« Le Christianisme comme style ! » Une manière de faire de la

Christoph THEOBALD
Les deux tomes de Christophe THEOBALD, le « Christianisme comme style une manière
de faire de la théologie en post-modernnité », présentent un double avantage pour les acteurs
pastoraux, en ce moment où l’effacement du Christianisme se fait davantage ressentir.
Le premier tome, qui avait pour objet d’analyser des diverses causes d’un repliement du
Catholicisme, démontre aussitôt comment le Concile Vatican II a su remédier aux raisons
internes, alors que l’agnosticisme était déjà présent dans la société occidentale et notamment
européenne.
Le second tome démontre comment la Mondialisation est touchée par la rationalité
moderniste, l’économie néolibérale, l’invasion médiatique et le renversement de
comportements éthiques.
Mais, l’auteur qui est un Père Jésuite décline toutes les possibilités que le Catholicisme
possède déjà comme fruits des 50 dernières années de vie Ecclésiale dans son Universalité.
Ces possibilités sont approchées dans cet article.
Nous avons seulement à les vivre ... aucun doute que la MISSION FRATERNITE de notre
diocèse nous sera un précieux adjuvant, tant elle va dans le sens de fraternité des deux
ouvrages du Père Théobald, ...
« Le Christianisme comme style ! »
Une manière de faire de la théologie en
postmodernité
de
Christoph THEOBALD
Le Père André Ruiz vos propose la suite de ses
notes personnelles sur la lecture de cet ouvrage
- Février 2014 -
FACE AUX GRANDS PROBLEMES DE L’OCCIDENT, DE L’EUROPE, ET DE LA
MONDIALISATION
LA FORCE DU MESSIANISME CHRETIEN
en référence à l'ouvrage de C. THEOBALD : Le Christianisme comme style Tome 2
1 - Aux pièges de l’AGNOSTICISME
L’agnosticisme étend son action, dont les effets souvent méconnus des populations, se
concrétisent en contexte occidental comme moyen d’effacement du Christianisme, mais aussi
dans les enjeux de la mondialisation.
En Occident
Le pluralisme religieux, fait apparaitre avec une acuité sans précédent, l’indissociable lien
entre la foi et un certain type de présence dans l’histoire, et, du même coup, le caractère
exposé de notre intelligence de la Foi et de notre action dans la société. De son côté la critique
de la Religion a rendu possible pour la première fois dans l’histoire de l’humanité- l’attitude
athée, voire agnostique qui induit une totale indifférence en matière de Religion, et également
des recompositions religieuses multiples avec la question lancinante : comment vivre
ensemble sur un espace aux couleurs si bigarrées et menacés par des violences sans nom ?
Est-ce la fin de la Religion, se sont écriés certains ?
La première fin de la Religion fut ce que l’on appelle la cularisation. Par-là est désigné
l’évènement sans précédent qui marque le début de la modernité occidentale et qui prend au
sérieux le fait que dans la tradition judéo-chrétienne, Dieu et sa création ne font pas nombre ;
et pour cause, ces deux réalités sont incomparables et hors du champ et des possibilités de la
rationalité agnostique. D’où face à la rationalité moderne, le point à retenir est celui-ci : Dieu
ne révèle rien de ce que nous pouvons ou nous pourrons un jour savoir par nous-mêmes ; Il se
révèle Lui-même comme mystère absolument discret « voix » pourrait-on dire, au sein
même de l’éclosion de notre propre liberté de conscience. C’est la pointe de notre foi en Dieu,
pointe qui résiste à toute réduction en une mythologie
En Occident, l’effet majeur est l’effacement social du Christianisme, avec l’absence de
fondement métaphysique, et l’ambigüité de l’actuel retour du religieux.
Mais l’action de l’agnosticisme va plus loin.
Ce sont les recompositions agnostiques à partir de données extraites du religieux.
Les exemples les plus habituels et déjà connus sont par exemple : le Baptême Républicain
Les Parrains Républicains, les vacances désignées par les fêtes religieuses-clés se sont teintées
de couleurs de saison : vacance d’automne, de printemps….Mais plus fondamental, la
cohésion sociale et politique du tissu social de l’Occident.
L’interprétation agnostique du lien social
Quelle est la position agnostique de la philosophie politique contemporaine ? Le point
essentiel est le suivant : la société conçue comme société d’hommes libres et égaux,
idéalement une et homogène, est cependant incernable ; elle a perdu le leader fort dans lequel
elle aurait pu s’incarner. Elle ne saurait plus se rapporter à elle-même avec tous ses éléments
et se représenter comme un seul corps. Certains auteurs sont plus sensibles à la fragilité
fondamentale du lien social, d’autres essayent d’identifier avec plus de précisions les menaces
qui pèsent sur son « caractère énigmatique.
