10 / Décembre 2016•
Les facteurs de risque identifiés
Les femmes, les travailleurs plus âgés et les personnes qui ont
de jeunes enfants sont plus susceptibles de faire du
présentéisme. « Lors d’une étude que nous avons menée en
milieu scolaire, les enseignantes, qui ont six jours de congé de
maladie par année, nous ont coné qu’elles préfèrent travailler
quand elles sont malades et garder leurs congés pour les
maladies de leurs enfants, précise M. Gosselin. C’est ce qui
explique que les employés avec de jeunes enfants font plus de
présentéisme. »
Les travailleurs qui achent un haut niveau de stress sont
également plus à risque de présentéisme. « Il s’agit d’un facteur
à double risques, car le stress augmente le risque d’être malade
et, une fois malade, il augmente le présentéisme », ajoute-t-il.
Les autres facteurs de risque sont les horaires de travail
variables, les fortes charges de travail, le faible contrôle sur son
travail, la culture d’assiduité au travail et la faible cohésion au
sein du groupe de travail. Enn, « les emplois en relation d’aide
sont plus touchés, mentionne Éric Gosselin. Les inrmières,
les enseignantes, les médecins, les travailleurs sociaux font plus
de présentéisme. On associe cela au fait que l’absence aura une
incidence sur la clientèle. »
Diagnostiquer avant l’absentéisme
Selon une étude américaine réalisée en 20032, la perte de
productivité liée au présentéisme coûterait plus de 225G$US
par année aux entreprises américaines, soit trois fois plus cher
que l’absentéisme. « Ce n’est pas parce que la personne est
présente au travail qu’elle fait bien son travail, explique
M.Gosselin. C’est pourquoi il faut changer les mentalités des
employeurs. L’absentéisme est devenu un indicateur insusant
pour évaluer la santé d’une organisation. De plus, les récentes
études ont démontré que le présentéisme d’aujourd’hui est un
facteur d’absentéisme futur. »
Mesurer le présentéisme peut se faire à l’aide d’un
questionnaire. « Certaines organisations utilisent les nouvelles
technologies et envoient un texto ou un courriel à leurs
employés chaque matin, pendant un mois, an de leur
demander s’ils sont malades, s’ils sont au travail et s’ils ont une
perte de productivité », relate Éric Gosselin.
Comment prévenir le présentéisme ?
Les moyens ecaces pour prévenir le présentéisme sont
essentiellement les mêmes que ceux utilisés pour prévenir
l’absentéisme. Les actions à prendre concernent la culture
d’entreprise, le style de gestion, le climat de travail,
l’organisation du travail et la promotion de la santé.
La jeune entreprise montréalaise de génie logiciel GSOFT,
qui est passée de 50 à plus de 200 employés en trois ans, n’y va
pas par quatre chemins. « Nous orons à nos employés des
vacances payées illimitées et des congés de maladie illimités,
annonce MarianneLemay, directrice Culture et Talent. Cela
ne signie pas qu’ils peuvent partir n’importe quand sans
prévenir. Il faut communiquer avec son équipe pour que cela ne
nuise pas au projet, à l’équipe et au client. » Les employés de
GSoft peuvent également prendre une année de congé sans
solde. « Un de nos employés est en train de faire le tour du
monde en voilier », précise Marianne Lemay.
En plus de stratégies telles le télétravail et l’installation
d’aires de détente, la société vient également de mettre en place
un programme d’aide aux employés. « Les gens auront accès en
tout temps à des psychologues qu’ils pourront appeler ou
rencontrer, explique Mme Lemay. Certaines personnes ont des
problèmes dans leur vie personnelle et nous voulons les aider
pour éviter le présentéisme ou l’absentéisme. »
Rencontrer l’équipe
Avec de telles mesures, rares sont les employés qui quittent
GSOFT, mais on pourrait craindre aussi une forte tendance au
présentéisme. Le constat est tout autre: « Les vacances
illimitées ont eu un impact important sur la performance,
explique Marianne Lemay. Auparavant, les heures
supplémentaires étaient payées. Les gens restaient donc plus
longtemps au bureau pour faire plus d’argent. Maintenant, les
gens font leurs 37,5 heures et sont beaucoup plus productifs
quand ils sont là. »
L’entreprise a également mis en place des mesures pour
détecter le présentéisme. « Chaque manager rencontre chacun
de ses employés une fois par mois pour lui demander comment
il se sent et s’il est productif, explique la responsable des
ressources humaines. Aussi, le gestionnaire et l’équipe ont un
grand rôle à jouer pour suggérer à un employé de travailler
moins tard ou de passer moins de temps au travail. Et lorsqu’on
constate qu’un employé n’a pas pris de vacances depuis
longtemps, on lui suggère d’en prendre. »
Éric Gosselin croit quant à lui que ces nouveaux modèles
orent des solutions pour lutter contre le présentéisme. « Plus les
gens seront bien au travail, moins ils auront de problèmes de
santé psychologique causés par l’organisation et moins ils feront
d’absentéisme et de présentéisme, dit-il. Actuellement, rien
n’oblige les employeurs à réduire le niveau de stress de leurs
employés, alors que des lois les obligent à réduire le niveau de
danger physique lié au travail. Il faut que les organisations
permettent de prévenir les problèmes de santé psychologiques
au travail, pour qu’au moins ce ne soit pas la source du problème
de santé, ce qui est souvent le cas actuellement. »
1 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21875212
2 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/14665809
S’attaquer au présentéisme pour éviter le pire
« L’absentéisme est
devenu un indicateur
insusant pour
mesurer la santé
d’une organisation. »
Eric Gosselin, UQO
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