Civilisations de l’Asie Orientale
I. Cadre naturel et chronologique
1. Introduction
Beaucoup de pays ont connu au 20e siècle une distorsion démographique de laquelle découle
une crise d’identité. Celle-ci s’exprime dans certains pays d’Asie par un intérêt particulier porté à
l’Histoire : la Corée et le Vietnam ont ainsi cherché à prouver leur « indépendance historique ». Ce
recours à l’histoire peut aussi cacher une critique adressée à des gouvernements la liberté de
pensée n’est pas encore totale. En Chine par exemple, certains articles ou essais traitant de l’histoire
du pays cachent en fait une critique du régime en place.
De plus, alors qu’en Europe coexistent deux systèmes, une histoire sainte et une histoire locale
désacralisée, en Asie l’histoire est sacrée.
2. Chronologie générale
La période qui s’étend de 800 à 400 BC marque un saut en avant dans l’histoire des
civilisations, aussi bien dans l’Europe méditerranéenne qu’en Inde du Nord et en Chine, caractérisé
par la « conscience de la conscience ». Les changements des techniques de production entraînent un
changement de l’organisation des sociétés puis de la spiritualité. De grands ensembles politiques
émergent. En Asie, en 221 BC, l’Empire chinois est unifié sous les Qin
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, par élimination des rois
locaux, remplacés par des délégués et des préfets. Cette dynastie instaure des lois si rigoureuses
qu’elle survit peu de temps à la disparition de son fondateur Qin Shi Huangdi. La grande
muraille est érigée en protection contre les peuples d’Asie centrale. Ce grand empire à caractère
universel est fondé sur la capacité à gouverner sur des populations de mœurs différentes. Il marque
la naissance de pensées et d’idéologies nouvelles : on instaure le culte du ciel par le souverain, qui
acquiert un caractère sacré. Le culte du père et des ancêtres, base de l’idéologie d’Etat, est transféré
sur le culte du souverain, roi et grand prêtre. L’extension des relations commerciales qui découle de
cette unification entraîne un mélange de populations et l’importation du bouddhisme, fait capitale
dans l’histoire de la Chine ancienne et la modification de ses manières de penser.
L’Empire des Han fait suite à celui des Qin en 202 BC, et s’effondrera en 220 AD. De 300 à
600, le confucianisme donne naissance à une nouvelle idéologie politique. La Corée, le Japon, le
Vietnam émergent en tant que royaumes indépendants s’émancipant plus ou moins de la culture
chinoise.
De 600 à 900, l’Europe vit selon les gles de la féodalité. Charlemagne échoue dans sa
tentative de rebâtir un Empire à l’image de celui de Rome. En 700, l’Islam rompt l’unité du monde
occidental : une séparation entre le Nord et le Sud s’installe qui marquera les relations et les conflits
pour de nombreux siècles. En Chine, les Tang (618-906) succèdent aux Sui (581-618). C’est la
renaissance d’un empire puissant, qui contrôle la route de la soie et la propagation du bouddhisme.
Une nouvelle organisation administrative, basée sur le système des concours, et une force militaire
puissante, sont mises en place. Le commerce entre l’Orient et l’Occident se fait au profit des pays
d’Asie, ce que certains considèrent comme une perte monétaire dangereuse. L’Islam coupe à cette
époque ces voies commerciales et impose à l’Europe des taxes insupportables.
Les Tang établissent un équilibre entre seigneurs locaux et pouvoir central, qui servira de
modèle pour le Japon ou les populations soumises Viet (code de lois du 11e s.). Leur civilisation et
celle du califat de Bagdad sont alors bien supérieures à celles d’Europe, qui organiseront les
croisades comme un moyen de défense. Le déclin chinois s’amorce quand l’équilibre entre
puissance administrative et production économique est rompue du fait de dirigeants décadents.
La Chine du 10e siècle est divisée entre de petits Etats. Les Song (960-1279) dirigent un
empire bien différent de celui des Tang, plus chinois. C’est l’apogée de la civilisation chinoise
classique, dans les domaines techniques (oléoducs en bambou, artillerie, plans cadastraux) et
spirituels (une synthèse philosophique donne naissance à la conception actuelle du confucianisme).
La floraison des arts renforce le prestige de la Chine, qui ne retrouve cependant pas ses anciennes
frontières.
