Intentionnel malentendu sur le sujet "Comment l`usage des

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De l'éducation visuelle aux ressources multimédia – travail personnel de Damiano Rama 30/04/12
Intentionnel malentendu sur le sujet "Comment l’usage des technologies
numériques fait-il évoluer le concept de formation"
ou
la Renaissance philosophique du Réseau
(note: cette réflexion se base sur une expérience
d'étude personnelle, secondaire et universitaire, qui s’est
principalement déroulée en Italie. Quelques opinions, donc, pourraient être généralisations du contexte culturel
italien.)
L'expression "malentendu intentionnel" que j’ai utilisée dans le titre veut
signaler que même en partant de la question de recherche pour la leçon du 29
mars, mon travail il s'éloigne consciemment de l'objet principal (centré sur
l'évolution digitale des instruments et des méthodologies de formation à
distance), pour s'élargir à une réflexion plus générale sur l'interaction entre les
instruments d'étude et d'enseignement plus nouveaux et le sujet de réflexion
et d'enseignement plus ancien: Internet et la philosophie1.
La philosophie a été considérée depuis le début de l'âge moderne comme un
des enseignements principaux. Ou mieux, pour beaucoup de vers elle a été
pour siècles "l'enseignement" pour excellence: malgré l'importance, aussi
politique, de la théologie, les plus grands théologiens ont aussi été toujours
grands philosophes (S., Augustin, S. Tommaso, Spinoza, Meister Eckart, etc.),
alors que le contraire n'a pas toujours été vrai. En autres mots, l'enseignement
de la philosophie est, plus que les autres "canonisé". Aussi la représentation
commune du philosophe est celle de l'homme loin du quotidien, absorbé en
pensées étranges (à la fois profondes ou inutiles) mais toujours peu pratiques.
Celle-ci est typiquement l'image du philosophe de la période stoïcienne-cynique
romain qu'après a été reprise par la scolastique médiévale 2. (Il est intéressant
de remarquer, même s'il est latéral au sujet qui je suis en train de traiter,
1 Un point de vue intéressants sur ces sujets peut être trouvée dans un numéro spécial de
"Scuola SAI Magazine" publié par l'Université de Rome Tor Vergata. Le numéro onligne:
http://rivista.scuolaiad.it/archivio/n00-200701
2 Ici une bref introduction au sujet http://fr.wikipedia.org/wiki/Scolastique .
1
De l'éducation visuelle aux ressources multimédia – travail personnel de Damiano Rama 30/04/12
comme nombreux de nos idées de l'individu, du rapport au savoir et
d'organisation de l'enseignement ils descendent directement du rapport au
savoir développé dans ce contexte culturel. Michel Foucault a déroulé un travail
théorique extraordinaire sur les implications de ce fait) 3.
En autres mots, l'idée disparue de fait avec Socrate et Platon d'un
philosophe "social" qui vit activement sa citoyenneté ainsi que ses relations
humaines, a été reprise seulement avec les empiristes anglais et le siècle des
lumières, 2000 ans après.
Parler
de
ça
sert
à
cadrer
les
motifs
pour
lesquels
ce
domaine
d'enseignement, contrairement à nombreux autres, n'a pas réellement intégré
la longue série d'innovations pédagogiques et technologiques qui se sont
succédées depuis 1700 aux ans 90 du XX siècle.
Enfin, l'enseignement de la philosophie a apparemment suivi, d'une façon ou
d'une autre, les sorts de la participation politique de l'individu, presque comme
si les deux choses fussent dans une relation pas évidente mais étreinte.
Dans les petites unités politiques et dynamiques comme les polis grecques,
ou bien dans les villes commerciales indépendantes italiennes ou allemandes
de la Renaissance, la philosophie a souvent été un vecteur de participation
active, d'innovation, de créativité et même de subversion. Avec de l'unité
politique amples et très verticales, comme les États impériaux ou nationaux,
de l'empire Romain jusqu'à la France de Descartes - l'enseignement de la
philosophie il est presque toujours concentré sur l'étude théorique des
auctoritates et sur la réflexion abstraite, théologique et métaphysique.
Cette clé de lecture, bien que grossière et imprécise, elle sera plus utile
ultérieurement.
