Comment faire émerger des règles qui conduisent à pérenniser un consensus productif
face à l’accroissement des incertitudes de l’environnement économique ? Comment
empêcher que cette incertitude ne serve de prétexte au déséquilibre entre les exigences
de rentabilité et les fonctions nécessaires d’expression et de représentation des salariés ?
3. RSE et efficience productive, nouveaux leviers de compétitivité ?
A l’heure où l’on recherche des moteurs de croissance et de développement, les
thématiques liées à la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) sont des pistes à
exploiter tant sur les marchés domestiques qu’internationaux.
La responsabilité sociétale est étroitement liée au concept de Développement Durable.
La norme ISO 26000 précise qu’il convient que « la contribution au développement
durable soit un objectif essentiel de toute organisation engagée dans une démarche de
responsabilité sociétale » (AFNOR, 2010, p.11). La RSE concerne les responsabilités de
l’organisation vis-à-vis de ses parties prenantes (internes et externes), de la société et de
l’environnement écologique. La RSE conduit donc à la notion de parties prenantes. En
effet, en faisant actes de responsabilités, les entreprises intègrent d’autres enjeux que
ceux qui lui sont généralement attribués. La norme précise : « Étant donné que le DD
couvre les objectifs économiques, sociaux et environnementaux communs à tout un
chacun, il peut être utilisé pour traduire les attentes plus larges de la société qui doivent
être prises en considération par les organisations désireuses d’agir de manière
responsable ». Il est précisé (AFNOR, 2010, p.7) que la RSE nécessite pour les
organisations « d’être en mesure de répondre des impacts de [leurs] décisions et activités
sur la société et l’environnement ». Pour comprendre ces impacts, l’entreprise doit
prendre en compte les intérêts des parties prenantes. R.E. Freeman (1984, p.31) a défini
au Stanford Research Institute qu’une partie prenante est « un individu, ou un groupe
d’individus, qui peut affecter ou être affecté par la réalisation des objectifs
organisationnels ». La notion de parties prenantes est centrale, en effet comment penser
la durabilité (ou soutenabilité) sans multiplier les échanges, ou les confrontations des
représentations ? Cette forme d’objectifs, à l’échelle des entreprises, nécessite de passer
par la mise en place d’un « dialogue permanent avec les parties prenantes » (CHABROL,
2003). La RSE – de l’ISO 26000 – fait de la notion de parties prenantes un moyen. Il
s’agit en effet de dépasser son propre cadre d’analyse et d’appréhension de l’action pour
s’ouvrir sur celui d’autrui avec lequel l’entreprise doit, ou est amené à, travailler
(RICHARD, 2006). C’est ce chemin, s’il devient un mode opératoire partagé, qui pourrait
permettre aux sociétés de tendre vers le Développement Durable. On voit bien alors
comment la RSE vient retravailler l’efficience productive.
La RSE concerne en premier lieu les grandes entreprises. Cependant, les PME voire les
TPE (FRIMOUSSE, MARCHESNAY, 2010) ne sont pas exclues d’une volonté à
participer à l’effort collectif de l’amélioration de la planète et de la société. Leur
comportement « socialement » responsable est davantage « vécu et informel »
(FRIMOUSSE, MARCHESNAY, 2010, p.243) qu’affirmé comme tel et les effets
immédiats de leurs actions concernent un territoire de proximité, local ou régional avant
de se répercuter sur l’espace monde (HORVATH & RICHARD, 2013).
La RSE pose les problématiques environnementales, sociales ou sociétales et les
contraintes qui leur sont liées comme autant d’opportunités qu’il faut apprendre à
exploiter. Ainsi, dans cet atelier, nous nous demanderons si les contraintes
environnementales, de coût de travail, d’efforts pour la santé et la sécurité contre la
souffrance au travail peuvent, tout au moins, être des leviers d’une recherche de
consensus productif, ou, au mieux, et à quelles conditions, se transformer en avantages
concurrentiels.