Western Papers in Linguistics / Cahiers linguistiques de
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L'intensif à "de" du bestileo du nord
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L’INTENSIF A de DU BETSILEO DU NORD1
Julie Ravakiniaina Razanamampionona
Université d’Antananarivo
1. Introduction
Les recherches lexicologiques sur le malgache ne sont pas aussi avancées que
celles concernant les autres niveaux d’analyse linguistiques. La langue malgache
souffre également de l’insuffisance de dictionnaires et nombreux de ses jeunes
locuteurs se trouvent en panne de mot ou d’expression dans leur conversation au
quotidien même. Il est pourtant sûr que des recherches à ce niveau d’analyse
linguistique, surtout leur extension aux dialectes contribuent à la modernisation
du malgache et à son auto-enrichissement. Nous voulons y contribuer par la
mise au jour des moyens d’exprimer les idées d’intensité dans le cadre de la
thèse pour le doctorat. Dans cet article, nous avons choisi un modèle
d’expression de l’intensité en Betsileo du Nord : l’intensif à de / de /.
2. Contexte
Pour commencer, il convient de signaler que le de du dialecte betsileo du Nord
(noté blN dans la suite) est la variante phonologique de dia du malgache officiel.
Pour cette raison, il est indispensable d’apporter une précision sur la fonction
qu’occupe dia dans les écrits sur la grammaire malgache.
D’abord, il faut signaler que dia est un homonyme grammatical2.
Premièrement, dia est une particule copulative liant un sujet à un prédicat selon
Rajemisa- Raolison (1971-159), Rajaona S. (1972-35) et Rabenilaina Roger
Bruno (2005-150). Deuxièmement, dia est une conjonction de coordination,
Rajemisa (1971-147), Rajaona (1972-48).
Ainsi, il peut coordonner deux verbes comme nous avons dans :
(1) a. Nitsangana izy dia lasa
Se mettre debout il/elle et parti
‘Il/Elle s’est mit debout et parti.’
ou deux propositions comme dans :
b. Marary ny zanany dia
Malade le/la son enfant donc
1C’est le malgache parlé dans la région Amoron’i Mania qui est appelé, ici, dialecte
betsileo du Nord.
2dia est aussi un homonyme lexical.
Actes du colloque « Variation dialectale à Madagascar ».
Proceedings of the workshop “Dialectal variation in Madagascar”.
© 2015 Julie R. Razanamampionona
2
ne pas travailler il/elle.
‘Son enfant est malade donc il ne vient pas travailler.’
Le grammairien Rajemisa-Raolison Régis (1971-158), comme
Malzac3(1987) a mentionné que de est un adverbe4 et dénote le superlatif dans :
(2) Tsara dia tsara izany
Bon et bon cela
C’est très bon.’
3. Hypothèse et problématique
Il paraît évident que le de que nous voulons étudier ici n’est pas une copule du
fait qu’il ne relie pas un sujet à un prédicat. Il met plutôt en relation deux mots
faisant partie, d’un même prédicat comme nous avons dans :
(3) a. Mikotaba de miharavetsoNa ny kilonga5.
Prédicat Sujet
bavarder et crier les enfants
‘Les enfants font du grand bruit.’
b. Valaka de valaka aho.
Prédicat Sujet
Fatigué et fatigué moi
‘Je suis très fatigué(e).’
Ainsi, de toute évidence, nous considérons le de en question dans le type
d’expression étudié comme conjonction de coordination et qu’il a un rôle
intensificateur dans :
(4) a. Matory de matory
Dormir et dormir
‘dormir à poings fermés.’
b. FaniNa de mivaimbaiNa
Ebloui et se balancer
‘Ebloui qui ne sait plus où aller’
Il est certain qu’une conjonction de coordination n’as pas le pouvoir
intensificateur. On ne saurait pourtant nier que ce modèle fait parti des moyens
d’exprimer des idées d’intensité en malgache. Ainsi, on ne peut douter que ce
n’est pas de qui intensifie le verbe mikotaba « bavarder » (4.a) et l’adejctif
faniNa « ébloui » (4.b) mais respectivement de matory et de mivaimbaiNa.
3Dans le dictionnaire Malgache-Français le R.P Malzac, considère dia comme un adverbe
signifiant ‘très’ en français.
4Nous ne croyons pas pouvoir affirmer cette idée en ce sens que de, dans cette phrase est
une conjonction de coordination ayant une ie d’intensité dont nous verrons plus tard.
5Dans cet article, un N majuscule en plein mot est employé pour transcrire le son nasale
vélaire.
3
Le but de vérifier ce constat nous a poussé à entamer ce travail pour
savoir comment ce modèle se construit et quels liens sémantiques existent-ils
entre les éléments que de met en exergue. En d’autres termes, nous essayerons
de voir quels liens sémantiques existent-ils entre les éléments reliés par de dont
le sens est intensif par rapport à celui du premier élément.