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Le nom de « Chine » viendrait de cette première dynastie.
Les invasions du Nord annexent la Chine au gigantesque empire mongol, qui à la fin du 13e
siècle s’étend de la Corée à la Pologne, du Vietnam à l’Egypte, en passant par les étendues russes,
perses et du Nord de l’Inde : c’est la dynastie Yuan (1271-1368), qui adopte le néo-confucianisme
et amène les échanges commerciaux à un niveau inégalé. Mais elle est balayée par une révolution
au 14e siècle pour ne pas s’être assez sinisée et intégrée aux mœurs de la population. L’Occident
connaît des rénovations basées sur les Etats nationaux. On assiste à une bifurcation des civilisations.
La Chine effectue une synthèse du bouddhisme, du confucianisme et du taoïsme dans le néo-
confucianisme, qui proclame une cosmologie et un ordre général qu’on ne peut perturber. Toute
activité est assujettie à ce système. L’Europe connaît une séparation nette entre le laïc et le
religieux : le développement scientifique se fait hors de la sphère religieuse. Thomas d’Aquin
concilie la raison et la foi en considérant la science comme une vue partielle de la vérité divine.
Le 14e siècle voit la restauration d’un vrai empire chinois, celui des Ming (1368-1644), d’une
superficie toujours inférieure à celui des Tang. L’Asie du 10e au 17e siècle est agitée de nombreuses
frictions : en Asie Centrale, consécutivement aux différentes périodes d’importation du
bouddhisme, en Asie du Nord, les guerres avec les Mongols sont périodiques du 15e au 18e
siècle. Du 14e au 18e siècle, le Tibet représente un enjeu entre les Mongols et les Chinois. Ceux-ci
se désintéressent des mers et des côtes orientales, à une époque les Européens les contournent.
De naît la fausse idée de l’isolement de la Chine, trop occupée à combattre les pouvoirs rivaux
continentaux. Au 16e siècle émerge une littérature contestataire des institutions en place. Les
royaumes coréen, vietnamien et japonais profitent des difficultés de restauration chinoise.
La dynastie mandchoue Qing (1644-1912) s’installe sur le trône de Chine. Cette caste
dominatrice étrangère, malgré un essai de sinisation (empereurs lettrés), entraîne un blocage
politique et un retard de développement, alors qu’au même moment l’Europe connaît un dynamisme
sans précédent par la confrontation d’Etats mercantiles. Les 17e et 18e siècles voient cependant
l’émergence du mythe du sage chinois, en même temps que celui du bon sauvage d’Amérique.
2. Géographie de l’Asie orientale I,
L’Asie orientale regroupe le Japon, la Corée, la Chine, Taiwan et le Vietnam. L’ensemble de
ces pays présente des facteurs d’unité :
- Tout d’abord, il s’agit d’une aire culturelle, correspondant au rayonnement de la civilisation
chinoise, dans laquelle une même écriture, facteur d’unité important, s’est imposée.
- Ensuite, ces pays sont liés par un fait culturel : il s’agit de l’« aire des baguettes ».
- De plus, il existe une unité physique par le fait d’un phénomène climatique spécifique : la
mousson, qui caractérise l’« Asie des moussons ».
- Enfin, la combinaison du génie extrême-oriental et de ce phénomène de la mousson a
entraîné le développement d’une agriculture fondée sur la riziculture intensive.
Tout ceci ne doit pas faire oublier les faits spécifiques à chaque pays et les phénomènes de
diversité qui les caractérisent.
1. Le dispositif géographique
L’Asie orientale est la terre des extrêmes, des 8.000 mètres de l’Himalaya aux 10.000 mètres
de profondeur des fosses du Japon. Sur une superficie égale à celle de l’Europe (10,6 millions de
km²), sa population est cependant double (2 milliards d’habitants). Il faut y ajouter 5 millions de
km² d’espace maritime d’une importance significative.
Ces caractéristiques s’inscrivent dans une formidable dissymétrie, le continent chinois
représente 90% de la superficie. C’est aussi un ensemble extrêmement diversifié, s’articulent
quatre grands domaines morphologiques :
- l’énorme masse continentale Chine-Tibet (9,6 millions de km²), ensemble physique lui-
même diversifié.
