«Cela fait des années que j’aimerais
remplacer mon chauffage électrique,
qui n’est pas du tout écologique. Si
les cantons et les grandes entrepri-
ses d’électricité se décidaient enfi n à
mettre en place des mesures d’incitation
rendant moins coûteuse l’installation de
technologies ef caces à base d’énergies
renouvelables, j’aurais réussi depuis
longtemps à convaincre mon propr-
taire de cette évidence!»
Dani Slamanig, locataire
«Nous préconisons un système qui
récompenserait enfi n les personnes
soucieuses d’économiser l’électricité et
qui sanctionnerait les gaspillages. Pour
cela, il faut supprimer l’abonnement et la
dégressivité des tarifs. C’est en agissant
sur le portemonnaie que nous arriverons
à changer les mentalités. En pratique,
très peu de fournisseurs encouragent
leurs clients à économiser l’électricité.
Certains ménages économes en énergie
ne peuvent même plus béné cier du bas
tarif. C’est scandaleux
Sara Stalder, directrice de la Stiftung
für Konsumentenschutz (SKS, fondation
pour la protection des consommateurs)
«Les chauffages électriques sont énergi-
vores et ne devraient plus être installés.
Par ailleurs, une stratégie d’incitation
doit faire en sorte que les systèmes
existants soient remplacés. La Confédé-
ration doit prendre ses responsabilités
en matière de consommation d’énergie
et non simplement renvoyer la balle aux
cantons, comme elle l’a malheureuse-
ment fait lorsqu’elle a répondu à ma
motion*.»
Hildegard Fässler, Conseillère nationale
PS (SG), *07.3432 Motion Fässler: Inter-
diction des chauffages électriques
«Remplacer les chauffages électriques
à accumulation qui fonctionnent dans
les bâtiments existants? C’est une très
bonne idée, mais cela revient géné-
ralement trop cher aux propriétaires.
Dans les nouvelles constructions et les
rénovations complètes, en revanche,
ces chauffages n’ont plus aucune raison
d’être et doivent être remplacés par des
systèmes de production de chaleur plus
effi caces.»
Thomas Ammann, Schweizerischer
Hauseigentümerverband (HEV Schweiz,
association suisse des propriétaires
immobiliers)
Greenpeace, Heinrichstr. 147, case postale, CH-8031 Zurich
Téléphone +41 44 447 41 41, fax +41 44 447 41 99
Pour plus d’informations et télécharger la brochure:
www.greenpeace.ch/fr/energie
Impressum
Texte et rédaction: Greenpeace Suisse, Zurich
one marketing services ag, Zurich
Révision technique: Jürg Nipkow, S.A.F.E.
Conception graphique: one marketing services ag, Zurich
Impression: Druckerei Albisrieden AG, Zurich
Imprimé sur papier 100% recyclé
Renoncer au chauffage électrique:
un bon calcul pour l’environnement,
l’économie et la société
Le guide des solutions énergétiques effi caces et durables
Téléphone +41 44 447 41 41, fax +41 44 447 41 99
Table des matières
La problématique des chauffages électriques. Pages 4/5
Cinq constats sans appel.
Les choix d’hier et la réalité d’aujourd’hui. Pages 6/7
Les énergivores et les solutions alternatives.
Le remplacement systématique des chauffages électriques. Pages 8/9
Un bénéfice pour tous.
Le rôle du secteur de l’électricité. Pages 10/11
Des fournisseurs d’électricité qui passent à l’action.
Le rôle des pouvoirs publics. Pages 12/13
Des cantons qui passent à l’action.
Les solutions disponibles. Pages 14/15
Divers avis du domaine politique, économique,
scientifique et public.
Index des sources et bases de calcul Page 15
en page intérieure de la couverture
«Minimiser le gaspillage d’énergie et
choisir les meilleures technologies sont
d’excellentes façons d’agir en faveur d’un
développement durable. Il faut exploiter
le potentiel d’amélioration de l’efficacité
électrique si l’on veut parvenir à la société
à 2000 watts et atteindre les objectifs
de la Suisse en matière de protection du
climat.»
Dieter Imboden, professeur de physique
de l’environnement à l’EPF Zurich,
Président du Conseil national de la
recherche du Fonds national suisse et
instigateur du concept de la «société
à 2000 watts»
La problématique des
chauffages électriques.
Cinq constats sans appel.
