IAE de Paris (Université Paris 1
•
Panthéon - Sorbonne
) - GREGOR - 1999-15 - 2
dirigeants d’entreprises que du côté des salariés, comme le facteur essentiel contribuant à la
performance économique de l’entreprise.
Là où dans l’organisation du travail taylorienne, on n’exigeait du salarié que sa force de
travail, aujourd’hui, on exige du salarié une implication directe, intellectuelle et psychologique
dans son travail. Cette nouvelle exigence se traduit au niveau des ressources humaines par des
interrogations autour de notions comme la
motivation
,
l’autonomie
et la
responsabilisation
.
Cette question de la performance humaine est pour nous une
problématique de l’action et
d’action
. Du côté de l’entreprise, comment définir les nouvelles règles de conduite qui vont
guider l’action de ses salariés? La performance humaine en entreprise n’est pas une affaire des
salariés seuls mais dépend de la façon dont l’entreprise redéfinit les règles de sa propre action
«pour» et «sur» ses salariés.
La problématique de la performance humaine implique une
remise en cause de la finalité même de l’action de l’entreprise.
Du côté des salariés, cette nouvelle exigence d’un plus grand investissement personnel et
intellectuel implique l’élaboration par les salariés de nouvelles règles pour gérer leurs rapports
avec l’entreprise. Comment doivent-ils faire pour élaborer ces règles? Tant que les salariés
étaient «sous la tutelle» de l’organisation taylorienne du travail, il s’agissait plutôt de
«s’adapter» aux règles imposées par l’entreprise. Aujourd’hui,
la performance humaine passe
par une redéfinition individuelle et collective des règles régulant les rapports entre les sala-
riés et l’entreprise.
1-2 La performance : une vision rétrospective?
Cependant, si tout le monde semble être d’accord sur l’importance de l’enjeu de la perfor-
mance humaine en entreprise, ce n’est pas pour autant que tout le monde soit d’accord sur ce
que cette notion signifie. À ce propos, Michel Lebas constate qu’il y a «
peu d’accord sur ce que
recouvre le concept. On y trouve des idées qui vont de l’efficience, à la robustesse, à la produc-
tivité, au rendement des investissements, au résultat exceptionnel, à la durée, en passant par
bien d’autres acceptions qui, le plus souvent, ne sont pas définies explicitement par leurs
auteurs
»
1
.
Si tant de définitions différentes existent concernant la notion de performance, peut-être est-
ce le résultat du fait qu’on a trop souvent insisté sur les «effets» de la performance et non sur
les «causes» de la performance? «
Dans le domaine du management, dit Michel Lebas,
comme dans la définition des dictionnaires, l’usage courant semble considérer que la perfor-
mance reflète le résultat d’actions passées
»
2
. Pour nous, la clé de la performance se trouve,
non dans les résultats passés, mais plus en amont dans les capacités d’action des salariés, c’est-
à-dire, dans leur capacité à mettre en œuvre leur sens de l’initiative pour faire face aux aléas du
travail.
1-3 La performance : un potentiel de réalisation
Pour nous, il est important d’aborder la question de la performance humaine non sur le plan
des résultats des actions de l’entreprise et des hommes mais plus en amont au niveau des
«
conditions nécessaires pour permettre cette performance
». Donnons toute de suite une
autre définition de la performance : «
La performance
, selon Michel Lebas, et c’est cette défi-
nition qui va diriger nos réflexions dans ce mémoire,
est une question de potentiel de
réalisation». Autrement dit, la performance est un concept qui a trait au futur et non au
passé
.
3
1. Lebas M., [20], p. 2.
2. Ibid., p. 2
3. Ibid., p. 2