Chapitre 1 Offre, demande et formation des prix
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ticité prix est toujours négative, sauf, on le verra plus loin, dans des cas très
particuliers.
Formellement, l’élasticité-prix de la demande d’un bien s’écrit (δQ/Q / δP/P). Lorsque
l’élasticité, en valeur absolue, est supérieure à 1, on dit que la demande est élastique ;
lorsqu’elle est inférieure à 1, elle est dite inélastique. Certaines demandes sont très élas-
tiques aux prix parce qu’on peut se passer du bien (il a des substituts, il est superflu,
etc.) ; d’autres sont, au contraire, très inélastiques. C’est le cas des produits de base indis-
pensables à la vie quotidienne. Quand le prix du pain augmente fortement, il est difficile
de baisser sa consommation, d’où les émeutes de la faim quand les prix montent.
Il existe, bien sûr, des exceptions à ces règles. À la fin du xixe siècle, l’économiste américain
Thorstein Veblen avait montré que certains biens pouvaient avoir une élasticité-prix posi-
tive : plus le prix montait, plus la demande augmentait ! Il s’agit, par exemple, de biens dont
la possession permet d’afficher un rang social élevé. En achetant ce bien (cher) plutôt
qu’un autre, on envoie à son entourage un message montrant qu’on a les moyens. L’effet
Veblen est une forme de snobisme qui caractérise une société de nouveaux riches. Bien
évidemment, des entreprises jouent de cette propension et vendent cher des produits qui
ne le mériteraient peut-être pas (sacs à main, lunettes, montres…).
Le prix d’un parfum n’a, ainsi, rien à voir avec son coût de production, ni même avec ses
frais de conception ou de commercialisation. Certains « jus » valent pourtant beaucoup
plus cher que d’autres car ils véhiculent une image de qualité, de luxe qui justifie leur
prix. Imaginons un nouvel entrant sur le marché des parfums : à quel niveau doit-il fixer
le prix de son produit ? Si celui-ci est trop bas, il risque de détourner la demande, car les
clients vont le considérer comme un produit bas de gamme. Qui voudrait offrir un par-
fum low cost ? Dans ce cas, la loi de l’offre et de la demande ne fonctionne pas, ou, du
moins, la demande n’évolue pas en fonction inverse du prix. Plus le prix est élevé, plus
la demande est susceptible d’être forte. On retrouve le même type de raisonnement sur
le marché des marques de vêtements.
Parallèlement, il existe une élasticité-prix de l’offre qui indique de combien l’offre aug-
mente quand le prix monte. Normalement, elle est positive : plus le prix monte, plus
l’offre augmente. Compte tenu des contraintes pesant sur la production, l’offre peut être
inélastique à court terme (elle augmente proportionnellement moins que les prix, voire
pas du tout) et ne s’ajuster qu’à long terme. Ainsi, le prix du pétrole est très volatile à
court terme, particulièrement lorsque le taux d’utilisation des capacités de production
de l’OPEP s’approche de 100 % : cela signifie que la marge de sécurité est très faible et
que le moindre accident de production peut entraîner une pénurie mondiale de pétrole.
1.3. La marche vers l’équilibre
Le modèle du cobweb (en toile d’araignée) décrit le mécanisme par lequel les prix
convergent vers un niveau d’équilibre. Il s’applique traditionnellement aux marchés
agricoles, en particulier celui du porc, du fait du décalage temporel qui existe entre la
décision de produire (du blé, des porcs, etc.) et le temps de la récolte.
La figure 1.2 représente le marché du porc, avec les prix en ordonnée et les quantités en
abscisse.
© 2011 Pearson Education France – Introduction à l'économie – Jean-Luc Biacabe, Jean-Marc Daniel, Gérard Duchêne, Patrick Lenain