Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (IX), n° 4, juillet/août 2005
– Une anémie normo- ou macro-
cytaire, de mécanisme “central” est
souvent présente.
– L’existence d’une hypoglycémie,
par défaut de néoglucogenèse, devra
faire suspecter soit une atteinte anté-
hypophysaire, soit une association à
une insuffisance surrénale primaire
dans le cadre d’une polyendocrino-
pathie auto-immune.
– L’analyse des gaz du sang révèle
une acidose respiratoire décompen-
sée.
– L’élévation importante du taux des
enzymes musculaires (myopathie
thyroïdienne) a le double intérêt de
renforcer la présomption de coma
myxœdémateux et de préciser l’inten-
sité de la rhabdomyolyse qui peut
compromettre l’intégrité de la fonction
rénale. Il est possible de constater
une élévation de la fraction CPK-
MB, mimant celle observée dans les
nécroses myocardiques. C’est une
traduction de la cardiomyopathie
myxœdémateuse qui est susceptible
de persister longtemps dans les
circonstances de décompensation
myxœdémateuse.
Quand le diagnostic de coma
myxœdémateux est évoqué, un
prélèvement sanguin est effectué
pour détermination des taux plas-
matiques de TSH et d’hormones
thyroïdiennes. Le résultat ne sera,
bien entendu, pas attendu pour mettre
en route la thérapeutique d’urgence.
Dans la quasi-totalité des cas, le taux
de TSH plasmatique est très élevé et
celui de T4 libre effondré ou non
mesurable. Cela signe l’insuffisance
thyroïdienne primaire. Beaucoup
plus rarement, le contraste entre
l’effondrement du taux de T4 libre
plasmatique et un chiffre de TSH
paradoxalement non élevé, traduira
biologiquement le déficit thyréo-
trope.
Il est de bonne règle de déterminer
le taux de cortisol plasmatique, en
précisant bien l’heure de prélève-
ment lorsque celui-ci est fait en
urgence.
La radiographie thoracique et
l’échocardiographie préciseront
l’existence d’un épanchement péri-
cardique, suspecté par un microvol-
tage dans toutes les dérivations de
l’électrocardiogramme. Cet examen
révèlera, par ailleurs, un aplatisse-
ment ou une inversion de l’onde T,
un allongement des espaces PR
et QT.
Pronostic
et facteurs de gravité
Le coma myxœdémateux garde un
pronostic sévère. Les facteurs déclen-
chants doivent être dépistés et les
indices de gravité pour le pronostic
vital évalués. Une cause infectieuse
sera recherchée par la réalisation
des examens suivants :
– ECBU ;
– hémocultures ;
– radiographie du thorax.
Sa présence constitue toujours un
facteur de mauvais pronostic.
Les autres indices de mauvais pro-
nostic sont :
– l’hypoventilation alvéolaire avec
acidose respiratoire. Elle est due à
la dépression respiratoire centrale,
à la défaillance des muscles respi-
ratoires, à l’obstruction des voies
aériennes supérieures (macroglossie)
et à une bronchopathie ;
– la défaillance hémodynamique liée
à une insuffisance cardiaque consé-
cutive à une diminution de la contrac-
tilité myocardique. Elle est d’autant
plus grave si elle s’associe à une
bradycardie marquée. Cependant,
ce tableau est rare en l’absence de
cardiopathie préexistante en raison de
l’hypométabolisme basal. Un épan-
chement péricardique est en revanche
fréquent, mais en général sans reten-
tissement hémodynamique ;
– l’hypothermie profonde < 30 °C ;
– un surdosage médicamenteux pou-
vant à la fois précipiter la décompen-
sation du myxœdème et aggraver le
pronostic du coma (psychotropes
sédatifs, drogues à visée cardiovas-
culaire).
Une évolution défavorable survient
dans 30 à 40 % des cas, notamment
chez les sujets âgés. Le décès est en
général lié à des complications infec-
tieuses, une défaillance polyviscérale,
ou des complications cardiovas-
culaires dominées par la décompen-
sation coronarienne ou un trouble
du rythme paroxystique précipités
par le traitement compensateur en
hormones thyroïdiennes.
Traitement
Les mesures générales comportent le
maintien en unité de soins intensifs
avec monitorage thermique, cardio-
respiratoire et hémodynamique et
traitement des infections intercur-
rentes.
Le maintien d’un état ventilatoire
correct est le premier objectif: liberté
des voies aériennes, oxygénothéra-
pie nasale, voire ventilation assistée
en cas d’hypoxie ou d’hypercapnie
décompensée avec acidose.
Le réchauffement progressif sera
obtenu par des couvertures ou un lit
fluidifié chauffant. La correction de
l’hypothermie et la substitution en
hormones thyroïdiennes aideront à
lever les résistances périphériques et
permettront de restaurer la volémie.
On évitera un réchauffement trop
rapide qui comporterait un risque de
collapsus et de troubles du rythme
cardiaque.
Le remplissage vasculaire est prudent,
sous monitorage hémodynamique
intensif dans les formes graves (sur-
veillance de l’index cardiaque et des
résistances systémiques ou de la
VO2max) : la dopamine est le seul
vasoconstricteur préconisé du fait
d’une diminution de la sensibilité
des récepteurs adrénergiques.
La correction progressive de l’hypo-
natrémie sera obtenue par une res-
triction hydrique modérée et par une
perfusion prudente de soluté salé
hypertonique (50 à 100 ml de NaCl
à 5 %) en cas d’hyponatrémie infé-
rieure à 110 mmol/l à l’origine de
crises comitiales.
Le maintien d’apports énergétiques
suffisants (en particulier d’hydrates
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en endocrinologie, diabétologie
et maladies métaboliques
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