- deux espaces péninsulaires, la Corée (220.000 km²), et le Vietnam (330.000 km²) situé à la
lisière orientale de la péninsule indochinoise : ce sont des projections du continent vers la
mer.
- la guirlande insulaire qui s’étend de l’archipel nippon à Taiwan (400.000 km²). Elle
appartient à la ceinture de feu du Pacifique qui parcourt l’Amérique et se prolonge jusqu’aux
Philippines, et qui s’explique par le jeu des plaques sous-marines de l’Océan et des plaques
continentales de Chine. Elle se caractérise par des séismes et des éruptions volcaniques.
- les espaces maritimes (5 millions de km²).
a) La masse continentale (9,6 millions de km²)
Il est commode de distinguer la succession de trois macro-paliers de l’est à l’ouest :
- le macro-palier occidental, occupé par l’espace tibétain (3 millions de km²), situé entre
3.000 et 8.000 m d’altitude. A l’ère tertiaire, l’île indienne remonte de l’hémisphère Sud en
direction de la plaque tibétaine : à la fin de cette ère, les deux plaques se télescopent par
subduction. Actuellement, le Tibet continue à s’élever et le plateau indien glisse vers la
Chine du Sud, à l’origine de nombreux tremblements de terre.
- le plateau inférieur au nord et à l’est du premier ensemble, qui englobe celui-ci (4 millions
de km²). Sa morphologie très diversifiée et unique au monde en fait une zone très
touristique.
- l’Est est caractérisé par la succession de plaines au nord, de moyennes montagnes et de
collines vers le sud, qui s’élèvent jusqu’à 1.000 m d’altitude (3 millions de km²). Cet
ensemble regroupe la totalité des plaines chinoises, en grande partie dans son nord. Celles-ci
présentent une forte dissymétrie dans leur peuplement.
Les trois paliers sont recoupés par des fleuves immenses, en particulier le Fleuve jaune
(Huang He, 4.845 km) au nord et le Yangzi Jiang (5.980 km) au centre.
b) Les péninsules (550.000 km²)
Le Vietnam juxtapose brutalement plusieurs ensembles : une ligne intérieure continue de
reliefs (de 1.000 à 2.000 m) constitués de hauts plateaux, et un liseré de plaines littorales dont les
deux extrémités sont constituées de deltas fluviaux, celui du Fleuve rouge (Sông Hông, 1.200 km)
au nord qui porte Hanoi, et celui du Mékong (4.200 km) au sud qui porte Chi Minh-ville
(anciennement Saigon). On peut comparer la géographie du pays à une palanche
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de riz.
La Corée, de la taille de l’Italie, est excessivement montagneuse. Il existe une nette
dissymétrie entre le Nord-Est montagneux et massif qui plonge directement dans la mer, et le Sud-
Ouest qui porte les seules plaines importantes.
c) La guirlande insulaire nippone (400.000 km²)
Elle se compose de milliers d’îles. Les quatre îles fondamentales du Japon sont : au Nord, en
contact avec la Sibérie, Hokkaidô, puis l’île principale de Honshû, et enfin Shikoku et Kyûshû. Il
faut leur ajouter Taiwan (36.000 km²).
L’archipel nippon, sur une superficie aux ⅔ de celle de la France, est riche d’une morphologie
extrêmement varié. C’est un espace aux ¾ montagneux. Les moyennes montagnes de type chinois
sont abondantes (Alpes japonaises). Plus de 30 sommets dépassent les 3.000 m. Mais il existe aussi
de formidables appareils volcaniques tous susceptibles d’entrer en éruption. Le paysage japonais est
caractérisé par sa beauté et la violence de sa nature (séismes, volcans) et de son climat. A côté de
ces reliefs s’insèrent un chapelet de petites plaines ouvertes sur le Pacifique, dont le Kantô, se
trouve Tôkyô, et qui regroupe sur 15.000 km² la base économique du Japon.
d) Les espaces maritimes (5 millions de km²)
L’Asie orientale compte quatre grandes mers, du nord au sud : la mer du Japon (entre la Corée
et le Japon), la mer Jaune (entre la Chine et la Corée), la mer de Chine orientale (entre Shanghai,
Shikoku et Taiwan), et la mer de Chine méridionale (qui borde la Chine, Taiwan, les Philippines et
l’Indochine). Cette « méditerranée asiatique » a eu une formidable importance historique : elle a été
le lieu d’échanges internationaux, commerciaux et humains, pendant 2.000 ans. Encore récemment,
c’est par elle que s’est faite la diaspora chinoise (40 millions de personnes), ou que se sont enfuis
les boat-people. Mais elle a aussi été le théâtre de nombreux conflits.
