Développement : 512 thèmes en débat
Avant-propos
La place occupée dans la politique étrangère par les problèmes relatifs au développement est
importante non seulement en raison du rôle historiquement joué par la France auprès des pays
du Sud, mais aussi parce que ces problèmes interfèrent dans tous les grands sujets
internationaux : paix, sécurité, environnement, immigration, emploi, croissance
économique… « Notre diplomatie doit y accorder une part essentielle car l’inégalité dans le
développement est la cause première des tensions » (Charles Josselin, le 25 avril 2000 à
l’Assemblée nationale).
L’intérêt accordé aux questions de développement s’est particulièrement manifesté à Paris
pendant la semaine du 26 au 30 juin 2000 durant laquelle se sont tenues trois manifestations
importantes sur le développement (avec la Banque mondiale, le PNUD et l’Union
européenne). Le Sommet du G8 à Okinawa (juillet 2000), le Sommet du millénaire à New
York (septembre 2000) et la présidence française de l’Union européenne (second semestre
2000) seront d’autres occasions de présenter nos thèses, de mettre en valeur nos acquis et de
contribuer à la recherche de solutions aux drames du développement inégal.
La DGCID a souhaité présenter les principaux débats sur les stratégies de développement qui
se tiennent tant dans les instances internationales qu’au sein des milieux scientifiques. Elle a
donc demandé à une équipe d’universitaires de présenter un état des lieux de la pensée sur le
développement, de tracer les cheminement intellectuels, d’éclaircir les concepts utilisés et de
présenter les thèses concurrentes mises en avant.
Les auteurs appartiennent au groupement d’intérêt scientifique GEMDEV (Groupement
Économie mondiale, Tiers Monde et Développement) qui a été constitué autour de 50
laboratoires et formations doctorales de la région de l’Ile-de-France et qui réalise des cycles de
conférences sur des thèmes transversaux de développement dans une perspective
pluridisciplinaire.
Ce travail a une vertu pédagogique. Il n’est pas simple pour autant. Le développement est en
effet un carrefour très fréquenté, une discipline qui associe diverses spécialités, et qui combine
subtilement théories, faits, mythes et pouvoirs. L’impression de confusion que certains
ressentent parfois est accentuée par la difficulté à démêler ce qui relève de la doctrine et ce qui
est du domaine de l’action. L’idéologie alterne avec le discours sur la pratique.
La présentation des travaux universitaires proposée dans ce document est encore partielle. Un
travail exhaustif exigerait un travail plus long et plus systématique, en direction notamment
des équipes de recherche françaises (universités, grands établissements publics de recherche...).
De surcroît, le champ couvert par les théories du développement étant très vaste, tous ses
aspects n’ont pas été traités. 12 thèmes ont été privilégiés, mais d’autres auraient pu l’être.
Le but de ce document est notamment de mettre en avant la pensée internationale et française,
dans sa diversité et dans son actualité. Il permet aujourd’hui d’identifier ce qu’il serait possible
d’appeler « une identité française en matière de développement », à partager avec les partenaire
du Sud comme avec les Européens. Cette identité s’enracine autour de quelques idées-forces.
La première est que le développement durable (pérenne, soutenable et viable) de l’économie
nécessite des règles du jeu. Elles concernent l’environnement, dimension vitale et richesse
potentielle. Les exigences d’une gestion assurant la protection et la transmission du patrimoine
naturel et de la « résilience » (capacité de reconstitution) aux générations futures imposent des