3 Particulièrement sur rapport de direction de conscience crf. Foucault M., Sécurité, territoire,
population, Paris, Gallimard, 2004; sur le rapport au savoir cfr. Foucault M., L'Archéologie
du savoir, Paris, Gallimard, coll. "Bibliothèque des Sciences humaines", 1969 ; sur
l'organisation moderne de l'école cfr. Foucault M., Surveiller et punir. Naissance de la prison,
Paris, Gallimard, 1975.
2
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Dans les derniers dix siècles, enfin, l'enseignement de la philosophie (qui
avec rhétorique et grammaire composait le célèbre Trivium4), a été lire les
classiques et apprendre leur point de vue sur une série de thématiques.
Quelquefois, savoir accomplir des inférences ou des synthèses originales de
ces points de vue.
Ni la "pédagogie nouvelle", ni le '68, ni la naissance même de l’ordinateur
n’ont pas du tout éraflé cette approche. La seule mutation significative a paru
en relation à la seconde révolution industrielle qui a produit une scolarisation
de masse à la suite de l'urbanisation de masse.
Celle-ci a, en effet, produit une nécessité de contrôle social complètement
nouvelle, parallèle aux revendications sociales et syndicales des masses
ouvrières.
Avec l'ouverture à la classe moyenne et ouvrière des écoles primaires,
initialement,
et
successivement
aussi
des
secondaires,
l'endroit
de
l'enseignement élitaire (et avec lui de la philosophie) il s'est malheureusement
déplacé de l'école secondaire aux universités. 5 De cette manière, cependant, à
la "école de masse" est resté seulement le squelette de la philosophie sous
forme d'une "histoire" aride de la pensée, des traits à la fois voire caricaturaux.
D'elle, souvent, à l'étudiant reste seulement l'association d'une phrase, une
notion, une idée pour chaque Philosophe illustre.
La naissance et le développement initial du web dit 1.0 a seulement élargi
l'accès aux sources et à la littérature critique. Cet élargissement n'ayant pas
été de quelques-uns manière une révolution méthodologique, il a plus
profondément qu'autres disciplines influencé les sciences humaines et la
philosophie.
Si en effet la recherche scientifique et médicale elles ont besoin de
4 http://fr.wikipedia.org/wiki/Trivium_%28%C3%A9ducation%29
5 Albertini (Pierre). — L'École en France XIXe-XXe siècles : de la maternelle à l'université,
Revue française de pédagogie, 1993, vol. 105, n° 1, pp. 121-124. Url:
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfp_05567807_1993_num_105_1_2525_t1_0121_0000_3 Consulté le 30 avril 2012
3
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comparaisons et ajournements continus, la recherche littéraire et la pensée
philosophique elles sont moins liées à une temporalité contingente, étreinte.
Un article qui resale à il y a vingt ans, que pour la recherche médicale est
seulement "archéologie", peut être un petit trésor pour un chercheur en
domaines historiques ou philosophiques, en éclairant une perspective ou un
détail fin alors obscur.
Aussi le développement d'un Réseau rigide, institutionnel, "lente", comme
c'était le premier WorldWideWeb6, donc, a été une grande ouverture d'horizons
pour les chercheurs de ces domaines.
Mais l'enseignement des sciences humaines, de l'histoire, de la philosophie,
au contraire de la recherche dans les mêmes domaines, il n'a pas tout à fait
bénéficié de cette première impulsion de disponibilité de sources et répertoires.
Nous avons dit que l'enseignement de la philosophie depuis la moitié de 900
est désormais partout, dans l'enseignement secondaire, une histoire linéaire et
parfois aride de la pensée. En unissant à l'aridité des programmes (pour leur
contenu peu susceptibles aux innovations) l'inertie physiologique d'une classe
enseignante fondamentalement paresseuse à l'innovation technologique, la
grossièreté relative des moyens techniques disponibles dans les ans' 90, on
obtient le résultat bien connu: rien ne change dans l'école de tous les jours,
alors que le monde se révolutionne7.
Le web 1.0 n'a pas enfin presque influé sur la pédagogie de la philosophie.
Tout a commencé à changer, et avec une rapidité extraordinaire, avec le web
2.0., si nous devons fixer une ligne de partage symbolique, nous pouvons dire
sans doute les ans 2000, mais dans la réalité des pratiques quelques années
6 http://fr.wikipedia.org/wiki/Www
7 Beaucoup de choses ont été faites en réalité, avec un succès variable. La diffusion des
ordinateurs, avant même que le réseau dans les années 80 et 90 a conduit à une floraison
de réflexions et pensées en particulier sur les objectifs et les méthodes d'enseignement.