La consommation d’énergie des 230 000 chauffages électriques fixes à accumu-
lation installés chez les particuliers représente un total de 3000 gigawattheures
(GWh) par an
1, 2. Si l’on y ajoute celle des appareils de chauffage électriques
mobiles et des installations utilisées dans les services, l’agriculture, l’industrie
et les transports, la consommation annuelle atteint environ 5500 GWh
3, 4. Cela
correspond aux besoins moyens en électricité de 1,4 million de ménages. Mais
ce procédé n’est pas seulement énergivore, il présente aussi un mauvais écobilan
global: la fourniture de chaleur revient cher et nuit à l’environnement. Les argu-
ments avancés pour défendre le chauffage électrique (source d’énergie pratique,
sans émissions polluantes sur place ni besoin de stockage; coûts d’acquisition et
d’entretien faibles) sont superficiels.
N° 1: les chauffages électriques gas-
pillent beaucoup d’énergie.
A première vue, les chauffages électriques
à résistance transforment très efficace-
ment le courant en chaleur, avec des
rendements de plus de 90%. Mais à y
regarder de plus près, on s’aperçoit que
l’efficacité est illusoire. En effet, environ
deux tiers de l’énergie primaire (uranium/
charbon, p. ex.) disparaissent sous forme
de déperdition de chaleur, tandis que 6%
supplémentaires se dissipent durant le
transport. Par ailleurs, transformer le cou-
rant électrique de grande quali énergé-
tique en chaleur de faible qualiest une
aberration. Même la production de chaleur
à partir de ressources fossiles (trole, gaz
ou charbon) entraîne une consommation 2
à 3 fois inférieure. Le bilan énergétique glo-
bal des chauffages électriques est donc
très mauvais. Lélectricité ne doit être utili-
sée qu’en l’absence de toute autre solution
et lorsqu’elle présente un réel avantage,
p. ex. pour l’éclairage et pour l’alimentation
d’appareils électriques ou de moteurs in-
dustriels.
N° 2: les chauffages électriques reposent
sur une technologie obsolète.
Les chauffages électriques présentent
également de mauvais résultats en termes
de production de chaleur. Les pompes à
chaleur (PAC) à sonde géothermique ou
sur nappe phréatique sont plus efficaces
et ont p. ex. un rendement global 3 à 4
fois plus élevé pour une consommation
d’électrici inférieure de 6575%. Les
systèmes modernes de chauffage à dis-
tance ou de proximité fonctionnant avec
des énergies renouvelables économisent
jusqu’à 80% de l’énergie primaire par rap-
port aux systèmes électriques. Même les
chauffages au mazout ou au gaz ont un
meilleur rendement. Or, qui dit mauvais
rendement dit émissions polluantes im-
portantes: un chauffage électrique émet
environ 2,5 fois plus de CO2 par kWh
d’énergie finale qu’un chauffage à gaz, et
au moins 10 fois plus qu’un chauffage à
pellets
5, 15. Par ailleurs, un nombre crois-
sant de chauffages électrique, ne peuvent
plus être réglés correctement. La gulati-
on de la chaleur se fait alors bien souvent
en ouvrant la fenêtre.
N° 3: les chauffages électriques nuisent
à l’environnement, au climat et à la santé.
Soi-disant non polluants, les chauffages
électriques sont en réalité très dangereux
pour l’environnement. Le bouquet élec-
trique utilisé produit beaucoup de gaz à
effet de serre néfastes pour le climat, des
émissions radioactives et d’autres pollu-
tions pour l’environnement, le climat et la
santé. La nuit, les chauffages électriques
sont généralement alimentés par un bou-
quet provenant en grande partie de cen-
trales nucléaires et à charbon. La journée,
la Suisse exporte du courant hydraulique,
qui revient très cher, tandis qu’elle importe
de ses voisins, notamment pour couvrir les
besoins des chauffages électriques pen-
dant les nuits d’hiver, de grandes quanti-
tés d’électricité bon marché produite avec
du charbon ou du nucléaire (cf. p. 5, nº 4).
Le mix électrique consommé a des effets
très négatifs sur le climat, mais aussi sur
l’environnement, la santé et l’économie
suisse en raison des problèmes de cu-
rité et d’élimination des déchets posés par
l’énergie nucléaire.
4
Une production d’électricité
inefficace
30% d’électricité 70% de perte
Fig. 1
PAC (géoth.,
COPA 3,4)
Chauffage
au gaz
Chauffage
à pellets
Electrique direct
Electrique à
accumulation
80%
60%
40%
20%
100%
0%
Comparaison des rendements
Rendement global syst. chauffage (max.)
Pertes caractér. du système de chauffage (min.)
Pertes liées à la fabric. de pellets de bois (min.)
Pertes prod. et transp. électr. (min.)