2
La palanche est une tige de bois, droite ou légèrement arquée, utilisée pour porter, sur l’épaule, deux charges
accrochées à chacune des extrémités.
La mer est aussi un formidable pourvoyeur de ressources. Le Japon est réellement une
civilisation de la mer sur le plan des ressources alimentaires. Avec Taiwan, il est l’inventeur de
l’aquaculture. Les chantiers navals de l’Asie orientale prennent le relais des chantiers européens.
2. Un mécanisme climatique spécifique : la mousson
a) Les vents de mousson
Le mot mousson vient de l’arabe mausim, « saison ». La navigation arabe a en effet été la
première à découvrir ce phénomène de vents saisonniers alternés favorables pour elle : en hiver, les
courants de mousson entraînaient les bateaux vers l’Extrême-orient, et les ramenaient en Arabie en
été. Les Chinois l’appelle jifeng, les Japonais kisetsu , les Vietnamiens gió mua (ces trois termes
signifiant « vents saisonniers »), et les Coréens chang ma pluie saisonnière »).
La mousson se caractérise par un renversement saisonnier des pressions atmosphériques et des
vents. En hiver, des vents froids et secs soufflent du continent sibérien vers les espaces océaniques.
En été au contraire, des vents chaud et humide remontent de l’océan inter-tropical vers le continent.
On réserve parfois le terme de « mousson » à la seule mousson d’été, humide, dont l’importance est
primordiale sur la vie humaine, agricole essentiellement. Ce transfert massif des pluies et de la
chaleur inconnu en Europe, entraînant une unification thermique de l’Asie orientale et des pluies
générales, est idéal pour l’agriculture traditionnelle. C’est un facteur essentiel de la généralisation
de la riziculture intensive.
La Chine se trouve sur la latitude des grands déserts mondiaux : désert mexicain, Sahara,
désert afghan… Or, le désert est ici repoussé en Asie centrale grâce à la mousson. Au lieu d’une
coupure entre le nord et le sud de la Chine, cette région est la plus riche du pays et porte près de 400
millions d’habitants.
b) Les typhons
Un autre phénomène caractérise le climat de l’Asie orientale : les typhons. Cette manifestation
de vents dévastateurs porte différents noms de par le monde : « ouragan » aux Caraïbes et en
Floride (de l’arawak huracan, qui a aussi donné le hurricane anglais), « cyclone » dans l’Océan
indien, touchant la Réunion, l’île Maurice, Madagascar (du grec kukloma, de kuklos, cercle ou
mouvement circulaire), « baguio » des Philippines, « typhon » du Pacifique occidental. Les Chinois
l’appellent taifeng grand vent »), taifû en japonais. Ce mécanisme normal plus ou moins violent,
qui sévit du début de l’été jusqu’en novembre, consiste en la formation d’un centre de dépression
tropical gigantesque qui aspire l’eau de mer et la vapeur d’eau dans un mouvement de tourbillon. Il
affecte une aire à peu près circulaire de 50 à 200 km de rayon, la vitesse des vents en rotation
pouvant aller jusqu’à 300 km/h. Au centre, « l’œil du cyclone », zone de calme, atteint jusqu’à 40
km de diamètre. Se déplaçant rapidement vers l’ouest ou le nord-ouest, les typhons ravagent les
archipels ou régions côtières du continent. On peut relever quatre ou cinq trajectoires principales, du
nord vers le sud :
- trajectoire septentrionale, touchant le Japon central et méridional.
- trajectoire atteignant la Chine du sud-est (Taiwan et Fujian).
- trajectoire touchant la Chine méridionale (Canton et Hainan).
- trajectoire aboutissant au Vietnam du nord et du centre.