Pour un aperçu intéressant de cette période historique cfr. Éric Bruillard (1997). Les
machines à enseigner. Éditions Hermès, Paris. Disponible en complet ici:
http://www.stef.ens-cachan.fr/annur/bruillard/mae_somr.htm
4
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plus tard8).
Le web 2.0 en effet c'est une innovation liée à deux facteurs techniques
principaux:
surtout, la création d'interfaces graphiques réellement faciles à utiliser, en
autres mots la possibilité de jouissance des instruments informatiques sans la
connaissance nécessaire de langages de programmation ou de toute façon de
notions d'architecture informatique.
En second endroit, la naissance de protocoles de copartage et d'échange
dynamique de données, qui ont rendu le réseau opérationnel en sens moderne,
en opposition à la jouissance passive des contenus du réseau précédent. En
quelques ans, donc, l'échange dynamique est devenu échange social, grâce à
une toujours augmentée capacité de calcul et d'efficacité. À ce point-là, tout
est changé pour tous, partout. Mais le vrai paradoxe, que ce sujet rend
intéressant, c'est le suivant: si nous regardions dans une salle scolaire
aujourd'hui aussi, les textes, les manuels, l'approche...tout semblerait presque
inchangé respect à dix ou il y a vingt ans. En certains cas même à il y a trente
ans9.
Qu'est-ce qu'il est changé, alors? Pour la première fois depuis beaucoup de
temps, il a y eu un décollement net entre la pratique institutionnelle de la
philosophie, les écoles, les académies, les universités et la pratique pas
institutionnelle. La vraie révolution, enfin, que dans le titre j'ai appelé avec
optimisme conscient "Renaissance", elle reste dans le fait qu'à travers le
réseau il est de quelque manière récrée la situation de naissance originaire de
la philosophie, au moins dans son essence.
L'essence de la philosophie et de sa naissance est en effet "l'agorà" de la
polis grecque. Une communauté compacte relativement, qu'on gère à travers
un réseau épais d'échanges et de comparaisons politiques et culturelles,
8 http://fr.wikipedia.org/wiki/Web_2.0
9 Autant dans les structures que dans la mentalité, l'Italie est peut-être considéré en retard
même par rapport à la France.
5
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organisés en places communes. Agorà, est en fait la "place": endroit physique,
mais au même temps cœur des relations sociales, marché mais aussi point de
rencontre. Dans l'agorà Socrate interpellait les concitoyens, pour savoir s’ils
s'intéressaient à la vertu.
A ce sujet je trouve très intéressant qu'un des premiers projets culturels
cohérents et bien développés européens, et canadiens, il eût dans le nom non
seulement le mot agorà mais aussi encyclopédie, en réunissant ainsi les deux
termes pour nous plus représentatifs de l'engagement collectif vers le savoir.
L'Encyclopédie de l'Agorà10 en effet elle est née en le 1998 et peut être
décrite avec des mots modernes mais dont le sens profond pourrait être été
écrit de Diderot ou de Voltaire:
"Ce n'est pas un site fourre-tout, mais une œuvre, un ouvrage
collectif faisant appel à des collaborateurs nombreux et variés,
dans le respect de la cohérence de l'ensemble. Ces
collaborateurs, à qui nous pouvons enfin offrir un espace d'édition
convivial (...).
Nous sommes invités par là à cultiver la pensée complexe,
seule capable de comprendre les systèmes dynamiques qui nous
entourent et de rétablir ainsi les bases d'une vision harmonieuse
du monde. Par harmonie, nous entendons la sensibilité et la
mesure permettant d'aimer la terre et d'agir sur elle sans en
compromettre l'avenir. La même mesure, la même sensibilité
caractériseront notre vision de l'homme, notre appartenance à
l'humanité."11
Mais au-delà du projet, l'exemple a le but surtout de focaliser une sensation
de plus en plus claire à la fin des ans 90, puis explosée à la moitié des ans
2000: un certain type de sensibilité, de désir de participation et d'échange a
commencé à renaître, grâce aux instruments techniques du réseau qui
permettent d'éviter les canaux les plus verticaux et autoritaires.
