RÉSUMÉ
Nous nous proposons dans la présente thèse d’examiner quelques conséquences
de l´indétermination de l’œuvre musicale telle qu’elle a été proposée par John Cage
dans ses propres œuvres. Nous discutons, dans le chapitre 1, plusieurs manières
d'aborder l'ontologie de l'œuvre d'art dans la philosophie analytique. On constate une
pression intrinsèque à l'exercice philosophique dans la direction d'une purification
de la catégorie investiguée, menant à son tour à une hypostasie des catégories
esthétiques historiques comme constituant l'œuvre d'art en général. L´oeuvre de Cage
fonctionne comme un court-circuit dans la pratique préthéorique de composition et de
manutention des œuvres en tant qu'identités reconnaissables, contrariant toute
tentative d'ontologie qui présuppose ces identités pour la compréhension et la
définition de l'œuvre. Dans les chapitres II e III nous tentons d'expliciter cette
duplicité de l'œuvre de Cage - d'un coté, elle rompt radicalement avec les
compréhensions philosophiques et pré-philosophiques des œuvres ; de l'autre, elle
utilise la propre normativité de l'action présente dans la pratique sociale des concerts
pour la constitution de cette rupture- à partir des apports d´une morphologie musicale
inspirée de la philosophie de Wittgenstein. Enfin, nous offrons quelques réflexions sur
la notion de nominalisme esthétique qui se dessine tout au long de la thèse. Ce
nominalisme propose que chaque oeuvre soit responsable de ses propres conditions
d´identification- ce qui pourrait ouvir la voie à une compréhension de l´indétermination
comme une forme de composition critique. Cette hypothése est examinée par rapport
à quelques idées d´Adorno.