bulletin de l’i.f.t.m. vol.
12
– no
1
avril
2012
L’ENTRE DEUX TOURS
4
La rencontre œcuménique eut lieu le mardi 24 janvier
2012 dans le cadre de la semaine de prière pour l’unité
des chrétiens. La soirée débuta avec un temps de prière
dans la chapelle de l’édifice Birks à l’Université McGill, une
célébration préparée par les Églises polonaises. Suivant une
grande tradition polonaise du temps de Noël, la célébration
a intégré le partage des oplatki. L’oplatek est un grand
morceau de pain azyme décoré qui fait appel à l’Eucharistie.
Signe de partage et de communion, l’oplatek est partagé
d’une façon tout à fait originale : chaque participant tient
en main un oplatek, mais il ne mange que les morceaux
qu’il fractionne de l’oplatek de ses voisins, jamais le sien.
Cet échange est accompagné par un souhait de paix. En
Pologne, le partage de l’oplatek, fait avant le repas de Noël,
est signe de réconciliation : on ne prend pas notre place à
table avant que tout conflit interpersonnel ne soit réglé.
Dr. Patricia Kirkpatrick, professeur au Collège Anglican
(McGill), fit une prédication bilingue. Nous parlant de
l’importance de l’œcuménisme aujourd’hui, la professeure
Kirkpatrick, docteur en théologie de la prestigieuse Université
d’Oxford, basa son discours surtout sur saint Paul.
À la suite de la célébration, les participants partageaient un
repas libanais, et à l’invitation de Dr. Ellen Aitken, doyenne
de la Faculté de sciences religieuses de McGill, formaient
des tables d’une diversité étonnante : ce fut un carrefour
religieux (incluant des catholiques, orthodoxes, et protestants
de nombreuses dénominations) ainsi que linguistique.
À la fin du repas, M. Jaroslaw Kaufmann, p.s.s., recteur du
Grand Séminaire, prit la parole, et s’adressa au groupe avec
un humour caractéristique : « Mon père était allemand, et ma
mère polonaise. Mon frère et moi, nous sommes le fruit de
leur communion, de leur don d’eux-mêmes. Normalement,
quand les Allemands et les Polonais se trouvent ensemble,
c’est la guerre. Je me dis, si ma mère et mon père étaient
capables de trouver la communion malgré leurs différences,
nous sommes capables d’aller au-delà de nos différences vers
la communion. Nous sommes réunis par le Christ mort et
ressuscité, et cela est plus fort que toute différence ».
Le 3 avril dernier, à quelques pas du Triduum pascal,
la communauté du Grand Séminaire s’est réunie afin
de vivre un rituel propre au judaïsme : le Séder. Il y
avait longtemps qu’un tel évènement ne s’était pas
tenu dans les murs de notre maison ! Ce repas, encore
célébré lors de la Pâque juive, vise à remémorer le
passage du peuple d’Israël de l’esclavage à la liberté.
Certes, cette tradition s’avère importante pour les
fidèles du judaïsme, mais pourquoi souligner cette
fête alors que nous sommes chrétiens ?
Les liens unissant le Séder et le christianisme sont étroits,
car c’est en célébrant le repas pascal avec ses apôtres que le
Christ a institué officiellement l’Eucharistie : « J’ai tant désiré
manger cette Pâque avec vous avant de souffrir » (Lc 22, 15).
La célébration du Séder devient donc pertinente dans la
mesure où les paroles et les gestes de Jésus, lors de la dernière
Cène, sont resitués dans le contexte de cette festivité juive où
l’on bénissait Yahvé pour le pain, le vin et la libération qu’il a
apportée à son peuple.
Pour qu’il soit bien vécu, un Séder requiert une préparation
adéquate et la collaboration de différents intervenants.
La communauté a donc mis la main à la pâte afin que ce
rassemblement soit le plus significatif possible. Dans un climat
empreint de fraternité, ce repas rituel fut l’occasion, pour les
séminaristes et les formateurs, de se préparer aux célébrations
liturgiques des jours saints et de déguster un succulent repas. Qui
sait, le Séder retrouvera peut-être sa place parmi les nombreuses
traditions du Grand Séminaire ? L’avenir nous le dira…
RENCONTRE ŒCUMÉNIQUE 2012
Par : Matthew Nini, séminariste
LE SÉDER : UN REPAS PASCAL HAUTEMENT SYMBOLIQUE Par : Steven St-Amour, séminariste
Dr Patricia Kirkpatrick.