Mission d’étude pour la création d’un parc naturel marin en Martinique
Compilation des synthèses des réunions Groupe de travail du 24 avril au 8 juillet 2014 Page 4 sur 11
43. Il y a une richesse importante et méconnue en profondeur (au-delà des 50 m). De nouvelles espèces y
sont régulièrement découvertes. Une campagne d’acquisition de données permettrait d’avoir une meilleure
connaissance de ces milieux profonds.
44. Malgré le constat général d’une diminution de la biodiversité marine en Martinique, il y a parfois un
retour de certaines espèces que l’on pensait disparues (Acropora cervicornis, mérou de Nassau).
45. Certains observateurs constatent la prolifération de diodons peut-être due au fait que le poisson-lion
consomme ses prédateurs.
46. Sur plusieurs sites marins qui ont été étudiés, il a été constaté une perte de la biodiversité. Par exemple,
au niveau de la pointe des Nègres à Fort-de-France, des pollutions récurrentes (nombreux déchets, carénage
sauvage, eaux usées…) altèrent le milieu. Par ailleurs, des stations d’épurations défectueuses ou le manque de
systèmes d’assainissement ont un impact rapide et dangereux sur les écosystèmes marins.
47. La pollution par les sédiments en baie de Fort-de-France empêche le développement de nombreuses
espèces. Certaines zones de la baie possèdent une forte biodiversité et abritent des espèces rares telles que le
corail Oculina diffusa. Quelques mètres en dessous, les milieux sont très pauvres asphyxiés par des sédiments.
48. La présence de ces sédiments en grande quantité est due en partie aux aménagements urbains et à
l’imperméabilisation des sols. L’eau de ruissellement n’est pas freinée et transporte beaucoup de particules en
mer. Il est nécessaire d’arrêter ou de freiner ces écoulements.
49. Une mauvaise exploitation des carrières impacte fortement le milieu marin. De grandes quantités de
particules fines sont lessivées et finissent dans le milieu marin.
50. Autre exemple de modifications de la biodiversité : aux Anses-d’Arlets, depuis la mise en place de
mouillages, il y a plus de bateaux ce qui entraine plus de pollutions (plastiques, verres, eaux usées…), les
cyanophycées prolifèrent sous les bateaux or elles sont indicatrices de pollution. De fait, aucune infrastructure
pour la récupération à terre des eaux noires et des eaux grises n’a été mise en place.
51. Les fonds marins de certains sites sont très abimés par les jets d’ancre et les rejets des bateaux. Il est
nécessaire de bien connaitre les écosystèmes marins (études d’impacts) avant la mise en place de tout
équipement.
52. La gestion des zones de mouillages organisées (ZMO) est indispensable. Les gestionnaires des ZMO
doivent permettre le recueil et le traitement des eaux grises et des eaux noires. Il faut prévoir ces équipements
à chaque fois qu’on fait une ZMO. Des crédits incitatifs sont à rechercher pour l’installation de ces équipements
et une taxe de mouillage permet l’entretien et la surveillance de la ZMO.
53. De plus, pour chaque ZMO, il faut des équipements à terre et une bonne gestion de ces zones littorales :
sites d’embarquements et de débarquements, stockage des déchets, emplacements de carénages.
54. Il est important de faire des plans de balisages à chaque fois qu’on fait une ZMO. Par exemple, il faut
interdire le mouillage forain autour des ZMO afin d’éviter la dégradation des fonds marins par les jets d’ancres.
Un plan de balisage et de mouillage global à l’échelle de la Martinique est souhaitable.
55. Le patrimoine culturel marin de la Martinique
56. Il y a de nombreuses épaves en Martinique. Les épaves de Saint-Pierre sont une attraction touristique
pour les plongeurs. Les épaves surtout en bois ce sont dégradées. Ce n’est pas forcement le pillage qui détruit
le plus les épaves, ce sont les ancres des gros bateaux. Toutefois, les épaves des gros bateaux métalliques ne se
dégradent pas rapidement, elles sont là pour de nombreuses années encore. Il existe un centre
muséographique à Saint-Pierre présentant l’histoire de ces épaves. Dans les années 1995 – 1997, un sous-
marin à Saint-Pierre a permis aux touristes d’aller voir 2 épaves (le Roraima et le Tamaya).
57. La baie de Saint-Pierre est une halte pour les bateaux de plaisance. En janvier et février, il y a environ 40 à
50 bateaux au mouillage dans la baie mais seulement 4 coffres, réservés aux bateaux de plongée, sont installés.
Le balisage instauré pour la protection du patrimoine culturel des épaves de Saint-Pierre n’est pas respecté
par manque de moyens de surveillance. L’installation de mouillages respectueux du patrimoine culturel et
naturel pourrait créer des emplois.
58. Certains pensent que des bateaux à l’abandon sur le rivage après dépollution pourraient être coulés
pour servir de récif artificiel et d’attraction pour les plongeurs. Cela a été le cas pour le Nahoon aux Anses-
d’Arlet. A noter que des épaves ont été coulées au large et ne sont pas accessibles aux plongeurs.
59. Les épaves concentrent une forte biodiversité spécifique voir unique (exemple du cérianthaire diurne).
Dans les zones sableuses ou dans les herbiers, elles forment des ilots de biodiversité spécifique différents de
l’environnement où elles se situent.