TCHAÏKOVSKI Concerto pour piano et orchestre n°1
Dans les années 1870, Tchaïkovski est un des premiers
compositeurs russes à connaître le succès musical international,
à la fois en Europe et en Amérique. Pourtant, ce succès fut tout
sauf unanime, tant la critique éreinta sa musique, la dégradant
même au rang de kitsch sentimentaliste, pour ne pas dire de futile
bavardage. Maintenant que le Concerto pour piano en si bémol
mineur op. 23 est devenu l’irremplaçable cheval de bataille des
pianistes, il semble rétrospectivement presque grotesque que le
compositeur ait dû défendre son concerto contre le verdict plus
que sévère de son mentor Nikolaï Rubinstein.
À la n de 1874, alors que le compositeur avait presque terminé
sa partition, il ne faisait pas de doute – comme il l’écrit à son
frère Modest en novembre – que ce serait Nikolaï Rubinstein
qui créerait l’œuvre. Ce dernier avait aidé Tchaïkovski lors des
temps de disette, lui procurant un poste de professeur de piano au
Conservatoire de Moscou. Mais lorsqu’il lui joua son concerto en
décembre 1874, Tchaïkovski fut atterré par la réaction de son ami
pianiste : je jouais le premier mouvement sans qu’il prononçât
une seule parole… Je trouvais la force de jouer l’ensemble du
concerto sans que Rubinstein ne sortît de son mutisme. Alors ? lui
demandais-je, lorsque je levais les mains du clavier. C’est alors
qu’un ot de paroles sortit de la bouche de Rubinstein. Il me dit
que mon concerto était sans valeur, totalement injouable. Une
composition déplorable, triviale et vulgaire. (Lettre à Nadejda
von Meck, 21 janvier 1878)
Sans savoir que ce serait Rubinstein qui, ayant changé d’avis,
rendrait son concerto célèbre, Tchaïkovski raya tristement le
nom de son ami de la dédicace, pour le remplacer par celui de
Hans von Bülow, créateur avec un immense succès de l’œuvre
le 25 novembre 1875 à Boston. Dans la foulée l’accueil fut
dithyrambique partout où Nikolaï Rubinstein la joua, notamment
à Paris en 1878 où dès la quatrième soirée, le public bissa
l’œuvre. Depuis, sa popularité ne s’est jamais démentie.
Sa richesse mélodique, mais aussi l’audace et l’énergie avec
lesquelles le compositeur expérimente sur la forme y sont,
très certainement, pour beaucoup.
RAVEL Pavane pour une infante défunte / Rhapsodie espagnole
Daphnis et Chloé, Suite n°2
À l’origine conçue en 1899 pour le piano, la Pavane pour
une infante défunte est dédiée à la princesse de Polignac, lle