SOMMAIRE ET RECOMMANDATIONS
L’Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP) partage l’objectif de réduction
de coûts liés aux médicaments visé par le gouvernement avec le projet de loi 81 (PL 81). Toutefois,
forte de l’expérience de ses 2 048 membres qui exercent en officine, l’AQPP estime que les
bénéfices espérés du processus d’appels d’offres ne compensent pas les nombreux risques et
inconvénients anticipés, et qu’il existe d’autres approches plus prometteuses.
Attention : perturbation majeure du modèle économique de la pharmacie
Il est impératif de rappeler le contexte pour le moins instable dans lequel se trouvent les
pharmaciens communautaires au moment où est présenté ce projet de loi. Les pharmaciens ont
déjà accepté de bonne foi de contribuer à l’effort budgétaire du gouvernement. En juin 2015, ils
ont signé avec le ministère de la Santé et des Services sociaux une entente par laquelle ils
acceptaient de réduire leurs honoraires de 400 M$ sur trois ans. Depuis le début des
compressions, près de 50 M$ ont ainsi été versés mais le déplafonnement des allocations
professionnelles, la mesure d’atténuation convenue dans l’entente signée par le ministre, n’a
toujours pas été mis en place, plus de cinq mois après le début des ponctions et huit mois après
que l’entente ait été approuvée. Rappelons que la totalité de ces allocations professionnelles est
réinvestie en services aux patients, permettant ainsi au pharmacien de jouer un rôle actif dans le
désengorgement de la première ligne de soins du système de santé.
Avec l’instauration d’une procédure d’appels d’offres, les allocations professionnelles
deviendraient en partie caduques. Elles font toutefois partie intégrante de la rémunération
globale des pharmaciens et sont essentielles pour maintenir des services de proximité aux
patients et assurer la viabilité des pharmacies. Sans allocations professionnelles, les honoraires
versés par la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) ne pourraient être maintenus à
leur niveau actuel.
Si le gouvernement choisit d’aller de l’avant avec son projet de loi, l’AQPP insistera pour que les
manques à gagner financiers causés par le PL 81 soient compensés adéquatement afin de
permettre aux pharmacies de préserver l’offre de services pharmaceutiques de première ligne
pour les patients.
Pénurie de médicaments et autres conséquences
Plusieurs risques bien réels pour les patients ont été identifiés par l’AQPP, à commencer par la
pénurie de médicaments. À titre d’exemple, la Nouvelle-Zélande, où les appels d’offres sont en
vigueur, a dû y faire face pour 14 médicaments au cours des 15 derniers mois, ces médicaments
étant consommés au Québec par près de 775 000 patients assurés du régime public. Ce sont aussi
les patients qui feraient les frais lors de changements de marques et d’apparence des