4. Théorie et méthode
4.1 Théorie
Pour faire l’analyse des intensifs à de du blN, nous avons choisi la lexicologie
explicative et combinatoire (LEC) comme outil théorique. La LEC est initiée par
Igor Melčuk dans la théorie sens-texte (TST) qui propose les fonctions lexicales
(FL) comme outil d’analyse pour décrire les relations sémantiques lexicales. Ce
sont des outils construits sur le mole des fonctions mathématiques et qui se
présentent, donc, sous forme de formule.
La LEC identifie 56 fonctions lexicales. Il y a des fonctions lexicales
aussi bien sur l’axe paradigmatique que sur l’axe syntagmatique. Les fonctions
lexicales paradigmatiques lient entre elles des lexies qu’on peut substituer l’une
à l’autre dans une phrase puisqu’elles appartiennent à la même partie du
discours (Polguère A. 2003-130). Les FL syntagmatiques quand à elles
permettent de rendre comptes de la combinatoire des lexies en encodant les
relations particulières que peut entretenir une lexie avec dautres lexies de la
langue au sein des collocations6. La fonction Lexicale Magn7 est une fonction
lexicale syntagmatique standard (Grossmann F.1999-23). Ella associe à une
lexie l’ensemble des lexies ou expressions linguistiques qui expriment auprès
d’elle (en tant que modificateurs) l’intensification c’est-à-dire le sens général
‘intense’, ‘très’, ‘beaucoup’( Polguère A. 2003-137).
Nous employons, donc, la fonction lexicale Magn pour explorer lintensif
à de du blN.
4.2 Méthode et collecte des données
L’étude se fonde sur un corpus de départ constitd’environ une centaine
expressions d’intensifications à de. La collecte s’est faite sur l’attestation
subjective, contrôlée auprès d’autres locuteurs natifs. En fait, nous avons
identifié les éléments de notre corpus de vive voix à partir des dialogues entrent
des locuteurs habitant la petite ville d’Ambositra8 pendant deux jours de
passage. La compréhension immédiate entre les interlocuteurs nous a servi de
critère pour l’acceptabilité de ces éléments.
5. Résultats
Avant de présenter les résultats proprement dits, parlons de la représentation
adoptée pour faciliter la lecture et la compréhension du fonctionnement des
6 Comme les expressions semi-idiomatiques (locutions), les collocations sont aussi une
transgression du principe de la compositionalité sémantique.
7Magn est l’abréviation du mot latin magnus qui se traduit ‘grand’ en français.
8Ambositra se trouve sur la RN7, à 254 km de la capitale.
4
intensifs à de. Nous avons opté pour une formule comprenant les éléments
conventionnels suivants :
A = premier élément de l’intensif à de
B = deuxième élément de l’intensif à de
(X+ Y) = X ou Y
(Z) = Z est facultatif
D’après l’analyse de notre corpus, nous avons pu identifier quatre
structures. Ces structures se basent sur un élément A. L’idée d’intensité dans les
deux premiers cas est accompagné d’un jeu de lintonation et la répétition de la
base avec une possibilité de changements. Les deux autres se basent sur lajout
d’un élément B et cet élément peut être soit un mot simple soit une expression.
CAS 1: A dia an… et A dieha(ny)9
Lintensification de ce cas 1 est due à ladjonction de dia an…ou dieha(ny)
après la base. La fonction lexicale, de lintensif à de peut donc être écrite
comme :
Magn (A) = A dia an
A dieha(ny)
Dans ce cas, dia avec l’élément qui suit intensifie le sens du mot A qui lui
précède que A soit un adjectif ou un verbe comme on a dans :
(5) a. Magn (matory‘dormir’) = matory dia an
‘dormir profondément
ou
matory dieha(ny)
‘dormir profondément’
b. Magn (hendry‘être sage’) = hendry dia an
‘sage comme une image
ou
hendry dieha(ny)
‘sage comme une image’
Il est à noter que l’utilisation de dieha ou diehany n’a pas de répercussion
sur le sens. Ce moyen d’exprimer une idée d’intensité est possible avec tous les
adjectifs mais pas pour touts les verbes mais c’est un problème encore à
résoudre.
CAS2: A de A (de A+ de zany)
Pour ce cas, l’idée d’intensité peut être formulée comme
Magn (A) = A de A ou
Ade A de A
9L’intonation joue un le très important dans la réalisation de ces intensifs mais à ce
niveau de notre recherche nous n’avons pas le moyen de les étudier. Nous avons pourtant
mis les trois points de suspension après (an…) pour transcrire l’intonation descendante et
trainant en longueur du son /ã/.
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