Les invasions du Nord annexent la Chine au gigantesque empire mongol, qui à la fin du 13e
siècle s’étend de la Corée à la Pologne, du Vietnam à l’Egypte, en passant par les étendues russes,
perses et du Nord de l’Inde : c’est la dynastie Yuan (1271-1368), qui adopte le néo-confucianisme
et amène les échanges commerciaux à un niveau inégalé. Mais elle est balayée par une révolution
au 14e siècle pour ne pas s’être assez sinisée et intégrée aux mœurs de la population. L’Occident
connaît des rénovations basées sur les Etats nationaux. On assiste à une bifurcation des civilisations.
La Chine effectue une synthèse du bouddhisme, du confucianisme et du taoïsme dans le néo-
confucianisme, qui proclame une cosmologie et un ordre général qu’on ne peut perturber. Toute
activité est assujettie à ce système. L’Europe connaît une séparation nette entre le laïc et le
religieux : le développement scientifique se fait hors de la sphère religieuse. Thomas d’Aquin
concilie la raison et la foi en considérant la science comme une vue partielle de la vérité divine.
Le 14e siècle voit la restauration d’un vrai empire chinois, celui des Ming (1368-1644), d’une
superficie toujours inférieure à celui des Tang. L’Asie du 10e au 17e siècle est agitée de nombreuses
frictions : en Asie Centrale, consécutivement aux différentes périodes d’importation du
bouddhisme, en Asie du Nord, où les guerres avec les Mongols sont périodiques du 15e au 18e
siècle. Du 14e au 18e siècle, le Tibet représente un enjeu entre les Mongols et les Chinois. Ceux-ci
se désintéressent des mers et des côtes orientales, à une époque où les Européens les contournent.
De là naît la fausse idée de l’isolement de la Chine, trop occupée à combattre les pouvoirs rivaux
continentaux. Au 16e siècle émerge une littérature contestataire des institutions en place. Les
royaumes coréen, vietnamien et japonais profitent des difficultés de restauration chinoise.
La dynastie mandchoue Qing (1644-1912) s’installe sur le trône de Chine. Cette caste
dominatrice étrangère, malgré un essai de sinisation (empereurs lettrés), entraîne un blocage
politique et un retard de développement, alors qu’au même moment l’Europe connaît un dynamisme
sans précédent par la confrontation d’Etats mercantiles. Les 17e et 18e siècles voient cependant
l’émergence du mythe du sage chinois, en même temps que celui du bon sauvage d’Amérique.
2. Géographie de l’Asie orientale I,
L’Asie orientale regroupe le Japon, la Corée, la Chine, Taiwan et le Vietnam. L’ensemble de
ces pays présente des facteurs d’unité :
- Tout d’abord, il s’agit d’une aire culturelle, correspondant au rayonnement de la civilisation
chinoise, dans laquelle une même écriture, facteur d’unité important, s’est imposée.
- Ensuite, ces pays sont liés par un fait culturel : il s’agit de l’« aire des baguettes ».
- De plus, il existe une unité physique par le fait d’un phénomène climatique spécifique : la
mousson, qui caractérise l’« Asie des moussons ».
- Enfin, la combinaison du génie extrême-oriental et de ce phénomène de la mousson a
entraîné le développement d’une agriculture fondée sur la riziculture intensive.
Tout ceci ne doit pas faire oublier les faits spécifiques à chaque pays et les phénomènes de
diversité qui les caractérisent.
1. Le dispositif géographique
L’Asie orientale est la terre des extrêmes, des 8.000 mètres de l’Himalaya aux 10.000 mètres
de profondeur des fosses du Japon. Sur une superficie égale à celle de l’Europe (10,6 millions de
km²), sa population est cependant double (2 milliards d’habitants). Il faut y ajouter 5 millions de
km² d’espace maritime d’une importance significative.
Ces caractéristiques s’inscrivent dans une formidable dissymétrie, où le continent chinois
représente 90% de la superficie. C’est aussi un ensemble extrêmement diversifié, où s’articulent
quatre grands domaines morphologiques :
- l’énorme masse continentale Chine-Tibet (9,6 millions de km²), ensemble physique lui-
même diversifié.
- deux espaces péninsulaires, la Corée (220.000 km²), et le Vietnam (330.000 km²) situé à la
lisière orientale de la péninsule indochinoise : ce sont des projections du continent vers la
mer.
- la guirlande insulaire qui s’étend de l’archipel nippon à Taiwan (400.000 km²). Elle
appartient à la ceinture de feu du Pacifique qui parcourt l’Amérique et se prolonge jusqu’aux