
La problématique des
chauffages électriques.
Cinq constats sans appel.
La consommation d’énergie des 230 000 chauffages électriques fixes à accumu-
lation installés chez les particuliers représente un total de 3000 gigawattheures
(GWh) par an
1, 2. Si l’on y ajoute celle des appareils de chauffage électriques
mobiles et des installations utilisées dans les services, l’agriculture, l’industrie
et les transports, la consommation annuelle atteint environ 5500 GWh
3, 4. Cela
correspond aux besoins moyens en électricité de 1,4 million de ménages. Mais
ce procédé n’est pas seulement énergivore, il présente aussi un mauvais écobilan
global: la fourniture de chaleur revient cher et nuit à l’environnement. Les argu-
ments avancés pour défendre le chauffage électrique (source d’énergie pratique,
sans émissions polluantes sur place ni besoin de stockage; coûts d’acquisition et
d’entretien faibles) sont superficiels.
N° 1: les chauffages électriques gas-
pillent beaucoup d’énergie.
A première vue, les chauffages électriques
à résistance transforment très efficace-
ment le courant en chaleur, avec des
rendements de plus de 90%. Mais à y
regarder de plus près, on s’aperçoit que
l’efficacité est illusoire. En effet, environ
deux tiers de l’énergie primaire (uranium/
charbon, p. ex.) disparaissent sous forme
de déperdition de chaleur, tandis que 6%
supplémentaires se dissipent durant le
transport. Par ailleurs, transformer le cou-
rant électrique de grande qualité énergé-
tique en chaleur de faible qualité est une
aberration. Même la production de chaleur
à partir de ressources fossiles (pétrole, gaz
ou charbon) entraîne une consommation 2
à 3 fois inférieure. Le bilan énergétique glo-
bal des chauffages électriques est donc
très mauvais. L’électricité ne doit être utili-
sée qu’en l’absence de toute autre solution
et lorsqu’elle présente un réel avantage,
p. ex. pour l’éclairage et pour l’alimentation
d’appareils électriques ou de moteurs in-
dustriels.
N° 2: les chauffages électriques reposent
sur une technologie obsolète.
Les chauffages électriques présentent
également de mauvais résultats en termes
de production de chaleur. Les pompes à
chaleur (PAC) à sonde géothermique ou
sur nappe phréatique sont plus efficaces
et ont p. ex. un rendement global 3 à 4
fois plus élevé pour une consommation
d’électricité inférieure de 65–75%. Les
systèmes modernes de chauffage à dis-
tance ou de proximité fonctionnant avec
des énergies renouvelables économisent
jusqu’à 80% de l’énergie primaire par rap-
port aux systèmes électriques. Même les
chauffages au mazout ou au gaz ont un
meilleur rendement. Or, qui dit mauvais
rendement dit émissions polluantes im-
portantes: un chauffage électrique émet
environ 2,5 fois plus de CO2 par kWh
d’énergie finale qu’un chauffage à gaz, et
au moins 10 fois plus qu’un chauffage à
pellets
5, 15. Par ailleurs, un nombre crois-
sant de chauffages électrique, ne peuvent
plus être réglés correctement. La régulati-
on de la chaleur se fait alors bien souvent
en ouvrant la fenêtre.
N° 3: les chauffages électriques nuisent
à l’environnement, au climat et à la santé.
Soi-disant non polluants, les chauffages
électriques sont en réalité très dangereux
pour l’environnement. Le bouquet élec-
trique utilisé produit beaucoup de gaz à
effet de serre néfastes pour le climat, des
émissions radioactives et d’autres pollu-
tions pour l’environnement, le climat et la
santé. La nuit, les chauffages électriques
sont généralement alimentés par un bou-
quet provenant en grande partie de cen-
trales nucléaires et à charbon. La journée,
la Suisse exporte du courant hydraulique,
qui revient très cher, tandis qu’elle importe
de ses voisins, notamment pour couvrir les
besoins des chauffages électriques pen-
dant les nuits d’hiver, de grandes quanti-
tés d’électricité bon marché produite avec
du charbon ou du nucléaire (cf. p. 5, nº 4).
Le mix électrique consommé a des effets
très négatifs sur le climat, mais aussi sur
l’environnement, la santé et l’économie
suisse en raison des problèmes de sécu-
rité et d’élimination des déchets posés par
l’énergie nucléaire.
4
Une production d’électricité
inefficace
30% d’électricité 70% de perte
Fig. 1
PAC (géoth.,
COPA 3,4)
Chauffage
au gaz
Chauffage
à pellets
Electrique direct
Electrique à
accumulation
80%
60%
40%
20%
100%
0%
Comparaison des rendements
Rendement global syst. chauffage (max.)
Pertes caractér. du système de chauffage (min.)
Pertes liées à la fabric. de pellets de bois (min.)
Pertes prod. et transp. électr. (min.)
Rendement effectif
avec chaleur ambiante
Fig. 2
Pellets à bois
Pompe à chaleur
(géothermique)
Chaudière à gaz
Chaudière à
mazout
Electrique direct
Electrique à
accumulation
8
6
4
2
10
0
Comparaison émissions CO2
Tonnes équiv. CO2/an
Ex.: besoin de chauffage annuels de 14 440 kWh
(maison individuelle)
Fig. 3