10 http://agora.qc.ca/
11 http://agora.qc.ca/encyclopedie/introduction, caractères gras dans le texte.
6
De l'éducation visuelle aux ressources multimédia – travail personnel de Damiano Rama 30/04/12
La philosophie née en Grèce pourrait être synthétisée enfin ainsi: le produit
créatif d'une "place" physique et sociale de rencontre, de collision et de
comparaison, d'échange et d'enrichissement.
Mais, à bien voir, aussi le Réseau même peut être décrit d'une manière très
semblable.
Curieusement, même les problèmes qui se posent à la pratique sociale dans
le Réseau ou dans la place physique d'un citoyen grec sont semblables: le bruit
et la distraction sont évidemment les principales. Comme la place d'un marché
est un endroit bruyant, chaotique, plein de distractions et d'activités, si aussi
Internet
est
plein
de
"bruit"
c'est-à-dire,
en
sens
digital,
plein
de
renseignement en excès qui rend difficile de mener à terme les propres
recherches, suivre les propres intérêts.
Ou mieux, nombreux indiquent dans cette caractéristique un des plus grands
problèmes du réseau. Bertrand Calenge écrit:
"Il est intéressant de relever que la différenciation relevée
entre la lecture sensément soutenue des livres et ce qu’on
appellera volontiers le zapping déstructuré des navigations sur la
Toile se traduise dans des discours professionnels par un
apparentement entre bruit et silence.
Ce bruit et ce silence sont des réalités sociales déjà arpentées
pour les bibliothèques, notamment par Anne-Marie Bertrand, et
avec une justesse qui ne se démode pas, je peux en témoigner.
Mais le débat cité verse insidieusement dans une autre
dichotomie implicite : le bruit, c’est un bruit informationnel, celui
que la moindre requête dans un moteur de recherche fait
apparaître aux yeux du lecteur inexpert ; le silence, c’est la
rencontre avec l’œuvre choisie, la certitude rassurante de la
stabilité de l’imprimé…"12
Il a été créé donc une sorte de double canal d'enseignement et de pratique
12 http://bccn.wordpress.com/2010/04/02/la-modernite-cest-le-bruit/
7
De l'éducation visuelle aux ressources multimédia – travail personnel de Damiano Rama 30/04/12
de la philosophie, qui produit des étranges parallélismes: la philosophie
enseignée (mais pas pratiquée) dans les écoles est rigide, théorique et
institutionnelle sur le modèle de laquelle «Scolastique». La philosophie
pratiquée (sans enseignants) dans le réseau est anarchique, communautaire,
subversive, contaminés par la diversité et par domaines culturels différents,
sur le modèle "ennuyeux" de la pratique socratique dans l'Athènes du
cinquième siècle, mélangé à l'épistémologie des Lumières et avec les avantgardes artistique du XXe siècle.
En bref à la fois en Grèce et sur le Web, cette situation, pas «idéal», pas
«académique», a transformé le simple «transmission des savoirs» dans une
pratique sociale et communautaire inclusif.
Les possibilités pédagogiques créées par le réseau sont en fait quelque
chose qui a immédiatement dépassé les espaces rigides et programmés de
l'école. En effet, il n'a jamais été en mesure d'y revenir. Elle n'est pas née en
continuité avec la pédagogie scolaire, mais en rupture complète avec elle. En
fait, on peut supposer, même sans avoir des preuves claires, que tout le travail
d'ensemencement» des pédagogies nouvelles, restée largement théorique et
non appliquée, a fleuries dans la sensibilité et dans les pratiques du réseau.
Ce n'est que maintenant, dix ans après et avec un grand effort, qu'on voie
des initiatives pour intégrer les deux «pédagogies». La "pédagogie du réseau",
si on peut l'appeler comme ça, c'est une sorte de pédagogie «de la route», une
pédagogie de la rencontre, la contamination, l'inattendu. Il n'est pas juste une
question d'un meilleur accès aux ressources, même s'il n'y a pas de doute que
cela joue un rôle, mais est la création des véritables «communautés»
philosophiques.
La vraie question insoluble qui sépare l'école du réseau, malgré la grande
quantité de convergence et les outils désormais partagés, c'est en fait une
approche «idéologique».