Les typhons ont un double effet dévastateur, qui combine celui du vent et celui des pluies. En
effet, lorsque les vents atteignent les côtes, toute la pluie contenue s’abat d’un seul coup sur des
régions qui sont les principales zones peuplées. La quantité d’eau déversée peut être double des
pluies annuelles à Paris. A cela s’ajoute encore des raz-de-marée déferlants : le sel qu’ils déposent
dans les rizières détruit les récoltes. Récemment, le 23 septembre 2000, un typhon soufflant à 200
km/h a ravagé la ville de Nagoya. Des centaines de milliers de maisons ont été détruites au Japon
depuis l’après-guerre.
Néanmoins, les typhons peuvent être bénéfiques : les plus petits d’entre eux apportent en
automne les ressources en eau nécessaires pour la deuxième récolte de riz, quand la mousson ne
suffit plus à alimenter les rizières.
3. Géographie de l’Asie orientale II,
le volet humain
1. La riziculture intensive
L’Asie orientale est l’univers de la rizière. La riziculture n’est pas uniquement un fait cultural,
mais aussi culturel. C’est un véritable phénomène de civilisation. La mousson d’été répand jusqu’au
nord du Japon les éléments tropicaux : le riz, plante tropicale, est cependant impensable en dehors
du Sud Vietnam sans l’intervention humaine de l’irrigation. C’est en cela que l’on peut parler de
fait de civilisation.
La riziculture extrême-orientale est fille de la mousson, du labeur des femmes et du génie des
hommes. Un hectare de riz fournit autant de calories que cinq hectares d’élevage. C’est une culture
peuplante, accompagnée de fortes densités de populations. Le riz nourrit beaucoup mais nécessite
une main-d’œuvre importante. La riziculture, fruit de plusieurs millénaires d’inventions techniques,
est le système de production pré-industriel le plus développé au monde.
Au 3e siècle av. J.-C. est inventé le repiquage, généralisé au 5e siècle apr. J.-C., qui évite de
semer directement. Il entraîne une économie de semence et une débauche de main-d’œuvre. On
sème tout d’abord dans une pépinière grain par grain selon une forte densité. Le repiquage de plants
solides de 40 cm intervient un mois après dans une surface de rizières cinq fois plus grande.
Pendant ce premier mois (mai-juin), les rizières libres permettent de terminer une culture précédente
(culture d’hiver de blé semé en automne).
On assiste au 7e siècle à une augmentation considérable du stock alimentaire, qui
s’accompagne de la domestication de nouvelles variétés de riz sauvage : en Chine du Sud, le riz
hâtif, mûr en 100 jours au lieu de 180, permet plusieurs cultures de riz successives : un riz hâtif plus
un riz de saison. Enfin, en 1960, la révolution verte voit la mise au point d’un riz de haut rendement
et de forte résistance.
La construction de réservoirs d’eau va permettre la mise au point d’un calendrier d’irrigation
(qui utilise des roues à godets) extrêmement rigoureux. Cette construction s’accompagne de
l’édification de réseaux de canaux hiérarchisés, qui vont commander à l’organisation du village
(spécialement au Nord Vietnam), du district, de la province et de l’Etat. Un historien a pu ainsi
qualifier la Chine de société hydraulique, mais ceci est plus vrai du Nord Vietnam.
La riziculture reste encore un facteur d’identité profond de l’Asie orientale, malgré le
développement du fait urbain.
2. Populations et peuplements
a) La géographie du peuplement : les grands foyers
L’Asie orientale compte plus d’un milliard et demi d’habitants, c.-à-d. le quart de l’Humanité,
dont plus des vivent en République Populaire de Chine. Un caractère commun et fondamental de
ces peuplements est l’énorme accumulation dans les seules plaines, souvent réduites (en moyenne
de 1.000 à 2.000 habitants ruraux au km²). La raison en est la localisation exclusive de la riziculture.
Le Vietnam comprend deux plaines fondamentales qui regroupe plus des ⅔ de la population :
- le delta du Mékong au sud : grande riziculture commerciale (pas de repiquage).
- le delta du Fleuve rouge au nord : riziculture intensive typique. Cette région revendique les
principales inventions de la riziculture.
La Chine présente un phénomène comparable sur des échelles multipliées :
- au nord, la plaine du Fleuve jaune compte 300 millions d’habitants. Cette accumulation de
populations n’est pas liée à la riziculture, mais correspond au foyer de veloppement de la
civilisation chinoise des Han.
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