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1er mars 2016
juridique résultant de l’intervention d’un juge très imaginatif, et une place résiduelle laissée au
dialogue social d’entreprise dans la production de la norme sociale.
Ce système a fonctionné à peu près correctement pendant les Trente Glorieuses, dans un contexte de
croissance élevée et d’économie peu ouverte sur l’international, mais il n’est plus du tout adapté à la
donne actuelle. Le monde a changé. Les entreprises sont confrontées à un environnement de plus en
plus mouvant : une mondialisation des échanges qui s’accentue sur longue période, des cycles
économiques de plus en plus aléatoires, et une transition numérique de l’économie qui bouscule à la
fois leur façon de concevoir, leur façon de produire et les business models de nombre de filières.
Dans cet environnement qui recèle pour elles des risques mais aussi des opportunités, les entreprises
ont, beaucoup plus qu’hier, besoin d’être agiles, réactives, de pouvoir s’adapter aux évolutions
conjoncturelles, technologiques et commerciales de leurs marchés, aux exigences nouvelles des
consommateurs en termes de qualité et différenciation des produits et des services. Une agilité qui
nécessite un fonctionnement beaucoup plus souple du marché du travail, un dialogue social plus
proche des réalités du terrain et un Code du travail notablement allégé. Celui-ci comportait 600 articles
en 1974. Quarante ans plus tard, il en compte plus de 8 000. Sa lourdeur, sa complexité contribuent à
alimenter les contentieux devant le juge, à freiner les réorganisations nécessaires des entreprises, et à
décourager l’embauche dans les PME
Ayant comme objectif de redonner de l’agilité aux entreprises, l’avant-projet de loi El Khomri va
indéniablement dans le bon sens.
Oui, il faut changer la manière de produire la norme sociale dans notre pays. Non plus la même
règle descendant de Paris pour toutes les entreprises, quels que soient leur secteur d’activité et
leur taille, mais une règle créée, négociée dans l’entreprise, pour l’adapter à sa situation
particulière et à celle de ses salariés. C’est au plus près du terrain que l’on conciliera de façon la
plus pertinente les exigences de compétitivité et les besoins d’adaptation des entreprises avec les
attentes des salariés, et que l’on trouvera des arbitrages favorables à l’emploi.
Oui, le projet de loi va conforter l’accord de branche en réduisant le nombre des branches,
remettant ainsi en cause une fragmentation excessive qui nuit au dynamisme et à la qualité des
négociations conduites à ce niveau.
Oui, il faut fixer des critères clairs pour objectiver le recours au licenciement économique (baisse
de chiffre d’affaires, perte d’exploitation…). Car qui croit sérieusement que le juge est le mieux
qualifié pour porter une appréciation sur le motif économique du licenciement ?
Oui, le plafonnement des indemnités prud’homales en cas de licenciement abusif (lesquelles
viennent en sus des indemnités légales et conventionnelles) est de nature à rassurer le chef
d’entreprise lorsqu’il embauche.
Oui, la multiplication des barrières au licenciement – censées protéger les salariés en place –
contribue à freiner les recrutements ou à favoriser le recours à l’intérim ou aux CDD, au détriment
des outsiders sur le marché du travail.
Oui, donner plus de souplesse aux entreprises dans la gestion du temps de travail est de nature à
améliorer leur compétitivité, à leur permettre d’investir pour innover et donc à créer de l’emploi.
Revenir au quasi-plein emploi
Il est temps d’engager des réformes courageuses pour sortir notre pays de l’ornière, en finir avec une
forme de préférence collective pour le chômage, recréer une dynamique de créations d’emploi, tirer
parti des opportunités qu’offrent la mondialisation et les révolutions en cours (transition numérique,
transition énergétique…). Après le pacte de responsabilité, l’avant-projet de loi El Khomri est une
réforme qui doit être menée à son terme, sans en affaiblir l’ambition. Non, nous n’avons pas tout
essayé contre le chômage. Non, notre pays n’est pas condamné à vivre avec un chômage de masse. Il
peut, en quelques années, comme certains de nos voisins européens, revenir au quasi-plein emploi.
Encore faut-il s’en donner collectivement les moyens.