L'école
est
moderne,
même
après
8
tout
le
parcours,
est
encore
De l'éducation visuelle aux ressources multimédia – travail personnel de Damiano Rama 30/04/12
fondamentalement "Durkheimienne": donc explicitement axé sur l'intégration
de l'individu dans la société, et tacitement impliquée dans la reproduction des
structures sociales (bien que certains opinions politiques conservatrices ou de
droite proposent ouvertement, encore aujourd'hui l'utilisation de l'école pour
compacter la société)13. Tout ça n’épuise pas ce qu'est l'école moderne, il est
clair, mais c'est quelque chose qu'on doit envisager.
Cette situation, donc, produit nombreuses tensions et contradictions dans
l'école, parce que même si une partie des enseignants fait son travail de
manière passive, une proportion considérable des enseignants sont très actives
et sensibles aux innovations pédagogiques, sociales et technologiques. Ils sont
donc souvent la partie la plus réceptive et la plus active dans ce type
d'innovation. Ils apportent ainsi au sein d'une structure souvent rigide et
autocratique, comme on a dit, des pratiques sociales et culturelles novatrices
et stimulants. Pour ces personnes, le réseau a été au cours des dix dernières
années un formidable outil d'organisation et de comparaison. Il y a
actuellement de nombreuses communautés éducatives, autant d'enseignants
que des élèves, rendus possibles par la gratuité et la facilité d'utilisation du
réseau.
Ces communautés, presque comme dans une utopie optimiste, ils vont
lentement mais sûrement à changer le Léviathan École14.
Un autre élément-clé de cette discussion est le rôle joué par le «livre».
Livres et la philosophie sont la combinaison culturelle et éducative par
excellence. On peut imaginer l'enseignement de presque n'importe quel sujet
sans les livres, mais pas pour la philosophie. Disparu Socrate et ses questions
impertinentes, pour le bon sens moderne la philosophie est lire des livres. La
révolution du livre est donc aussi une révolution dans la philosophie. Pendant
des années, ils se sont répandu des visions apocalyptiques de "la disparition du
13 Les références inévitables sont aux études de Pierre Bourdieu et son école de pensée.
L'ancêtre de ces études est: Bourdieu P., Passeron J.C., Les héritiers: les étudiants et la
culture, Paris, Les Éditions de de Minuit, coll. " Grands documents " (no 18), 1964.
14 Un exemple intéressant est le Café Pédagogique
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2012/04/30042012Accueil.aspx
9
De l'éducation visuelle aux ressources multimédia – travail personnel de Damiano Rama 30/04/12
livre», en raison d'Internet. Ces prévisions ont un cadre idéologique, implicite
ou explicite, qui est toujours axé sur le contraste entre les couples
sémantiques
livre/culture
et
Internet/ignorance
ou,
plus
précisément,
livre/profondeur réseau /superficialité.
Bien que, en raison principalement de «bruit informationnel» que nous avons
mentionné ci-dessus, le réseau soit effectivement un endroit où il est naturel
de se déplacer légèrement à la surface (c'est emblématique l'utilisation de
l'expression «surfer sur le net»), la possibilité de la profondeur est telle que
seulement l'ignorance peut la nier. Le «livre» conçu comme le livre de papier,
donc imprimé, distribué et vendu par une filière industrielle et économique
complexe, vit actuellement la crise importante15. Mais nous devons avoir
l'honnêteté de dire que la crise est principalement liée à la chaîne de
production.
Le
«livre»,
entendu
comme
transmission
cohérente
des
connaissances, des opinions, d'analyse etc., cependant, a connu et connaît une
floraison extraordinaire16.
Ça se produit pour des raisons très similaires à celles décrites pour la
philosophie (encore une fois il y a un lien évident entre les deux éléments):
avant le réseau, l'ouvrage intellectuel" avait besoin d'un long chemin dans les
maisons d'édition et dans les magasins avant d'arriver dans les mains du
lecteur. Dans ce parcours, vertical et économique, très souvent ce qui décidait
le succès ou l'échec du projet il n'était pas la qualité intrinsèque du produit,
mais l'opportunisme politique ou culturel, les tendances économiques du
marché, des modes, parfois des censures.