Il se vit une triple réduction :
- Le modèle stratégique qui fixe les règles de l’orientation vers le succès et le progrès. Les
relations se transforment vite en rapport de forces et le politique en techniques de persuasion.
- Réduction de la communication en processus d’intercompréhension, sans aucun élément
stratégique. Risque de l’utopie progressiste ou de l’eschatologie de certaines déclarations
socioreligieuses.
- Une troisième mesure de neutraliser le lien social serait de donner finalement dans la
communication en investissant un « imaginaire individualiste », religieux ou non.
Les récriminations anthropologiques :
L’homme d’aujourd’hui est plus marqué par l’angoisse que par la société permissive et
hédoniste en matière de moeurs.
Ici s’ajoute l’incertitude de nos sociétés la mobilité sociale la multi-appartenance des
sujets pressions exercées sur les consciences par la standardisation, les styles de vie les
comparaisons la compétition
Ainsi, la recherche « rationnelle et agnostique» d’un consensus social, en sa forme laïcisée,
donne une conscience d’appartenance diffuse.
Alain Touraine interprète ce état de chose comme « un changement principiel » dans la
compréhension de la Démocratie, qui après les expériences douloureuses des 19°et 20° siècles
( deux guerres mondiales le nazisme et la shoah le marxisme et les goulags la guerre
civile espagnole), ne peut plus comprendre l’Etat comme l’expression souvent abusivement
utilisée par une oligarchie, de la « souveraineté du Peuple », mais doit attirer l’attention sur la
limitation par le droit, et notamment les droits de l’homme, de tout pouvoir étatique.
Les caractéristiques du lien social
Il fait l’objet d’un débat ininterrompu qui souhaite obtenir une vision commune tout comme
un monothéisme peut le procurer et une dynamique polythéiste au service des diverses
composantes du lien social et ce dans le cadre de la démocratie. Les analystes de la
« sécularisation » insistent sur le caractère indéterminable du lien social actuel. Par ailleurs
des travaux historico-politiques sur la « modernité » rejoignent maintenant une conjoncture
européenne marquée par de profondes ruptures d’équilibre qui ne cessent de fragiliser le lien
social, traversé plus que jamais par une dynamique supranationale et exposé en même temps à
être confisqué par les nouvelles religions.
L’homme contemporain attend pour sa foi des racines et un asile pour son existence ; or il
trouve une exposition à de nouveaux fondamentalismes et phénomènes pseudo-spirituels pour
combler un vide spirituel occasionné par la société rationnelle. D’où la répercussion sur la
théologie qui se trouve devant un nouveau paradigme « comment peut- elle montrer la
plausibilité et la pertinence de la foi trinitaire de l’Eglise dans une société démocratique
soucieuse du respect de son auto-institution ? »
Dans la mondialisation
Le phénomène de la globalisation liée à la globalisation du néo-libéralisme occidental.
La mondialisation progressive de tous les échanges de biens, d’idées et de valeurs engendre
un tout autre état de conscience : globe immense mais fermé sur lui-même et soumis à la
domination systématique de la civilisation technique et médiatique de l’Occident et à la
violence du néo-libéralisme. Cette fermeture du « Ciel » aiguise et attise en effet la question
lancinante pour tout individu : comment réussir ma vie. Mais très lentement un nouvel esprit
semble travailler les humains : ils prennent conscience plus solidairement des sources de
vie étonnantes cachées dans la matrice qu’est leur histoire et celle de la terre qui les porte.
Ce travail souterrain atteint aussi les religions qui réagissent différemment, chacune étant
affrontée à une métamorphose provoquée de proche en proche, par l’évènement désigné par la
« fin de telle ou telle religion ». Cela amène, un certain nombre de chrétiens à corriger l’idée
d’un Dieu créateur qui interviendrait, à tout moment et de l’extérieur dans son œuvre.
Posture très nécessaire au moment de la MONDIALISATION : l’avenir du Globe dépend non
seulement d’une justice mondiale, mais de figures humaines et de communautés capables de
vivre selon la vérité de leur conscience et de s’exposer à la violence sans riposter aux attaques
d’autrui.
Autre aspect face à la mort : comprendre que sans la clôture de la vie, il y aurait un poids
insupportable l’on découvre aussi et grâce à la rencontre d’autrui que la démesure de sa
propre unicité celle qui lui faisait peur est en quelque sorte « à sa mesure » : véritable
guérison de sa tentation de se comparer et émergence d’une force de la conscience pour
accomplir la Règle d’Or.
La nouvelle théologie politique s’est explicitée avec Moltmann, comme théologie trinitaire à
partir des traces ou des correspondances de Dieu dans le Monde. Mais cette approche ne
présente pas une véritable prise en compte du statut agnostique.
D’où la nécessité de références théologiques rénovées et ciblées sur les Causes de
l’effacement du Christianisme.