Rendement effectif
avec chaleur ambiante
Fig. 2
Pellets à bois
Pompe à chaleur
(géothermique)
Chaudière à gaz
Chaudière à
mazout
Electrique direct
Electrique à
accumulation
8
6
4
2
10
0
Comparaison émissions CO2
Tonnes équiv. CO2/an
Ex.: besoin de chauffage annuels de 14 440 kWh
(maison individuelle)
Fig. 3
«Les chauffages électriques reposent
sur une technologie du siècle dernier,
comme en témoigne leur rendement très
faible. Il est aberrant de transformer du
précieux courant électrique en simple
chaleur, sachant que les deux tiers de
l’énergie sont gaspillés.»
Kathy Riklin
Dipl. sc. nat. EPFZ,
Conseillère nationale PDC Zurich
4: les chauffages électriques grèvent
l’approvisionnement en électricité.
Les chauffages électriques sont très utili-
sés pendant la période la moins favorable,
en hiver, lorsque la production nationale
est duite pour des raisons naturelles.
Pendant les mois d’hiver, leur consom-
mation représente en effet 1/5 des be-
soins totaux du pays en électricité, soit
davantage que la production conjointe
des trois plus anciennes centrales nu-
cléaires de Suisse durant cette période. Si
tous les chauffages électriques devaient
fonctionner à plein régime pendant une
nuit glaciale de janvier, les cinq centrales
nucléaires suisses travailleraient quasi ex-
clusivement pour les approvisionner.6 La
quantité d’électricité que la Suisse importe
en hiver équivaut presque à la consomma-
tion des chauffages électriques: l’excédent
d’importation des cinq derniers semestres
d’hiver dépassait en moyenne 4300 GWh.7
Ces systèmes énergivores jouent donc
un rôle considérable dans les difcultés
d’approvisionnement en saison froide.
Nº 5: les chauffages électriques pèsent
sur l’économie et les consommateurs.
Les chauffages électriques nèrent des
coûts d’électricité de quelque 800 milli-
ons CHF par an
8: un poids très lourd pour
l’économie suisse, mais aussi pour les
consommateurs. Au début des années
1990, certains fournisseurs d’électricité ont
suppri le tarif de nuit avantageux pour
les chauffages électriques, entraînant des
augmentations de coûts allant jusqu’à
100%. Avec les récentes hausses des ta-
rifs, qui ont fait grimper les factures de plus
de 20% dans certains cas, propriétaires et
locataires l’ont compris à leurs dépens:
les tarifs bon marcpour les chauffages
électriques appartiennent au passé. Cette
évolution est jouissante, d’autant que la
plupart des installations ont plus de 30 ans
et devront être remplacées prochainement
en fonction du cycle normal de renouvelle-
ment des chauffages.
Chiffres clés
•230 000 appartements (6%) disposent
 d’unchauffageélectriqueenSuisse,
 dont70%debâtimentshabitésde
 façonpermanente.2
•EnSuisse,leschauffagesélectriques
 consomment5500 GWh/an,soit9%
 dutotalannuel(toussecteursettypes
 dechauffageélectrique).3, 4
•Leschauffagesélectriquesmonopoli-
 sent15 20% de la consommation
d’électricité de la Suisseenhiver.4, 18
•Plus de 2/3 de l’énergie primairesont
 perduslorsdelaproductiond’électricité
 danslescentralesetlorsdutransport.
•Leschauffagesélectriquesconsom-
 ment4 fois plus d’électricitéqueles
 technologiesefcaces.
•EnSuisse,chaqueannéeleschauf-
fagesélectriquesgénèrent3 mio t de
CO2(correspondà6%desémissions
deCO2dupays)24m3dedéchets
hautementradioactifs,2989m3de
déchetsmoyennementetfaiblement
radioactifs,10771tdeSO2et5445t
deNOx.9–11
•Lepoidsdeschauffagesélectriques
 surl’économieetlesconsommateurs
 estd’environ 800 mio de CHF/an.8
5
8000
6000
4000
2000
Production/consom. d’électricité
GWh/mois
0
200720062005 2008
Consom. CH
Consommation des chauffages électriques
Electr. nucl. CH
Electr. hydro. et al.
Solde d’import.
Fig. 4
en 2008 en 2009
Muotathal
Langwies
Fully
Mendrisio
Horrenbach-
Buchen
Muriaux
20
15
10
5
0
25
ct./kWh
Hausse prix d’électr. pour les
ménages chauffés électr.