Le réseau, ensemble et parallèlement au développement des communautés
culturelles et intellectuelles, a permis la production d'un grand nombre de
textes et d'analyse qui trouve son utilisation directement sur le réseau. Comme
pour l'école, même l'édition s'adapte lentement, avec des retards et des
15 Document de synthèse produit par l'ISTAT, agence italienne pour la statistique officielle:
http://culturaincifre.istat.it/sito/Pubblicazioni/sintesilibrobianco+tabelle.pdf
16 Une intéressante colloque organisé par l'Agence régionale du Livre PACA , sous la direction
d'Alain Giffard, intitulé "Les métamorphoses numériques du livre": http://www.livrepaca.org/index.php?show=numerique&type=1
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De l'éducation visuelle aux ressources multimédia – travail personnel de Damiano Rama 30/04/12
plaintes, à cet inexorable mouvement du changement.
Cette production intellectuelle a des caractéristiques dignes de mention
particulière: d'abord, il n'est pas filtré par un «principe de compétence». Ça,
c'est clair, produit inévitablement du bruit (du matériel de qualité très faible),
mais évite que le «filtre» de la qualité devienne, comme souvent, un filtre de
légitimité, puis de conformité et en fin d'exclusivité. Avec un ordinateur et un
contrat Internet de 20 euros par mois, n'importe qui peut écrire et publier un
livre, ainsi que créer un site ou un «lieu» de rencontre et de réflexion.
En outre, une seconde caractéristique c'est que l'accès à cette production est
ouvert. On ne peut pas avoir une culture pour les initiés, ésotérique, dans de
réseau. L'utilisation est limitée seulement par sa propre culture et par sa
motivation. Ceci a produit un boom d'efforts extraordinaires, dans les années,
pour divulguer les sujets les plus communément perçue comme difficile et
élitiste: la philosophie, les mathématiques, la physique 17. La divulgation est au
cœur de la plupart des efforts partagés, en particulier en ce qui concerne la
philosophie.
Un autre point à noter est que même la recherche philosophique de haut
niveau a trouvé des nouveaux espaces dans le réseau, avec la possibilité non
seulement de relier les résultats et les chercheurs mais aussi de s'ouvrir aux
contributions de ceux qui, sans être interne au système académique, ont les
qualités pour être lus et publiés 18. Une révolution dans la révolution, pour le
monde arrogant des académies. N'est pas secondaire même ce détail: un
produit éditorial de haut niveau, sur Internet coûte beaucoup moins cher qu'un
produit éditorial papier de qualité médiocre.
Un chapitre entier mériterait le thème de la «contamination», qui est peutêtre la plus grande richesse permise par le réseau: les possibilités infinies de
17 Un exemple intéressante pour la mathématique http://www.animath.fr/spip.php?
article370 . Un exemple pour la philosophie est http://www.philolog.fr/table-des-matieres/.
Un remarquable exemple anglophone http://philpapers.org/
18 Parmi de nombreux exemples, ce magazine bilingue (italien et français) sur la pensée de
Foucault est ouvert aux contributions en dépit de son niveau académique considérable:
http://www.materialifoucaultiani.org/fr/presentazione.html
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De l'éducation visuelle aux ressources multimédia – travail personnel de Damiano Rama 30/04/12
croiser les langages, les paradigmes, concepts et outils, la possibilité de
construire et déconstruire. Mais, malheureusement, il est impossible de traiter
le sujet ici.
Il y a beaucoup de belles expérimentations de pratiques philosophiques qui
ont trouvé leur point de départ dans le réseau, point au même temps pratique
et culturel. Un exemple, parmi tous les possibles, est la réflexion sur
l’éducation libertaire et démocratique, entendu en opposition à la structure
autoritaire de l'école classique, laquelle, en continuité avec la «pédagogie
nouvelle», a été inspiré principalement par la réflexion suivante le '68 et par
quelques
expériences
particulières
comme
celle
de
Summerhill 19.
En
considérant que ces expériences et réflexions ont été généralement très
limitées, construit sur la passion et les efforts des petits nombres des
personnes, le réseau pour eux a signifié un changement soudain de la solitude
et des erreurs de l'inexpérience à la possibilité de se comparer et d'apprendre
les uns des autres. Un bon exemple, parmi tant d'autres, est le réseau EUDEC
“European Democratic Education Community (Communauté Européenne pour
l'Éducation
Démocratique)20”,
véritable
communauté
d'incubation
et
de
développement des changements qui, en dépit de leur dimension utopique,
commencent à être réalisé, en passent de la théorie à la pratique.
