Union Populaire Républicaine | UPR
L’union du peuple pour rétablir la démocratie, en libérant la France de la prétendue union européenne, de l'OTAN et de l'euro
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C’est aussi lorsque l’on regarde comment passer du système actuel au Système Monétaire Souverain que le bât
blesse. En effet, du jour au lendemain, les banques commerciales ne pourront plus créer de monnaie, certes, mais
il faut aussi remplacer le stock de monnaie anciennement créée par les banques commerciales qui n’est pas de la
monnaie dite "centrale".
Pour le remplacement de l’ancienne monnaie, les banques commerciales devraient au fur et à mesure la déposer
dans un compte appelé compte de transaction qui réside à la banque centrale. La banque centrale fournirait à la
place de la monnaie dite centrale. La banque centrale détiendrait une créance sur les banques commerciales qui
devraient rembourser cette "conversion liability", qu’on traduirait littéralement par "un passif de conversion" mais
qui est en réalité "une dette de conversion".
Dans le cas de l’Islande, cela représenterait, d’après le rapport, 450 milliards de couronnes islandaises (environ 3
milliards d’euros), ce qui est peu.
Dans le cas de la France, la note serait beaucoup plus salée pour les banques commerciales. La taille des dépôts
est d’environ un an de PIB, soit 2 500 milliards d’euros. Même remboursé sur 10 ans, cela représenterait des
montants colossaux, de l’ordre par exemple de 300 milliards pour la Société Générale en 2014 [4], soit 30 milliards
par an en 10 ans. Étant donné que son résultat avant impôts est de l’ordre 3 milliards d’euros et que ses revenus
dans un tel système tendraient à diminuer, on voit mal comment la Société Générale pourrait rembourser la banque
centrale en moins de 100 ans...
Le rapport ne parle pas, par ailleurs, de couverture de ces prêts. En cas d’un défaut d’une banque, cela amènerait
une pure perte pour la banque de France, qui verrait alors son bilan se dégrader considérablement et un franc qui
serait aussi considérablement amoindri.
De plus, le rapport parle d’un taux payé sur ces dettes de conversions. Or pour ce genre de tailles, il n'existe pas
de taux de marché. Il faut donc inventer un taux. Imposer un taux pour une maturité de 10 ans (par exemple) sur
une taille pareille créerait des distorsions de marché, telles qu'on n'en a jamais expérimentées. Cela ressemble fort
à un "saut dans le noir".
En guise de conclusion, ce rapport comporte de nombreux aspects très intéressants théoriquement, mais qui sont
difficilement applicables sous ce format dans le cas de la France étant donnés les montants déjà engagés par les
banques commerciales et la création monétaire proposée.
Nous verrons si l’Islande applique ce rapport, mais le processus de création monétaire pose en tout cas problème.
Nous pensons que la France doit d’abord tâcher de reprendre sa politique monétaire (taux de change, taux
d’intérêt) en revenant au franc. L’Islande a, elle, au moins le luxe de déjà posséder sa propre monnaie. La sortie
de l’UE permettrait aussi de monétiser une partie du déficit public par des prêts directs de la banque de France à
l’État, grâce à l’abrogation de l’article 123 du TFUE. Cependant, on ne peut pas monétiser l’intégralité de notre
dette, sous peine d’hyper-inflation. Cela n’a jamais été fait dans notre histoire puisqu’au maximum 30% de la
dette publique a été monétisée - et ce fut en temps de guerre.
Mais en tout état de cause, l’application de l’idée du rapport islandais se heurterait au problème de la trop grande
taille de la "conversion liability", qui serait essentiellement une dette fictive - puisque impossible à repayer - et
résulterait donc en un cadeau gigantesque fait aux banques (et financé par l’inflation, c'est-à-dire aux dépens des
résidents français).
Le contrôle de la création monétaire doit donc s’effectuer par d’autres moyens. Le plus évident est de remettre
l’État aux commandes, en nationalisant les banques commerciales les plus importantes.
Si l’on s’y refuse, il faut alors considérer d’autres mesures, pour éviter les excès bancaires et l’aléa moral, qui
doivent être clairement engagées : c’est le cas notamment de la séparation des banques de dépôt et des banques
d’investissement. Il n’est en effet pas admissible que les banques universelles puissent prendre des positions très
risquées sur les marchés financiers alors qu’elles "jouent" avec les dépôts, puisqu’elles savent que l’État sera là
pour les sauver. Il faut également renforcer les règles prudentielles type Bâle III pour empêcher que les excès
d’exposition de certaines banques aux crédits et réduire les comportements pro-cycliques.
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