processus d'affaires des entreprises, et poursuit des recherches dans le domaine. Université du Québec à Hull, Bureau du recteur, Hull (Québec), Canada J8X 3X7. [email protected] ISO Management Systems – Mars-avril 2002 53