Et ça, comme dans les contes, est la «morale» qui émerge clairement de ce
long parallèle entre Internet et l'école:
l'école c'est une structure. Tout ce qu'on essaie d'entrer il faut se «mettre en
forme», doit se structurer. Ce n'est pas mauvais, mais certainement c'est une
façon de sélectionner une partie de la réalité et de laisser tout le reste audehors.
Le réseau est plutôt un «doppelgänger»du réel. Il reproduit, redouble la
réalité. Il multiplie la réalité. Ce n'est pas forcément une bonne chose, mais il a
des effets étonnants dans tous les domaines intellectuel, créatif, sociaux. La
19 http://www.summerhillschool.co.uk/ mais cfr. aussi:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Summerhill_School
20 http://www.eudec.org/Home
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De l'éducation visuelle aux ressources multimédia – travail personnel de Damiano Rama 30/04/12
pédagogie philosophique a toujours été une pratique philosophique. Presque
tous les penseurs les plus profonds et fructueux ont toujours centré dans
l'éducation des enfants, dans le développement de l'individu et dans la
transmission des connaissances dans leurs nœuds principaux (de Platon à les
philosophies indiennes, à travers Rousseau, Kant et bien d'autres).
Jusqu'à quand l'école se maintiendra «structure», ne pourra pas accepter ce
type d'approche, car il est de-structurante par définition. Mais l'erreur que fait
l'école, à mon avis, ne pas laquelle de rester structurée, parce que ça c'est sa
caractéristique principale. L'erreur réelle est la présomption d'avoir le rôle
d'unique source de la culture légitime et de l'éducation dans la société. Il s'agit
clairement d'une approche autoritaire, l'héritage des implicites motifs de
contrôle social qui ont construit l'école d'une certaine manière entre le moitie
du XIXe siècle et le moitie du XXe siècle.
Avec un effort plus centré sur les mentalités que sur les équipements
scolaires, cependant, l'école doit essayer d'agir comme un noyau solide d'une
nébuleuse, changeant mais légitime, des expériences et des différentes
pratiques éducatives. Sans vouloir les réduire toutes à «curriculum» et sans
vouloir nécessairement les soumettre au jugement du ministère, l'école devrait
s'efforcer d'engager le meilleur et les amener aux étudiants, en laissant à
l'intérêt individuel et à la passion de faire leur cours.
La philosophie a toujours été un réseau. Il représente le meilleur de ce que
le réseau peut exprimer et signifier pour l'humanité: la capacité de rencontrer
les autres, d'accepter critiques et propositions, la possibilité de développer une
pensée critique, la sensibilité et la confiance en soi développé à travers le
dialogue et le respect mutuel.
L'école moderne doit assumer la responsabilité de toute cette humanité sans
prétendre de la réglementer, contrôler ou normaliser.
13
De l'éducation visuelle aux ressources multimédia – travail personnel de Damiano Rama 30/04/12
Bibliographie du présent article
(en ordre de citation)
Foucault M., Sécurité, territoire, population, Paris, Gallimard, 2004.
Foucault M., L'Archéologie du savoir, Paris, Gallimard, coll. "Bibliothèque des Sciences
humaines", 1969.
Foucault M., Surveiller et punir. Naissance de la prison, Paris, Gallimard, 1975
Albertini (Pierre). L'École en France XIXe-XXe siècles: de la maternelle à l'université,
Revue française de pédagogie, 1993, vol. 105, n° 1, pp. 121-124
Bruillard Éric (1997). Les machines à enseigner. Éditions Hermès, Paris.
Bourdieu P., Passeron J.C., Les héritiers: les étudiants et la culture, Paris, Les Éditions
de de Minuit, coll. "Grands documents" (no18), 1964
Sitographie du présent article
(en ordre de citation)
http://rivista.scuolaiad.it/archivio/n00-200701
http://fr.wikipedia.org/wiki/Scolastique
http://fr.wikipedia.org/wiki/Trivium_%28%C3%A9ducation%29
http://fr.wikipedia.org/wiki/Innovation_en_Europe_%C3%A0_la_Belle_
%C3%89poque
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfp_05567807_1993_num_105_1_2525_t1_0121_0000_3
http://fr.wikipedia.org/wiki/Www
http://www.stef.ens-cachan.fr/annur/bruillard/mae_somr.htm
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