Fig. 5
La construction des 5 centrales nucléaires suisses entre 1969 et 1984 a entraîné
des surcapacités considérables. Pour doper les ventes d’électricité nucléaire, les
chauffages électriques ont été subventionnés à coups de milliards pour que les
ménages ayant un autre type de chauffage se mettent à l’électrique. Entre 1980
et 1990, le nombre de chauffages centraux électriques a triplé, tandis que le
nombre d’appartements équipés d’installations individuelles a encore augmen-
té d’environ 24% entre 1990 et 2000.2 Jusqu’à aujourd’hui, ces chauffages
énergivores ont bénéficié d’une publicité de masse et d’un traitement de faveur
évident, malgré les efforts d’économies d’énergie de la Confédération et des
cantons. Il est grand temps que ces derniers prennent leurs responsabilités et
soutiennent le remplacement des installations. D’autres solutions existent!
Une expansion due à l’excédent
d’électricité.
Dans les années 1970 et 1980, après la
construction des centrales nucléaires,
pour utiliser les excédents d’électricité sur-
venant notamment la nuit, les fournisseurs
ont lancé des programmes de promotion
des chauffages électriques, en proposant
rabais à l’achat, tarifs spéciaux ou encore
prise en charge des parations. A force
de subventions et d’arguments publici-
taires efficaces pour ce système «propre,
écologique et bon marché», le nombre
d’installations fixes a grimpé. La consom-
mation d’électricité a continué d’augmenter
après l’an 2000, de 7% pour les chauffages
centraux, de 14% pour les chauffages indi-
viduels à accumulation et de 20% pour les
chauffages électriques mobiles. Au total, la
consommation des chauffages électriques
à sistance a crû de 20% depuis 1990.2
Cette évolution s’explique notamment par
les nouvelles installations, la hausse des
besoins en puissance calorifique et celle
des heures d’utilisation complète.
Des décennies de promotion.
En soutenant les chauffages électriques,
l’industrie électrique a nettement accru la
consommation. Jusqu’à une date récente,
certains fournisseurs proposaient à leurs
clients de contribuer aux frais de rénova-
tion de ces chauffages. Aujourd’hui en-
core, tandis que l’importance d’une utilisa-
tion durable des ressources énergétiques
entre de plus en plus dans les esprits,
fabricants et distributeurs continuent à
promouvoir activement tous les systèmes
peu efficaces, tandis que les grands grou-
pes énergétiques favorisent par des tarifs
bon marché les chauffages et les chauf-
fe-eau électriques, gros consommateurs
d’énergie. En Suisse, on s’est mis à croire
que le but était forcément d’écouler un
surplus d’électricité pendant la nuit. Or cet
argument est dépassé; aujourd’hui, le mar-
ché de l’énergie est libéralisé et l’électrici
se vend en bourse. En hiver, la Suisse est
donc contrainte d’importer, notamment
pour alimenter les chauffages électriques
(cf. p. 5).
La responsabilité du secteur de
l’électricité et des autorités.
Lefficaciénergétique est la cde voûte
de la politique climatique et énergétique.
La Loi sur l’énergie contient des mesures
très claires destinées aux fournisseurs
d’électrici (cf. encad). Le secteur de
l’électrici est donc tenu de remplir ses
obligations gales en remplaçant les sys-
tèmes inefficaces par des technologies
rationnelles et renouvelables et en mettant
fin au subventionnement des chauffages
électriques, soutenus pendant plus de
30 ans. Il doit aujourd’hui faire face à ses
responsabilités. Les pouvoirs publics,
quant à eux, doivent interdire les subven-
tions croies des chauffages électriques
et imposer aux fournisseurs d’énergie le
respect de prescriptions gales, sans
quoi le remplacement de ces énergivores
se fera beaucoup trop lentement.
6
Les choix d’hier et la réalité
d’aujourd’hui. Les énergivores
et les renouvelables.
Loi sur l’énergie (LEne), art. 7b, al. 3:
Lesentrepriseschargéesdel’approvi-
sionnementprennentdesmesuresen
faveurdel’utilisationéconomeetration-
nelledel’électricitéainsiquedurecours
auxénergiesindigènesrenouvelables.
3000
2000
1000
4000
0
Puissance installée des centrales
nucléaires et des chauffages électr.
MW
198019751970 1985 1990
Centrales nucl. CH Chauffages électr.
Fig. 6
Ménage normal
Altdorf
Arosa
Berne
Davos
Einsiedeln
Herrliberg
Kandersteg
Lucerne
Mesocco
Sierre
Zurich
30
25
20
15
10
5
0
ct./kWh
Tarifs préf. chauffages électrique Fig. 7
Exemples de 2007
Ménages chauff. électr.
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