2 - La Place de la sainteté est première et indispensable
La tradition chrétienne peut en effet être concentrée en un seul point focal : « la sainteté
comme mystère du monde. » Par une offrande unique, en effet, Jésus Christ a mené pour
toujours à l’accomplissement ceux qui reçoivent de Lui la Sainteté » Hé 10/14 Jésus Christ le
Saint de Dieu.
La sainteté de certaines figures humaines du passé et du présent, celle de Jésus de Nazareth en
premier lieu, semble susciter toujours beaucoup d’admiration souvent au-delà des frontières
du christianisme institué, et constituer de ce fait l’ « argument » principal que nous pouvons
évoquer en faveur de notre foi en Dieu.
Pour cela nous y rencontrons les deux facettes inséparables de la sainteté : « en elles pensées,
paroles et actions concordent absolument dans une sorte de simplicité de conscience « oui qui
est oui » - « non qui est non » (Mt 5/37 - 2CO 1/17-20 Jc 5/12) et la Règle d’Or « tout ce
que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites pour eux ! Voilà la Loi et les
Prophètes » Mt 7/12
Cette Règle que l’on trouve dans d’autres confessions religieuses conduit la concordance du
sujet avec lui-même, la simplicité de son cœur, et suspend son rayonnement à sa capacité de
s’effacer au profit d’autrui.
Que veut dire croire en Dieu ?
Croire en Dieu signifie que celui qui pose cet acte se laisse atteindre, au cœur de sa propre
existence, par ce que Dieu est en lui-même et qu’il se rend accessible en Jésus de Nazareth,
grâce à son Esprit de Sainteté : le croyant en vit « dans l’Eglise » dont la raison d’être est de
percevoir et de susciter cette sainteté au sein même des sociétés humaines ; ce qui laisse
supposer qu’elle se trouve au bon endroit et reste « …. Située dans l’ouverture messianique de
la création »
Le mot Dieu reçoit pour ceux qui se risquent à Le nommer, une singulière signification
inouïe. Une signification qui se forme dans et grâce à l’histoire, au croisement de l’épreuve du
silence divin, de la présence de la sainteté dans notre monde et d’un indéracinable désir de
bonheur pour chacun de nous et commun à tous.
Dieu aurait-il tout livré, y compris Lui-même, sa propre Sainteté, pour que nous puissions
grâce à son silence accéder en nous et par nous-mêmes à la source de sa béatitude ?
Pourquoi se référer à Lui, c’est en même temps comprendre de l’intérieur ce que la tradition
désigne par le vocabulaire « TRINITE ».
Le mystère de la paternité de Dieu
Comment comprendre en effet la paternité de Dieu si nous ne recevons pas le monde et notre
propre existence comme un don confié ou une création à continuer en acquiesçant avec
toutes nos fibres au retrait du donateur, à sa discrétion ou à son silence, qui laisse ce qu’il a
donné intégralement au bénéficiaire que nous sommes sans vouloir le contraindre à quoi que
ce soit ?
Dans ce cadre, il y a la possibilité pour l’être humain de vivre de sainteté. Le monde confié à
tous et comportant tant d’inégalités et de violences ne peut être porté que par des saints : Jésus
et ceux et celles qui, en deçà ou au- delà de nos frontières religieuses, peuvent un jour être
reconnus tels selon les critères éthiques et théologaux concernant l’humanité fournis par nos
Ecritures et vérifiés comme pertinents en telle situation historique.
C’est là, la réalité théologique de la Trinité : le silence appartient au Père. La sainteté est celle
du Fils unique et des siens dans notre histoire. La consolation qui rend possible cette sainteté
communicative d’elle-même est l’œuvre de l’Esprit Saint. Quand Jésus sera reconnu comme
le Saint par les siens, le livre de la sagesse deviendra en effet la matrice de toute future
théologie trinitaire.
Les lieux de l’expérience trinitaire
Le premier lieu est précisément le « lien politique et social » qui fait tenir ensemble non
sociétés. Ce lien est traversé et éprouvé plus que jamais par des dynamiques pluriculturelles et
supranationales. Ce que le christianisme a su faire au siècle, la société actuelle ne peut se
rapporter à elle-même comme en seul corps à cause du pluralisme : le Christianisme est
indispensable !
Ce grand récit multiforme de nos sociétés modernes constitue donc le premier lieu d’une
expérience trinitaire en quelque sorte anonyme. Se représenter le lien qui constitue notre
société, c’est éprouver le travail de l’Esprit. (Rm 8/22- 23 -26) : il y a un lien, une identité
structurelle entre le caractère incernable et énigmatique du « lien de société » et la fonction
relationnelle de l’Esprit. L’un et l’autre indiquent en effet ce qui tient mystérieusement dans et
entre nos sociétés en dépit de l’existence de toutes les forces destructrices.
Le deuxième lieu : c’est le déchiffrement que la société réalise et ses interrogations face à la
mondialisation.
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